Critiques pour l'événement Mémoires d'un tricheur
Déception tant la pièce se traîne et ne déclenche que trop peu de rire. Pourtant l'introduction était surprenante: un petit film en noir et blanc dévoile la distribution et l'équipe technique de ce spectacle, metteur en scène compris. Ça partait donc bien. Mais dès qu'Olivier Lejeune entre en scène, on déchante. Il en fait des tonnes, parle vite, les décors s'enchaînent, de même que les personnages qui ont parsemé son parcours mais on n'accroche pas au propos.
Je n'ai pas lu le roman de Sacha Guitry mais adapté en pièce de théatre, je dois dire que c'est décevant. Heureusement, l'autre acteur, chargé d'interpréter une galerie de personnages différents est excellent et nous capte. Je lui tire mon chapeau, c'est grâce à son jeu que je suis restée jusqu'au bout. Sans ses prestations, j'aurai quitté la salle avant la fin de la pièce.
Je n'ai pas lu le roman de Sacha Guitry mais adapté en pièce de théatre, je dois dire que c'est décevant. Heureusement, l'autre acteur, chargé d'interpréter une galerie de personnages différents est excellent et nous capte. Je lui tire mon chapeau, c'est grâce à son jeu que je suis restée jusqu'au bout. Sans ses prestations, j'aurai quitté la salle avant la fin de la pièce.
Des goûts et des couleurs, moi j'y retourne avec plaisir vendredi !
Lundi 30 avril 2018
J’avais apprécié Olivier Lejeune, dans ce même théâtre Rive Gauche il y a deux ans, alors qu’il jouait dans Une folie, une pièce que j'avais beaucoup appréciée.
Sa carrière est prodigieusement remplie aussi bien au théâtre qu’au cinéma, et même à la télévision, en tant qu’auteur ou comédien. C’est un boulimique de travail, qui a collectionné les premiers prix.
J’ai eu la chance d’approcher cet acteur après le spectacle. Il revenait de Prague où il avait tourné une scène d'Edmond, film de Michalik dont la sortie est annoncée pour Novembre 2018.
La pression n’entame jamais sa bonne humeur. Cet homme peut tout faire sans tricher. Il est douée d'une mémoire exceptionnelle qui le dispense d'avoir besoin d'un prompteur. Il écrit des pièces de théâtre depuis l'âge de 6 ans … et j’ai manqué de répartie. J’aurais dû lui demander à quand vos mémoires ?
De fait j'espère qu'il nous les livrera pour nous faire comprendre comment cet homme qui aurait pu être musicien ou devenir chef d'orchestre a pu vivre plusieurs vies de front.
À dix ans, Alex perd sa famille, intoxiqué par un plat de champignons. Il est le seul à survivre, car il avait été privé de repas pour avoir volé deux francs dans la caisse du magasin paternel. Son larcin l’a sauvé de la mort tandis que l’honnêteté a tué les siens ! Si seul le crime paie, pas étonnant qu’il ait une étrange conception du monde, et se convertisse à la tricherie, en amour comme au Casino… Parvenu à la maturité de sa vie il nous en raconte le déroulement rocambolesque, déroulant au fil des chapitres les lieux qui l'ont vu devenir ce tricheur patenté, … et professionnel.
Eric-Emmanuel Schmitt a eu l’idée de faire jouer le rôle par deux personnes. Olivier Lejeune campe Alex en tant que récitant, de manière à lui conférer une certaine distance par rapport aux événements qu’il rapporte. Par moments il joue d'autres rôles comme celui du médecin.
Sylvain Katan l’interprète à certains moments clés de sa vie, ce qui permet de nous offrir de jolis moments d’introspection puisqu’il leur arrive de dialoguer. Ce comédien se glisse aussi très habilement dans la douzaine de rôles secondaires surgis du passé, femmes ou hommes, et déterminants dans sa vie, un petit garçon, un militaire, un espion russe, une vieille comtesse, la femme de sa vie …
Mémoires d’un tricheur est l’unique roman de Sacha Guitry dont l’humour est une valeur sure. Eric-Emmanuel Schmitt, dont on connait le talent, a voulu en faire une adaptation pour le théâtre. Il ne faut pas nécessairement chercher une morale à cette histoire. Le texte est avant tout assurément prétexte à un beau jeu d’acteurs. Il est une partition dont Olivier Lejeune tire les meilleures notes.
Le metteur en scène écrit en note d’intention que l’auteur casse les conventions. Cependant il a choisi un décor très classique, et très évocateur de l’époque (le roman a été publié en 1935 chez Gallimard) sans chercher à moderniser la pièce qui, parfois, prend quasiment une allure historique. D’autant que le spectacle commence avec la projection d’une scène d’archives, en noir et blanc, tirée de l’adaptation au cinéma faite par l'auteur lui-même.
