Critiques pour l'événement Le Tartuffe
27 déc. 2017
8/10
60
L’histoire du Tartuffe est connue : dans la maisonnée d’Orgon et de sa mère Madame Pernelle, le fripon Tartuffe qui se prétend dévot mène le maître par le bout du nez... à la barbe des autres. Pour mettre fin à cette machination, la famille toute entière va s’allier pour tenter de rendre à Orgon la vue et la raison… Avant qu’il ne soit trop tard !

Dans ce Tartuffe, la patte du metteur en scène et acteur Michel Fau est partout : c'est onirique, c'est loufoque, c'est sibyllin et à la fois grotesque... C'est du Fau tout craché ! Les costumes et le décor sont à son image : sublimes et excentriques. Nous avons sur scène un Michel Bouquet en vieux barbon, sa femme en fée de Disney, la servante en babouchka (excellente Christine Murillo !), la fille en nymphe des forêts, le fils en Jack Sparrow version 17ème, la mère en collerette anglaise, le frère en parfait courtisan fardé et moucheté, et Tartuffe en cardinal chinois... Le décor d'église mi baroque mi art nouveau est étrange et beau à la fois. C'est bel et bien un monde à part, un monde de théâtre, une mise en scène d’une originalité assumée qui fait le sel du spectacle... A condition, bien sûr, d’apprécier cet humour décalé !

Il m’étonne toujours de voir comme l’entrée de Tartuffe tarde dans la pièce et comme Molière nous fait languir…. Mais Michel Fau fait une entrée surprenante! Mis à part les quelques tirades interminables sur lesquelles une mise en scène avec un peu plus de déplacements ou d’actions auraient vraiment été bienvenus, le jeu est très bon. Les acteurs ne sont pas en reste et offre une performance de troupe, car il n’y pas sur scène de distinction entre les têtes d'affiches et le reste, c'est une troupe unie qui joue sur la scène de la Porte Saint-Martin.

Pour les novices comme les plus aguerris qui trouveront dans cette mise en scène de quoi reprendre goût à Molière, je recommande ! Bien sûr, encore une fois, à condition d’aimer l’univers et l’humour de Michel Fau, sinon... ça casse…
20 déc. 2017
8,5/10
57
Je me réjouissais par avance d'aller assister à une des représentations de Tartuffe au théâtre de la Porte Saint-Martin et mes sentiments au sortir de la pièce sont mitigés.

Les grands plus (++++ !) tout d'abord, sont pour moi :
- la présence scénique de C. Murillo
- les élans d'A. Ruby
- les costumes, l'éclairage et la mise en scène somptueuse
- le respect du texte bien sûr

Les moins :
- J. Carré et M. Bouquet ne parlent pas assez fort : placée dans les tous premiers rangs, je devais vraiment tendre l'oreille pour bien entendre et comprendre leurs vers (je me demande donc si les spectateurs en fond de salle ou au 3ème balcon entendaient)
- A. Gabrielli a une voix particulière, un peu ridicule c'est vrai, et qui ne me semble pas correspondre à celle que l'on attend pour ce rôle.

Pour le reste, je ne bouderai pas mon plaisir : j'ai retrouvé M. Bouquet et M. Fau, qui plus est, ensemble.

ps : B. Blairet m'a fait grande impression, ainsi perruqué !
8 nov. 2017
8/10
98
Mes a priori ont pris une gifle en assistant au Tartuffe magistral qu’a imaginé Michel Fau au Théâtre de la Porte Saint Martin, et ça leur fait du bien.

J’y suis allé invité, un peu à reculons, parce que Tartuffe, je connais, parce que je n’avais pas envie de voir un Michel Bouquet chevrotant et affaibli. J’ai eu raison d’accepter cette invitation.
La mise en scène de Michel Fau est magistrale. Elle sert le propos de Molière, la condamnation des imposteurs, en évidence. Ce n’est pas un texte qui ronronne, c’est un texte vivant, actuel, la condamnation est sans appel. Loin du respect d’un certain classicisme, c’est baroque, flamboyant, amusant, précis.
Les costumes de Christian Lacroix contribuent à cette image, Dorine sauvage dans sa robe venue des steppes de l’Oural, Damis renvoie à un certain Pirate Caribean. Elmire ? La Fée des Lilas ! Et Tartuffe dans une robe cardinalice montre la réalité de son âme, j’ose, la Fau-sseté de son âme.
Le décor m’a renvoyé au pays des Merveilles d’Alice, un grand bravo pour son imagination, pour la grandiloquence de la scène où Orgon découvre la réalité de Tartuffe, tirant parti de la fragilité de Michel Bouquet pour en faire un monument.
La mise en scène sert le texte, et le jeu des acteurs sert la mise en scène, j’ai adoré le naturel de Madame Pernelle (Juliette Carré), la sensualité cachée d’Elmire (Nicole Calfan), la franche sauvagerie de Dorine (Catherine Murilli), bien sûr le jeu démoniaque et maléfique de Tartuffe (Michel Fau). Je suis plus réservé sur le parti pris du jeu de Marianne et de son expression proche de l’alcoolique, ou de Valère, bien niais.
Globalement, un grand moment de théâtre, une mise en évidence du texte de la pièce, des raisons qui ont
Ah oui, et Michel Bouquet. Il m’a ému, si fragile, parfois un peu perdu.
22 oct. 2017
8/10
43
Un "Tartuffe" qui sonne très juste, avec des partis pris scéniques et décoratifs aussi cohérents que convaincants : les costumes de Christian Lacroix ne sont pas seulement somptueux, ils font sens, comme la pourpre cardinalice dans laquelle l'Imposteur drape ses turpitudes, ou l'habit de lumière d'Elmire, aveuglant objet du désir. Le texte est là, tout le texte (pas comme à l'Odéon-Berthier où Bondy l'avait scandaleusement mutilé), parfois certes un peu noyé dans le flux des alexandrins (Mariane maniérée et indistincte, Dorine détaillant le repas de Tartuffe comme si elle lisait un menu de cantine, ah, qu'on regrette Françoise Seigner !), mais verbe ondulant et sifflant dans la bouche du faux dévot prédateur (Michel Fau porte son rôle titre comme sa mise en scène, avec tension et précision), ou magistrale déclamation grand-siècle d'un Cléante emperruqué... et décoiffant.

On attendait ici Michel Bouquet, sa diction ciselée et son art du pianissimo sombre, mais ils ne sont qu'un lointain souvenir.
21 sept. 2017
9/10
36
Le Tartuffe. Est-il utile de le dire, c'est LA comédie de MOLIÈRE ?
J'ai vu des spectateurs très déçus à la sortie du théâtre. Dommage !!!
Le duo voir le trio BOUQUET-FAU-CALFAN est génial et extraordinaire.
La pièce reste la pièce bien évidemment, en cela rien de nouveau. Seule la prestation des artistes fait la différence. Une petite passion pour la mère d'Orgon qui est formidable.