Ses critiques
1005 critiques
8,5/10
Mes bien chers frères, mes bien chères sœurs, pour Marc Dolson, la chaire ne doit pas être faible !
Pour ce jeune diacre du séminaire Saint-François, la chaire, cette tribune du prédicateur, est un endroit où la parole du Christ doit être relayée de façon intransigeante, sans compromis, en phase avec le Siècle, et surtout empreinte de la plus pure des vérités.
Tout le contraire de la conception du père Farley, un prêtre aguerri, jovial, partisan du compromis et des petits arrangements avec la vérité, chez qui le jeune homme est envoyé par Mgr Burke afin de prendre des cours de « bonne parole ».
Une transmission des valeurs « officielles » et des « bons » comportements sacerdotaux prônées par la hiérarchie catholique.
Cette pièce de Bill C. Davis, créée en France en 1996 par Jean Piat et Francis Lalanne sous le titre « Affrontement », dans une mise en scène de Stéphane Hillel fut reprise au Rive-gauche en 2013 par Francis Huster et Davy Sardou, mise en scène de Steve Suissa.
Nous retrouvons donc en 2020 MM Huster et Suissa, avec cette fois-ci le moliérisé 2019 Valentin de Carbonnières.
Davy Sardou a quant a lui fourni une traduction actualisée.
Le nouveau titre « Transmission » n'est pas là par hasard.
Si nous retrouvons évidemment la confrontation entre le prêtre et le diacre, l'accent est véritablement mis sur la nécessité pour l'Eglise d'envisager une transmission du dogme avec la prise en compte des enjeux sociétaux modernes, avec notamment la place des femmes et le regard porté sur l'homosexualité.
De ce point de vue, la pièce n'a jamais résonné aussi fort qu'actuellement.
Le couple Huster-de Carbonnières fonctionne. (J'allais écrire « du feu de Dieu », mais je me suis retenu à temps...)
Ici, l'accent est mis d'emblée sur ce qui sépare les deux hommes.
Les différences portant sur les codes vestimentaires, les registres de langue et les conceptions philosophiques sont formidablement mises en valeur par le metteur en scène. Je vous laisse découvrir.
Les deux comédiens évoluent dans une sobre mais efficace scénographie, avec deux espaces bien distincts : l'église de la paroisse, avec l'imposante croix lumineuse, le lutrin en plexiglas et la réverbération des voûtes en pierre, et puis le bureau-bibliothèque du père Farley.
Chaque tableau est séparé par un noir-plateau permettant la transition entre ces deux lieux.
Nous allons beaucoup rire.
Francis Huster va déployer une sacrée vis comica !
Que ce soit en prêtre jovial surjouant ses homélies devant ses ouailles ou en prof de sermon et de confession, il est souvent hilarant. (J'en veux pour preuve le fou-rire qui s'est emparé de son partenaire hier soir.)
Ses ruptures, ses changements soudain d'intonations, ses double-takes dont un, véritablement magistral, ses regards étonnés, sidérés, son imitation de l'évêque, tout ceci fait diablement fonctionner les zygomatiques des spectateurs.
Sans oublier ses échanges téléphoniques qui sont drôlissimes.
Il nous permet également de nous poser la question du jeu de l'acteur devant son public, qui ressemble fort au « jeu » du prêtre devant son auditoire.
Le rapport à la vérité, à la justesse des émotions délivrées, est inévitablement mis en parallèle.
Valentin de Carbonnières, est lui aussi excellent dans le rôle de ce jeune homme écorché vif, sans compromis.
Il existe pleinement face à son aîné, faisant beaucoup plus que lui donner simplement la réplique.
La mise en scène de Steve Suissa est toute en rigueur et précision. Il s'est attaché à soigner le rapport intensité du jeu / distance séparant les comédiens, les faisant investir totalement le plateau, ou se rapprochant parfois violemment.
Il faut aussi penser à regarder le comédien qui ne parle pas et qui écoute l'autre. Ceci est également riche d'enseignements.
Dans les dernières minutes, les deux comédiens deviendront très émouvants. Le rire se change alors en bouleversante émotion. Et non, vous n'en saurez pas plus !
C'est donc un très beau moment qui vous attend au théâtre Hébertot.
Un spectacle d'une réjouissante intensité !
Ite, critica est !
Pour ce jeune diacre du séminaire Saint-François, la chaire, cette tribune du prédicateur, est un endroit où la parole du Christ doit être relayée de façon intransigeante, sans compromis, en phase avec le Siècle, et surtout empreinte de la plus pure des vérités.
Tout le contraire de la conception du père Farley, un prêtre aguerri, jovial, partisan du compromis et des petits arrangements avec la vérité, chez qui le jeune homme est envoyé par Mgr Burke afin de prendre des cours de « bonne parole ».
Une transmission des valeurs « officielles » et des « bons » comportements sacerdotaux prônées par la hiérarchie catholique.
Cette pièce de Bill C. Davis, créée en France en 1996 par Jean Piat et Francis Lalanne sous le titre « Affrontement », dans une mise en scène de Stéphane Hillel fut reprise au Rive-gauche en 2013 par Francis Huster et Davy Sardou, mise en scène de Steve Suissa.
Nous retrouvons donc en 2020 MM Huster et Suissa, avec cette fois-ci le moliérisé 2019 Valentin de Carbonnières.
Davy Sardou a quant a lui fourni une traduction actualisée.
Le nouveau titre « Transmission » n'est pas là par hasard.
