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Yves Poey
Yves Poey
Mini-Molière du Critique
120 ans
62 espions
espionner Ne plus espionner
Des critiques de théâtre, des interviews webradio, des coups de coeur, des coups de gueule.
Son blog : http://delacouraujardin.over-blog.com/
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Ses critiques

1005 critiques
Magma en concert

Magma en concert

9,5/10
9
Magma.
Les six griffes rouges en arc de cercle.
L’un des logos les plus connus de la scène musicale française, et ce, depuis cinquante ans, projeté par un projecteur écarlate au lointain.

La mythique formation menée aux baguettes par son créateur Christian Vander fête son demi-siècle d’existence par le biais d’une tournée européenne. Une tournée qui peut enfin reprendre après avoir été interrompue par la pandémie.

Magma.

Cinquante années de musique zeuhl et kobaïenne.


Cinquante années que Vander martyrise ses batteries Gretsch et ses cymbales Zildjian, toutes lestées de gueuses en fonte tellement les coups sont portés avec force.


Christian Vander au set immédiatement reconnaissable avec les huit fameuses cymbales, dont deux immenses China au diamètre impressionnant derrière lui.


Vander, le batteur aux ailes de papillon de nuit, tellement ses bras virevoltent à toute allure dans ses solos hallucinés.
Encore et toujours.

Magma.
Cinquante années de longues et intenses compositions envoûtantes, enivrantes, qui plongent le public dans de longues et profondes transes.

On ne peut comprendre la musique de ce groupe si l’on s’arrête à la seule batterie.
Magma, c’est avant tout la voix.
Les voix.

Ce postulat est réaffirmé par le line-up de cette tournée.
Sept chanteurs et chanteuses se retrouvent sur scène, (huit quand le patron s’emparera d’un micro, délaissant pour un moment ses baguettes).

Emmenés par Stella Vander, l’épouse, la muse, l’inspiratrice, Hervé Aknin, tous les deux aux lead vocals, Isabelle Feuillebois, Caroline Indjein, Sylvie Fisichella, Laura Guarrato et Thierry Eliez, qui officie également aux claviers, tous vont interpréter, et de quelle façon les textes un peu étranges de cette langue élaborée naguère.
Une langue faite pour être chantée.

Une magnifique pâte sonore faite de grands clusters d’accords vocaux va monter, telles des volutes poétiques parfois délicates et éthérées, parfois féroces et appuyées, avec toujours une impressionnante précision : les techniques vocales lyriques sont irréprochables et magnifiques.
Impossible de ne pas avoir des frisons dans le dos, en entendant ces polyphonies

Mais les voix peuvent être également traitées à la manière de percussions : des notes courtes, presque des cris, peuvent prendre le relais, martelant une rythmique vocale.

Que ce soit dans ces deux registres, ce qui se passe sur le plateau est toujours passionnant.

(Une nouvelle composition, sonnant presque "brésilien", m'a particulièrement enchanté. On retrouve alors une inspiration très coltranienne. On sait l'admiration qu'a Vander pour Coltrane.)

Thierry Eliez, donc, aux claviers, à jardin, Simon Goubert, au piano Nordlead à cour.
Eux aussi contribuent bien entendu à la dimension onirique de l’entreprise artistique, grâce à des nappes synthétiques, ou des arpèges cristallins.
Eliez a composé l’un des titres qui seront interprétés, un hymne au retour sur scène.


Deux petits nouveaux, Rudy Blas à la guitare et Jimmy Top à la basse. Parfaits tous les deux.
(Les soli communs à la note près entre le guitariste et Stella Vander, sont magnifiques !)
La technique du « petit » Top est elle aussi sidérante !

Et puis le patron.
Un fauve, au regard perçant.

Celui qui est à l’origine de tout, celui qui depuis toutes ces années, est une figure incontournable de la scène jazz-rock.
Vander l’inqualifiable, Vander, celui que l’on ne peut ranger dans aucune catégorie tellement il les transcende, tellement ce qu’il joue est personnel.

