Critiques pour l'événement Jacques et son maître
24 déc. 2021
4/10
13
La mise en scène bien trouvée et l'excellent bon jeu d’acteur ne parviennent pas à sauver un texte daté auquel je n'ai pas du tout réussi à accrocher.

Les histoires de Jacques et son maître sont juste vraiment inintéressantes. La patte de Kundera, qui tente d'adapter au théâtre le caractère elliptique et mise en abîme du roman en perçant régulièrement le quatrième mur, était peut-être novatrice dans les années 80, mais là j'ai juste trouvé ça lourd.

Bref, je n'ai jamais réussi à accrocher, dommage ...
20 oct. 2021
8,5/10
13
Sur un texte brillant de Kundera, Nicolas Briancon crée un spectacle parfait.
Tout est là : les mots foisonnants, truculents, intelligents et irrévérencieux.
Une mise en scène formidable qui tourbillonne et nous embarque de tableau en tableau. Le spectateur est intégré à la joute verbale ce qui permet de jouer avec eux.
Des décors et costumes d’une beauté retrouvée d’un autre temps où le théâtre investissait.

Les comédiens, une troupe, sont d’une justesse absolue. Nicolas Briancon n’incarne pas, il EST. Rien que pour le regarder dans cet exercice si évident et naturel il faut aller voir cette pièce. Une grande leçon de comédie. Un talent incroyable.
Quel plaisir manifeste ils prennent tous à jouer. Ils se délectent et nous avec eux.

Il y a du Molière, Marivaux, Beaumarchais, Goldoni et même du Kusturica.
De la dignité humaine, l’amour, l’amitié, le respect et parfois la trahison mais le tout toujours avec humour et malice.

Profitez de cette pièce pour retourner au théâtre elle vous redonnera le goût.

Oui !!!! Retrouvez le goût d'aller au théâtre !!!! Vraiment !!!!

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Jeudi 21 octobre 2021
11 oct. 2021
8,5/10
14
Nicolas le fantaisiste !

On le savait, Nicolas Briançon est un grand, un vrai metteur en scène. Ce qu'il fait avec le texte de Kundera est d'une grande liberté. Avec beaucoup d'humour et juste ce qu'il faut d'irrévérence ....

Mais il est aussi un formidable comédien.
Accompagné de son Maître - Stéphane Hillel, vraiment épatant - il nous promène dans un décor très astucieux et une histoire - ou plutôt 3 histoires qui se ressemblent - qui parfois nous perdent un peu pour mieux nous retrouver .... mais toujours avec une vraie fantaisie qui est présente à chacun de leurs pas.

Les comédiens sont nombreux sur le plateau, ce qui est bien rare aujourd'hui dans le théâtre privé.
Les costumes sont très beaux aussi.
Il se dégage une belle ambiance, à l'ancienne, comme on n'en voit plus beaucoup.

Tout est là pour nous faire voyager même si nous non plus nous ne savons pas toujours où nous allons !
18 sept. 2021
9,5/10
14
... Un spectacle littéralement savoureux. Une superbe et chaleureuse complicité avec le public. Un très grand moment de théâtre à l’esthétique soignée et au texte captivant, joué avec un brio détonant, mis en scène magistralement par Nicolas Briançon. Incontournable temps théâtral à ne surtout pas manquer !...
17 sept. 2021
9/10
12
Je me suis laissée embarquée avec un peu de nostalgie par ce beau spectacle, bien écrit et bien interprété.

Le décor est épuré, place au spectacle !

La note musicale de la fin apporte une touche supplémentaire à ce conte.

Ca m'a plu !
13 sept. 2021
9/10
12
Difficile de résumer le spectacle. Jacques et son Maître font un voyage, ne sachant vraiment ni d’où ils viennent ni où ils vont. Ce qui doit se passer, c’est leur maître là-haut qui l’a écrit. Au cours de leur marche, ils se racontent des histoires, notamment celle du dépucelage de Jacques et comment il est tombé amoureux, mais il digresse tant qu’on ne connaîtra jamais le fin mot de cet amour. La digression est peut-être le maître-mot de cette pièce : elles permettent l’arrivée de nouveaux personnages, de nouvelles histoires, et de nouvelles digressions.

