Critiques pour l'événement Hamlet (Théâtre 14)
Jouer Shakespeare, lorsqu’on fait un peu de théâtre (amateur), c’est l’Everest !
Une montagne sacrée sur laquelle notre metteur en scène d’alors, pourtant moult fois récompensée, n’aurait jamais osé nous y entraîner. Pour notre culture, mais d’esprit un tantinet iconoclaste, nous avions été voir LA MEGERE APPRIVOISEE, alors mise en scène par Jérôme SAVARY puis LA NUIT DES ROIS, mise en scène par Nicolas BRIANCON, et nous avions été enthousiasmés par la truculence et la modernité, n’ayons pas peur de dire « le génie », de leurs adaptations. Shakespeare, entre les mains de ces deux magiciens, c’était remeubler Versailles avec du Le Corbusier ou du Knoll, c’était la démonstration qu’on pouvait retranscrire des textes magnifiques datant du 16ème siècle en s’extrayant du pompeux et de la grandiloquence de mise à cette époque et les rendre compatibles avec nos mœurs du 21ème siècle sans d’aucune façon les déprécier voire les trahir !
Lorsque nous avons appris que notre comédien fétiche, Grégori BAQUET, que nous avions applaudi et même acclamé pour ses interprétations dans COLORATUR, LES CAVALIERS, UN OBUS DANS LE CŒUR et LA REINE DE BEAUTE DE LEENANE, avait le rôle titre dans HAMLET, enfin, allions nous en confiance nous « frotter » à cette pièce, décrite unanimement, comme LE CHEF D’ŒUVRE du théâtre, la pièce que tout être humain doté d’un cerveau et d’un minimum de sensibilité se devait d’avoir vu au moins une fois dans sa vie : nous nous sommes donc précipités au Théâtre 14 pour enfin connaitre le graal, d’autant que la publicité faite pour cette pièce nous promettait une mise en scène exceptionnelle, faite de « mouvement permanent », de costumes nous entraînant « dans l’univers d’un royaume imaginaire rappelant nombre de séries et de BD d’Heroic Fantasy » et enfin, qu’une « musique soutiendra l’action, et par son accentuation moderne et épique et révèlera les moments forts » : SAVARY, BRIANCON, gare à vous !
Damned ! Un Grégori BAQUET pas au mieux de sa forme (même si dans ce cas il joue quand même très bien), une Ophélie (Pia CHAVANIS) insipide, une scène orchestrale totalement grotesque, rock and roll distroy, interprétée ( ?) par un guitariste approximatif jouant tout aussi mal que ses deux compères chantaient (peut-être était-ce voulu par le metteur en scène ?)… Heureusement qu’il y eut la voix et l’interprétation de Christophe CHARRIER en Claudius, le personnage d’Olivier NIVERD en Polonius, un duel à l’épée très réaliste et exécuté impeccablement ainsi que les pitreries scéniques des deux clowns de service, Guildenstern et Rosencrantz, et surtout trois apparitions du spectre du roi assassiné se voulant certainement dramatique mais du plus comique effet. Ah, n’oublions pas de saluer le réalisme des escaliers et des remparts ainsi que les effets de brume qui créent une ambiance sombre se prêtant parfaitement à la noirceur de la pièce.
Le dossier de presse indiquait « un théâtre vif-argent,…une version fluide, charnelle et émotionnelle qui fera battre le cœur de chacun !... ». Nous aurions dû nous méfier de l’attachée de presse car nous n’y avons vu que des cavalcades permanentes à monter et descendre les escaliers (bravo la performance !) et des allers-retours incessants d’un bout de la scène à l’autre : effectivement, c’était très fluide ! Peut-être devrions-nous avoir honte de ne pas avoir compris la profondeur des intentions de Xavier LEMAIRE mais, qu’il nous pardonne, nous restons sur l’idée qu’avant de concevoir sa mise en scène, il aurait dû aller voir La Nuit des Rois et la Mégère Apprivoisée auxquelles nous faisons référence et de s’inspirer de ce que font les maitres en la matière. Bref, pour finir notre critique par une touche plaisante à son intention, un très grand merci d’avoir eu pitié de notre postérieur en ne nous infligeant que 2h30 d’immobilisation contrainte sur notre fauteuil alors qu’il aurait pu avoir la cruauté de faire jouer Hamlet dans sa version initiale de 6 heures !