Trois cartes à jouer géantes caractérisent les lieux en se déplaçant ou en se retournant. On aurait aimé confronter la pensée de Guitry à la tricherie des temps modernes. Il aurait pour cela peut-être fallu inventer un troisième larron, qui aurait pu représenter l’homme d’aujourd’hui.
Malgré tout certaines formules restent efficaces. Notamment à propos de la richesse : Être riche ce n’est pas avoir de l’argent, c’est le dépenser. La catégorisation de Guitry est encore d’actualité :
Il y a cent façons de tricher, mais il n’y a guère que trois sortes de tricheurs.
Tout d’abord, il y a le joueur qui triche - qui ne triche que parce qu’il joue. Qui le fait sans méthode, sans préméditation, d’une manière presque inconsciente, involontaire, et dont on sent très bien qu’il est parfaitement honnête en dehors du jeu.
Il y a l’homme qui joue incorrectement parce qu’il est incorrect d’un bout à l’autre de sa vie - et qui doit penser que ce n’est pas vraiment le moment de changer.
Enfin, il y a le tricheur de profession, conscient et organisé.
Né le 28 avril 1882 à Tortisambert, dans le Calvados, la destinée d’Alex est donc gravée le jour où il réchappe d’une intoxication alimentaire qui décima sa famille : il avait été puni pour avoir volé deux francs dans la caisse de l’épicerie paternelle pour s'acheter des billes. Il est le seul survivant d'une malencontreuse platée de champignons vénéneux cueillis sans discernement par un oncle simplet et dont les onze autres membres de la famille ne purent réchapper. Le voilà vivant mais orphelin, représenté en garçonnet émergeant de dessous le bureau.
J’étais vivant parce que j’avais volé. Il y a effectivement de quoi être conditionné.
On le verra chasseur dans un restaurant à Caen. Il s’y découvrira la vocation de devenir riche. Il sera plus tard groom au grand hôtel de Deauville et pourra se vanter d'avoir servi de modèle à Caran d'Ache. On le retrouve plus tard à l’hôtel Scribe avant de se spécialiser dans l’univers des jeux d’argent. Il sera ainsi croupier au grand hôtel de Monaco et écumera les villes d’eaux sans eaux pour leur casino.
Il enchaine les méfaits comme tricheur, du plus bénin, comme le déclenchement d’une alerte incendie pour gagner un petit moment de tranquillité, jusqu’à influencer la boule au baccarat, … en passant par l’écriture d’une lettre anonyme ou la réalisation de quelques tours de prestidigitation. Je ne me vante pas, je raconte dit-il avec « honnêteté », à supposer qu’il ne triche pas avec ses souvenirs.
L’émotion se ressent lorsqu’il en vient à l’épisode de la guerre, quand il est mobilisé sur le front. Une minute plus tard, il reçoit un éclat d’obus au genou droit. Il doit cette fois la vie au courage d’un blessé qui le porte sur son dos mais qui par malchance aura le bras coupé. On se demande si notre homme ne porte pas la poisse. Rapatrié vers le poste de secours, il est rapidement opéré, et ne gardera qu’une légère claudication des suites de sa blessure. Il sera le premier réformé de l'armée française, et retournera exercer à Monaco.
Il rencontrera une femme qui a encore plus de chance que lui, l’épousera (par intérêt ?) et perdra tout au jeu. Le voilà cette fois puni en quelque sorte de n’avoir pas triché. Notre homme divorce. Il connaitra plus tard un second épisode de disette quand il retrouve son sauveur militaire et que celui –ci lui fait perdre les quatre millions de francs qu’il a amassés comme tricheur itinérant, professionnel en sept ans. Il finira par vivre modestement des cartes … mais en travaillant chez Grimaud, qui est un fabricant lorrain mondialement connu pour la qualité de sa production de jeux de cartes.
La pièce ouvre ici un débat intéressant sur l’aspect moral de la situation même si on reprochera au héros de s’accommode d’une morale enfantine. Tricher ne serait pas voler si on considère que voler, c’est prendre à des honnêtes gens, ce qu’Alex condamne avec force. Alors que tricher c’est contrecarrer le hasard et les calculateurs.
Elle met aussi en lumière que rien n’est tout blanc ou tout noir et que la chance va et vient comme un balancier … celui de la justice sans doute.
Sa carrière est prodigieusement remplie aussi bien au théâtre qu’au cinéma, et même à la télévision, en tant qu’auteur ou comédien. C’est un boulimique de travail, qui a collectionné les premiers prix.
J’ai eu la chance d’approcher cet acteur après le spectacle. Il revenait de Prague où il avait tourné une scène d'Edmond, film de Michalik dont la sortie est annoncée pour Novembre 2018.