Si nous retrouvons évidemment la confrontation entre le prêtre et le diacre, l'accent est véritablement mis sur la nécessité pour l'Eglise d'envisager une transmission du dogme avec la prise en compte des enjeux sociétaux modernes, avec notamment la place des femmes et le regard porté sur l'homosexualité.
De ce point de vue, la pièce n'a jamais résonné aussi fort qu'actuellement.
Le couple Huster-de Carbonnières fonctionne. (J'allais écrire « du feu de Dieu », mais je me suis retenu à temps...)
Ici, l'accent est mis d'emblée sur ce qui sépare les deux hommes.
Les différences portant sur les codes vestimentaires, les registres de langue et les conceptions philosophiques sont formidablement mises en valeur par le metteur en scène. Je vous laisse découvrir.
Les deux comédiens évoluent dans une sobre mais efficace scénographie, avec deux espaces bien distincts : l'église de la paroisse, avec l'imposante croix lumineuse, le lutrin en plexiglas et la réverbération des voûtes en pierre, et puis le bureau-bibliothèque du père Farley.
Chaque tableau est séparé par un noir-plateau permettant la transition entre ces deux lieux.
Nous allons beaucoup rire.
Francis Huster va déployer une sacrée vis comica !
Que ce soit en prêtre jovial surjouant ses homélies devant ses ouailles ou en prof de sermon et de confession, il est souvent hilarant. (J'en veux pour preuve le fou-rire qui s'est emparé de son partenaire hier soir.)
Ses ruptures, ses changements soudain d'intonations, ses double-takes dont un, véritablement magistral, ses regards étonnés, sidérés, son imitation de l'évêque, tout ceci fait diablement fonctionner les zygomatiques des spectateurs.
Sans oublier ses échanges téléphoniques qui sont drôlissimes.
Il nous permet également de nous poser la question du jeu de l'acteur devant son public, qui ressemble fort au « jeu » du prêtre devant son auditoire.
Le rapport à la vérité, à la justesse des émotions délivrées, est inévitablement mis en parallèle.
Valentin de Carbonnières, est lui aussi excellent dans le rôle de ce jeune homme écorché vif, sans compromis.
Il existe pleinement face à son aîné, faisant beaucoup plus que lui donner simplement la réplique.
La mise en scène de Steve Suissa est toute en rigueur et précision. Il s'est attaché à soigner le rapport intensité du jeu / distance séparant les comédiens, les faisant investir totalement le plateau, ou se rapprochant parfois violemment.
Il faut aussi penser à regarder le comédien qui ne parle pas et qui écoute l'autre. Ceci est également riche d'enseignements.
Dans les dernières minutes, les deux comédiens deviendront très émouvants. Le rire se change alors en bouleversante émotion. Et non, vous n'en saurez pas plus !
C'est donc un très beau moment qui vous attend au théâtre Hébertot.
Un spectacle d'une réjouissante intensité !
Ite, critica est !
9/10
Toi aussi, la peur tu connaîtras !
La peur de cette Dame blanche, qui hante le manoir d'Avenel, en pleine lande écossaise, au pays des Highlanders !
Tiré d'une histoire du célèbre Walter Scott, « l'inventeur » du roman historique, cet opéra créé en 1825, fut complètement oublié après avoir été le premier à être joué plus de mille fois à l'Opéra Comique.
Un opéra composé par François-Adrien Boieldieu, sur un livret d'Eugène Scribe, et que les amateurs de l'époque n'hésitaient pas à comparer aux plus belles œuvres de Rossini.
Un opéra qu'Olivier Mantéi a eu la bonne idée de remettre au goût du jour, en confiant la mise an scène à Pauline Bureau, qui avait déjà adapté salle Favart la Bohême de Puccini.
L'argument du livret est assez simple : Georges, un soldat amnésique et Julien, un jeune lord disparu (le fils des propriétaires du manoir en question), vont ne faire qu'une seule et même personne.
Le public le sait bien, ici, pas de suspens.
Anna, une jeune pupille restée au château en compagnie de la gouvernante Marguerite, ne va pas hésiter à se transformer en Dame blanche afin de contrecarrer les plans du fourbe intendant Gaveston désireux d'acquérir le château et hériter ainsi du titre nobiliaire.
Tout finira bien, Georges et Anna s'éprendront l'un de l'autre.
Pour la petite histoire, c'est une œuvre qu'Hergé connaissait bien : il en emprunta notamment la fin pour son Trésor de Rackham le Rouge, et en fit chanter l'un des airs principaux par Tintin dans le Crabe aux pinces d'or.
(Le costume d'Anna sur cette production, chandail bleu clair et col-claudine blanc, n'est d'ailleurs pas sans rappeler les codes-couleurs de la tenue du célèbre reporter...)
Pauline Bureau a bien compris que dans cette œuvre, ce n'était pas la résolution de la trame narrative qui comptait, mais bien les moyens d'y parvenir.
D'entrée de jeu, dès l'ouverture, nous verrons le fantôme, alors qu'il n'apparaît « en chair et en os » sur le plateau qu'au deuxième acte seulement.
La metteure en scène va judicieusement mêler le thème du fantastique-gothique à celui de l'enfance.
Le merveilleux sera le dénominateur commun de ces deux thèmes, avec des moments magiques, qui ne sont pas sans évoquer parfois le monde de Tim Burton.
Les enfants, petits ou grands, ce sont ceux qui sont capables de croire au Merveilleux.
L'enfance perdue, l'enfance retrouvée...
