Critiques pour l'événement Le Chien
22 juin 2017
8,5/10
61
E.-E. Schmitt m'a une nouvelle fois subjuguée (envoutée ?) avec cette histoire d'amour.

Le décor minimaliste et le jeu des acteurs laissent ce texte parcourir en nous un trajet intense en émotions, et on se laisse porter.

Même si vous êtes plutôt "chat", vous trouverez ce chien bien humain ; la pièce change de ce que l'on a l'habitude de voir sur scène.
4 juin 2017
9/10
72
Une scène dépouillée de tout décor. Deux acteurs nous entraînent dans la mystérieuse trajectoire de Samuel, qui a toujours semblé préférer les chiens aux hommes. Mutique et secret, il demeure un inconnu aux yeux de sa fille comme de son ami écrivain. Un événement tragique déclenche la plongée de ces deux personnages dans le terrible passé de Samuel.

Cette pièce sans artifice est bouleversante. Le texte d'Eric-Emmanuel Schmitt offre aux acteurs une partition subtile, tout en nuances. Les personnages y sont déchirants d'humanité, et les souvenirs rapportés prennent vie à travers les monologues successifs de chacun des acteurs. Les deux acteurs incarnent ainsi tous les protagonistes de l'histoire, modulant leur voix et changeant de ton et d'émotion en un battement de cil.

Le propos est magnifique d'humanisme, les acteurs sont émouvants et on en ressort la larme à l'oeil, touchés par une ultime réplique à l'image de la pièce : poignante.
3 juin 2017
8/10
66
Je recommande vivement cette pièce pour l'humanisme qu'elle transmet.

En quelques mots, un homme se suicide suite à la mort de son chien Argos. Ce suicide intrigue le village car l'homme a toujours remplacé ses chiens, et il paraît impensable de mourir pour un animal. Il laisse alors à sa fille une lettre expliquant ce que Argos était pour lui.

Le pièce est jolie : sur un fond d'histoire (la seconde guerre mondiale) Eric Emmanuel Schmitt nous transmet une belle leçon d'humanité et d humanisme. La pièce est très calme, la scène est simple, il sagit d'une biographie ou d'une histoire racontée par 2 narrateurs à tour de rôle, qui ne se donnent pas de répliques. C'est très intéressant, cette pièce est proche du roman littéraire. Avec cette simplicité de décor et de personnage, j'ai eu l'impression de percevoir plus directement les émotions de la pièce.

Les deux personnages s'expriment bien, bon rythme de phrase, voix posée, leur récit est très agréable à écouter. Avec de temps en temps la musique de Yan Tiersen pour nous bercer.

Je recommande vivement cette pièce pour l'histoire, son écriture et les émotions qui nous traversent lors du spectacle. Même si j'aurais préféré il est vrai qu'elle ne traite pas de la Shoah mais plus de la complicité Homme Animal dans l'absolu.

Bonne route.
8 mai 2017
8/10
82
Le décor est minimaliste, pas de dialogues entre les acteurs et j'avoue au début avoir eu du mal à entrer dans l'histoire. Mais quand le médecin a commencé à parler, à raconter son histoire, j'ai été transportée et beaucoup émue par son monologue.

Belle histoire d'un homme et de son chien.
Un beau moment merci de me l'avoir conseillé.
21 janv. 2017
8,5/10
104
Pour ma note, j'ai hésité un long moment entre le 8 et le 9.

8, parce qu'il faut bien dire que la mise en scène est plus qu'austère. Aucun décor, 2 comédiens qui ne se renvoient même pas la réplique. Chacun nous racontant une histoire (qui les lient) l'un après l'autre.

9 parce qu'au delà de ce minimalisme, la pièce est bouleversante et raconte énormément avec si peu d'artifice. Difficile de ne pas en ressortir avec la larme à l'œil, avec une conclusion que j'ai trouvé extrêmement profonde de sens.

Autant vous prévenir, ce n'est pas une soirée rigolade. Mais la réflexion que nous inspire cette pièce est bien ce qui en fait une œuvre qui restera à l'esprit.
10 déc. 2016
8/10
71
L'affiche ne me donnait pas du tout, mais pas du tout envie d'aller voir la pièce. Mais les critiques du site étaient vraiment bonnes et j'aime bien E-E Schmitt.
Maintenant je me souviens pourquoi j'aime cet auteur. Merveilleuse écriture, l'histoire vous enveloppe tout doucement mais entièrement.

Décor hyper sobre. 4 cubes, fond noir. 2 acteurs. Le récit du premier est tellement long que j'ai un instant cru que l'autre ne parlerait jamais... Et ce n'était pas ma seule crainte. Moi qui suis sensible aux décors, aux costumes, qui aime avoir l'impression d'être au "spectacle", ça partait mal quand même.
Et en fait, je me suis laissée totalement transporter par l'histoire.

