Ses critiques
1005 critiques
9/10
Alors, fileuse ?
La fileuse, c’est cet agrès imaginé et développé par l’artiste de cirque Cécile Mont-Raynaud. Un agrès comportant un mât central auquel sont fixés trois rideaux circulaires de fils.
La fileuse autour de laquelle Wilfried Wendling a conçu une fascinante expérience immersive et artistique, qui durant trois séquences de cinquante-cinq minutes va nous désorienter, nous chambouler, nous plonger dans une folie de mots, de sons, d’images, de machines électroniques en tous genres, de lumières, et ce, pour notre plus grand plaisir.
Avec deux humains au milieu de ce monde étrange et onirique.
Qui vont nous livrer une vraie performance. Dans tous les sens du terme.
Un circassien, Alavaro Valdes Soto, va se mouvoir dans cette multitude de fils, se hissant, se déplaçant à la force de ses bras dans cette étrange trame, se tordant, se retrouvant à l’envers, défiant la verticalité et les lois de la pesanteur.
Un comédien, et pas n’importe lequel.
Denis Lavant.
Un fou merveilleux, capable de relever tous les défis artistiques, nous embarquant à chaque fois de manière unique et merveilleuse dans son monde, dans ses délires, dans ses visions.
Wilfried Wendling, le patron de La muse en circuit, le Centre national de création musicale, est un compositeur contemporain formé notamment auprès de Georges Aperghis.
Féru de nouvelles technologies, ses instruments de prédilection sont avant tout l’ordinateur et les synthétiseurs.
Ici, il a composé un triptyque dans lequel la musique concrète est l’un des éléments clefs, certes, mais qui va être une partie d’un tout.
Cette expérience immersive est en effet un savant et passionnant assemblage de différents composants.
Comme pour nous faire rêver. Un rêve étrange et sensoriel.
Tout d’abord, nous allons entendre des sons étranges, mystérieux, des bruits blancs, roses, plus ou moins colorés, des agrégats sonores et amplifiés, des clusters bizarres.
Le compositeur n’est pas à la baguette, mais à la tablette.
C’est en effet grâce à cet outil numérique qu’il communique avec le progiciel musical MAX/Msp d’un ordinateur, ce qui lui permet de mettre en forme, de triturer et d’envoyer dans le système d’amplification tous ces sons et ces séquences musicales.
Ce mélange d’enregistrement et de live permet de diffuser une composition contemporaine foisonnante, organique, viscérale, parfois rude, agressive, oppressante, parfois mystérieuse, parfois éthérée, toujours passionnante. Une œuvre soumise au hasard de ses différents composants.
Des lumières vives, des projecteurs asservis, des flashes aveuglants, des projections video saturées, en noir et blanc, permettent de souligner cette composition, de l’illustrer, d’associer les sens de l’ouïe et de la vue.
Des machines électroniques, créés par Grégory Joubert sont là également, qui nous étonnent et nous sidèrent, sortes de créatures de métal en mouvement, mystérieuses et déroutantes.
Lui aussi est musicien, lui aussi utilise toutes sortes d’instruments électroniques.
Et puis M. Lavant, donc…
Qui nous accueille tout d’abord grâce à une séquence video…
« Dieu n’est ni homme, ni femme. C’est un virus », nous assène-t-il…
Et puis le voici, les cheveux en bataille, chemise blanche aux manches retroussées.
Il va dire les mots. Ceux de textes non dramatiques de Heiner Müller : Paysage sous surveillance, Avis de décès, Paysage avec Argonautes, mais aussi des récits de rêve, et des textes poétiques qui pourraient ressembler à une autobiographie.
Un corpus mettant en évidence l’esthétique de l’œuvre de l’auteur allemand.
Le comédien va s’en donner à cœur joie.
Formé à l’école du mime et du cirque, il est véritablement dans son élément.
Lui aussi va pénétrer dans les cercles de fils, s’en affubler d’un en guise de bandeau.
Il va inter-agir avec le circassien, le portant même sur son dos.
Et puis il va courir, gesticuler, tomber, se relever, ramper sous l’agrès, il va danser, sauter, ne tenant pas en place.
Mais surtout, de sa voix rocailleuse, reconnaissable entre toutes, il va se lancer dans de véritables imprécations, hurlant par moments, susurrant, passant par tous les registres et les intensités de son timbre si particulier.
