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Christine Le Théatre CotéCoeur
Christine Le Théatre CotéCoeur
Superhéroïne
55 ans
41 espions
espionner Ne plus espionner
Je veux vous faire partager ma passion pour le théâtre, mes coups de coeurs, mes impressions, mes envies, mes émotions, et vous donner envie d'aller au Théâtre à Paris ou ailleurs.
Son blog : http://le-theatre-cote-coeur.blogspot.fr/
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Ses critiques

160 critiques
Ceux qui errent ne se trompent pas

Ceux qui errent ne se trompent pas

4,5/10
18
LA RÉVOLUTION DES URNES

Jour d'élection. Dans un bureau de vote de la capitale aucun électeur ne s'est présenté au bout de 3h. La journée passe et le phénomène continue. Il pleut. A verse. Et puis soudain les électeurs changent de comportement. A la fin de la journée le verdict tombe: participation exceptionnelle de 99%. Mais 80% de vote blanc. C'est la panique au sein du gouvernement. Comment interpréter ce vote ? Il ne peut s'agir que d'un complot. Il faut protéger le peuple...de lui-même. On déclare "l'état d'inquiétude". Le gouvernement doit fuir la capitale. Pourtant la population reste calme et continue à vivre et travailler comme s'il ne s'était rien passé. Le service de la Vérité est chargé d'enquêter tandis qu'une journaliste tente de comprendre.

Présentée dans le cadre du Festival d'Avignon 2016 la mise en scène de Maëlle Poésy a suscité l'éloge de la critique. En adaptant le roman La Lucidité de José Saramago (que je reconnais ne pas avoir lu), elle imagine une comédie fantastique qui utilise les ressorts de l'absurde pour remettre en question les rouages de la démocratie et interpeller le public sur son rapport à la politique.

DÉCEPTION

Hélas si la mise en scène de la nouvelle jeune prodige du théâtre contemporain réserve quelques bons éléments, le propos ne convainc pas et la pièce s'enlise dans l'ennui, et, comme les comédiens qui pataugent dans l'eau de la pluie diluvienne qui s'en abattue sur cette journée électorale, nous pataugeons dans un discours qui n'est pas abouti. Un vote blanc majoritaire constituerait-il réellement une révolution des urnes? N'y aurait-il pas confusion entre pouvoir du vote blanc et pouvoir de l'abstention ? Qu'est-ce qui est responsable de l'écart grandissant entre le peuple et ses responsables : la classe politique ou le système ?

Le questionnement de Maëlle Poésy s'articule essentiellement sur deux éclairages autour de l'axe formé par les politiques (le Maire de la capitale et le gouvernement en déroute). D'un côté le bureau de la Vérité questionne les suspects, recherche les instigateurs de ce complot, accuse tout le monde (les anarchistes, les femmes, l'inconscient). De l'autre une journaliste parcourt les rues sous le déluge et tente de rendre compte de la réalité du terrain avant d'être rattrapée par la censure. La vision semble restreinte à la capitale, abandonnée par le gouvernement. On pense deux secondes à l'épisode de La Commune de Paris, à Paris abandonné aux Allemands, et puis la vacuité du propos reprend le dessus. A aucun moment les causes du vote blanc ne sont analysées. Si cela peut se comprendre de la part de la classe politique, cela le peut moins de la part de la journaliste.

Est-ce parce que depuis il y a eut le Brexit et l'élection de Donald Trump que j'ai l'impression que les critiques d'Avignon et moi n'avons pas vu le même spectacle ou que je l'ai reçu avec moins d'intensité ? A quelques mois de l'élection présidentielle française je suis plutôt tentée de faire le constat suivant sur les interrogations des citoyens:
2002 : pour quel programme voter ?
2007 : pour qui voter ?
2012 : contre qui voter ?
2017 : Pourquoi voter ?

Le théâtre ne cesse de s'interroger sur la politique. Si le questionnement de CEUX QUI ERRENT NE SE TROMPENT PAS déçoit par son manque d'ambition, je suis tentée de vous renvoyer plutôt à Ca ira (1) Fin de Louis de Joël Pommerat qui nous plongeait au coeur des idées de la Révolution en marche, à la vision engagée de LA RESISTIBLE ASCENCION D'ARTURO UI mis en scène par Pitoiset ou à CHUTE D'UNE NATION la série théâtrale de politique fiction de Yann Reuzeau.

