Critiques pour l'événement L'ingénu, de Voltaire
Mais quel gai Huron que cet Ingénu-là !
Tout de suite, il faut lever ce qui pourrait peut-être constituer une ambiguïté : à l'origine, L'ingénu n'est pas une œuvre théâtrale de Voltaire. Ses pièces, quelque cinquante tragédies qui passionnèrent ses contemporains, ne sont pratiquement plus du tout jouées.
Non. L'ingénu, c'est un pamphlet, un apologue, un conte philosophique, publié en 1767, et qu'ont eu la bonne idée d'adapter pour les planches le metteur en scène Jean-Christophe Barbaud, et le comédien Thomas Willaime.
Voltaire, qui, comme nombre de ses contemporains se passionne pour les expéditions ethnographiques au Nouveau-Monde et les écrits sur le sujet (en s'appropriant notamment le mythe du « bon sauvage ») nous présente un jeune Huron, donc, qui débarque un beau jour en Basse-Bretagne.
Le jeune homme, dans un premier temps, découvre avec candeur la société française dans laquelle il se retrouve propulsé.
Et puis survient une histoire d'amour, avec la belle Melle de Saint-Yves. (Quel joli nom, tout de même...)
Au delà de l'aspect « roman d'apprentissage », l'œuvre va devenir alors une féroce critique sociale et sociétale.
Tout va y passer. Les abus de pouvoir, la contrainte religieuse, la corruption, la lenteur de la justice, l'administration...
Thomas Willaime est ce jeune Huron-là.
Un Huron qui ne va pas ménager sa peine.
Le comédien va déployer une énergie folle à camper les aventures de cet Ingénu. L'expression « mouiller la chemise » semble avoir été inventée pour lui...
Il a fallu transposer en mouvements, en déplacements les mots de Voltaire.
Immédiatement, j'ai pensé à Charlie Chaplin.
Et ce, à plusieurs égards.
Tout comme cet Ingénu, le personnage de Charlot est souvent lui aussi plongé dans un milieu social qu'il ne comprend pas, dont il n'a pas les codes.
Ces codes, il les découvre, les subit, pour finalement se les approprier en les détournant la plupart du temps.
Et puis surtout, Thomas Willaime reprend d'une certaine façon la gestuelle si caractéristique de Chaplin.
Sa façon de marquer un petit temps avant de marquer une stupéfaction ou bien encore de changer de direction, sa manière de se fendre en avant, un peu comme un bretteur magnifique, tout ceci m'a fait réellement penser à Charlot.
Ses gestes exagérés, ses mimes décalés (Ah ! La scène du feu d'artifices à la cour versaillaise...), tout ceci est drôle et sert totalement le propos du conte.
On pourrait également penser à Tex Avery, aux dessins animés de Chuck Jones, également, tellement il y a de vivacité, de puissance dans tout ça.
Le comédien va nous faire beaucoup rire.
La scène où il raconte une circoncision, cette scène-là, notamment, est irrésistible.
Il faut noter que Thomas Willaime est également un guitariste accompli.
Avec hier une difficulté imprévue.
Un pansement au doigt qui n'avait de cesse de vouloir ficher son camp, à la différence de celui du Capitaine Haddock !
Il faut venir voir cette reprise au Lucernaire.
C'est un très beau moment de théâtre que cette adaptation d'un texte majeur de M. Arouet.
Ce spectacle mené tambour battant est de ceux auxquels il faut vraiment assister.
Ah ! J'allais oublier...
Ce texte est au programme du Bac Français 2020.
J'aurais un ado en classe de première sous la main, je sais bien où je l'emmènerais séance tenante !
Tout de suite, il faut lever ce qui pourrait peut-être constituer une ambiguïté : à l'origine, L'ingénu n'est pas une œuvre théâtrale de Voltaire. Ses pièces, quelque cinquante tragédies qui passionnèrent ses contemporains, ne sont pratiquement plus du tout jouées.
Non. L'ingénu, c'est un pamphlet, un apologue, un conte philosophique, publié en 1767, et qu'ont eu la bonne idée d'adapter pour les planches le metteur en scène Jean-Christophe Barbaud, et le comédien Thomas Willaime.
Voltaire, qui, comme nombre de ses contemporains se passionne pour les expéditions ethnographiques au Nouveau-Monde et les écrits sur le sujet (en s'appropriant notamment le mythe du « bon sauvage ») nous présente un jeune Huron, donc, qui débarque un beau jour en Basse-Bretagne.
Le jeune homme, dans un premier temps, découvre avec candeur la société française dans laquelle il se retrouve propulsé.