Une montagne sacrée sur laquelle notre metteur en scène d’alors, pourtant moult fois récompensée, n’aurait jamais osé nous y entraîner. Pour notre culture, mais d’esprit un tantinet iconoclaste, nous avions été voir LA MEGERE APPRIVOISEE, alors mise en scène par Jérôme SAVARY puis LA NUIT DES ROIS, mise en scène par Nicolas BRIANCON, et nous avions été enthousiasmés par la truculence et la modernité, n’ayons pas peur de dire « le génie », de leurs adaptations. Shakespeare, entre les mains de ces deux magiciens, c’était remeubler Versailles avec du Le Corbusier ou du Knoll, c’était la démonstration qu’on pouvait retranscrire des textes magnifiques datant du 16ème siècle en s’extrayant du pompeux et de la grandiloquence de mise à cette époque et les rendre compatibles avec nos mœurs du 21ème siècle sans d’aucune façon les déprécier voire les trahir !
Lorsque nous avons appris que notre comédien fétiche, Grégori BAQUET, que nous avions applaudi et même acclamé pour ses interprétations dans COLORATUR, LES CAVALIERS, UN OBUS DANS LE CŒUR et LA REINE DE BEAUTE DE LEENANE, avait le rôle titre dans HAMLET, enfin, allions nous en confiance nous « frotter » à cette pièce, décrite unanimement, comme LE CHEF D’ŒUVRE du théâtre, la pièce que tout être humain doté d’un cerveau et d’un minimum de sensibilité se devait d’avoir vu au moins une fois dans sa vie : nous nous sommes donc précipités au Théâtre 14 pour enfin connaitre le graal, d’autant que la publicité faite pour cette pièce nous promettait une mise en scène exceptionnelle, faite de « mouvement permanent », de costumes nous entraînant « dans l’univers d’un royaume imaginaire rappelant nombre de séries et de BD d’Heroic Fantasy » et enfin, qu’une « musique soutiendra l’action, et par son accentuation moderne et épique et révèlera les moments forts » : SAVARY, BRIANCON, gare à vous !
Damned ! Un Grégori BAQUET pas au mieux de sa forme (même si dans ce cas il joue quand même très bien), une Ophélie (Pia CHAVANIS) insipide, une scène orchestrale totalement grotesque, rock and roll distroy, interprétée ( ?) par un guitariste approximatif jouant tout aussi mal que ses deux compères chantaient (peut-être était-ce voulu par le metteur en scène ?)… Heureusement qu’il y eut la voix et l’interprétation de Christophe CHARRIER en Claudius, le personnage d’Olivier NIVERD en Polonius, un duel à l’épée très réaliste et exécuté impeccablement ainsi que les pitreries scéniques des deux clowns de service, Guildenstern et Rosencrantz, et surtout trois apparitions du spectre du roi assassiné se voulant certainement dramatique mais du plus comique effet. Ah, n’oublions pas de saluer le réalisme des escaliers et des remparts ainsi que les effets de brume qui créent une ambiance sombre se prêtant parfaitement à la noirceur de la pièce.
Le dossier de presse indiquait « un théâtre vif-argent,…une version fluide, charnelle et émotionnelle qui fera battre le cœur de chacun !... ». Nous aurions dû nous méfier de l’attachée de presse car nous n’y avons vu que des cavalcades permanentes à monter et descendre les escaliers (bravo la performance !) et des allers-retours incessants d’un bout de la scène à l’autre : effectivement, c’était très fluide ! Peut-être devrions-nous avoir honte de ne pas avoir compris la profondeur des intentions de Xavier LEMAIRE mais, qu’il nous pardonne, nous restons sur l’idée qu’avant de concevoir sa mise en scène, il aurait dû aller voir La Nuit des Rois et la Mégère Apprivoisée auxquelles nous faisons référence et de s’inspirer de ce que font les maitres en la matière. Bref, pour finir notre critique par une touche plaisante à son intention, un très grand merci d’avoir eu pitié de notre postérieur en ne nous infligeant que 2h30 d’immobilisation contrainte sur notre fauteuil alors qu’il aurait pu avoir la cruauté de faire jouer Hamlet dans sa version initiale de 6 heures !