En bref : Une comédie fantastique qui bénéficie d'une belle mise en scène de Maëlle Poésy mais qui manque d'ambition dans son propos visant à interpeller le public sur l'état de la démocratie dans nos société occidentales. Une déception après les éloges d'Avignon.
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Venise n'est pas en Italie

Venise n'est pas en Italie

9/10
86
Après le succès dans le Off 2016 Thomas SOLIVERES triomphe au Théâtre des Béliers Parisiens dans un seul en scène plein d'humour et d'émotion. Une interprétation magistrale d'une galerie de personnages attachants autour des premiers émois amoureux d'un adolescent.

SUR LA ROUTE DE LA MATURITÉ

Emile a quinze ans. A Montargis, dans la caravane qui sert de logis familial sur le terrain d'une maison en construction, il essaie d'exister entre un père VRP, une mère qui lui teint les cheveux en blond depuis toujours, un frère aîné devenu militaire, un copain un peu lourdingue et surtout Pauline, la belle Pauline qu'il n'ose pas aborder. Et voilà qu'elle l'invite au concert qu'elle va donner... à Venise. Quand la famille d'Emile décide de l'accompagner dans la cité des Doges commence alors une aventure familiale qui va enchaîner les contretemps et les surprises, et révéler la vraie nature de chacun et le sens du mot "famille". Un voyage qui permettra à Emile de grandir.

INTERPRÉTATION MAGISTRALE

Seul en scène le jeune Thomas SOLIVERES mène tambour battant l'adaptation du roman de Ivan CALBERAC. Mis en scène par l'auteur, le jeune comédien endosse avec délicatesse tous les rôles de ce road-théâtre. Il est Emile, personnage central, adolescent gauche qui vit ses premiers émois amoureux et a du mal à assumer sa famille qui ne roule pas sur l'or mais qui déborde d'amour pour lui. Il se transforme d'un geste, d'une intonation, en tous les acteurs de son histoire. Il y a son père, un peu rude parfois mais surtout farfelu, prêt à tout pour faire plaisir à son fils, et défenseur par-dessus tout de la famille unie. Sa mère semble tout aussi étrange avec cette obsession de teindre son fils, parce qu'il est quand même plus beau comme ça. Le frère, brute au cœur tendre, n'hésite pas non plus une seconde pour venir en aide à son jeune frère et lui ouvrir les chemins de l'amour. Défilent aussi Barbara, l'auto-stoppeuse, les parents de la jeune fille aimée, le bon copain et surtout Pauline, que Thomas Soliveres interprète avec une profonde délicatesse.

Il y a énormément de tendresse dans chacun des personnages. Le jeune comédien n'est jamais caricatural. Il donne à chacun délicatesse, justesse et une bonne dose d'humour. La mise en scène est précise, chaque geste est millimétré et joué avec naturel. Les accessoires apparaissent comme par magie. Aucun temps mort. On est suspendu au récit, surpris à chaque rebondissement, haletant dans cette course contre la montre, chaviré d'émotion et secoués de rires.

UN FUTUR GRAND

S'il s'agit du premier seul en scène de Thomas SOLIVERES le jeune comédien qui n'a que 26 ans n'en est pas à son coup d'essai. Avec une carrière déjà bien remplie depuis 2009 tout laisse présager un grand avenir au talentueux jeune homme. Au théâtre certains avaient eu la chance de le découvrir en 2011 dans Harold & Maud aux côtés de Line Renaud. Côté cinéma il n'est pas en reste avec 10 films à son actif depuis 2010, dont le rôle de Mathieu dans l'adaptation de l'Etudiante et Monsieur Henri ...dont l'auteur n'est nul autre que Ivan CALBERAC. Ce dernier signe avec VENISE N'EST PAS EN ITALIE un premier roman très réussi.

En bref : VENISE N'EST PAS EN ITALIE est une pépite de fraîcheur. Du feel-good théâtre que l'on a envie de partager avec le plus de monde possible. Thomas SOLIVERES se glisse avec bonheur, gourmandise, humour et émotion dans chacun des personnages de la touchante galerie créée par Ivan CALBERAC. Ce dernier met en scène avec délicatesse et précision l'adaptation de son premier roman. Un petit bijou à ne manquer sous aucun prétexte.
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Le Petit-Maître corrigé

Le Petit-Maître corrigé

7/10
28
Pour finir dans la légèreté un début de saison relevé la Comédie Française sort des cartons un Marivaux oublié : LE PETIT MAÎTRE CORRIGE. Dans la scénographie champêtre imaginée par Eric RUF la troupe démontre une nouvelle fois sa qualité, notamment Adeline d'HERMY, Loïc CORBERY et Christophe MONTENEZ. Une comédie agréable malgré quelques longueurs.