Une nouvelle fois, même à 73 ans, ce type va sidérer toute une salle de spectacle.
Ce grand musicien, si sensible sous ses traits bourrus, capable de tant de technique instrumentale, de tant d’onirisme, va une nouvelle fois partager avec son groupe une dimension organique, viscérale.
Magma, ça vous prend aux tripes, ça vous emporte on ne sait trop où, mais ça vous emporte.

Celui qui fut remarqué et marqué par Elvin Jones, est encore et toujours aussi impressionnant.
Ses coups sur les cymbales à la fois portés et retenus, si caractéristiques, sont hallucinants, ses mouvements de bras, ses breaks, ses délicats frisés, roulements, ses descentes de fûts enchantent toute la salle de la Laiterie-Artefact.

Une salle dont il faut bien reconnaître l’assez médiocre qualité acoustique, comme me le confiaient Stella Vander et Francis Linon, l’ingénieur du son FOH, une salle qui ne rend pas assez justice à cette musique si particulière et si envoûtante.

Quoi qu’il en soit, c’est à chaque fois un plaisir rare que de retrouver sur un plateau la furieuse délicatesse, la folie si contrôlée, le maelström si intense et si onirique de ce groupe unique en son genre, qui depuis un demi-siècle enchante tant de fans !

Magma. Le mythe.
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Les Frères Karamazov, Sylvain Creuzevault

Les Frères Karamazov, Sylvain Creuzevault

9,5/10
16
Parricide la sortie !
Décidément, on ne peut pas dire que les relations intra-familiales s’arrangent, chez les Karamazov…

On l’attendait avec impatience, cette adaptation du monstre qu’est ce dernier roman de Fédor Dostoïevski.
Oui, il nous avait bien mis l’eau à la bouche, Sylvain Creuzevault, avec son époustouflante vision d’un des principaux chapitres du bouquin.
Son Grand Inquisiteur, porté sur ces mêmes planches de l’Odéon, constitua l’un des grands moments de la saison théâtrale passée.

Nous allons retrouver pour notre plus grand plaisir tous les ingrédients, tout ce qui fit le succès de cette entreprise dramaturgique fort réussie.

A commencer par l’adaptation même du livre.
Creuzevault, qui sait bien que les grands auteurs sont faits pour être chahutés, a joué selon ses propres dires au charcutier.


Dame, pour monter un pavé de plus de mille trois cents pages et réduire tout ceci à trois heures et quart, entracte compris, il faut y aller au tranchoir !
Mais y aller judicieusement et sans trahir le propos initial.

Ici, c’est le cas.
Si l’on sent évidemment une nouvelle fois une grande connaissance de l’œuvre, son adaptation contemporaine est des plus brillantes.
Nous voici donc en Russie très poutinienne, avec une vision très actuelle de l’âme russe.

C’est ainsi que papa Karamazov se retrouve tenancier ivrogne et débauché d’une chaîne de boîtes de nuits, limite mafieux, parlant haut et fort de façon totalement décomplexée, apostrophant nous autres les spectateurs, pourrissant la vie de ses fistons.

Bref, un rôle sur mesure pour Nicolas Bouchaud, qui fait si bien du Nicolas Bouchaud, ce pour quoi nous l’adorons tous autant que nous sommes.
Le comédien en veste de cuir bleu bling bling au possible va nous réserver encore cette fois-ci d’immenses moments, avec des envolées furieuses, des ruptures merveilleuses, des scènes de beuverie magnifiques, ou encore des tirades d’un cynisme absolu.
Sans spoiler, on peut dire qu’il est presque dommage qu’il soit trucidé…
Mais enfin, bon, il faut savoir s’arrêter de charcuter à temps.