Xavier Lemaire, le metteur en scène, s'est peut-être inspiré d'une série télé à succès pour nous restituer un univers sombre d'heroic fantasy au coeur d'un royaume froid pour son Hamlet au Théâtre 14 mais en tout cas c'est réussi !
Dilemme : Se fade t'on un Hamlet qui dure 5 heures comme la version originale ou choisit-on une version modernisée et ramassée sur le jeune prince de 2h30 ? Pour moi, le choix est simple, je prends la version courte car l'adaptation a été revue par Xavier Lemaire et Camilla Barnes, avec un vocabulaire plus adapté à notre époque et cette version s'affranchit des contraintes de décor : le décor assez minimaliste, avec juste deux escaliers mobiles, va laisser les acteurs s'exprimer avec tout leur talent. S'ils n'en n'ont pas, ça se verra immanquablement ! Mais je vous rassure de suite, ils n'en manquent pas !
Etre ou ne pas être Hamlet, c'est ça la question ! Ici, le choix de Gregori Baquet en un jeune prince fougueux et blondissant est une vraie réussite. Bon je passe sur le choc de la couleur blonde, les cheveux repousseront avec leur couleur naturelle, dans quelques mois je ne mettrais plus mes lunettes de soleil en regardant sieur Baquet. Mais en y réfléchissant bien cette couleur de printemps colle une touche lumineuse qui auréole la tête du prince dans cet univers sombre et comme la pièce est concentrée sur lui, c'est une bonne idée. Et puis cette version moderne a besoin d'une chevelure peroxydée car il est rock et tatoué notre Hamlet, en plus d'être fou !
Oui clairement le parti pris de modernité du metteur en scène est un bonne idée, il y a du rythme et de la folie et aussi des morts... (on est dans une tragédie de Shaspeare quand même !). Et il y a le fantôme (lui aussi il vient de la série télé évoquée au début) qui va faire basculer Hamlet dans l'abime de la folie : effet garanti !
J'ai beaucoup aimé cette version et pourtant je redoutais de devoir rester assise 2h30 sans entracte mais c'est passé tout seul !
Il n'y a pas que Gregori Baquet dans cette pièce mais c'est vrai qu'il est omniprésent sur la scène, il est cependant entouré par 10 autres comédiens dont certains jouent plusieurs rôles avec bonheur. Ophélie (joué par la jolie Pia Chavanis) m'a semblé un peu transparente/diaphane au début mais quand elle devient folle, elle est émouvante à souhait.
Je recommande cette version notamment pour ceux qui veulent découvrir cette célèbre tragédie.
Dilemme : Se fade t'on un Hamlet qui dure 5 heures comme la version originale ou choisit-on une version modernisée et ramassée sur le jeune prince de 2h30 ? Pour moi, le choix est simple, je prends la version courte car l'adaptation a été revue par Xavier Lemaire et Camilla Barnes, avec un vocabulaire plus adapté à notre époque et cette version s'affranchit des contraintes de décor : le décor assez minimaliste, avec juste deux escaliers mobiles, va laisser les acteurs s'exprimer avec tout leur talent. S'ils n'en n'ont pas, ça se verra immanquablement ! Mais je vous rassure de suite, ils n'en manquent pas !
Etre ou ne pas être Hamlet, c'est ça la question ! Ici, le choix de Gregori Baquet en un jeune prince fougueux et blondissant est une vraie réussite. Bon je passe sur le choc de la couleur blonde, les cheveux repousseront avec leur couleur naturelle, dans quelques mois je ne mettrais plus mes lunettes de soleil en regardant sieur Baquet. Mais en y réfléchissant bien cette couleur de printemps colle une touche lumineuse qui auréole la tête du prince dans cet univers sombre et comme la pièce est concentrée sur lui, c'est une bonne idée. Et puis cette version moderne a besoin d'une chevelure peroxydée car il est rock et tatoué notre Hamlet, en plus d'être fou !
Oui clairement le parti pris de modernité du metteur en scène est un bonne idée, il y a du rythme et de la folie et aussi des morts... (on est dans une tragédie de Shaspeare quand même !). Et il y a le fantôme (lui aussi il vient de la série télé évoquée au début) qui va faire basculer Hamlet dans l'abime de la folie : effet garanti !