UN MARIVAUX MÉCONNU

C'est en 1734 que fut créé par la troupe du Français cette comédie de MARIVAUX. Retirée de l'affiche après seulement deux représentations, elle fit un petit scandale puis disparu. Eric RUF et Clément HERVIEU-LEGER ont la bonne idée de la ressortir pour une mise en scène emplie de légèreté.

L'argument est simple : un jeune parisien, Rosimond, promis à Hortense, la fille d'un comte arrive chez sa fiancée. Empreint d’orgueil et d'arrogance et comme il sied aux mœurs parisiennes,il se refuse à faire état de ses sentiments à sa promise. Pourtant les deux jeunes gens se plaisent dès le premier regard. Hortense, vexée par l'attitude de son promis décide de corriger le petit-maître prétentieux, avec l'aide de sa servante et du valet du jeune homme. S'ensuit un marivaudage plaisant entre bourgeoisie de la ville et bourgeoisie des champs, avec ce qu'il faut de rebondissements générés par les trouble-fête, famille, serviteur, amis ou amantes jalouses.

UNE CRITIQUE BIEN ASSAGIE PAR LE TEMPS

La pièce fit l'objet d'une cabale en 1734, les ennemis de Marivaux réussissant à en faire arrêter les représentations. Il a fallu attendre 300 ans pour qu'elle soit à nouveau montrée au public par les comédiens du Français. Si elle résonnait d'accents révolutionnaires à la veille de la Révolution Française le propos en apparaît aujourd'hui bien assagi.

La direction d'acteur de Clément HERVIEU-LEGER en fait une comédie drôle et légère. Il est vrai que la position féministe de la jeune Hortense est une critique des mariages arrangés tandis que Rosimond est une caricature du jeune homme de cour. La langue Marivaux est savoureux, parsemé de bons mots accentués par le parti pris léger de la direction d'acteur.

A ce petit jeu c'est Adeline d'HERMY qui excelle. Sa composition de Marton, la suivante d'Hortense, est truculente. Elle minaude, pétille, se joue des hommes, tourbillonne et virevolte, est malicieuse et maligne. Une très belle performance qui donne beaucoup de relief au personnage de la suivante, damant souvent le pion à sa maîtresse Hortense. Celle-ci, interprétée avec justesse par Claire de la RÜE DU CAN, est une jeune femme moderne, provinciale qui ne se laisse par impressionner par le promis venu de la capitale. Loïc CORBERY est un caricatural promis soumis aux volontés de sa mère (très juste Dominique BLANC). Il est gauche dans sa suffisance mais fait évoluer son interprétation avec finesse révélant un jeune homme plus sensible qu'il n'y paraissait au premier abord et dont on comprend mieux comment Hortense peut en tomber amoureuse.

Tout comme Hortense est contrebalancée par Marton, Rosimond a son pendant avec Frontin, son valet, généreusement interprété par Christophe MONTENEZ. Après sa forte prestation dans LES DAMNES ce dernier se glisse avec réussite dans la comédie, donnant au personnage du valet presque autant de poids que celui de Marton. Christophe MONTENEZ est pour moi la révélation de l'année dans la troupe de la Comédie Française.

Gravitent autour de ce quatuor tout une série de personnages venant perturber ou accompagner le destin des promis. Florence VIALA est une réjouissante Dorimène, amante jalouse qui joue les aguicheuses pour faire capoter le mariage. Face à Dominique BLANC, maîtresse-mère de Rosimond, Didier SANDRE, Comte et père d'Hortense brille de toute sa noblesse et de la force de sa présence scénique. Pierre HANCISSE complète la distribution dans le rôle de l'ami de Rosimond.

SE PERDRE DANS LES DUNES

La scénographie de dunes et d'herbes jaunes d'Eric RUF donne un sentiment intemporel à cette comédie et en accentue l'impression de légèreté. Un décor champêtre ou de bord de mer où souffle le vent, dans lequel les provinciaux batifolent et s'envolent mais qui bouscule les parisiens.

Le regret est la lenteur de l'action, résultant principalement du texte qui joue beaucoup sur les redites.

Pour en savoir plus :
Pour le Dictionnaire de l'Académie Française un Petit-maître est un jeune homme de Cour qui se distingue par un air avantageux, par un tout décisif, par des manières libres et étourdies.