Il nous étonne, nous passionne, nous émerveille en permanence, ne nous laissant pas un seul moment de répit.
Il nous embarque véritablement dans un univers étrange et merveilleux.
Ce spectacle fascinant est de ceux qui interpellent, qui plongent les spectateurs dans un état de sidération permanente, d’étonnement et de ravissement.
La fileuse, c’est cet agrès imaginé et développé par l’artiste de cirque Cécile Mont-Raynaud. Un agrès comportant un mât central auquel sont fixés trois rideaux circulaires de fils.
La fileuse autour de laquelle Wilfried Wendling a conçu une fascinante expérience immersive et artistique, qui durant trois séquences de cinquante-cinq minutes va nous désorienter, nous chambouler, nous plonger dans une folie de mots, de sons, d’images, de machines électroniques en tous genres, de lumières, et ce, pour notre plus grand plaisir.
Avec deux humains au milieu de ce monde étrange et onirique.
Qui vont nous livrer une vraie performance. Dans tous les sens du terme.
Un circassien, Alavaro Valdes Soto, va se mouvoir dans cette multitude de fils, se hissant, se déplaçant à la force de ses bras dans cette étrange trame, se tordant, se retrouvant à l’envers, défiant la verticalité et les lois de la pesanteur.
Un comédien, et pas n’importe lequel.
Denis Lavant.
Un fou merveilleux, capable de relever tous les défis artistiques, nous embarquant à chaque fois de manière unique et merveilleuse dans son monde, dans ses délires, dans ses visions.
Wilfried Wendling, le patron de La muse en circuit, le Centre national de création musicale, est un compositeur contemporain formé notamment auprès de Georges Aperghis.
Féru de nouvelles technologies, ses instruments de prédilection sont avant tout l’ordinateur et les synthétiseurs.
Ici, il a composé un triptyque dans lequel la musique concrète est l’un des éléments clefs, certes, mais qui va être une partie d’un tout.
Cette expérience immersive est en effet un savant et passionnant assemblage de différents composants.
Comme pour nous faire rêver. Un rêve étrange et sensoriel.
Tout d’abord, nous allons entendre des sons étranges, mystérieux, des bruits blancs, roses, plus ou moins colorés, des agrégats sonores et amplifiés, des clusters bizarres.
Le compositeur n’est pas à la baguette, mais à la tablette.
C’est en effet grâce à cet outil numérique qu’il communique avec le progiciel musical MAX/Msp d’un ordinateur, ce qui lui permet de mettre en forme, de triturer et d’envoyer dans le système d’amplification tous ces sons et ces séquences musicales.
Ce mélange d’enregistrement et de live permet de diffuser une composition contemporaine foisonnante, organique, viscérale, parfois rude, agressive, oppressante, parfois mystérieuse, parfois éthérée, toujours passionnante. Une œuvre soumise au hasard de ses différents composants.
Des lumières vives, des projecteurs asservis, des flashes aveuglants, des projections video saturées, en noir et blanc, permettent de souligner cette composition, de l’illustrer, d’associer les sens de l’ouïe et de la vue.
Des machines électroniques, créés par Grégory Joubert sont là également, qui nous étonnent et nous sidèrent, sortes de créatures de métal en mouvement, mystérieuses et déroutantes.
Lui aussi est musicien, lui aussi utilise toutes sortes d’instruments électroniques.
Et puis M. Lavant, donc…
Qui nous accueille tout d’abord grâce à une séquence video…
« Dieu n’est ni homme, ni femme. C’est un virus », nous assène-t-il…
Et puis le voici, les cheveux en bataille, chemise blanche aux manches retroussées.
Il va dire les mots. Ceux de textes non dramatiques de Heiner Müller : Paysage sous surveillance, Avis de décès, Paysage avec Argonautes, mais aussi des récits de rêve, et des textes poétiques qui pourraient ressembler à une autobiographie.
Un corpus mettant en évidence l’esthétique de l’œuvre de l’auteur allemand.
Le comédien va s’en donner à cœur joie.
Formé à l’école du mime et du cirque, il est véritablement dans son élément.
Lui aussi va pénétrer dans les cercles de fils, s’en affubler d’un en guise de bandeau.
Il va inter-agir avec le circassien, le portant même sur son dos.
Et puis il va courir, gesticuler, tomber, se relever, ramper sous l’agrès, il va danser, sauter, ne tenant pas en place.