Elle a d'ailleurs fait appel au magicien Benoît Dattez pour régler toutes ces scènes d'illusions très réussies.
Décidément, et ce, pour nos plus grands bonheur et plaisir, il y a un style, une marque de fabrique Pauline Bureau.
A son habitude, elle utilise la video à très bon escient pour ouvrir la dramaturgie et la scénographie.
La lande, le ciel chargé, l'orage, d'étranges aurores boréales, des décors intérieurs du manoir sont représentés, grâce au talent graphique de Nathalie Cabrol.
Tout ceci est très subtil et fort délicat.
Nous pouvons constater cette fois-ci encore une dimension verticale dans le travail de la metteure en scène, où plusieurs niveaux accueillent les différentes péripéties dramaturgiques.
Melle Bureau a tout particulièrement peaufiné le personnage d'Anna.
Ce personnage principal est une jeune femme qui va se transformer devant nous, acquérir une autonomie, une réelle envergure, ainsi qu'une vraie féminité.
En Dame blanche au loup noir, (elle m'a fait penser à Fantômette), elle incarne sorte de super-héroïne, dotée de super-pouvoirs déclenchés par une baguette-cravache magique.
Anna et son Georges nous font rire également. Des petits moments burlesques, des gags subtils et furtifs parsèment les deux heures et demie de la représentation.
Anna, c'est la soprano Elsa Benoît, Georges est incarné par le ténor Philippe Talbot.
Les deux chanteurs vont rivaliser de virtuosité : il faut beaucoup de talent et de technique vocale pour aborder ces rôles.
Certains airs, très applaudis hier soir, n'ont en effet rien à envier à certains « tubes » rossiniens.
Le choix de ces deux chanteurs est très cohérent.
Le baryton Jérôme Boutillier incarne de bien belle façon l'intendant Gaveston. Il est drôle en « nouveau riche » voulant à tour prix devenir châtelain à la place du châtelain.
Hier, un fou-rire l'a pris, à la suite du bris de sa cravache. Menacer son vis-à-vis avec une cravache qui pend mollement vers le sol, ceci n'est guère évident. D'où l'éclat de rire ! C'était d'un comique !
De plus, j'ai beaucoup apprécié Yann Beuron, en chef de clan, et Sophie Marin-Degor interprétant la femme du chef.
Les deux sont en quelque sorte le pendant du couple principal.
Un couple déjà bien établi, comme pour montrer la voix au couple en devenir.
C'est le remarquable ensemble Les éléments qui a été choisi comme choeur, au sein de cette production. Là-encore, un choix judicieux.
Les choristes dégagent beaucoup d'homogénéité, de profondeur et de cohérence vocale.
Julien Leroy est à la baguette et dirige avec brio l'Orchestre National d'Ile-de-France.
Je n'aurai garde d'oublier de mentionner les somptueux costumes d'Alice Touvet, à base de différents tartans et autres accessoires vestimentaires écossais.
Les chanteurs en kilt portent-ils ce vêtement de façon traditionnelle ?
Ceci ne nous regarde pas !
Cet opéra méritait vraiment ce retour sous le feu des projecteurs de l'Opéra Comique.
On comprend pourquoi la place devant cette salle porte le nom du compositeur, François-Adrien Boieldieu.
Ne manquez donc pas de venir découvrir cette Dame blanche, dans la mise en scène réjouissante et toujours inspirée de Pauline Bureau.
Cette production est une nouvelle et épatante réussite.
La peur de cette Dame blanche, qui hante le manoir d'Avenel, en pleine lande écossaise, au pays des Highlanders !
Tiré d'une histoire du célèbre Walter Scott, « l'inventeur » du roman historique, cet opéra créé en 1825, fut complètement oublié après avoir été le premier à être joué plus de mille fois à l'Opéra Comique.
Un opéra composé par François-Adrien Boieldieu, sur un livret d'Eugène Scribe, et que les amateurs de l'époque n'hésitaient pas à comparer aux plus belles œuvres de Rossini.
Un opéra qu'Olivier Mantéi a eu la bonne idée de remettre au goût du jour, en confiant la mise an scène à Pauline Bureau, qui avait déjà adapté salle Favart la Bohême de Puccini.
L'argument du livret est assez simple : Georges, un soldat amnésique et Julien, un jeune lord disparu (le fils des propriétaires du manoir en question), vont ne faire qu'une seule et même personne.
Le public le sait bien, ici, pas de suspens.
Anna, une jeune pupille restée au château en compagnie de la gouvernante Marguerite, ne va pas hésiter à se transformer en Dame blanche afin de contrecarrer les plans du fourbe intendant Gaveston désireux d'acquérir le château et hériter ainsi du titre nobiliaire.
Tout finira bien, Georges et Anna s'éprendront l'un de l'autre.
Pour la petite histoire, c'est une œuvre qu'Hergé connaissait bien : il en emprunta notamment la fin pour son Trésor de Rackham le Rouge, et en fit chanter l'un des airs principaux par Tintin dans le Crabe aux pinces d'or.
(Le costume d'Anna sur cette production, chandail bleu clair et col-claudine blanc, n'est d'ailleurs pas sans rappeler les codes-couleurs de la tenue du célèbre reporter...)
Pauline Bureau a bien compris que dans cette œuvre, ce n'était pas la résolution de la trame narrative qui comptait, mais bien les moyens d'y parvenir.