De ce roman, Jean Genet en parlait comme d’« une farce, une bouffonnerie énorme et mesquine ».
Sur le plateau, le metteur en scène, va recréer un joyeux et intense maelström dans le même dispositif scénique que l’an passé (nous savons d’emblée où nous mettons les pieds, avec cette palissade de bois, ces feuilles A4 collées avec les grosses lettres noires, cette nuée de néons…), et va donc re-surgir un joyeux et « bordélique » chaos savamment orchestré.

Le burlesque, la farce vont côtoyer le grand guignol.

De très grands moments nous attendent.

La scène de la puanteur du Starets Zossima fait partie de ceux-là.
Le religieux, Saint s’il en est, (Sava Lolov est une nouvelle fois remarquable) repose dans son cercueil.

Depuis quelque temps déjà, ceci expliquant cela…


Se déroule alors quelque chose de Tex Avery ou encore de Chuck Jones, avec une formidable mise en mouvement des corps des comédiens. L’effet est absolument drôlissime.
Je trouve que ce passage est l’un des plus réussis de ce spectacle.

Tout comme les scènes mettant en avant le procureur (encore et toujours le sidérant Sava Lolov) et l’avocat Fétioukovitch (Nicolas Bouchaud qui revient nous enchanter).
Leurs tirades respectives provoquent bien des rires dans la salle.
Les très gros plans filmés en direct à l’Iphone, déformant quelque peu leurs visages, nous montrent les expressions et les mimiques des deux compères qui s’en donnent à cœur joie !

La vision de la Justice, sereine et indépendante est alors bien mise à mal.
Un vrai jeu de massacre.

Servane Ducorps nous ravit également.
Celle qui campa l’an passé un hilarant Donald Trump (si si…) est une Grouchenka très haute en couleurs !

Et puis nous retrouvons également les épatants Vladislav Galard (son Dimitri est poignant, sa Mme Khoklakova très peu light est drôlissime…), Arthur Igual en Alexei tout énamouré de son Starets, Frédéric Noaille en Rakitine halluciné, (il fut une Margaret Thatcher inoubliable), Sylvain Fournier en Piotr, le garçon de café, ou encore Blanche Ripoche en Katérina Ivanovna.

Je n’aurai garde d’oublier de mentionner les jolis et troublants masques de Loïc Nébréda, ainsi que la très belle création musicale que l’on doit à Antonin Rayon aux claviers et aux synthétiseurs modulaires et à Sylvaine Hélary au piccolo et différentes flûtes ainsi qu’à la basse électrique.

Ces passionnantes trois heures un quart se déroulent sans aucun temps mort, sans nous laisser le temps de souffler. On se dit même qu’on en aurait bien repris pour une autre heure...

Ne passez pas à côté de cette nouvelle intelligente et passionnante adaptation de Sylvain Creuzevault, saluée hier par une véritable ovation on ne peut plus méritée.

Vous avez aimé Le grand inquisiteur ?

Vous adorerez ces Frères Karamazov-là !

Sinon, vous reprendrez bien une Beck’s bio sans alcool, ou un Candy-up chocolaté ?
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Hilda

Hilda

9/10
63
J’en ai rencontré, au théâtre, des garces, des psychopathes névrosées, des perverses narcissiques et des femmes épouvantables de sadisme et de méchanceté.
(Je parle évidemment de personnages, sur les planches, entendons-nous bien…)

Mais alors là !…

Marie Ndiaye, Elisabeth Chailloux et Nathalie Dessay viennent de placer la barre très, mais alors très haut.

Dans cette pièce de Melle Ndiaye, parue en 1999, Mme Lemarchand se définit elle-même comme une « bourgeoise de gauche ».
Dame, elle vient d’adhérer au parti radical. C’est vous dire…

Mme Lemarchand est en réalité un vampire de nos sociétés plus modernes les unes que les autres.
Elle a besoin en permanence de « chair fraîche », c’est à dire d’une employée de maison.
Hilda sera la prochaine.

Après Françoise, Consuelo, Brigitte, Yvette, et encore une Françoise et une autre Brigitte…
Des femmes qu’elle va user, purement et simplement.

