Critiques pour l'événement Le lien
27 févr. 2019
9/10
16
Au dessus de ce à quoi je m'attendais...

Pierre Palmade est tout à fait à la hauteur... Rien à dire sur Catherine Hiegel... Le couple mère/fils fonctionne très bien et l'heure et demie de joute verbale avec quelques monologues extraordinaires est sublime.
La mise en scène n'a rien de particulier avec un décor très minimaliste. Il y a juste ce qu'il faut.... Rien de plus !
3 févr. 2019
8,5/10
14
"Le lien" est une pièce à la fois drôle et touchante qui évoque la complexité des relations familiales. La mise en scène nous plonge au départ dans un moment tout à fait banal (un déjeuner entre une mère et son fils), puis on se laisse porter au fil de la pièce par un dialogue saisissant qui donne à l'histoire un ton plus émouvant et peut nous questionner sur notre propre rapport aux autres.

Les répliques sont directes, à l'humour mordant parfois. Le jeu des acteurs est vraiment excellent.

Un spectacle très agréable malgré une fin un peu décevante.
2 févr. 2019
8/10
7
« Le lien » de François Bégaudeau au Théâtre Montparnasse dans une mise en scène de Panchika Velez est une rencontre mère-fils autour d’un déjeuner qui au premier abord peut sembler tout à fait banale mais qui cache en réalité un profond besoin de reconnaissance de la part du fils.

Un repas sans originalité comme bien d’autres mais justement un de trop, dans lequel la mère Christiane, retraitée de la poste ne porte pas l’attention à la personne de son fils Stéphane, écrivain, qui la revendique. La fameuse goutte d’eau qui fait déborder le vase…
La mère parle, parle, parle et le fils écoute jusqu’au moment où il n’en peut plus.
Un repas qui dégénère en règlement de compte, un repas où toutes les vérités vont éclater au grand jour, un repas où le fils va énumérer sa litanie de reproches : son armure.
La vérité, mais chacun a sa vérité, chacun a sa perception de la situation, de la vie. On peut donc légitimement se poser la question : qui a raison ? Qui va remporter le match, car il s’agit bien d’un match où alternativement chacun gagnera sa manche ; mais dans un match on doit avoir un vainqueur…enfin peut-être…
Une mère qui ne voit en son fils que son petit garçon qu’elle continue de tenir par la main et qui a un complexe d’infériorité vis-à-vis de son fils qu’elle pense intellectuellement supérieur.
Un fils avec une intelligence du verbe face à une mère avec une intelligence du cœur.

Mais pour commencer quel est ce lien ?
Est-ce un lien fusionnel, maternel ? Qui semblerait légitime entre une mère et un fils, un enfant ou s’agit-il tout simplement du lien ombilical dénué de tout sentiment ?
Une interrogation prenante sur ce lien filial avec son cocktail d’émotions et d’humour.

Une histoire particulière qui commence à vous nouer l’estomac quand le fils prend la parole, une boule au ventre qui va grossir et vous brûler intérieurement pour finir par exploser et déclencher les larmes.
Une autre question sous-jacente, certainement pas voulue par l’auteur mais qui se pose pour beaucoup d’entre nous : comment ose-t-il s’adresser de la sorte à sa mère qu’il n’appelle même pas maman ?
Question de génération, d’éducation ? Autre débat, autre thème mais ce n’est pas celui qui nous préoccupe dans cette pièce.

Une pièce avec un texte dont les propos peuvent sembler anodins mais d’une extrême violence. Un texte ciselé finement, qui décrit habilement les rouages de cette relation.

Un Pierre Palmade surpris et ravi d’avoir été choisi par ce monstre sacré de Catherine Hiegel. Un albatros aux ailes qui traînent, qui a du mal à se mouvoir avec ses déhanchés résiduels d’humoriste mais qui peut être touchant par ses attitudes, ses revendications dont certaines sont légitimes face à Catherine Hiegel d’une sobriété aussi impressionnante dans ses silences que dans ses paroles, accompagnée d’une économie de mouvements reposante.
Elle nous donne, en toute modestie, une très belle leçon de théâtre au service d’un texte, d’un auteur.
Et pour donner un peu de légèreté mais tout de même de profondeur, intervient comme un arbitre de ce match la voisine Françoise jouée tout en bienveillance par Marie-Christine Danède.