La pression n’entame jamais sa bonne humeur. Cet homme peut tout faire sans tricher. Il est douée d'une mémoire exceptionnelle qui le dispense d'avoir besoin d'un prompteur. Il écrit des pièces de théâtre depuis l'âge de 6 ans … et j’ai manqué de répartie. J’aurais dû lui demander à quand vos mémoires ?
De fait j'espère qu'il nous les livrera pour nous faire comprendre comment cet homme qui aurait pu être musicien ou devenir chef d'orchestre a pu vivre plusieurs vies de front.
À dix ans, Alex perd sa famille, intoxiqué par un plat de champignons. Il est le seul à survivre, car il avait été privé de repas pour avoir volé deux francs dans la caisse du magasin paternel. Son larcin l’a sauvé de la mort tandis que l’honnêteté a tué les siens ! Si seul le crime paie, pas étonnant qu’il ait une étrange conception du monde, et se convertisse à la tricherie, en amour comme au Casino… Parvenu à la maturité de sa vie il nous en raconte le déroulement rocambolesque, déroulant au fil des chapitres les lieux qui l'ont vu devenir ce tricheur patenté, … et professionnel.
Eric-Emmanuel Schmitt a eu l’idée de faire jouer le rôle par deux personnes. Olivier Lejeune campe Alex en tant que récitant, de manière à lui conférer une certaine distance par rapport aux événements qu’il rapporte. Par moments il joue d'autres rôles comme celui du médecin.
Sylvain Katan l’interprète à certains moments clés de sa vie, ce qui permet de nous offrir de jolis moments d’introspection puisqu’il leur arrive de dialoguer. Ce comédien se glisse aussi très habilement dans la douzaine de rôles secondaires surgis du passé, femmes ou hommes, et déterminants dans sa vie, un petit garçon, un militaire, un espion russe, une vieille comtesse, la femme de sa vie …
Mémoires d’un tricheur est l’unique roman de Sacha Guitry dont l’humour est une valeur sure. Eric-Emmanuel Schmitt, dont on connait le talent, a voulu en faire une adaptation pour le théâtre. Il ne faut pas nécessairement chercher une morale à cette histoire. Le texte est avant tout assurément prétexte à un beau jeu d’acteurs. Il est une partition dont Olivier Lejeune tire les meilleures notes.
Le metteur en scène écrit en note d’intention que l’auteur casse les conventions. Cependant il a choisi un décor très classique, et très évocateur de l’époque (le roman a été publié en 1935 chez Gallimard) sans chercher à moderniser la pièce qui, parfois, prend quasiment une allure historique. D’autant que le spectacle commence avec la projection d’une scène d’archives, en noir et blanc, tirée de l’adaptation au cinéma faite par l'auteur lui-même.
Trois cartes à jouer géantes caractérisent les lieux en se déplaçant ou en se retournant. On aurait aimé confronter la pensée de Guitry à la tricherie des temps modernes. Il aurait pour cela peut-être fallu inventer un troisième larron, qui aurait pu représenter l’homme d’aujourd’hui.
Malgré tout certaines formules restent efficaces. Notamment à propos de la richesse : Être riche ce n’est pas avoir de l’argent, c’est le dépenser. La catégorisation de Guitry est encore d’actualité :
Il y a cent façons de tricher, mais il n’y a guère que trois sortes de tricheurs.
Tout d’abord, il y a le joueur qui triche - qui ne triche que parce qu’il joue. Qui le fait sans méthode, sans préméditation, d’une manière presque inconsciente, involontaire, et dont on sent très bien qu’il est parfaitement honnête en dehors du jeu.
Il y a l’homme qui joue incorrectement parce qu’il est incorrect d’un bout à l’autre de sa vie - et qui doit penser que ce n’est pas vraiment le moment de changer.
Enfin, il y a le tricheur de profession, conscient et organisé.
Né le 28 avril 1882 à Tortisambert, dans le Calvados, la destinée d’Alex est donc gravée le jour où il réchappe d’une intoxication alimentaire qui décima sa famille : il avait été puni pour avoir volé deux francs dans la caisse de l’épicerie paternelle pour s'acheter des billes. Il est le seul survivant d'une malencontreuse platée de champignons vénéneux cueillis sans discernement par un oncle simplet et dont les onze autres membres de la famille ne purent réchapper. Le voilà vivant mais orphelin, représenté en garçonnet émergeant de dessous le bureau.
J’étais vivant parce que j’avais volé. Il y a effectivement de quoi être conditionné.