Et puis survient une histoire d'amour, avec la belle Melle de Saint-Yves. (Quel joli nom, tout de même...)
Au delà de l'aspect « roman d'apprentissage », l'œuvre va devenir alors une féroce critique sociale et sociétale.
Tout va y passer. Les abus de pouvoir, la contrainte religieuse, la corruption, la lenteur de la justice, l'administration...
Thomas Willaime est ce jeune Huron-là.
Un Huron qui ne va pas ménager sa peine.
Le comédien va déployer une énergie folle à camper les aventures de cet Ingénu. L'expression « mouiller la chemise » semble avoir été inventée pour lui...
Il a fallu transposer en mouvements, en déplacements les mots de Voltaire.
Immédiatement, j'ai pensé à Charlie Chaplin.
Et ce, à plusieurs égards.
Tout comme cet Ingénu, le personnage de Charlot est souvent lui aussi plongé dans un milieu social qu'il ne comprend pas, dont il n'a pas les codes.
Ces codes, il les découvre, les subit, pour finalement se les approprier en les détournant la plupart du temps.
Et puis surtout, Thomas Willaime reprend d'une certaine façon la gestuelle si caractéristique de Chaplin.
Sa façon de marquer un petit temps avant de marquer une stupéfaction ou bien encore de changer de direction, sa manière de se fendre en avant, un peu comme un bretteur magnifique, tout ceci m'a fait réellement penser à Charlot.
Ses gestes exagérés, ses mimes décalés (Ah ! La scène du feu d'artifices à la cour versaillaise...), tout ceci est drôle et sert totalement le propos du conte.
On pourrait également penser à Tex Avery, aux dessins animés de Chuck Jones, également, tellement il y a de vivacité, de puissance dans tout ça.
Le comédien va nous faire beaucoup rire.
La scène où il raconte une circoncision, cette scène-là, notamment, est irrésistible.
Il faut noter que Thomas Willaime est également un guitariste accompli.
Avec hier une difficulté imprévue.
Un pansement au doigt qui n'avait de cesse de vouloir ficher son camp, à la différence de celui du Capitaine Haddock !
Il faut venir voir cette reprise au Lucernaire.
C'est un très beau moment de théâtre que cette adaptation d'un texte majeur de M. Arouet.
Ce spectacle mené tambour battant est de ceux auxquels il faut vraiment assister.
Ah ! J'allais oublier...
Ce texte est au programme du Bac Français 2020.
J'aurais un ado en classe de première sous la main, je sais bien où je l'emmènerais séance tenante !
"L'ingénu" n'est pas à priori un conte humoristique mais le comédien particulièrement talentueux, nous embarque avec lui dans ce récit et nous amuse avec sa gestuelle et ses mimiques.
Le jeune homme vit intensément les aventures de ce huron qui débarque en Bretagne. La mise en scène, sobre est néanmoins suffisante notamment grâce aux jeux de lumière. Bref, 1h10 de pur bonheur !
N'hésitez surtout pas, vous ne le regretterez pas...
Le jeune homme vit intensément les aventures de ce huron qui débarque en Bretagne. La mise en scène, sobre est néanmoins suffisante notamment grâce aux jeux de lumière. Bref, 1h10 de pur bonheur !
N'hésitez surtout pas, vous ne le regretterez pas...
Arrivé dubitatif à la Folie Théâtre pour cette représentation de l’Ingénu, j’en suis reparti convaincu et séduit, oui, on peut faire d’un roman philosophique une pièce de théâtre passionnante.
De mes années d’études me restait le souvenir que l’Ingénu de Voltaire était un roman assez long, et, pour tout dire quand on en parcourt mot à mot un chapitre, un peu chiant. Pourtant, quand Baroudeur m’a rapporté le flyer pétillant, j’ai immédiatement eu envie d’aller voir la pièce, sans doute la force de l’illustration.
Thomas Willaime tient sur scène la promesse de l’image du flyer : il prend l’attention et la lumière dès son entrée sur scène, et ne les relâche pas un instant. Au fil des moments, il sera acteur, danseur, mime, musicien. Une mimique, une posture, une intention, il est l’Ingénu, il est mademoiselle de Kerkabon, il est le Bailli, il dialogue avec lui même sur un rythme décoiffant et millimétré, j’ai ressenti l’émotion à chaque instant de la vie du Huron.