D'entrée de jeu, dès l'ouverture, nous verrons le fantôme, alors qu'il n'apparaît « en chair et en os » sur le plateau qu'au deuxième acte seulement.
La metteure en scène va judicieusement mêler le thème du fantastique-gothique à celui de l'enfance.
Le merveilleux sera le dénominateur commun de ces deux thèmes, avec des moments magiques, qui ne sont pas sans évoquer parfois le monde de Tim Burton.
Les enfants, petits ou grands, ce sont ceux qui sont capables de croire au Merveilleux.
L'enfance perdue, l'enfance retrouvée...
Elle a d'ailleurs fait appel au magicien Benoît Dattez pour régler toutes ces scènes d'illusions très réussies.
Décidément, et ce, pour nos plus grands bonheur et plaisir, il y a un style, une marque de fabrique Pauline Bureau.
A son habitude, elle utilise la video à très bon escient pour ouvrir la dramaturgie et la scénographie.
La lande, le ciel chargé, l'orage, d'étranges aurores boréales, des décors intérieurs du manoir sont représentés, grâce au talent graphique de Nathalie Cabrol.
Tout ceci est très subtil et fort délicat.
Nous pouvons constater cette fois-ci encore une dimension verticale dans le travail de la metteure en scène, où plusieurs niveaux accueillent les différentes péripéties dramaturgiques.
Melle Bureau a tout particulièrement peaufiné le personnage d'Anna.
Ce personnage principal est une jeune femme qui va se transformer devant nous, acquérir une autonomie, une réelle envergure, ainsi qu'une vraie féminité.
En Dame blanche au loup noir, (elle m'a fait penser à Fantômette), elle incarne sorte de super-héroïne, dotée de super-pouvoirs déclenchés par une baguette-cravache magique.
Anna et son Georges nous font rire également. Des petits moments burlesques, des gags subtils et furtifs parsèment les deux heures et demie de la représentation.
Anna, c'est la soprano Elsa Benoît, Georges est incarné par le ténor Philippe Talbot.
Les deux chanteurs vont rivaliser de virtuosité : il faut beaucoup de talent et de technique vocale pour aborder ces rôles.
Certains airs, très applaudis hier soir, n'ont en effet rien à envier à certains « tubes » rossiniens.
Le choix de ces deux chanteurs est très cohérent.
Le baryton Jérôme Boutillier incarne de bien belle façon l'intendant Gaveston. Il est drôle en « nouveau riche » voulant à tour prix devenir châtelain à la place du châtelain.
Hier, un fou-rire l'a pris, à la suite du bris de sa cravache. Menacer son vis-à-vis avec une cravache qui pend mollement vers le sol, ceci n'est guère évident. D'où l'éclat de rire ! C'était d'un comique !
De plus, j'ai beaucoup apprécié Yann Beuron, en chef de clan, et Sophie Marin-Degor interprétant la femme du chef.
Les deux sont en quelque sorte le pendant du couple principal.
Un couple déjà bien établi, comme pour montrer la voix au couple en devenir.
C'est le remarquable ensemble Les éléments qui a été choisi comme choeur, au sein de cette production. Là-encore, un choix judicieux.
Les choristes dégagent beaucoup d'homogénéité, de profondeur et de cohérence vocale.
Julien Leroy est à la baguette et dirige avec brio l'Orchestre National d'Ile-de-France.
Je n'aurai garde d'oublier de mentionner les somptueux costumes d'Alice Touvet, à base de différents tartans et autres accessoires vestimentaires écossais.
Les chanteurs en kilt portent-ils ce vêtement de façon traditionnelle ?
Ceci ne nous regarde pas !
Cet opéra méritait vraiment ce retour sous le feu des projecteurs de l'Opéra Comique.
On comprend pourquoi la place devant cette salle porte le nom du compositeur, François-Adrien Boieldieu.
Ne manquez donc pas de venir découvrir cette Dame blanche, dans la mise en scène réjouissante et toujours inspirée de Pauline Bureau.
Cette production est une nouvelle et épatante réussite.
9/10
Dziękuję bardzo, Ewunia za tak piękne przyniesienie nam słowiańskiej i polskiej duszy !
Merci beaucoup, Ewunia, de nous évoquer de si belle façon l'âme slave et polonaise !
Dans un récital empreint de beaucoup d'émotion, Mademoiselle Ewa Adamunsinska-Vouland nous propose de nous plonger dans la beauté et la profondeur de ce qui constitue en partie la spécificité de l'identité polonaise.
L'âme slave...
Le chocolat chaud de chez Wedel, les beignets à la rose que l'on déguste chez le traiteur Blikle, la couleur grise de la ville, une mésange, Chopin, des habitants joyeux...
Voici ce que chante Ewunia dans sa première chanson, Varsovie s'habille de gris.
Bienvenue dans la capitale polonaise.
La chanteuse à la double culture franco-polonaise va nous évoquer la Varsovie qu'elle aime et qu'elle fait revivre au moyen d'un répertoire franco-polonais se situant entre les années 1925 et 1965.
Des chansons dont le mode mineur traduit parfaitement ce sentiment de vague à l'âme, de nostalgie, de joie doucement teintée de tristesse et de folle passion.
Et puis l'amour, bien entendu !
Oui, ces chansons nous parlent d'amour, des amours passionnées, contrariées, fantasmées, tarifées ou encore sans lendemain. Et puis bien entendu, il n'y a pas d'amour sans amoureux.
De sa voix chaude de mezzo à la large tessiture et au timbre clair (qui peut parfois prendre un très joli grain dans les graves), avec de subtiles et colorées nuances, Melle Ewunia nous raconte ces amours-là.