On le verra chasseur dans un restaurant à Caen. Il s’y découvrira la vocation de devenir riche. Il sera plus tard groom au grand hôtel de Deauville et pourra se vanter d'avoir servi de modèle à Caran d'Ache. On le retrouve plus tard à l’hôtel Scribe avant de se spécialiser dans l’univers des jeux d’argent. Il sera ainsi croupier au grand hôtel de Monaco et écumera les villes d’eaux sans eaux pour leur casino.
Il enchaine les méfaits comme tricheur, du plus bénin, comme le déclenchement d’une alerte incendie pour gagner un petit moment de tranquillité, jusqu’à influencer la boule au baccarat, … en passant par l’écriture d’une lettre anonyme ou la réalisation de quelques tours de prestidigitation. Je ne me vante pas, je raconte dit-il avec « honnêteté », à supposer qu’il ne triche pas avec ses souvenirs.
L’émotion se ressent lorsqu’il en vient à l’épisode de la guerre, quand il est mobilisé sur le front. Une minute plus tard, il reçoit un éclat d’obus au genou droit. Il doit cette fois la vie au courage d’un blessé qui le porte sur son dos mais qui par malchance aura le bras coupé. On se demande si notre homme ne porte pas la poisse. Rapatrié vers le poste de secours, il est rapidement opéré, et ne gardera qu’une légère claudication des suites de sa blessure. Il sera le premier réformé de l'armée française, et retournera exercer à Monaco.
Il rencontrera une femme qui a encore plus de chance que lui, l’épousera (par intérêt ?) et perdra tout au jeu. Le voilà cette fois puni en quelque sorte de n’avoir pas triché. Notre homme divorce. Il connaitra plus tard un second épisode de disette quand il retrouve son sauveur militaire et que celui –ci lui fait perdre les quatre millions de francs qu’il a amassés comme tricheur itinérant, professionnel en sept ans. Il finira par vivre modestement des cartes … mais en travaillant chez Grimaud, qui est un fabricant lorrain mondialement connu pour la qualité de sa production de jeux de cartes.
La pièce ouvre ici un débat intéressant sur l’aspect moral de la situation même si on reprochera au héros de s’accommode d’une morale enfantine. Tricher ne serait pas voler si on considère que voler, c’est prendre à des honnêtes gens, ce qu’Alex condamne avec force. Alors que tricher c’est contrecarrer le hasard et les calculateurs.
Elle met aussi en lumière que rien n’est tout blanc ou tout noir et que la chance va et vient comme un balancier … celui de la justice sans doute.
C'est délicieux comme un bonbon de mamie. Comme ça on en achèterait pas et en fait c'est super bon.
Quelques moments qu'on aurait aimé plus dynamiques, mais bon.
Sur un texte joyeusement polisson Olivier Lejeune prend un malin plaisir à nous embarquer dans l'histoire de cette vie de joueur que l'on croirait presque écrite pour lui.
Il a l'oeil qui frise et le sourire coquin.
Son partenaire, qui nous rire fait à chacune de ses apparitions, n'est pas en reste.
Ce duo est un régal, à déguster sans modération.
Quelques moments qu'on aurait aimé plus dynamiques, mais bon.
Sur un texte joyeusement polisson Olivier Lejeune prend un malin plaisir à nous embarquer dans l'histoire de cette vie de joueur que l'on croirait presque écrite pour lui.
Il a l'oeil qui frise et le sourire coquin.
Son partenaire, qui nous rire fait à chacune de ses apparitions, n'est pas en reste.
Ce duo est un régal, à déguster sans modération.
Une pièce au charme délicieusement désuet, magistralement interprétée par le sémillant Olivier Lejeune.
Un petit moment de bonheur...
Un petit moment de bonheur...
Un samedi soir d’hiver, déambulant dans les rues de Paris, je marche sans réel but, suivant le fil de mes idées. Malgré l’écharpe lovée autour de mon cou, le froid mordant me fait instinctivement relever le col de mon manteau. Mes pérégrinations m’entraînent alors jusque dans le quartier Montparnasse. C’est à cet instant que je l’ai vu. Attiré par ses lumières, je fais bientôt face au théâtre. D’un doigt, je relève le feutre négligemment incliné sur mes yeux et porte mon regard sur l’affiche trônant sur la façade.
« Mémoires d’un tricheur » annonce le tripot.
Intrigué, je pousse la porte de l’établissement et entre. Je laisse un jeton à l’ouvreur qui me conduit jusqu’à mon siège et m’installe dans la salle. Le jeu peut commencer. Du Guitry adapté par Eric-Emmanuel Schmitt, joué par Olivier Lejeune et Sylvain Katan, cela sent bon le jackpot. Je ne me suis pas trompé. Cette troupe a eu la main heureuse en montant cette pièce. Une véritable ligne gagnante qui fait sauter la banque !