Une mise en scène de Panchika Velez fluide qui laisse sa part « d’improvisation » à ces deux fortes personnalités dans un espace temps et de lieu maîtrisés.
Le décor de Claude Plet dans des lumières de Marie-Hélène Pinon met en valeur cette mise en scène et le jeu des comédiens.

Une pièce forte en émotions dont on ne sort pas indemne mais qui selon son propre vécu aura une portée, une signification différente : en cela une interrogation sur soi très intéressante.
Selon, vous retiendrez l’humour corrosif des joutes verbales ou la difficulté de communication, de compréhension, d’écoute de l’autre.
Qui gagne cet affrontement ? …une réponse au Théâtre Montparnasse…
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1 févr. 2019
9/10
19
... Un texte superbe qui interroge avec humour. Des comédiens en verve qui jouent magnifiquement. Un spectacle agréable et intéressant à ne manquer sous aucun prétexte.
27 janv. 2019
8/10
15
[Mon avis sur cette pièce est plus personnel qu'à l'ordinaire]

Comme la pièce « Le Père » interprétée par Robert Hirsch il y a quelques années, « le Lien » m’a complètement bouleversée. Le texte et les personnages me sont allés droit au cœur pour remuer les liens parfois si compliqués que l’on peut entretenir avec ses parents.

Dans le rôle du fils, Pierre Palmade est un abject connard qui fait à sa mère un procès d’intention insupportable : après la scène d’exposition où sa mère, interprétée par Catherine Hiegel, débite des banalités qui l’agace, Stéphane prend la parole pour ne plus la lâcher. Il l’accuse de ne pas s’adresser vraiment à lui, de dire des choses qui ne le concerne pas lui en particulier. Il l’accuse et déclare qu’il ne reviendra plus pour l’écouter parler car elle a beau être sa mère, il ne voit pas pourquoi il s’imposerait cette corvée car il s’ennuie. Il lui reproche de ne pas lire ses livres, de ne pas s’intéresser à lui. Elle, assise, prend des coups, avec abnégation. « Tu sais pour beaucoup de gens, vivre une vie normale est déjà une réussite » dira-t-elle en s’excusant de ne pas comprendre ses livres et de ne rien demander de plus que sa présence à ses côtés. Toute cette rancœur du fils, cette violence verbale plutôt que le pardon et le don de soi et de son temps m’a fait du mal. Parfois, les spectateurs autour de moi riaient et je ne comprenais pas.  Car je n’ai pas compris ou plutôt je n’ai pas admis ce comportement-là… A en être émue aux larmes.

J’ai même failli partir tant l’émotion était vive mais je suis restée : à un moment, un autre personnage entre en scène, soupape de décompression qui fait redescendre la tension entre cette mère et ce fils (qui sont du reste très bien joués). La pièce finira sur une note plus détendue, presque sur une réconciliation. Cette scène a pour moi été salutaire, me soulageant un peu de ma peine.

En définitive, cette pièce est pour moi à l’image de ce que le théâtre peut provoquer de catharsis quand un vécu personnel rentre en résonance avec les mots « joués », les mots « interprétés » par des acteurs. Certes, on peut facilement arguer que ces mots et ces situations ne sont pas de la vie réelle puisqu’ils sont « jeu d’acteur ». Pourtant le théâtre est parfois plus intense que la vie réelle en ce qu’il vient exacerber l’intensité et la compréhension d’un élément de vie personnelle passé ou présent. C’est la deuxième fois que le théâtre crée en moi pour quelques heures une vive et douloureuse émotion. En tout état de cause, je souhaite à tout un chacun que cela lui tombe un jour dessus, sans prévenir.

Un moment délicat pour moi qui n’enlève rien au talent de Catherine Hiegel et son partenaire Pierre Palmade.

Que le spectacle continue, puisse-t-il en émouvoir d’autres !