Ses chansons, ce sont des petites histoires, des petits moments de vie. La vie, avec son lot de joies, de peines, de soucis et d'espoirs.
La chanteuse a ceci de particulier de changer de personnage en un instant, le temps d'une chanson, presque instantanément. En un clin d'œil, elle devient une femme fatale, une fille de petite vertu du bord de la Vistule, une amoureuse délaissée, et même... Je n'en dis pas plus...
William Mesguich, qui la met en scène, a parfaitement su donner un caractère fluide à ce récital.
La vie est là, bien entendu dans les chansons, mais elle est avant tout sur la scène du Studio Marie-Bell.
Melle Adamunsinska-Vouland, en plus de son talent de musicienne, a étudié la comédie. Le metteur en scène a donc pu lui demander d'interpréter pleinement ces histoires.
Elle n'est jamais dans une position statique, elle vit intensément ce qu'elle nous chante.
Il a eu également la judicieuse idée d'utiliser un ou deux accessoires, pratiquement à chaque chanson, pour styliser le personnage.
Comme par exemple, un tube de rouge à lèvres, un boa en plumes rouges, une crécelle, un voile noir, un micro rétro sur pied, des bougies, des feuilles de papier, ou encore, un fil de funambule imaginaire.
Immédiatement, nous sommes à chaque fois captivés par ce que nous racontent les notes et les mots. Généralement, la traduction française commence le titre, et la version polonaise vient conclure la chanson, avec les mots un peu rocailleux et les “r” qui roulent.
Yves Dupuis est au piano. Il est beaucoup plus qu'un accompagnateur.
La complicité entre les deux musiciens est totale et parfaite.
Les accords et les lignes mélodiques viennent envelopper suavement la chanteuse.
Il me faut mentionner deux autres artistes qui ne sont pas sur scène.
Richard Arselin a créé une très jolie lumière, avec notamment des projecteurs latéraux au fin pinceau, ou encore des contres utilisés à bon escient. Ces lumières renforcent elles aussi le sentiment de vie sur le plateau.
Et puis Matthieu Gallon signe une très belle et très claire prise de son.
La voix amplifiée de Melle Ewunia est rendue avec beaucoup de détails, de profondeur et d'intensité. De la belle ouvrage !
Ne manquez donc pas cette plongée dans les délices et la fièvre de l'âme slave.
C'est un spectacle musical intense et profond, chaud et prenant, passionné et passionnant.
Vous reprendrez bien un peu de Demidoff ultra-premium bio à l'herbe de bison ?
(Avec modération, cela va de soi...)
Merci beaucoup, Ewunia, de nous évoquer de si belle façon l'âme slave et polonaise !
Dans un récital empreint de beaucoup d'émotion, Mademoiselle Ewa Adamunsinska-Vouland nous propose de nous plonger dans la beauté et la profondeur de ce qui constitue en partie la spécificité de l'identité polonaise.
L'âme slave...
Le chocolat chaud de chez Wedel, les beignets à la rose que l'on déguste chez le traiteur Blikle, la couleur grise de la ville, une mésange, Chopin, des habitants joyeux...
Voici ce que chante Ewunia dans sa première chanson, Varsovie s'habille de gris.
Bienvenue dans la capitale polonaise.
La chanteuse à la double culture franco-polonaise va nous évoquer la Varsovie qu'elle aime et qu'elle fait revivre au moyen d'un répertoire franco-polonais se situant entre les années 1925 et 1965.
Des chansons dont le mode mineur traduit parfaitement ce sentiment de vague à l'âme, de nostalgie, de joie doucement teintée de tristesse et de folle passion.
Et puis l'amour, bien entendu !
Oui, ces chansons nous parlent d'amour, des amours passionnées, contrariées, fantasmées, tarifées ou encore sans lendemain. Et puis bien entendu, il n'y a pas d'amour sans amoureux.
De sa voix chaude de mezzo à la large tessiture et au timbre clair (qui peut parfois prendre un très joli grain dans les graves), avec de subtiles et colorées nuances, Melle Ewunia nous raconte ces amours-là.
Ses chansons, ce sont des petites histoires, des petits moments de vie. La vie, avec son lot de joies, de peines, de soucis et d'espoirs.
La chanteuse a ceci de particulier de changer de personnage en un instant, le temps d'une chanson, presque instantanément. En un clin d'œil, elle devient une femme fatale, une fille de petite vertu du bord de la Vistule, une amoureuse délaissée, et même... Je n'en dis pas plus...
William Mesguich, qui la met en scène, a parfaitement su donner un caractère fluide à ce récital.
La vie est là, bien entendu dans les chansons, mais elle est avant tout sur la scène du Studio Marie-Bell.
Melle Adamunsinska-Vouland, en plus de son talent de musicienne, a étudié la comédie. Le metteur en scène a donc pu lui demander d'interpréter pleinement ces histoires.
Elle n'est jamais dans une position statique, elle vit intensément ce qu'elle nous chante.
Il a eu également la judicieuse idée d'utiliser un ou deux accessoires, pratiquement à chaque chanson, pour styliser le personnage.
Comme par exemple, un tube de rouge à lèvres, un boa en plumes rouges, une crécelle, un voile noir, un micro rétro sur pied, des bougies, des feuilles de papier, ou encore, un fil de funambule imaginaire.