D’abord, j’ai eu peur. J’arrive au théâtre dans une humeur ambiguë : j’ai hâte car je connais l’effet des spectacles de Briançon sur moi, mais j’ai peur que la magie n’opère plus après dix ans. Et le début du spectacle confirme d’abord ma seconde impression : le cadre de scène semble trop grand, les premières répliques de Stéphane Hillel sont hésitantes – il se révèlera davantage dans sa relation avec Jacques -, je n’arrive pas à rentrer dedans. Et puis il se passe ce truc indicible, un peu magique, un peu chimique, qui soudainement m’embarque dans l’histoire pour ne plus en décrocher.

Je ne saurai expliquer la magie mais je commence à déjouer certains des tours de Nicolas Briançon, ce qu’il parvient à faire, ce qu’il éveille en nous. Son art de metteur en scène prend ici toute son ampleur grâce au procédé de la pièce, à ces histoires qui s’enchaînent, à ce théâtre dans le théâtre : lorsque les personnages racontent leurs souvenirs, tout prend vie sur ces quelques planches de bois qui occupent le centre de la scène. Ce ne sont que quelques planches, ce ne sont que quelques souvenirs, mais c’est toute une histoire qui naît et se dessine sous nos yeux comme sous la plume d’un auteur. Comme le maître que compose Stephane Hillel, ces histoires qui se racontent répondent soudain à un besoin vital qui se crée chez le spectateur de les écouter.

Et c’est fait avec tant d’insouciance, tant de naïveté, tant de spontanéité, que cela donne l’impression des théâtre de marionnettes pour enfants, où tout s’invente au gré des idées du gamin, où ce qui existe dans sa tête prendra forme de quelque manière que ce soit dans son spectacle. Ici, les personnages des différentes histoires semblent comme sortis de l’esprit de leur créateur, ils se dessinent sous nos yeux puis disparaissent dans la nature, et ça a quelque chose de fascinant.

Fascinants aussi, les neuf comédiens et deux musiciens au plateau, acteurs de cette grande chorégraphie de la vie qui se joue dans la pièce. De la gouaille un brin nostalgique de Lisa Martino à l’affection feinte de Pierre-Alain Leleu, tous composent à merveille dans un esprit de troupe généreux et communicatif. Nos deux personnages principaux font la part belle à l’amitié : les regards rieurs et coquins de Nicolas Briançon et son intarissable faconde viennent compléter l’ingénuité et l’envie qui caractérisent le personnage de Stéphane Hillel, comme le yin complète le yang. Ils font tous les deux exister leur personnage et apparaissent parfois comme les deux entités d’un seul cerveau – leur maître là-haut qui écrit ? – faisant presque naître un troisième personnage, fruit de leur union et de leur complicité.

Cerise sur le gâteau, même quand Nicolas Briançon nous convie à ce genre de grande fête, infiniment généreuse, infiniment populaire, il ne prend jamais le spectateur pour un imbécile. Au contraire, en filigrane du divertissement, les questions philosophiques que pose Diderot ne sont pas oubliées, et teintent notre joyeux conte de touches d’absurde et de mélancolie. Toute la palette est là, nous n’avons plus qu’à admirer le tableau.
10 sept. 2021
9/10
4
Jacques et son maitre du Kundera mise en scène Nicolas Briancon
Réjouissant, Pertinent, Drolatique.

Jacques et son Maître entrent sur scène ; ils font quelques pas, le regard de Jacques se pose sur les spectateurs :
Jacques s'arrête...et désignant le public à son maitre
-Qu'ont-ils tous à nous regarder ?
- (le maitre) Fais comme s'il n'y avait personne.
- (Jacques au public) Vous ne voudriez pas regarder ailleurs ? Bon, alors, qu'est-ce que vous voulez ? D'où est-ce que nous venons ? De là-bas. Et où est-ce que nous allons ? Est-ce que l'on sait où on va? Vous le savez, vous, où vous allez ?