J'ai beaucoup aimé cette version et pourtant je redoutais de devoir rester assise 2h30 sans entracte mais c'est passé tout seul !
Il n'y a pas que Gregori Baquet dans cette pièce mais c'est vrai qu'il est omniprésent sur la scène, il est cependant entouré par 10 autres comédiens dont certains jouent plusieurs rôles avec bonheur. Ophélie (joué par la jolie Pia Chavanis) m'a semblé un peu transparente/diaphane au début mais quand elle devient folle, elle est émouvante à souhait.
Je recommande cette version notamment pour ceux qui veulent découvrir cette célèbre tragédie.
Toujours dans le cadre de mon abonnement au Théâtre 14 – et l’un des spectacles qui m’a vraiment décidée à reprendre ma carte du Théâtre – cet Hamlet de Xavier Lemaire avec Grégori Baquet dans le rôle titre – comédien que je suis depuis plusieurs années maintenant. Spectacle qui m’intriguait et m’inquiétait aussi un peu en vérité, car à mon humble avis, le metteur en scène comme le comédien n’avaient pas forcément les épaules pour soutenir la célèbre pièce de Shakespeare. Un pressentiment vérifié… en partie.
Hamlet est triste : son père, le roi du Danemark, est mort. A son grand dam, sa mère s’est remarié avec son oncle qui a pris la place de feu son frère sur le trône. Hamlet ne voit pas d’un bon oeil cette reconversion si rapide et continue seul de pleurer son père quand le royaume semble célébrer la nouvelle union. Mais si Hamlet est si sévère avec son oncle c’est qu’il a un pressentiment : il n’est pas pour rien dans le meurtre de son père. Cette intuition se verra vérifiée en tout début de spectacle, quand un étrange phénomène lui permet de discuter avec le spectre de son père… Alors, Hamlet est-il fou ? L’apparition du spectre semblait pourtant bien réel et a touché les gardes autant que lui…
C’est mon troisième Hamlet. Jamais totalement convaincue, la question se pose donc : peut-on réellement monter cette pièce de Shakespeare ? J’attends avec impatience le metteur en scène qui me démontrera cette possibilité. Cependant, je reconnais volontiers que Xavier Lemaire a soigné son travail. Certaines idées fonctionnent très bien : je pense notamment au spectre dont le costume blanc déchiqueté évoque des entrailles peu engageantes sous les lumières UV. Grande réussite aussi, la scène des comédiens transformée en cabaret et qui crée un réel clivage avec le reste de la pièce.
Cependant, je regrette que le rythme instauré lors de ces scènes ne gagne pas plus de terrain. On sent des méthodes de remplissage malheureusement trop visibles avec ces déplacements incessants, ces constantes montées et descentes de marches qui n’ajoutent rien, ne signifient rien d’autre qu’une agitation incessante et non une montée en tension comme on pourrait l’espérer. Certes, ces escaliers emboîtés différemment évoquent des lieux multiples, mais ils auraient peut-être gagné à rester des éléments de décor et non des appuis mécaniques pour les comédiens.
Et c’est d’ailleurs le point faible du spectacle. Les comédiens. On le sentait arriver, le rôle d’Hamlet écrase un peu Grégori Baquet, dont la folie n’explose pas tant qu’il le souhaiterait. Limité par sa tonalité parfois plaintive et son caractère profondément humain, entre gentillesse et naïveté, on a fondamentalement du mal à croire à son personnage. Les deux comédiennes sont également décevantes : si, après une première scène désastreuse, Pia Chavanis parvient à redynamiser un peu son Ophélie, elle n’en reste pas moins peu convaincante dans le rôle.
De son côté, Julie Delaurenti est une Gertrude, Reine de Danemark bien fade et dont la seule beauté ne suffit pas à porter tout le rôle. Cette fadeur se retrouve également chez Manuel Olinger, qui incarne le nouveau roi du Danemark : sa carrure imposante ne comble pas la monotonie de sa composition. Seul Didier Niverd semble avoir perçu toutes les facettes de son personnage, présentant un Polonius de premier ordre.