Immédiatement, nous sommes à chaque fois captivés par ce que nous racontent les notes et les mots. Généralement, la traduction française commence le titre, et la version polonaise vient conclure la chanson, avec les mots un peu rocailleux et les “r” qui roulent.
Yves Dupuis est au piano. Il est beaucoup plus qu'un accompagnateur.
La complicité entre les deux musiciens est totale et parfaite.
Les accords et les lignes mélodiques viennent envelopper suavement la chanteuse.
Il me faut mentionner deux autres artistes qui ne sont pas sur scène.
Richard Arselin a créé une très jolie lumière, avec notamment des projecteurs latéraux au fin pinceau, ou encore des contres utilisés à bon escient. Ces lumières renforcent elles aussi le sentiment de vie sur le plateau.
Et puis Matthieu Gallon signe une très belle et très claire prise de son.
La voix amplifiée de Melle Ewunia est rendue avec beaucoup de détails, de profondeur et d'intensité. De la belle ouvrage !
Ne manquez donc pas cette plongée dans les délices et la fièvre de l'âme slave.
C'est un spectacle musical intense et profond, chaud et prenant, passionné et passionnant.
Vous reprendrez bien un peu de Demidoff ultra-premium bio à l'herbe de bison ?
(Avec modération, cela va de soi...)
8,5/10
A la paix comme à la paix !
Sahand Sahedbivani et Raphael Rodan nous posent deux questions essentielles et dont la réponse ne va pas de soi :
- Pourquoi les hommes se font-ils la guerre ?
- Que peuvent (ou pas) les femmes pour les en empêcher ?
Les deux auteurs-comédiens se connaissent bien. Deux potes, deux copains.
Et pourtant, cette amitié n'allait pas de soi. Tout du moins sur le papier de la géopolitique.
Sahand est Iranien. Raphael, lui, a grandi en Israël.
Leurs familles respectives ont choisi d'émigrer aux Pays-Bas. C'est à Amsterdam que les deux se sont rencontrés.
(Au passage,ils y ont également fait la connaissance du guitariste Guillermo Celano et d'Iman Sparrgaren, le saxophoniste et clarinettiste, deux musiciens qui ont composé et qui jouent en live la bande-son du spectacle.)
Un spectacle qui commence d'ailleurs comme un stand-up : les deux compères sont de fervents adeptes du storytelling.
Dans un premier temps, ils se présentent à nous, avec des adresses au public drôles et spirituelles.
Les spectateurs sont d'ailleurs invités à se prononcer sur qui est qui, au moyen d'un vote à main levée.
Nous ferons également la connaissance de leurs mères, chacune archétype de la maman méditerranéenne.
Ainsi, nous allons très vite nous rendre compte que ce qui rassemble ces deux-là est beaucoup plus important que ce qui les sépare.
La démonstration sera magistrale et très limpide.
Ils rentrent ensuite dans le vif du sujet, grâce à des lettres de poilus de 14-18.
Notamment celle de Jean-Marie Moulin qui écrit à sa Céleste de fiancée.
Les deux se mettent dans la peau de deux fantassins, l'un allemand, l'autre français.
Des accessoires sont tirés d'une caisse de munitions.
Et surtout, ils vont matérialiser une frontière, symbole de la possession territoriale, symbole de la propriété à laquelle il ne faut surtout pas toucher.
Et puis, ce sera Noël. Les deux se mettent en joue, pour finalement baisser chacun les armes, et transformer le théâtre des opérations en terrain de football.
La séquence de matérialisation des cages des gardiens est très drôle.
Les deux personnages font connaissance, et pour les comédiens, c'est le moyen de parler de leur père.
Deux histoires parallèles et terribles, durant des événements dramatiques en Israël et en Iran.
Et bien entendu, c'est le prétexte pour se demander ce qui se serait passé si ces deux pères s'étaient retrouvés en train de se mettre en joue...
Ce moment de la pièce est très émouvant, et le public n'en mène pas large.
La démonstration se poursuivra en nous faisant constater et donc nous rappeler que les horreurs de la guerre n'ont pas eu besoin du Moyen-Orient pour exister. L'Occident n'a donc pas de leçons de morale à asséner à cette région du globe.
Ce spectacle à nul autre pareil dégage une vraie humanité.
Ces deux jeunes garçons nous donnent une leçon de fraternité.
Malgré tout ce qui pourrait les séparer, la religion, les origines, ils sont véritablement frères humains, ils se parlent, ils n'hésitent pas à se moquer d'eux-mêmes, même s'ils peuvent également se chamailler.
Nous comprenons aisément que ces jeunes hommes, originaires du Moyen-Orient, adhèrent totalement aux messages féministe, pacifiste, même s'ils peuvent avoir des différences d'approche.
Un très joli message nous est rappelé : « Tu dois changer en toi ce que tu veux changer dans le monde. »
Au final, voici un bien habile spectacle.
Sur le plateau est délivré un vrai message de tolérance et de respect envers l'Autre.
Avec un grand A, l'Autre.
Quand le fond et la forme sont réunis pour un bien beau moment de théâtre.
Et sans compter que les amateurs de neige qui tombe se régalent !
Sahand Sahedbivani et Raphael Rodan nous posent deux questions essentielles et dont la réponse ne va pas de soi :
- Pourquoi les hommes se font-ils la guerre ?
- Que peuvent (ou pas) les femmes pour les en empêcher ?
Les deux auteurs-comédiens se connaissent bien. Deux potes, deux copains.
Et pourtant, cette amitié n'allait pas de soi. Tout du moins sur le papier de la géopolitique.