Oui, Hilda sera la prochaine à subir le martyre, à être transformée en esclave de cette femme qui, délaissée par son mari, répugnant à s’occuper de ses trois enfants, à besoin d’une créature à modeler selon ses moindres désirs, un golem à façonner afin de combler sa solitude, afin de lui faire oublier son désespoir, sa tristesse et satisfaire sa perversité.

C’est bien simple, j’ai eu l’impression de me retrouver au beau milieu d’une œuvre de Stephen King, tellement la descente aux enfers de deux femmes, la dominante et la dominée, est racontée de façon glaciale, au scalpel.

Cette dominante sera omniprésente. Cette dominée sera totalement absente du plateau.

Et pourtant, nous ne verrons qu’elle.
C’est là l’une des grandes forces de cette œuvre dramaturgique.

C’est par les différents échanges de cette Mme Lemarchand avec les deux autres personnages, Franck le mari de Hilda et Corinne, sa sœur, que nous allons comprendre et mesurer le calvaire que va endurer l’employée de maison devenue esclave.

En plus de nous décrire en détail l’un des plus affreux personnages que je connaisse, Marie Ndiaye nous confronte à notre propre réalité contemporaine, en dénonçant les méfaits de cette société qui se donne bonne conscience en permanence, où l’argent peut tout acheter, y compris l’inachetable, c’est à dire la dignité et la vie d’un autre être humain.
Une société où les registres de langues définissent peut-être plus que les actes eux-mêmes l’appartenance aux différentes castes sociales.

En ce sens, cette œuvre est éminemment politique : nous assistons à une lutte impitoyable des classes au cours de laquelle une infâme représentante des CSP+++++++ va humilier des prolétaires.
C’est Corinne qui parviendra à dire non à ce tyran en talons aiguilles et peignoir de soie.
Parfois, les pauvres se révoltent !

Elisabeth Chailloux a bien compris le côté glacial et glaçant de tout ça.
La mise en scène est elle aussi au tranchoir.

Elle ne nous laisse aucun répit, aucun moment pour souffler, dans ce décor nu au premier plan.
Seule une petite kitchenette stylisée sera utilisée tout au lointain, à cour, pour quelques changements de costumes.
Un piano à queue servira lui de refuge symbolique à Mme Lemarchand, à jardin cette fois-ci, toujours au lointain.
Des panneaux pivotants translucides eux aussi complètement nus symboliseront les portes de l’appartement respectif de chacun.

Et puis il y a Nathalie Dessay !

L’impressionnante Nathalie Dessay !
Sidérante, dans l’interprétation de cette femme.


La comédienne (et uniquement…) parvient à incarner de façon magistrale et époustouflante la perversité mais aussi d’une certaine manière le désespoir le plus profond.

L’ambivalence est omniprésente. Par moment, on la plaindrait, sa Mme Lemarchand, avant de la détester à nouveau très vite.

Sa progression dans l’horreur (il s’agit bien de cela) est stupéfiante.
Elle parvient également à nous faire rire, tellement elle profère de monstrueuses énormités. Impossible de rester de marbre devant ce qu’elle nous dit. Elle nous fait sourire avant de nous indigner.
Son « Franck !!!», prononcé de multiples fois avec quantité de points d’exclamation est inoubliable !

Melle Dessay est parfaitement parvenue à endosser le costume de ce magnifique personnage. Une interprétation dont on se souviendra très longtemps.

Gauthier Baillot est lui-aussi parfait.
Dans ce rôle ô combien difficile de mari-interlocuteur privilégié de l’ignoble Mme Lemarchand, il nous confronte à beaucoup d’émotions qui évoluent elles-aussi de façon très subtiles.
Je n’en dis pas plus.

Lucile Jégou est une Corinne tout à fait convaincante, parvenant à tenir tête au personnage principal. Celle qui se révolte, vous dis-je…

Il ne faut absolument pas passer à côté de cet enthousiasmant spectacle coup de poing, qui procure bien des frissons dans le dos.
Une version d’une pièce dont la mise en scène et l’interprétation resteront dans les annales théâtrales !
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Soie

Soie

9/10
37
Aller au Lucernaire, et s’accorder une belle heure à « soie ».