Stéphane Hillel et Nicolas Briancon nous entrainent avec dynamisme, vitalité et grand brio dans cette variation-hommage de Kundera pour « Jacques le fataliste » de Diderot. C’est la rencontre de deux écrivains, du siècle des Lumières et du XX siècle, du théâtre et du roman, de la France et des pays de l’est.
C’est en 1972, que le jeune metteur en scène français Georges Werler est allé voir Milan Kundera à Prague et a emporté en fraude à Paris le manuscrit de sa pièce Jacques et son Maître.
Kundera l’a écrite après l’invasion russe, quand toute son œuvre, ancienne et future, a été gommée des lettres tchèques.

Lors de ce voyage, nous allons découvrir trois histoires d’amour, de désir et de sexe. Celle de Jacques, celle de son maitre et celle de Mme de la Pommeraye.
Ces trois histoires truculentes s’entremêlent les unes aux autres, des mises en abimes et dialogues croisés s’installent entre les protagonistes, ils se coupent la parole, s’interpellent, c’est plein de gaieté et de fantaisie.
Les amitiés trompées et les conspirations apparaissent mais le tout dans une ambiance légère et drolatique .
Les hommes considèrent les femmes comme objets de plaisir mais les femmes ne sont pas de restent ; j’avoue avoir toujours beaucoup aimé la vengeance de Mme Pommeraye… allez donc la découvrir ou la redécouvrir.

La relation du maitre et du valet est mémorable, qui est le maitre ? qui est le valet ?
Jacques : « …vous donneriez les ordres, mais que je choisirais lesquels. ….vous auriez le pouvoir, mais moi l'influence ….. »
Les questions fusent , Jacques nous interpelle
« .…L’histoire des hommes a été réécrite si souvent que les gens ne savent plus qui ils sont »
« Est-ce que l'on sait où on va? Vous le savez, vous, où vous allez ? »


C’est un véritable enchantement, Lisa Martino est époustouflante, Stéphane Hillel et Nicolas Briancon nous réjouissent de par la justesse de leur jeu. Mais n’oublions pas Pierre-Alain Leleu, Camille Favre-Bulle, Maxime Lombard, Philippe Beautier, Elena Terenteva et Jana Bittnerova tous nous ont séduit et ravi de par leur enthousiasme et leur talent.

Nous sommes emportés par la musique de Marek Czerniawski au violon et Boban Milojevic à l’accordéon qui nous fait vibrer de joie.

La mise en scène de Nicolas Briancon est dynamique, rythmée, les différents tableaux s’enchaînent avec fluidité et naturel.

C’est un magnifique moment de théâtre.
9 sept. 2021
9,5/10
22
Quand Nicolas fait le Jacques !
Quand Stéphane se fait la malle en maître !
Quand Lisa ne nous sort pas de l’auberge !

Les yeux…
Ceux de Nicolas Briançon, lorsqu’une fois qu’il a posé sa brouette, se plante à l’avant-scène et nous scrute.
Des yeux pétillants, malicieux, vifs, qui nous disent à eux seuls tout l’amour et le besoin de théâtre du comédien et du metteur en scène qu’il est.
Une magnifique et inoubliable entrée en matière !

En 1971, Kundera éprouve le besoin d’écrire une « variation-hommage » autour du livre de Diderot « Jacques le fataliste ». Un roman qu’il « a voulu fêter ».
Selon lui, son livre « concentre tout ce que la France a perdu et refuse de retrouver ».

L’écrivain tchèque sait bien ce que signifie la perte.

Avec cette œuvre théâtrale, alors que lui-même retrouve une certaine liberté avec la fin de sa période tchèque, il va nous embarquer dans un sacré voyage.
Une sorte de quête vécue par deux personnages.
Un maître et son valet. Mais sait-on bien qui est qui ?
Ces deux-là savent-ils seulement ce qu’est l’objet de cette quête ?

Ce qui est certain, c’est que vont nous être contées au moins trois histoires.
Des histoires d’amour, de sexe, de plaisir… Des histoires de vie, en somme.
Des histoires prétextes à de multiples réflexions et digressions, de la part de ces deux-là, qui nous questionnent sur notre place ici-bas, sur les relations qui nous unissent, nous les femmes et les hommes, sur le bonheur, la liberté, la nostalgie, le souvenir.