Les deux comédiens ont une présence très forte. Et pourtant, tout est doux, posé, dans l'intonation, le déplacement, les lumières. Mais tout est terriblement intense. Leur jeu, les quelques transformations vocales pour imiter les personnages qui entrent dans le récit et... l'histoire. Le fond et la forme. J'ai aimé les mots choisis, la construction des phrases très belles, la narration était de qualité. Et l'histoire ! A ce propos, je remercie les critiques précédentes de n'avoir rien dévoilé car la découverte fut encore plus appréciée. Je me suis surprise à sortir mes mouchoirs (j'ai fait passer ça pour le rhume d'hiver) ... plusieurs fois durant la pièce (saleté de rhume !).

J'ai eu l'impression d'être au coin du feu et qu'on me racontait une merveilleuse histoire où diverses émotions se mêlent entre sourire et larmes. Les mots et le jeu des acteurs m'ont enveloppée, transportée, émue. 4 cubes, un fond noir, une bonne histoire jouée par deux grands comédiens, ça suffit à faire vivre un moment intense.
28 nov. 2016
8/10
64
Une belle histoire racontée par deux comédiens charismatiques.

Dans un décor dépouillé, un écrivain nous raconte l'attachement très particulier d'un médecin à son chien. Dit comme ça, ça a l'air banal comme histoire. Evidemment derrière cette histoire, il se cache un drame qui nous sera révélé au fur et à mesure.

Ce qui est fort, c'est que nous suivons le déroulé de l'histoire tout en ressentant de vives émotions : peur, souffrance, douleur, reconnaissance, ...

Le chien c'est à la fois une page d'histoire, un drame et une histoire d'amour et les deux comédiens Mathieu Barbier et Patrice Dehent ne jouent pas cette pièce, ils incarnent vraiment les deux personnages.

Allez y !
14 nov. 2016
8/10
53
L'heure du conte.
C'est comme une histoire qui serait lue, mais sans livre.

Pour des émotions en live. Les sentiments que les acteurs expriment et font ressentir sont très forts. Mais à la différence avec une simple lecture, ici, les deux très bons acteurs se sont imprégnés de l'histoire. L'un occupe l'espace comme personne, l'autre pose sa voix comme pas deux. Ce duo est remarquable, l'histoire touchante.

Amateurs de petites histoires avant d'aller dormir, vous pouvez foncer.
11 nov. 2016
10/10
59
Divin, sublime, un très grand moment théâtral fort en émotion.
Il faut reconnaître que le texte, magnifique, est d'Eric Emmanuel Schmitt.
Deux merveilleux comédiens sur scène, un décor minimaliste, mais pas besoin de décor, nous nous laissons emporter par le récit, le jeu de ces personnages, et traversons avec eux cette histoire, tellement ils sont naturels, sincères et vrais.
Ils nous transportent, nous la vivons avec eux. Ça a été magique pour moi et les personnes qui m'ont accompagnée.
Tant et si bien, qu'à la fin, je suis restée, la gorge nouée, scotchée à mon siège.

Si vous aimez le théâtre d'émotion, les bons comédiens, les beaux textes, courez-y !
30 oct. 2016
8/10
33
Un jeu des comédiens (une alternance entre les voix) et un décor minimalistes, mais quel texte fort !

Une jolie richesse des émotions, le public traverse les différentes sensations : inquiétude, douleur, souffrance, puis pardon et résilience.

Un grand moment théâtral.
21 oct. 2016
9/10
29
Le rideau baissé, l'enfant placé devant moi, dit "on aurait pu acheter le livre, ça aurait été pareil !"

Oui, pas de décor, peu de jeu de scène, 2 hommes plutôt immobiles font le récit de leur histoire sans réel dialogue.

Mais non ! Dans ce dépouillement, grâce à ces 2 acteurs exceptionnels par leur justesse et leur profondeur, nous sommes à la fois enchantés d'écouter la musique de la très belle écriture de Schmitt et en communion avec les personnages de cette histoire fine, émouvante, humaine et animale ; mais peut-on encore différencier ces 2 mondes après cette excellente pièce ?
17 oct. 2016
9,5/10
29
Tirés d’une nouvelle éponyme d’Éric–Emmanuel Schmitt, l’adaptation théâtrale et la mise en scène de Marie-Françoise et Jean-Claude Broche nous offrent un spectacle poignant et troublant. Nous sommes cueillis par la beauté des sentiments de cette histoire à la profonde humanité.