Par où commencer ? Le texte. Il est subtil, drôle, bien écrit. Une réussite à mettre au crédit d’Eric-Emmanuel Schmitt qui confirme, s’il en est encore besoin, que son talent ne s’arrête pas aux seuls romans. Cette biographie vivante fait du spectateur le témoin des moments, heureux ou malheureux, de la vie d’Alex. Alex. Un petit garçon que rien ne prédestinait à voir son existence constamment osciller entre bingo et banqueroute. Rien à part peut-être … le hasard. Ne cherchez pas d’intrigue, vous seriez déçus. Non, il faut abandonner toute idée de théâtre classique et accepter de pénétrer dans un autre univers. Un univers où le rouge et le noir ne sont pas des thèmes littéraires ; où chaque impair sur le tapis vert manque de vous ruiner ; où les paires de cartes vous brûlent les doigts. Un monde qui ferait perdre la boule si vous n’aviez pour guide Olivier Lejeune, excellent dans le rôle d’Alex. Conteur passionné, sans être excessif, il joue cette vie … non, mieux, il vit cette vie. En bonus, Sylvain Katan, comparse efficace et génial dans ses multiples rôles. La connivence entre ces deux-là semble naturelle et fait plaisir : ce que dit l’un, l’autre l’illustre par un personnage. Un beau moment de théâtre. Ces deux « high roller » raflent la mise.
Une mise doublée grâce à la vidéo projetée en début de pièce. Si elle n’apporte rien à l’histoire, elle est un petit bijou de drôlerie dont on ne se lasse pas.
Un tonnerre d’applaudissements plus tard, en quittant la salle, je suis rincé. Délesté de mes rires, mais heureux. Ajustant mon feutre et sortant de l’établissement, dans un sourire, je me dis : ce casino m’a eu !
Aussi, au spectateur hésitant devant le Rive Gauche, je n’aurai qu’un mot à dire : tente ta chance.
« Mémoires d’un tricheur » annonce le tripot.
Intrigué, je pousse la porte de l’établissement et entre. Je laisse un jeton à l’ouvreur qui me conduit jusqu’à mon siège et m’installe dans la salle. Le jeu peut commencer. Du Guitry adapté par Eric-Emmanuel Schmitt, joué par Olivier Lejeune et Sylvain Katan, cela sent bon le jackpot. Je ne me suis pas trompé. Cette troupe a eu la main heureuse en montant cette pièce. Une véritable ligne gagnante qui fait sauter la banque !
Par où commencer ? Le texte. Il est subtil, drôle, bien écrit. Une réussite à mettre au crédit d’Eric-Emmanuel Schmitt qui confirme, s’il en est encore besoin, que son talent ne s’arrête pas aux seuls romans. Cette biographie vivante fait du spectateur le témoin des moments, heureux ou malheureux, de la vie d’Alex. Alex. Un petit garçon que rien ne prédestinait à voir son existence constamment osciller entre bingo et banqueroute. Rien à part peut-être … le hasard. Ne cherchez pas d’intrigue, vous seriez déçus. Non, il faut abandonner toute idée de théâtre classique et accepter de pénétrer dans un autre univers. Un univers où le rouge et le noir ne sont pas des thèmes littéraires ; où chaque impair sur le tapis vert manque de vous ruiner ; où les paires de cartes vous brûlent les doigts. Un monde qui ferait perdre la boule si vous n’aviez pour guide Olivier Lejeune, excellent dans le rôle d’Alex. Conteur passionné, sans être excessif, il joue cette vie … non, mieux, il vit cette vie. En bonus, Sylvain Katan, comparse efficace et génial dans ses multiples rôles. La connivence entre ces deux-là semble naturelle et fait plaisir : ce que dit l’un, l’autre l’illustre par un personnage. Un beau moment de théâtre. Ces deux « high roller » raflent la mise.
Une mise doublée grâce à la vidéo projetée en début de pièce. Si elle n’apporte rien à l’histoire, elle est un petit bijou de drôlerie dont on ne se lasse pas.
Un tonnerre d’applaudissements plus tard, en quittant la salle, je suis rincé. Délesté de mes rires, mais heureux. Ajustant mon feutre et sortant de l’établissement, dans un sourire, je me dis : ce casino m’a eu !
Aussi, au spectateur hésitant devant le Rive Gauche, je n’aurai qu’un mot à dire : tente ta chance.
Sacha Guitry avait l’habitude d’honorer ses comédiens ainsi que l’équipe technique qui l’entourait, ainsi débute la pièce par un “à la manière de”, où est projeté un film noir et blanc un peu piqué, Olivier Lejeune assis à son bureau parodie le Maître, c’est fin c’est très bien fait ! On s’amuse et on rit déjà.