Une vertigineuse mise en abîme de notre condition humaine en cette triste vallée de larmes.

Diderot, Kundera, même combat !

Cette pièce, Nicolas Briançon s’en est emparé et la défend depuis au moins vingt-trois ans, puisqu’il l’a montée pour la première fois en 1998, au théâtre de la Madeleine et à Hébertot.
Puis, ce fut en 2008 au théâtre 14, en 2012 à la Pépinière et en 2019 au Festival d’Anjou dont il était alors directeur.

C’est vous dire la connaissance qu’il en a.

C’est évidement le duo du titre sur lequel repose toute la mécanique dramaturgique.
Nicolas Briançon et Stéphane Hillel vont nous enchanter une nouvelle fois, purement et simplement.

C’est un véritable bonheur que de voir ces deux grands comédiens jouer au chat et à la souris, se renvoyer la balle, s’attirer, se repousser, restituer de façon jouissive ce texte fait de formules à l’emporte-pièce, de tirades percutantes ou bien émouvantes au possible.
Que d’émotions variées se dégagent de ce qu’ils nous donnent !

Ces deux-là nous font beaucoup rire. Je n’en finirais pas de vous raconter les moments drôlissimes, les situations parfois surréalistes, mais également les instants poignants ou troublants qui parsèment cette œuvre.

Leurs adresses au vrai maître de tout ceci, l’auteur en personne, sont jubilatoires.
Une autre réflexion est alors engagée sur l’écriture théâtrale et la dramaturgie, avec ou sans chevaux.

A son habitude, le metteur en scène Briançon nous démontre sa connaissance de la direction d’acteurs, et surtout sa capacité à placer à faire se déplacer des corps sur un plateau.
Ici, tout est millimétré. Chorégraphié.

Une mise en scène horizontale, mais également verticale, puisque sur trois niveaux, les personnages évoluent de façon fluide et véritablement chorégraphiée.
Il faut à ce propos observer le patron observer ses camarades de jeu, lorsque lui même, planté à l’extrême cour, ne joue pas. Révélateur ! Les yeux, encore et toujours !

La troupe de comédiens qui accompagne les deux personnages principaux est on ne peut plus cohérente.
Sur scène, on sent l’engagement et l’amusement de tous à interpréter tous ces beaux rôles. Certains même en jouent plusieurs.

Lisa Martino est une aubergiste « fort en gueule » et gouailleuse. De sa voix légèrement éraillée, lorsqu’elle la pousse un peu, elle nous raconte de fort belle façon l’histoire de Mme de la Pommeraye. Toute vêtue d’écarlate, (il faut rendre hommage ici à Michel Dussarat pour ses très beaux costumes), sa présence illumine le plateau.

Pierre-Alain Leleu interprète quant à lui deux aristos qui sont à l’amitié et à la vérité ce que l’ail est au baiser.
Deux interprétations aux petits oignons. Lui aussi nous fait beaucoup rire.

Tous sur scène sont irréprochables. Une grande cohésion se dégage.

Il fait noter également la très belle participation de Marek Czerniawski au violon et de Boban Milojevic à l'accordéon, qui avec leurs mélodies et chansons en droite ligne des Balkans, contribuent à la dimension poétique et nostalgique de l'entreprise.

C’est donc une heure et demie enchanteresse qui vous attend au Montparnasse.

Une ode à l’Ecriture et au Théâtre.
Une célébration de la Vie.
Un hommage aux imposants fessiers, mais pas forcément aux chaises. Aussi.

Courez toutes affaires cessantes voir (ou revoir) les trépidantes aventures de ce Jacques et de son maître.
C’est un mauvais poète qui vous le dit !
4 sept. 2021
10/10
5
Spectacle superbe. Profondeur, intelligence et drôlerie du texte.

On en sort un peu meilleur. Mise en scène sublime, fluide, belle. Comédiens parfaits : Stéphane Hillel! Bouleversant. Nicolas Briançon éblouissant. Magnifiques Lisa Martino et Pierre Alain Leleu. Musiciens sublimes. Distribution parfaite! Courez-y!