Hamlet est triste : son père, le roi du Danemark, est mort. A son grand dam, sa mère s’est remarié avec son oncle qui a pris la place de feu son frère sur le trône. Hamlet ne voit pas d’un bon oeil cette reconversion si rapide et continue seul de pleurer son père quand le royaume semble célébrer la nouvelle union. Mais si Hamlet est si sévère avec son oncle c’est qu’il a un pressentiment : il n’est pas pour rien dans le meurtre de son père. Cette intuition se verra vérifiée en tout début de spectacle, quand un étrange phénomène lui permet de discuter avec le spectre de son père… Alors, Hamlet est-il fou ? L’apparition du spectre semblait pourtant bien réel et a touché les gardes autant que lui…
C’est mon troisième Hamlet. Jamais totalement convaincue, la question se pose donc : peut-on réellement monter cette pièce de Shakespeare ? J’attends avec impatience le metteur en scène qui me démontrera cette possibilité. Cependant, je reconnais volontiers que Xavier Lemaire a soigné son travail. Certaines idées fonctionnent très bien : je pense notamment au spectre dont le costume blanc déchiqueté évoque des entrailles peu engageantes sous les lumières UV. Grande réussite aussi, la scène des comédiens transformée en cabaret et qui crée un réel clivage avec le reste de la pièce.
Cependant, je regrette que le rythme instauré lors de ces scènes ne gagne pas plus de terrain. On sent des méthodes de remplissage malheureusement trop visibles avec ces déplacements incessants, ces constantes montées et descentes de marches qui n’ajoutent rien, ne signifient rien d’autre qu’une agitation incessante et non une montée en tension comme on pourrait l’espérer. Certes, ces escaliers emboîtés différemment évoquent des lieux multiples, mais ils auraient peut-être gagné à rester des éléments de décor et non des appuis mécaniques pour les comédiens.
Et c’est d’ailleurs le point faible du spectacle. Les comédiens. On le sentait arriver, le rôle d’Hamlet écrase un peu Grégori Baquet, dont la folie n’explose pas tant qu’il le souhaiterait. Limité par sa tonalité parfois plaintive et son caractère profondément humain, entre gentillesse et naïveté, on a fondamentalement du mal à croire à son personnage. Les deux comédiennes sont également décevantes : si, après une première scène désastreuse, Pia Chavanis parvient à redynamiser un peu son Ophélie, elle n’en reste pas moins peu convaincante dans le rôle.
De son côté, Julie Delaurenti est une Gertrude, Reine de Danemark bien fade et dont la seule beauté ne suffit pas à porter tout le rôle. Cette fadeur se retrouve également chez Manuel Olinger, qui incarne le nouveau roi du Danemark : sa carrure imposante ne comble pas la monotonie de sa composition. Seul Didier Niverd semble avoir perçu toutes les facettes de son personnage, présentant un Polonius de premier ordre.
Il y a quelque chose de pourri au royaume du Westeros.
Oui, le Westeros, le royaume tant convoité de la série « Game of thrones ».
Le Hamlet de Xavier Lemaire semble en effet s'inspirer de l'esthétique de la célèbre série diffusée dans le monde entier : des fourrures en veux-tu en voilà, un héros blond peroxydé, un spectre évoquant immanquablement un « marcheur blanc »...
Pourquoi pas, après tout. Shakespeare a tellement inspiré réalisateurs et scénaristes, ce n'est qu'un juste retour des choses.
Grégori Baquet est donc LE héros du grand Will. LE personnage mythique. LE rôle que nombre de comédiens veulent un jour interpréter.
Quel abattage, quelle fougue, quelle énergie !
Son Hamlet n'est pas une mauviette ! Pour pulser, ça pulse !
Oui, il a teint ses cheveux en blond très clair. Hommage à Laurence Olivier, volonté de ressembler à Mad Max (Je trouve au passage que Grégori Baquet ressemble de plus en plus à Mel Gibson...), ou à Geoffrey Baratheon, le jeune et détestable roi de la série sus-citée ?
Xavier Lemaire a en effet demandé à son comédien d'incarner un sale gosse, souvent insupportable, affublé d'un horripilant rictus.
Un sale môme trop gâté qui ne supporte pas que maman tente de remplacer papa dans ses bras et dans son lit.
Le propos se tient.
Le comédien est irréprochable dans cette optique dramaturgique de l'ado attardé, et restitue néanmoins parfaitement les affres et les souffrances du personnage, parfois de façon très burlesque.