Place au théâtre, Alex nous conte sa pitoyable histoire, il avait 10 ans, et après avoir volé dans la caisse du magasin paternel, a été privé de dîner par son père… hélas, un bon plat de champignons peut se révéler mortel et voilà Alex orphelin, il perd 11 membres de sa famille ! Ce qui démontre que l’on peut être malhonnête et s’en sortir !
Le petit Alex est confié à des cousins, bien malveillants. Alex sera liftier dans un grand casino, où il découvrira les joies de l’amour et du jeu ! Mais deviendra-t-il tricheur ou joueur ? là est la question…
Olivier Lejeune, s’approprie le texte et l’histoire avec bonheur, drôlerie, et finesse, (en 2016 il était le docteur Flache “Une Folie” dans ce même Rive Gauche), il est le parfait interprète de Guitry, gourmand de ses bons mots, des situations fantaisistes.
Sylvain Katan, que dire ? Charmant petit Alex, vilaine cousine, inquiétant terroriste russe et ses deux hommes de “mains”, aguicheuse comtesse … enfin il est présent et gagne sur tous les tableaux.
Les comédiens s’amusent tout en ne se prenant pas au sérieux, la mise en scène est vive, drôle, les bons mots et les vérités de Guitry sont mises en valeur (ah que j’ai aimé le plaidoyer pour taxer les radins qui ne profitent de rien !). Les cartes à jouer entourent nos compères, les panneaux tournent comme la roulette.
Excellent moment au Rive-Gauche où c’est sûr, vous ne serez pas roulés !
Place au théâtre, Alex nous conte sa pitoyable histoire, il avait 10 ans, et après avoir volé dans la caisse du magasin paternel, a été privé de dîner par son père… hélas, un bon plat de champignons peut se révéler mortel et voilà Alex orphelin, il perd 11 membres de sa famille ! Ce qui démontre que l’on peut être malhonnête et s’en sortir !
Le petit Alex est confié à des cousins, bien malveillants. Alex sera liftier dans un grand casino, où il découvrira les joies de l’amour et du jeu ! Mais deviendra-t-il tricheur ou joueur ? là est la question…
Olivier Lejeune, s’approprie le texte et l’histoire avec bonheur, drôlerie, et finesse, (en 2016 il était le docteur Flache “Une Folie” dans ce même Rive Gauche), il est le parfait interprète de Guitry, gourmand de ses bons mots, des situations fantaisistes.
Sylvain Katan, que dire ? Charmant petit Alex, vilaine cousine, inquiétant terroriste russe et ses deux hommes de “mains”, aguicheuse comtesse … enfin il est présent et gagne sur tous les tableaux.
Les comédiens s’amusent tout en ne se prenant pas au sérieux, la mise en scène est vive, drôle, les bons mots et les vérités de Guitry sont mises en valeur (ah que j’ai aimé le plaidoyer pour taxer les radins qui ne profitent de rien !). Les cartes à jouer entourent nos compères, les panneaux tournent comme la roulette.
Excellent moment au Rive-Gauche où c’est sûr, vous ne serez pas roulés !
C'est l'histoire d'un homme qui a très vite compris que pour réussir dans la vie, il fallait tricher.
En effet, à l'âge de dix ans, il a vu onze membres de sa famille décimés par une omelette aux champignons vénéneux.
Lui en réchappa, privé de dîner qu'il était pour avoir volé dans la caisse du magasin familial pour s'acheter des billes.
Dès lors, à quoi bon être honnête, je vous le demande un peu ?
Voici donc le début du roman (le seul) écrit par Sacha Guitry.
Eric-Emmanuel Schmitt, l'auteur à succès par ailleurs directeur artistique du théâtre Rive-Gauche a décidé d'adapter et de mettre en scène cette œuvre.
La pièce commence, mais au grand étonnement des spectateurs, ce ne sera pas par du théâtre.
C'est une séquence cinématographique qui ouvre le spectacle.
Du ciné à l'ancienne, en noir et blanc, avec des rayures sur la bobine et les indispensables cartons intermédiaires.
Le maître à la voix traînante apparaît, incarné et imité par Olivier Lejeune, qui va présenter son compère sur scène Sylvain Katan, ainsi que toute l'équipe technique, au moyen de moult facéties.
Puis, la pièce commence véritablement.
Olivier Lejeune, donc, est ce tricheur qui raconte sa vie passée dans un lieu que nous ignorons. Nous ne savons pas où se déroule l'action. Quelques indices sonores nous laisseront présager qu'il est sur son lieu de travail.
Le comédien, pendant une heure et vingt minutes va dérouler impeccablement un long texte.
L'homme a du métier ainsi qu'une sacrée présence scénique.