Sahand est Iranien. Raphael, lui, a grandi en Israël.
Leurs familles respectives ont choisi d'émigrer aux Pays-Bas. C'est à Amsterdam que les deux se sont rencontrés.
(Au passage,ils y ont également fait la connaissance du guitariste Guillermo Celano et d'Iman Sparrgaren, le saxophoniste et clarinettiste, deux musiciens qui ont composé et qui jouent en live la bande-son du spectacle.)
Un spectacle qui commence d'ailleurs comme un stand-up : les deux compères sont de fervents adeptes du storytelling.
Dans un premier temps, ils se présentent à nous, avec des adresses au public drôles et spirituelles.
Les spectateurs sont d'ailleurs invités à se prononcer sur qui est qui, au moyen d'un vote à main levée.
Nous ferons également la connaissance de leurs mères, chacune archétype de la maman méditerranéenne.
Ainsi, nous allons très vite nous rendre compte que ce qui rassemble ces deux-là est beaucoup plus important que ce qui les sépare.
La démonstration sera magistrale et très limpide.
Ils rentrent ensuite dans le vif du sujet, grâce à des lettres de poilus de 14-18.
Notamment celle de Jean-Marie Moulin qui écrit à sa Céleste de fiancée.
Les deux se mettent dans la peau de deux fantassins, l'un allemand, l'autre français.
Des accessoires sont tirés d'une caisse de munitions.
Et surtout, ils vont matérialiser une frontière, symbole de la possession territoriale, symbole de la propriété à laquelle il ne faut surtout pas toucher.
Et puis, ce sera Noël. Les deux se mettent en joue, pour finalement baisser chacun les armes, et transformer le théâtre des opérations en terrain de football.
La séquence de matérialisation des cages des gardiens est très drôle.
Les deux personnages font connaissance, et pour les comédiens, c'est le moyen de parler de leur père.
Deux histoires parallèles et terribles, durant des événements dramatiques en Israël et en Iran.
Et bien entendu, c'est le prétexte pour se demander ce qui se serait passé si ces deux pères s'étaient retrouvés en train de se mettre en joue...
Ce moment de la pièce est très émouvant, et le public n'en mène pas large.
La démonstration se poursuivra en nous faisant constater et donc nous rappeler que les horreurs de la guerre n'ont pas eu besoin du Moyen-Orient pour exister. L'Occident n'a donc pas de leçons de morale à asséner à cette région du globe.
Ce spectacle à nul autre pareil dégage une vraie humanité.
Ces deux jeunes garçons nous donnent une leçon de fraternité.
Malgré tout ce qui pourrait les séparer, la religion, les origines, ils sont véritablement frères humains, ils se parlent, ils n'hésitent pas à se moquer d'eux-mêmes, même s'ils peuvent également se chamailler.
Nous comprenons aisément que ces jeunes hommes, originaires du Moyen-Orient, adhèrent totalement aux messages féministe, pacifiste, même s'ils peuvent avoir des différences d'approche.
Un très joli message nous est rappelé : « Tu dois changer en toi ce que tu veux changer dans le monde. »
Au final, voici un bien habile spectacle.
Sur le plateau est délivré un vrai message de tolérance et de respect envers l'Autre.
Avec un grand A, l'Autre.
Quand le fond et la forme sont réunis pour un bien beau moment de théâtre.
Et sans compter que les amateurs de neige qui tombe se régalent !
9,5/10
« Arrêter un ministre, Sire ? Vous n'y pensez pas !
En Belgique, peut-être, mais pas à Paris ! »
Voici les mots du Cardinal de Richelieu, qui a élu domicile au Théâtre royal de Toone, à Bruxelles, à l'occasion de la création de cette adaptation du chef-d'œuvre d'Alexandre Dumas.
Une véritable institution, que ce théâtre de marionnettes créé dans les années 1830 par Antoine Genty, dit « Toone », dirigé aujourd'hui par Nicolas Géal, le « Toone VIII », à savoir le huitième patron des lieux !
Ici sont donnés des spectacles dont les héros sont de très beaux petits personnages en bois et en tissus (les « poechenellen »), des spectacles qui respectent une pure tradition bruxelloise.
Il se dégage dans ce théâtre une véritable authenticité, d'autant que pour pénétrer dans la salle, il faut d'abord passer par un estaminet ô combien typique.
Cette version des Trois mousquetaires est tout simplement hilarante.
Sur la scène du petit castelet situé au grenier du 66 de la rue du Marché aux herbes, tous les héros de Dumas, mis en mouvement par six paires de mains expertes et presque invisibles, vont faire fonctionner à plein régime nos zygomatiques !
Et pas qu'un peu !
La première source d'hilarité provient tout d'abord de l'adaptation proprement dite du texte, en Bruxellois-Français.
Ici, vont se mélanger la langue française ainsi que des expressions et tournures bruxelloises en général et marolliennes en particulier. (Marolles est un quartier populaire de la ville.)
Le récit, revisité et truffé de ces « belgicismes » revêt alors un caractère drôlissime.
Bien entendu, je n'ai pas tout compris, mais le sens est évidemment là, avec un humour qui fonctionne en permanence. Voir jurer Louis XIII ou le Duc de Buckingham en bruxellois devient un grand moment !
Des doubles-sens sur certaines expressions sont aussi épatantes.
Des accents anglais, gascons, sont également là pour apporter leur lot d'effets comiques.