Un secret au fond de soi gardé comme un joyau pour ne pas oublier. Un secret qui habite depuis plus de quarante ans la mémoire et qui ressurgit parce que le chien Argos est mort.

Argos est mort, faut-il continuer à vivre ? Samuel Heymann, le médecin à la retraite, a choisi sa réponse. Cruelle et incompréhensible pour ses proches. Pour sa fille qui disait de lui : « il aura tout fait pour moi, sauf me dire qui il était » et pour son ami écrivain qui reçoit une lettre de Samuel après sa mort, lettre écrite pour sa fille.

La pièce est construite comme un puzzle dont les morceaux s'ajoutent peu à peu comme des souvenirs livrés dans la confidence. La mémoire qui a secrété son mutisme culbute le rationnel puis fléchit sous le poids de l’incroyable vérité. Nous sommes livrés aux émotions qui prévalent alors à toute forme de raisonnement, tout logique fut-il.

L'ami écrivain s'interroge sur l'histoire de Samuel. Samuel se délivre progressivement au travers de sa lettre. Nous ne comprenons pas encore. L'un cherche à éclairer la vérité, l'autre dit pourquoi il a préservé son silence. Les émotions affluent. Les explications arrivent par bribes. La tension est à son comble. Nous comprenons enfin.

L’adresse de la mise en scène permet de nous faire vivre ce récit et l’émotion intense qui l’enveloppe avec sincérité et sans pathos. Les comédiens Mathieu Barbier et Patrice Dehent sont impressionnants. Leurs jeux simples distillent la puissance du texte avec précision. Leurs voix graves et profondes conviennent tout à fait à ce récit, à son écoute et à son envoutement. C’est très bien joué.

Une histoire originale et magnifique à la densité prégnante. Ce spectacle est une ode à l’humanisme, dont nous sortons profondément touchés. C'est beau, très beau. À voir sans hésitation.
17 oct. 2016
9,5/10
136
Il est des pièces de théâtre, lorsqu'elles se terminent, lorsque le noir se fait, il est des pièces de théâtre après lesquelles on n'a pas envie de revenir.
De revenir à la réalité.
De revenir à nous.

Tellement l'histoire racontée est poignante.
Tellement l'écriture est forte.
Tellement les acteurs au service de l'auteur sont bouleversants.

Ici, c'est le cas.
Le Chien, d'Eric-Emmanuel Schmitt.

Ce chien Argos qui sera la clef du secret avec lequel vit depuis cinquante ans Samuel Heymann, médecin de campagne, rescapé d'Auschwitz-Birkenau, l'un de ceux, cette poignée de rescapés, qui ont survécu à la déshumanisation programmée par ceux qui étaient persuadés appartenir à une race supérieure.

N'ayant pas lu la nouvelle de Schmitt parue dans un recueil intitulée « Les deux messieurs de Bruxelles » avant d'aller voir la pièce, je n'irai pas plus loin dans la divulgation de ce secret afin de vous laisser éventuellement le découvrir au Théâtre de la Rive Gauche.

Je voudrais que vous soyez dans le même état que moi à sa révélation.

Ce secret sera révélé par la lecture de la lettre posthume qu'a rédigée le médecin juste avant son suicide.
Ce secret va nous rappeler la notion d'Humanité. Avec un très grand H.

Une Humanité qui caractérise chaque être humain, même s'il faut vraiment parfois creuser pour la dénicher.

Les deux comédiens, Mathieu Barbier et Patrice Dehent sont bouleversants, je l'écrivais un peu plus haut.
Sans surjouer, sans aucun effet superfétatoire, avec une justesse phénoménale et dans un décor réduit à quatre cubes en bois blanc pour s'asseoir, ils les incarnent les deux personnages, le médecin et son ami écrivain.

A aucun moment, ils ne dialogueront entre eux.

Chacun leur tour, ils vont dire un long et déchirant monologue.

C'est en effet le parti pris des deux metteurs en scène, Marie-Françoise et Jean-Christophe Broche que d'alterner le texte des deux acteurs.

Ils ne quitteront pas pour autant la scène lorsqu'il n'auront pas de texte, ce qui donne une vraie force au texte. Ils s'écouteront mutuellement sur le plateau.

Deux autres personnages importants, qui pour autant n'apparaîtront jamais sur le plateau, jouent également un grand rôle.

La fille du médecin, à qui la lettre révélatrice est adressée.
Et un autre.

Cet autre personnage, un aristocrate, sera celui qui a tout déclenché. Le secret.

Celui qui sera concerné par la dernière phrase du texte.
Une phrase magnifique.

« Il essaie d'être un Homme ».

Moi, j'essayais dans le noir final de trouver un mouchoir pour essuyer mes larmes.