Il est brillant, spirituel, élégant, charismatique au possible.
Aucune difficulté à le suivre évoquer ses aventures et les péripéties arrivées dans les villes d'eau (ou pas) en général, et dans leur casino en particulier.
L'esprit Guitry est là, la verve, la légère emphase, l'humour parfois grinçant un rien désabusé, rien ne manque.
Et pourtant, Lejeune fait du Lejeune, à la différence du petit film du début.
Eric-Emmanuel Schmitt lui a évidemment demandé de ne pas singer Sacha.
Le metteur en scène a confié tous les autres rôles masculins ou féminins à Sylvain Katan qui bien souvent va déclencher des salves nourries de rire !
Il est vraiment drôle, changeant en permanence de costumes et de couvre-chefs. (J'avais beaucoup apprécié ce comédien la saison passée dans le Cabaret Liberté, mis en scène par Charlotte Rondelez au Poche-Montparnasse.)
Nous saurons évidemment à la fin de la pièce où se déroule l'action.
Ayant voulu arrêter de tricher, notre héros, désormais « rangé des affaires » ne peut s'empêcher de mettre en place un système destiné à forcer le hasard.
Un hasard à qui Guitry avait d'ailleurs dédié son roman.
Tricheur un jour, tricheur toujours ?
Ces Mémoires d'un tricheur laissent une très belle impression. C'est un spectacle délicat, qui se déguste avec gourmandise, à la différence de certaines omelettes aux champignons.
En effet, à l'âge de dix ans, il a vu onze membres de sa famille décimés par une omelette aux champignons vénéneux.
Lui en réchappa, privé de dîner qu'il était pour avoir volé dans la caisse du magasin familial pour s'acheter des billes.
Dès lors, à quoi bon être honnête, je vous le demande un peu ?
Voici donc le début du roman (le seul) écrit par Sacha Guitry.
Eric-Emmanuel Schmitt, l'auteur à succès par ailleurs directeur artistique du théâtre Rive-Gauche a décidé d'adapter et de mettre en scène cette œuvre.
La pièce commence, mais au grand étonnement des spectateurs, ce ne sera pas par du théâtre.
C'est une séquence cinématographique qui ouvre le spectacle.
Du ciné à l'ancienne, en noir et blanc, avec des rayures sur la bobine et les indispensables cartons intermédiaires.
Le maître à la voix traînante apparaît, incarné et imité par Olivier Lejeune, qui va présenter son compère sur scène Sylvain Katan, ainsi que toute l'équipe technique, au moyen de moult facéties.
Puis, la pièce commence véritablement.
Olivier Lejeune, donc, est ce tricheur qui raconte sa vie passée dans un lieu que nous ignorons. Nous ne savons pas où se déroule l'action. Quelques indices sonores nous laisseront présager qu'il est sur son lieu de travail.
Le comédien, pendant une heure et vingt minutes va dérouler impeccablement un long texte.
L'homme a du métier ainsi qu'une sacrée présence scénique.
Il est brillant, spirituel, élégant, charismatique au possible.
Aucune difficulté à le suivre évoquer ses aventures et les péripéties arrivées dans les villes d'eau (ou pas) en général, et dans leur casino en particulier.
L'esprit Guitry est là, la verve, la légère emphase, l'humour parfois grinçant un rien désabusé, rien ne manque.
Et pourtant, Lejeune fait du Lejeune, à la différence du petit film du début.
Eric-Emmanuel Schmitt lui a évidemment demandé de ne pas singer Sacha.
Le metteur en scène a confié tous les autres rôles masculins ou féminins à Sylvain Katan qui bien souvent va déclencher des salves nourries de rire !
Il est vraiment drôle, changeant en permanence de costumes et de couvre-chefs. (J'avais beaucoup apprécié ce comédien la saison passée dans le Cabaret Liberté, mis en scène par Charlotte Rondelez au Poche-Montparnasse.)
Nous saurons évidemment à la fin de la pièce où se déroule l'action.
Ayant voulu arrêter de tricher, notre héros, désormais « rangé des affaires » ne peut s'empêcher de mettre en place un système destiné à forcer le hasard.
Un hasard à qui Guitry avait d'ailleurs dédié son roman.
Tricheur un jour, tricheur toujours ?
Ces Mémoires d'un tricheur laissent une très belle impression. C'est un spectacle délicat, qui se déguste avec gourmandise, à la différence de certaines omelettes aux champignons.
Voilà l'histoire d'un personnage totalement atypique dont la vie est tirée d'un livre de Sacha Guitry qui a été adapté et mis en scène au théâtre Rive Gauche par Eric Emmanuel Schmitt.