Deuxième moyen de faire rire les spectateurs : les épatants anachronismes qui truffent la trame narrative.
Ici, Milady de Winter peut très bien envoyer un courriel à Richelieu, et ceci déclenche beaucoup de rires dans la salle.
Et puis, bien entendu, la technique des marionnettistes ravit également le public.
La gestuelle des personnages reproduit remarquablement la gestuelle humaine, et ce, au moyen d'une tige en fer dans chaque marionnette, ainsi que des câbles pour les membres supérieurs.
Des passages dignes de Tex Avery ponctuent l'histoire : la mort du Duc de Rochefort m'a fait pleurer de rire, l'évanouissement brutal de Richelieu à la vue des ferrets des la Reine est un grand moment !
Mais ne nous y trompons pas : nous rions énormément, mais la trame du roman écrit par Dumas (et son collaborateur Auguste Maquet) est bel et bien là.
A part quelques raccourcis inévitables, tout y est. (Et j'ai particulièrement apprécié de retrouver le personnage à mon sens l'un des plus ambivalents et les plus intéressants du roman, à savoir M. Bonacieux.)
Il me faut mentionner également les très jolis et très nombreux décors de la dizaine de tableaux qui constituent ce spectacle.
A chaque fois, des cyclos et des pendrillons en carton délicatement peints situent le lieu de l'action : une place parisienne, le palais-Cardinal, le palais-Royal, une forêt, etc, etc...
C'est très beau.
Si vous séjournez à Bruxelles, ne manquez pas d'aller applaudir ces petits personnages qui prendront vie devant vos yeux de grands enfants.
Ces marionnettes, qui se retrouvent dotées d'une âme propre, vous raviront et vous feront rire à gorge déployée, comme ce fut mon cas.
C'est un spectacle incontournable de la capitale belge.
En Belgique, peut-être, mais pas à Paris ! »
Voici les mots du Cardinal de Richelieu, qui a élu domicile au Théâtre royal de Toone, à Bruxelles, à l'occasion de la création de cette adaptation du chef-d'œuvre d'Alexandre Dumas.
Une véritable institution, que ce théâtre de marionnettes créé dans les années 1830 par Antoine Genty, dit « Toone », dirigé aujourd'hui par Nicolas Géal, le « Toone VIII », à savoir le huitième patron des lieux !
Ici sont donnés des spectacles dont les héros sont de très beaux petits personnages en bois et en tissus (les « poechenellen »), des spectacles qui respectent une pure tradition bruxelloise.
Il se dégage dans ce théâtre une véritable authenticité, d'autant que pour pénétrer dans la salle, il faut d'abord passer par un estaminet ô combien typique.
Cette version des Trois mousquetaires est tout simplement hilarante.
Sur la scène du petit castelet situé au grenier du 66 de la rue du Marché aux herbes, tous les héros de Dumas, mis en mouvement par six paires de mains expertes et presque invisibles, vont faire fonctionner à plein régime nos zygomatiques !
Et pas qu'un peu !
La première source d'hilarité provient tout d'abord de l'adaptation proprement dite du texte, en Bruxellois-Français.
Ici, vont se mélanger la langue française ainsi que des expressions et tournures bruxelloises en général et marolliennes en particulier. (Marolles est un quartier populaire de la ville.)
Le récit, revisité et truffé de ces « belgicismes » revêt alors un caractère drôlissime.
Bien entendu, je n'ai pas tout compris, mais le sens est évidemment là, avec un humour qui fonctionne en permanence. Voir jurer Louis XIII ou le Duc de Buckingham en bruxellois devient un grand moment !
Des doubles-sens sur certaines expressions sont aussi épatantes.
Des accents anglais, gascons, sont également là pour apporter leur lot d'effets comiques.
Deuxième moyen de faire rire les spectateurs : les épatants anachronismes qui truffent la trame narrative.
Ici, Milady de Winter peut très bien envoyer un courriel à Richelieu, et ceci déclenche beaucoup de rires dans la salle.
Et puis, bien entendu, la technique des marionnettistes ravit également le public.
La gestuelle des personnages reproduit remarquablement la gestuelle humaine, et ce, au moyen d'une tige en fer dans chaque marionnette, ainsi que des câbles pour les membres supérieurs.
Des passages dignes de Tex Avery ponctuent l'histoire : la mort du Duc de Rochefort m'a fait pleurer de rire, l'évanouissement brutal de Richelieu à la vue des ferrets des la Reine est un grand moment !
Mais ne nous y trompons pas : nous rions énormément, mais la trame du roman écrit par Dumas (et son collaborateur Auguste Maquet) est bel et bien là.
A part quelques raccourcis inévitables, tout y est. (Et j'ai particulièrement apprécié de retrouver le personnage à mon sens l'un des plus ambivalents et les plus intéressants du roman, à savoir M. Bonacieux.)
Il me faut mentionner également les très jolis et très nombreux décors de la dizaine de tableaux qui constituent ce spectacle.
A chaque fois, des cyclos et des pendrillons en carton délicatement peints situent le lieu de l'action : une place parisienne, le palais-Cardinal, le palais-Royal, une forêt, etc, etc...
C'est très beau.
Si vous séjournez à Bruxelles, ne manquez pas d'aller applaudir ces petits personnages qui prendront vie devant vos yeux de grands enfants.
Ces marionnettes, qui se retrouvent dotées d'une âme propre, vous raviront et vous feront rire à gorge déployée, comme ce fut mon cas.
C'est un spectacle incontournable de la capitale belge.