Car le metteur en scène a en effet lorgné dans cette direction du burlesque. Parfois, tout le monde court tellement un peu partout qu'on dirait un peu les Marx Brothers.
Burlesque aussi par exemple cette façon qu'à Polonius de crier « Je suis mort ! ».
Burlesque un peu trop à mon goût, je dois l'avouer.
Les spectateurs rient parfois de certaines scènes qui ne sont pas sensées déclencher l'hilarité.
Soit. Dont acte.
La traduction de Camille Barnes participe également à cette volonté de tendre vers un humour un peu gros, un peu grossier. (Jamais vulgaire, entendons-nous bien.)
Certes, dans ses comédies, Shakespeare a des propos outranciers, parfois grivois, et même scatologiques.
Mais ici, le titre original le la pièce est « The Tragedy of Hamlet, Prince of Denmark », c'est une tragédie.
Dans ses tragédies, le registre de la langue shakespearienne est beaucoup plus châtié, moins humoristique, même si dans Shakespeare, le tragique tend parfois à faire sourire.
C'est un autre choix du metteur en scène que de tirer tout ça dans cette direction burlesque et parfois loufoque.
J'ai beaucoup aimé l'Ophélie de Pia Chavanis.
La jeune femme est très émouvante et l'on est totalement pris par son jeu, surtout lorsque celle-ci perd la raison, suite au meurtre de son père. De la belle ouvrage.
Un autre grand moment est la scène des fossoyeurs. Les deux comédiens, Olivier Denizet et Stéphane Ronchewski sont très drôles, notamment lors du passage de la devinette.
La scène du « théâtre dans le théâtre » est traitée de façon très contemporaine, avec guitare électrique, rock et caméra embarquée, et avec probablement une espèce de volonté d'aller du côté d'Ivo van Howe ou de Thomas Jolly, une mise en scène contemporaine qui tranche étrangement avec le restant de la mise en scène.
On l'aura compris, c'est un spectacle qui part dans de multiples directions.
Il faut aller voir Grégori Baquet.
Oui, le Westeros, le royaume tant convoité de la série « Game of thrones ».
Le Hamlet de Xavier Lemaire semble en effet s'inspirer de l'esthétique de la célèbre série diffusée dans le monde entier : des fourrures en veux-tu en voilà, un héros blond peroxydé, un spectre évoquant immanquablement un « marcheur blanc »...
Pourquoi pas, après tout. Shakespeare a tellement inspiré réalisateurs et scénaristes, ce n'est qu'un juste retour des choses.
Grégori Baquet est donc LE héros du grand Will. LE personnage mythique. LE rôle que nombre de comédiens veulent un jour interpréter.
Quel abattage, quelle fougue, quelle énergie !
Son Hamlet n'est pas une mauviette ! Pour pulser, ça pulse !
Oui, il a teint ses cheveux en blond très clair. Hommage à Laurence Olivier, volonté de ressembler à Mad Max (Je trouve au passage que Grégori Baquet ressemble de plus en plus à Mel Gibson...), ou à Geoffrey Baratheon, le jeune et détestable roi de la série sus-citée ?
Xavier Lemaire a en effet demandé à son comédien d'incarner un sale gosse, souvent insupportable, affublé d'un horripilant rictus.
Un sale môme trop gâté qui ne supporte pas que maman tente de remplacer papa dans ses bras et dans son lit.
Le propos se tient.
Le comédien est irréprochable dans cette optique dramaturgique de l'ado attardé, et restitue néanmoins parfaitement les affres et les souffrances du personnage, parfois de façon très burlesque.
Car le metteur en scène a en effet lorgné dans cette direction du burlesque. Parfois, tout le monde court tellement un peu partout qu'on dirait un peu les Marx Brothers.
Burlesque aussi par exemple cette façon qu'à Polonius de crier « Je suis mort ! ».
Burlesque un peu trop à mon goût, je dois l'avouer.
Les spectateurs rient parfois de certaines scènes qui ne sont pas sensées déclencher l'hilarité.
Soit. Dont acte.
La traduction de Camille Barnes participe également à cette volonté de tendre vers un humour un peu gros, un peu grossier. (Jamais vulgaire, entendons-nous bien.)
Certes, dans ses comédies, Shakespeare a des propos outranciers, parfois grivois, et même scatologiques.