Quand on est enfant et qu'on perd tous les membres de sa nombreuse famille d'un coup et qu'on est le seul rescapé car on était privé de manger des champignons pour avoir volé quelques pièces de monnaie, ça modifie votre vision du monde, non ? Voilà le début de la vie de notre héros.
Cette pièce dégage un charme de pièce à l'ancienne, mais c'est loin d'être péjoratif. Il y a un petit coté désuet très réussi, qui nous fait avoir beaucoup de tendresse pour ce tricheur. Il faut dire qu'il assume son caractère et défend avec conviction sa façon de voir. Le rôle est tenu par un magnifique Olivier Lejeune (d'ailleurs, je me souviens de moi, ado au théâtre et d'avoir déjà dit qu'Olivier Lejeune était magnifique et c'était il y a... donc cet homme ne vieillit pas ou peu !) et avec un compère Sylvain Katan qui assure les multiples rôles qu'il endosse avec brio (gros fou rire avec la cougar de Monaco).
On ne s'ennuie pas un seul instant car la mise en scène est dynamique et les aventures de notre tricheur nous tiennent en haleine jusqu'à la fin. Sortie vivement recommandée pour toute la famille.
Quand on est enfant et qu'on perd tous les membres de sa nombreuse famille d'un coup et qu'on est le seul rescapé car on était privé de manger des champignons pour avoir volé quelques pièces de monnaie, ça modifie votre vision du monde, non ? Voilà le début de la vie de notre héros.
Cette pièce dégage un charme de pièce à l'ancienne, mais c'est loin d'être péjoratif. Il y a un petit coté désuet très réussi, qui nous fait avoir beaucoup de tendresse pour ce tricheur. Il faut dire qu'il assume son caractère et défend avec conviction sa façon de voir. Le rôle est tenu par un magnifique Olivier Lejeune (d'ailleurs, je me souviens de moi, ado au théâtre et d'avoir déjà dit qu'Olivier Lejeune était magnifique et c'était il y a... donc cet homme ne vieillit pas ou peu !) et avec un compère Sylvain Katan qui assure les multiples rôles qu'il endosse avec brio (gros fou rire avec la cougar de Monaco).
On ne s'ennuie pas un seul instant car la mise en scène est dynamique et les aventures de notre tricheur nous tiennent en haleine jusqu'à la fin. Sortie vivement recommandée pour toute la famille.
Un spectacle comme un de ces petits moments bonheur que le théâtre sait nous réserver.
On en sort heureux, le sourire aux lèvres, le souvenir rempli de plaisirs.
On en sort heureux, le sourire aux lèvres, le souvenir rempli de plaisirs.
Toute la subtilité et l'ironie de S. Guitry apparaît dans ce roman transposé sur la scène du Théâtre Rive Gauche.
L'interprétation des acteurs est bonne, j'ai apprécié également les changements de décors et de costumes, notamment ceux qu'endosse S. Katan.
Le temps passe vite a suivre la vie d'Alex sous la restitution impeccable d'O. Lejeune.
Peut-être manque-t-il un peu d'émotion pour faire vibrer voir chavirer le public.
L'interprétation des acteurs est bonne, j'ai apprécié également les changements de décors et de costumes, notamment ceux qu'endosse S. Katan.
Le temps passe vite a suivre la vie d'Alex sous la restitution impeccable d'O. Lejeune.
Peut-être manque-t-il un peu d'émotion pour faire vibrer voir chavirer le public.
Tout commence par une projection en noir et blanc du générique de la pièce présenté par Sacha Guijeune.
Ensuite Olivier Lejeune nous fait découvrir l’univers du jeu en nous contant l’histoire d’un tricheur. Dans un décor sobre, « l’homme à la mémoire prodigieuse » nous fait vivre cette vie hors normes avec la complicité de Sylvain Katan aux multiples rôles. Une remarquable interprétation, fluide et drôle à la fois. « Tricher n’est pas voler » on finirait presque à y croire tant on s’attache au personnage atypique sous la plume de Guitry.
Quand Eric-Emmanuel Schmitt adapte un roman de Sacha Guitry c’est ajouter du talent au talent et cela donne un spectacle d’une rare qualité.
Ensuite Olivier Lejeune nous fait découvrir l’univers du jeu en nous contant l’histoire d’un tricheur. Dans un décor sobre, « l’homme à la mémoire prodigieuse » nous fait vivre cette vie hors normes avec la complicité de Sylvain Katan aux multiples rôles. Une remarquable interprétation, fluide et drôle à la fois. « Tricher n’est pas voler » on finirait presque à y croire tant on s’attache au personnage atypique sous la plume de Guitry.
Quand Eric-Emmanuel Schmitt adapte un roman de Sacha Guitry c’est ajouter du talent au talent et cela donne un spectacle d’une rare qualité.
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