Le texte de Voltaire est là. Adapté, forcément, gardant les idées de fond. On est bien en Basse Bretagne, l’abbé de Kerkabon et sa sœur voient avec surprise débarquer un Huron venu du Canada, qui dit ce qu’il pense et fait ce qu’il veut, qu’ils nomment aussitôt l’Ingénu. Qui séduit mademoiselle de Saint Yves au grand dam des coutumes de la société Bas Bretonne, se voit « converti », prend la bible au pied de la lettre, est bapstisé Hercule, combat avec succès les anglais, part pour Paris réclamer sa récompense, croise des protestants en fuite. Il est embastillé, mademoiselle de Saint Yves part pour Paris, obtient (je vous laisse découvrir par quel moyen si vous avez oublié de lire tous les chapitres quand vous étiez en terminale) la liberté de l’Ingénu, puis…
Tous ces moments mis en scène par Jean-Christophe Barbaud sont donnés, interprétés avec une énergie et une conviction entrainantes, chacun touche le coeur du public, sur un rythme alerte et haletant. Le tout en gardant le regard de Voltaire sur la situation politico-religieuse de son époque, l’édit de Nantes vient d’être révoqué, les protestants fuient la France.
Forcément, quand l’esprit libre du Huron découvre le texte du nouveau testament, le confronte à la réalité des coutumes de l’époque, les moments sont savoureux.
Pendant que la pièce se déroulait, j’imaginais un dessinateur capable d’en croquer chaque instant à main levée, qui en tirerait une bande dessinée, chaque case était là, non seulement le crayonné, mais aussi l’encrage, mais aussi les couleurs, l’enthousiasme au fond de moi feuilletait autant une BD qu’il assistait à une représentation.
La salle, presque pleine, touchée, ne s’y est pas trompée, qui a applaudi longuement et chaleureusement à la fin de la pièce. Les yeux de Baroudeur pétillaient, qui ont adoré ce spectacle.
De mes années d’études me restait le souvenir que l’Ingénu de Voltaire était un roman assez long, et, pour tout dire quand on en parcourt mot à mot un chapitre, un peu chiant. Pourtant, quand Baroudeur m’a rapporté le flyer pétillant, j’ai immédiatement eu envie d’aller voir la pièce, sans doute la force de l’illustration.
Thomas Willaime tient sur scène la promesse de l’image du flyer : il prend l’attention et la lumière dès son entrée sur scène, et ne les relâche pas un instant. Au fil des moments, il sera acteur, danseur, mime, musicien. Une mimique, une posture, une intention, il est l’Ingénu, il est mademoiselle de Kerkabon, il est le Bailli, il dialogue avec lui même sur un rythme décoiffant et millimétré, j’ai ressenti l’émotion à chaque instant de la vie du Huron.
Le texte de Voltaire est là. Adapté, forcément, gardant les idées de fond. On est bien en Basse Bretagne, l’abbé de Kerkabon et sa sœur voient avec surprise débarquer un Huron venu du Canada, qui dit ce qu’il pense et fait ce qu’il veut, qu’ils nomment aussitôt l’Ingénu. Qui séduit mademoiselle de Saint Yves au grand dam des coutumes de la société Bas Bretonne, se voit « converti », prend la bible au pied de la lettre, est bapstisé Hercule, combat avec succès les anglais, part pour Paris réclamer sa récompense, croise des protestants en fuite. Il est embastillé, mademoiselle de Saint Yves part pour Paris, obtient (je vous laisse découvrir par quel moyen si vous avez oublié de lire tous les chapitres quand vous étiez en terminale) la liberté de l’Ingénu, puis…
Tous ces moments mis en scène par Jean-Christophe Barbaud sont donnés, interprétés avec une énergie et une conviction entrainantes, chacun touche le coeur du public, sur un rythme alerte et haletant. Le tout en gardant le regard de Voltaire sur la situation politico-religieuse de son époque, l’édit de Nantes vient d’être révoqué, les protestants fuient la France.
Forcément, quand l’esprit libre du Huron découvre le texte du nouveau testament, le confronte à la réalité des coutumes de l’époque, les moments sont savoureux.
Pendant que la pièce se déroulait, j’imaginais un dessinateur capable d’en croquer chaque instant à main levée, qui en tirerait une bande dessinée, chaque case était là, non seulement le crayonné, mais aussi l’encrage, mais aussi les couleurs, l’enthousiasme au fond de moi feuilletait autant une BD qu’il assistait à une représentation.
La salle, presque pleine, touchée, ne s’y est pas trompée, qui a applaudi longuement et chaleureusement à la fin de la pièce. Les yeux de Baroudeur pétillaient, qui ont adoré ce spectacle.
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