Mais ici, le titre original le la pièce est « The Tragedy of Hamlet, Prince of Denmark », c'est une tragédie.
Dans ses tragédies, le registre de la langue shakespearienne est beaucoup plus châtié, moins humoristique, même si dans Shakespeare, le tragique tend parfois à faire sourire.
C'est un autre choix du metteur en scène que de tirer tout ça dans cette direction burlesque et parfois loufoque.
J'ai beaucoup aimé l'Ophélie de Pia Chavanis.
La jeune femme est très émouvante et l'on est totalement pris par son jeu, surtout lorsque celle-ci perd la raison, suite au meurtre de son père. De la belle ouvrage.
Un autre grand moment est la scène des fossoyeurs. Les deux comédiens, Olivier Denizet et Stéphane Ronchewski sont très drôles, notamment lors du passage de la devinette.
La scène du « théâtre dans le théâtre » est traitée de façon très contemporaine, avec guitare électrique, rock et caméra embarquée, et avec probablement une espèce de volonté d'aller du côté d'Ivo van Howe ou de Thomas Jolly, une mise en scène contemporaine qui tranche étrangement avec le restant de la mise en scène.
On l'aura compris, c'est un spectacle qui part dans de multiples directions.
Il faut aller voir Grégori Baquet.
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Non, le Danemark n’est pas seulement la patrie du Lego, du Stimorol et du Vélux. Cela n’est pas non plus uniquement une terre viking. En lorgnant du côté d’Elseneur, c’est aussi le décor d’une des tragédies les plus célèbres de William Shakespeare : Hamlet.
Et s’il y a quelque chose de pourri dans l’Etat du Danemark, il y a actuellement quelque chose de réussi sur la scène du théâtre 14. Dans sa version originale, la pièce de Shakespeare dure 5 heures. Afin d’éviter que les spectateurs n’expirent, cette adaptation se limite à 2h30 et présente un condensé modernisé et centré sur le personnage d’Hamlet. Après le cinéma, le théâtre crée, à son tour, le « spin off » … à l’image d’un Star Wars en somme, sauf qu’ici nous serions plutôt dans une sorte de « Menace fantôme » version retour de feu le Roi du Danemark venu avertir son fils, Luke … non, Hamlet, de sombres présages. Evidemment avec Shakespeare, le Boulevard est un peu loin. S’il demeure un des rares auteurs où l’on compte en fin de pièce plus de comédiens allongés sur scène que debout, ses textes délivrent toujours un message. Hamlet n’y échappe pas.
Sombres présages, sombre décor. Minimaliste, il est composé de deux modules noirs mobiles, faisant office de chemin de ronde, d’escalier intérieur ou d’accès au port. Autant dire que la pièce ne repose donc que sur le talent des comédiens. Ici, le mot « talent » n’est pas usurpé. Grâce à une mise en scène rythmée, ils font merveille. Même si certains jouent plusieurs personnages, le spectateur n’est jamais perdu.
La distribution justement parlons-en. Il est des comédiens qui marquent l’esprit. La première fois que mon chemin théâtral a croisé Grégori Baquet, c’était le vendredi 10 octobre 2014 (à 21 heures). J’étais alors jeune et fringant …. Qui a rigolé ?
D’accord, c’était il y a un peu plus de trois ans, mais il n’empêche, à cette époque, j’étais un jeune et fringant spectateur. Arrivé depuis peu en région parisienne, la ville dans laquelle j’habitais avait mis à l’affiche de sa saison culturelle la pièce « Colorature », retraçant la relation d’amitié née entre la « cantatrice » Florence Foster Jenkins et son pianiste Cosme McMoon. J’avais été séduit par les interprétations d’Agnès Bove et de Grégori Baquet. Quel comédien ! Il en donne encore une preuve éclatante dans Hamlet. Présent sur scène pendant presque l’intégralité du spectacle (performance à noter), il joue, chante, court, virevolte. Il donne tout au public et lui communique son plaisir d’être là devant lui, pour lui. Comédien généreux, mais partageur. Bien sûr, la notoriété pourrait lui commander de tirer la couverture à lui, mais non, on sent l’esprit de troupe.