En bref : Un Marivaux joyeux mis en scène avec efficacité. Une bonne surprise qui offre une bouffée de légèreté pour finir 2016 ou commencer 2017. Adeline d'HERMY y compose une suivante pétillante et Christophe MONTENEZ confirme les grandes qualités démontrées notamment dans LES DAMNES.
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F(l)ammes

F(l)ammes

9/10
34
Après ILLUMINATION(s) L.a Compagnie MADANI revient avec un deuxième volet. Dix jeunes femmes issues de la banlieue. Dix personnalités. Dix silhouettes. Dix voix que l'on n'entend jamais. Dix images de cette diversité de la France. Avec ce deuxième volet de sa trilogie Ahmed MADANI récidive et livre un spectacle d'une grande force, des paroles de femmes.

10 FEMMES LIBRES

Elles sont les porteuses d'histoires du quotidien de ces femmes des banlieues, de ces quartiers dits "sensibles" où beaucoup n'osent aller et ne connaissent que ce qu'en montre une certaine presse. 10 paroles de femmes pour exprimer cette vie qui semble silencieuse tant on ne leur donne jamais la parole. Et pourtant elles en ont des choses à dire, à nous dire. Elles expriment toute la sensibilité féminine de celles qui sont / ont été / seront confrontées à la discrimination ordinaire, au rejet de la part de leur propre pays. "J'ai choisi d'être différente de ma différence" dit la fan de culture japonaise. "Je n'ai pas d'histoire dramatique à raconter, je suis une française moyenne" semble s'excuser celle qui a grandi dans une famille heureuse, loin des clichés misérabilistes. "Je suis de nulle part" s'écrit l'une d'elles, provocant une réaction inattendue. "Nos cheveux sont nos racines" lancent-elles toutes.

Elles ont entre 19 et 28 ans. Elles sont nées, ont grandi à Garges-lès-Gonesse, au Val Fourré, dans le Boulogne ouvrier, à Neuilly sous Bois. Elles assument leurs origines que certains leur reprochent, sont fières de leur filiation, qu'elles viennent de la forêt comme le disait Claude Levy Strauss ou bien de la Guadeloupe. Elles refusent d'être les Pénélope du 21ème siècle. Elles ont fait des études, sont diplômées et foulent aux pieds les clichés sur la misère économique et culturelle des quartiers sensibles, ces zones mises à l'écart des villes. Elles sont gréées de ce que leurs parents leur ont appris.

10 récits, 10 témoignages, 10 voix qui parlent et chantent la liberté d'être soi, quelle que soient la couleur de la peau et la nature des cheveux, d'être française et différente, de porter l'héritage des générations précédentes avec fierté et non comme un fardeau.

ENERGIE ET PROFESSIONNALISME

Là où ILLUMINATION(s) bouillonnait d'énergie, de colère et de mouvement, F(l)AMMES prend le temps de poser ces paroles de jeunes femmes, pour laisser s'exprimer leur sensibilité, leurs doutes, leurs certitudes, leur colère parfois et surtout leur confiance inébranlable. Paroles de femmes battantes, sensibles, émouvantes.

La mise en scène d'Ahmed MADANI respecte ces temps de confession et d'expression en y mêlant des chants a capela qui introduisent des ruptures, des respirations après l'émotion. Les comédiennes amateurs laissent alors éclater toute l'énergie et la fougue de leur jeunesse, de leur colère, comme une danse combattante ou libératrice.

Le décor est simple et épuré. Un fond blanc sert d'écran à quelques projections vidéo. Sur la scène quelques chaises apparaissent et disparaissent au gré des récits. Une scénographie qui laisse la place aux mots, ponctuellement accentuée par le corps.

Il y a chez ces jeunes femmes une énergie positive communicative. Elles s'enflamment et enflamment le public qui se lève unanime pour les saluer à la fin du spectacle. Ahmed MADANI démontre une nouvelle fois quel brillant directeur d'acteur il est. Comme pour les jeunes gens d'ILLUMINATION(s) il donne à ses comédiennes amateurs une aisance, une force, une qualité de jeu et d'expression que certains professionnels pourraient leur envier.

On ne peut que souhaiter un succès encore plus grand à F(l)AMMES afin de permettre de revoir ILLUMINATION(s), et, dans la foulée, donner à la Compagnie MADANI les moyens pour créer le troisième volet de sa trilogie. Dès lors on pourra rêver à un marathon MADANI qui permettrait de vois les trois spectacles d'affilé.