La soie.
La caresse d’un tissu si léger qu’on pense ne rien tenir dans la main…
la sensualité d’une étoffe qui effleure la peau imperceptiblement…
Le chatoiement des couleurs mordorées, propice à tous les désirs et tous les fantasmes.

La soie.
Un luxe nécessitant au XIXème siècle de longs et souvent périlleux voyages pour en obtenir la matière première, des périples commerciaux destinés à rapporter en Europe les œufs des vers à soie.

C’est son métier, à Hervé Joncour, le personnage principal du roman d’Alessandro Baricco, que de parcourir les contrées extrême-orientales afin d’acheter puis de revendre une fois revenu dans le midi de la France les précieux œufs.

L’auteur italien publie cet ouvrage en 1994, dans lequel il va nous présenter ce commerçant international qui va vivre une histoire d’amour peu commune au cours de ses périples commerciaux au Japon.


Des voyages initiatiques, une quête mélancolique d’un amour fantasmé et la recherche d’un sens à sa vie.

Sylvie Dorliat, dont j’avais beaucoup apprécié le dernier spectacle, «La petite fille de M. Linh », ici-même au Lucernaire, a eu la bonne idée de porter ce roman sur les planches, et de nous dire la belle langue musicale de l’auteur.

Si le personnage principal est bien un homme, trois femmes vont occuper les esprits en permanence.

Hélène, l’épouse de Joncour, qui l’attend à Villedieu une bonne partie de l’année.

Une jeune et troublante japonaise, probablement la maîtresse de Hara Kei, seigneur de guerre japonais.


Et puis Madame Blanche, une tenancière de bordel nîmois, grâce à qui nous comprendrons le fin mot de l’histoire.

Mademoiselle Dorliat, seule en scène, nous dit de sa voix un peu grave ce récit délicat, prenant différents voix et différents accents afin de faire parler tous les personnages du roman. (Baldabiou et le maire de Villedieu sont épatants…)
Elle nous envoûte à dérouler son discours, ne nous lâchant jamais durant tout le spectacle.

William Mesguich, à la mise en scène, contribue à mettre en exergue la sensualité du propos, avec notamment une vraie réussite en matière de création-lumières.


Les doux éclairages, les ambiances tamisées, les contre-jours délicats, les teintes ocres, orangées nous transportent dans l’onirisme du récit.

Il est parvenu à matérialiser les trois femmes évoquées plus haut en les suggérant très joliment, derrière des rideaux de fils noirs.

Et puis, il y aura la scène finale, très subtilement mise en images.
Les idéogrammes japonais seront magnifiés par la sensualité de la peau.
Et non, vous n’en saurez pas plus.

Voici une entreprise artistique comme je les aime.
Cette adaptation pour la scène très réussie de ce beau roman constitue un bien beau moment de théâtre, où tous les parti-pris dramaturgiques fonctionnent à la perfection.

Venez donc vous aussi vous envelopper dans cette belle soierie théâtrale.
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Anne Delaleu
Anne Delaleu

Je compte bien y aller ! j'ai vu une autre adaptation et mise en scène il y a quelques années avec Samuel Labarthe.

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Mardi 19 octobre 2021
Plus que givré

Plus que givré

9/10
8
Allumette, gentille allumette,
Allumette, je te grillerai…

Avouez quand même qu’un type qui pose en très gros plan, le regard certes azur, mais dans le vague, avec une allumette qui sort de l’oreille droite, avouez quand même que ce type-là a raison de s’auto-qualifier de « givré », et même « plus que givré ».

Givré, c’était il y a dix-huit ans, date à laquelle Philippe Lelièvre créa ce spectacle éponyme, et que, sous la pression « d’une personne qui a insisté » (si si, puisqu’il le dit…), il a eu bonne idée de redonner, dans une version certes un peu remodelée, mais toujours aussi percutante.