Ainsi, les autres comédiens ne peinent pas à exister à ses côtés. Comment ne pas citer Julie Delaurenti qui dans son rôle de Reine sert un phrasé aussi élégant que son attitude est majestueuse. Ophélie, jouée par Pia Chavanis, alternant entre douceur et force. Et Miguel Olinger qui offre un Roi charismatique à la voix puissante. Je ne résiste pas à souligner la prestation d’Olivier Denizet, merveilleux de flagornerie dans ses rôles de Guildenstern et d’Osric. Dans ce dernier d’ailleurs, il se retrouve affublé d’un costume voguant à mi-chemin entre l’héroic fantasy et … Danièle Gilbert.
Tout n’est pas parfait bien sûr. J’ai eu par exemple un peu de mal avec la séquence « tour de chant rock », trop décalée à mon goût. Mais dans l’ensemble, cet Hamlet dépoussière le genre et pourra séduire un large public, et notamment le plus jeune.
Et s’il y a quelque chose de pourri dans l’Etat du Danemark, il y a actuellement quelque chose de réussi sur la scène du théâtre 14. Dans sa version originale, la pièce de Shakespeare dure 5 heures. Afin d’éviter que les spectateurs n’expirent, cette adaptation se limite à 2h30 et présente un condensé modernisé et centré sur le personnage d’Hamlet. Après le cinéma, le théâtre crée, à son tour, le « spin off » … à l’image d’un Star Wars en somme, sauf qu’ici nous serions plutôt dans une sorte de « Menace fantôme » version retour de feu le Roi du Danemark venu avertir son fils, Luke … non, Hamlet, de sombres présages. Evidemment avec Shakespeare, le Boulevard est un peu loin. S’il demeure un des rares auteurs où l’on compte en fin de pièce plus de comédiens allongés sur scène que debout, ses textes délivrent toujours un message. Hamlet n’y échappe pas.
Sombres présages, sombre décor. Minimaliste, il est composé de deux modules noirs mobiles, faisant office de chemin de ronde, d’escalier intérieur ou d’accès au port. Autant dire que la pièce ne repose donc que sur le talent des comédiens. Ici, le mot « talent » n’est pas usurpé. Grâce à une mise en scène rythmée, ils font merveille. Même si certains jouent plusieurs personnages, le spectateur n’est jamais perdu.
La distribution justement parlons-en. Il est des comédiens qui marquent l’esprit. La première fois que mon chemin théâtral a croisé Grégori Baquet, c’était le vendredi 10 octobre 2014 (à 21 heures). J’étais alors jeune et fringant …. Qui a rigolé ?
D’accord, c’était il y a un peu plus de trois ans, mais il n’empêche, à cette époque, j’étais un jeune et fringant spectateur. Arrivé depuis peu en région parisienne, la ville dans laquelle j’habitais avait mis à l’affiche de sa saison culturelle la pièce « Colorature », retraçant la relation d’amitié née entre la « cantatrice » Florence Foster Jenkins et son pianiste Cosme McMoon. J’avais été séduit par les interprétations d’Agnès Bove et de Grégori Baquet. Quel comédien ! Il en donne encore une preuve éclatante dans Hamlet. Présent sur scène pendant presque l’intégralité du spectacle (performance à noter), il joue, chante, court, virevolte. Il donne tout au public et lui communique son plaisir d’être là devant lui, pour lui. Comédien généreux, mais partageur. Bien sûr, la notoriété pourrait lui commander de tirer la couverture à lui, mais non, on sent l’esprit de troupe.
Ainsi, les autres comédiens ne peinent pas à exister à ses côtés. Comment ne pas citer Julie Delaurenti qui dans son rôle de Reine sert un phrasé aussi élégant que son attitude est majestueuse. Ophélie, jouée par Pia Chavanis, alternant entre douceur et force. Et Miguel Olinger qui offre un Roi charismatique à la voix puissante. Je ne résiste pas à souligner la prestation d’Olivier Denizet, merveilleux de flagornerie dans ses rôles de Guildenstern et d’Osric. Dans ce dernier d’ailleurs, il se retrouve affublé d’un costume voguant à mi-chemin entre l’héroic fantasy et … Danièle Gilbert.
Tout n’est pas parfait bien sûr. J’ai eu par exemple un peu de mal avec la séquence « tour de chant rock », trop décalée à mon goût. Mais dans l’ensemble, cet Hamlet dépoussière le genre et pourra séduire un large public, et notamment le plus jeune.
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