En bref : après le succès d'ILLUMINATION(s) Ahmed MADANI crée avec F(l)AMMES un volet féminin aussi fort que le volet masculin de la trilogie. 10 jeunes comédiennes amateurs portent avec fougue et énergie une parole forte, authentique et optimiste. Une parole libre et nécessaire pour battre en brèche les clichés sur les femmes de banlieue. Un spectacle à ne pas manquer.
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Orchestre Titanic

Orchestre Titanic

6/10
26
Avec ORCHESTRE TITANIC le bulgare Hristo BOYTCHEV emprunte à l'univers de Becket pour illustrer les aspirations et déconvenues de quatre paumés en lisière du monde, entre passé et futur, entre rêve et réalité, entre est et ouest. Un ton décalé qui manque un peu de magie.

ERRANCE ET DESERRANCE

Ils sont quatre à se répartir l'espace vide de cette gare abandonnée. Meto (Philippe DORMOY) était chef d'orchestre. Aujourd'hui il erre dans les souvenirs de ses partitions et tente de guider ce groupe d'hommes et de femmes entre deux mondes. Il y a sa compagne Lubka (Evelyne PELLETIER), Louko (Bernard BLOCH) l'ex-cheminot et enfin Doko (Christian PAGEAULT) qui ne peut faire le deuil de cette ourse morte par amour pour lui. Leur vie ne tourne plus qu'entre la quête d'alcool et l'espoir qu'un train s'arrête enfin. Alors ils ne cessent de répéter le moment où l'occasion de partir, de continuer leur route vers un futur salvateur se présentera.

Et puis un jour le train s'arrête. Un homme en descend. Comme par magie Hari entre dans la vie de ces quatre paumés. Ce Godot que l'on n'attendait pas va-t-il être la concrétisation de l'espoir dont cette petite communauté à besoin pour vivre ?

FABLE ONIRIQUE

Ecrit en 2002 ORCHESTRE TITANIC est le fruit d'une commande à l'auteur lorsque la Bulgarie a fait sa demande pour entrer dans l'Union Européenne. Une fable onirique faite d'une écriture décalée, du même ton absurde que le théâtre de Beckett, qui dresse un constant désenchanté de l'Europe et de ses perspectives. Quel avenir offre-t-elle à ces "Karl-Marx Brothers" qui rêvent d'une vie meilleure et dont le seul mantra est "survivre et foutre le camp" ? Un jour, par surprise, Hari, maître de l'illusion, surgit pour les préparer à cet autre monde.

La compagnie Le Cartel travaille depuis 2009 sur les écritures balkaniques. Dans cette comédie philosophique sombre c'est une parabole des rapports Est/Ouest qui est imaginée sous un angle burlesque. Ces quatre pauvres êtres abandonnés sur le bas-côté nous font penser à ces migrants de 2016 qui voient en l'Europe le moyen d'échapper à la misère. Ces trains qui passent sans s'arrêter seraient le visage de cette Europe des peuples favorisés qui avance insensible à la misère qui l'entoure et à ces êtres pleins d'espoir qu'elle attire. Et tel le Titanic c'est l'image de ce naufrage de l'Europe que veut ici montrer le dramaturge bulgare. Il faut en effet se souvenir que le drame du Titanic permis de revoir toutes les normes de sécurité et procédures d'urgence sur les bateaux tant il mit en évidence les carences et faiblesses de ces orgueilleux insubmersibles.

Dans un décor épuré Philippe LANTON met en scène avec sobriété ces quatre anarchistes asociaux et alcooliques attirés par les mirages que fait miroiter l’illusionniste Hari. Un peu trop de sobriété peut-être. Car malgré la qualité de jeu des 5 comédiens, il manque cette magie et cette illusion qui nous permettrait de basculer totalement dans cette fable. Une mention spéciale à la qualité de la bonne sonore.

En bref : Une fable onirique qui sur un ton décalé interroge le spectateur sur l'Europe, cet Eldorado pour les migrants, et la mondialisation. Sobriété de la mise en scène qui manque un peu de magie et peine à nous embarquer malgré la belle prestation des 5 comédiens.

Louko :
"Hier il est passé cinq trains dans un sens, qui transportaient du sable, et cinq autres dans le sens inverse qui eux aussi transportaient du sable. Quel est le sens, je demande, de transporter du sable à droite et à gauche ? Si on y réfléchit il n'y a aucun sens, mais si on n'y réfléchit pas, il y en a peut-être un..."
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