Ou comment plonger une salle entière dans la plus grande hilarité !

Un one-man-show ? Un seul en scène ?
Certes. Mais avant tout, une fresque quasi-cinématographique, une épopée visuelle des temps modernes qui va nous raconter les avatars d’une troupe de théâtre, la célèbre « compagnie des Vagabonds de la Lune ».
Une répétition, puis un stage de travail dans une résidence du Perche.

Le théâtre dans le théâtre, une aventure complètement déjantée.

Les dessous de la création, et ceux des passions humaines associées.



Une espèce de version sous acide et sur les planches du film « La nuit américaine », de Truffaut, qui va nous montrer tous ces hommes et ces femmes, théâtreux-branquignols à qui mieux-mieux, à la fois histrions et bras cassés magnifiques, tous plus givrés (nous y voilà) les uns que les autres.

Sauf que…
Sauf que tous seront interprétés par Philippe Lelièvre.

Mis en scène de façon survitaminée par Arnaud Lemort, le comédien nous propose un véritable maelström scénographique, dans lequel, en changeant de gestuelles, de voix, de mimiques, d’attitudes, d’accents, de registre de langue, il se transforme en permanence pour interpréter cette poignée d’« artistes » empêtrés dans la production de leur vaudeville.

Un metteur en scène à la fois enthousiaste et désespéré, un comédien contraint de tourner des pubs à la fois caféinées et alimentaires, un second rôle à la tête étonnante (nous apprendrons évidemment les raisons de cette curiosité morphologique et électrique…), une jeune ingénue virginale, une actrice « chevronnée » d’un « certain » âge et à la voix rauque, fumant clope sur clope, un régisseur passionné de diverses techniques, un accessoiriste porté sur la dive bouteille, tous prendront vie et corps devant nous !

M. Lelièvre, ne ménageant vraiment ni sa peine, ni son énergie et encore moins sa formidable capacité à faire fonctionner nos zygomatiques, M. Lelièvre nous rend immédiatement attachants tous ces personnages hauts en couleurs, plus drôles les uns que les autres.

Et puis, honnêtement, on les connaît tous ces hommes et ces femmes qu’il nous décrit, on les a à peu près tous déjà rencontrés…
Moi, la comédienne à la voix rauque et à la cigarette allumée en permanence, je serai prêt à parier de qui il s’est inspiré… J’ai même deux petites idées...

De grands moments hilarants nous attendent.
Promotion du café ou encore du kevlar, (drôlissime, vous dis-je ), rappel de la gloire du caleçon d’aisance, un match enfiévré de freesbee, un rêve pour le moins onirique, un quasi-numéro de cirque devant un arbre, et bien d’autres…
Nous sommes véritablement emportés par ce tourbillon scénique.



Et puis le spectacle de Philippe Lelièvre est également un spectacle pédagogique, puisque des leçons de taxidermie, d’italien pour les nuls ou encore de pêche en eau douce nous seront délivrées.

( A propos de pêche et de lancer, le spectateur qui a hurlé hier de rire en entendant une réplique digne de Michel Audiard, c’était moi !)

Et puis, cerise sur le gâteau, le comédien, dans une scène très désaltérante, nous prouvera s’il le fallait encore sa faculté à improviser et à s’adresser à un public et dialoguer avec lui.
Un gag visuel épatant ponctue tout ceci.

On l’aura compris, il serait dommage de passer à côté de ce spectacle très drôle, dans lequel Philippe Lelièvre se démène comme un beau diable pour nous faire passer une heure et quart à la fois délirante et hilarante.

Créé en 2003, repris donc en 2021, ce spectacle sera assurément remonté dans une version intitulée « Encore plus que givré » et qui sera donnée dans dix-huit ans, c’est à dire en 2039.
Il faudra évidemment réserver bien à l’avance.
Je compte sur vous !
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