Mais surtout, de sa voix rocailleuse, reconnaissable entre toutes, il va se lancer dans de véritables imprécations, hurlant par moments, susurrant, passant par tous les registres et les intensités de son timbre si particulier.
Il nous étonne, nous passionne, nous émerveille en permanence, ne nous laissant pas un seul moment de répit.
Il nous embarque véritablement dans un univers étrange et merveilleux.
Ce spectacle fascinant est de ceux qui interpellent, qui plongent les spectateurs dans un état de sidération permanente, d’étonnement et de ravissement.
9/10
Ciel, nos maris !
1661. Relâche de Pâques.
Molière met en chantier une nouvelle « petite comédie ».
L’inspiration lui vient de deux sources, nous apprend Georges Forestier.
L’abbé Scarron meurt, lui léguant le canevas de l’adaptation d’une pièce espagnole de Mendoza, « El marido hace mujer » (Le mari fait la femme ).
L’histoire de deux frères âgés qui ont épousé deux jeunes sœurs, et qui n’ont pas du tout le même comportement à leur égard.
L’un est libéral, respectueux de la liberté de sa femme.
L’autre au contraire est un véritable tyran envers la sienne.
L’autre source, c’est bien entendu son désir d’épouser Armande, la fille de Madeleine Béjart, de vingt ans sa cadette.
M. Poquelin peut donc commencer à écrire cette Ecole des maris.
Bien entendu, en ce milieu du XVIIème siècle français, pas question de voir sur une scène un jeune galant courtiser une femme mariée.
Les personnages principaux seront donc les tuteurs de Léonor et Isabelle. Le premier Ariste, lui laissant un total libre-arbitre concernant son destin, le second, Sganarelle, envisageant d’épouser sa filleule, alors qu’elle n’a d’yeux que pour le beau Valère.
Molière va mettre en œuvre ce qui va constituer sa « marque de fabrique » : une remarquable perception de la réalité sociale qui l’entoure, et surtout la formidable et peut-être inégalée capacité à croquer ses contemporains.
La scène d’ouverture au cours de laquelle la mode et les fashions-victimes de cette époque sont évoquées témoigne de ce génie dramaturgique-là.
Alain Batis a décidé de monter cette pièce peu connue et peu jouée après avoir lui-même interprété ce Sganarelle.
Il nous en livre une version on ne peut plus intéressante et intense, servie par sept épatants comédiens, également chanteurs et/ou musiciens.
Le metteur en scène est parfaitement parvenu à mettre en valeur le côté farce de cette comédie.
Dans le dramaturgie de Jean-Louis Besson et la scénographie très inventive de Sandrine Lamblin, une scénographie faite de petites estrades qui se transforment de façon très maligne en…. (non, vous n’en saurez pas plus…), faite également d'éléments mobiles qui traversent le plateau, beaucoup d’oppositions très pertinentes sont mises en évidence : les caractères des personnages, évidemment, mais aussi les costumes, (stricts ou débridés) ou les couleurs (noir ou teintes vives).
Durant une heure et demie, les corps vont être mis à rude épreuve.
Les corps des comédiens qui s’attirent, se repoussent, se cachent, disparaissent, réapparaissent, s’embrassent, se font tomber ou s’étreignent.
Le théâtre d’Alain Batis est un théâtre viscéral, organique, qui vibre, bouge, bouillonne d’énergie, de rythme et d’intensité.
Blanche Sottou est une formidable Isabelle.
De sa voix un peu éraillée, la comédienne campe avec beaucoup de justesse, de finesse et de sensibilité cette jeune femme bien décidée à exercer son libre-arbitre. C’est son personnage qui va mettre en œuvre le stratagème qui va finir par duper son tuteur.
La comédienne parvient totalement à faire passer le discours résolument « féministe » de Molière ; un discours qui résonne furieusement à nos oreilles.
Elle est véritablement formidable.
Tout comme Boris Sirdey qui incarne son tuteur de Sganarelle.
Lui aussi ne ménage pas sa peine à incarner ce type détestable, archétype du jaloux possessif à qui aucune femme n’aimerait être confrontée.
Le verbe haut, le comédien nous restitue de bien belle manière les détestables certitudes de cet homme, à l’opposé des valeurs humanistes de l’auteur.
Une très belle interprétation !
Les autres comédiens sont eux aussi irréprochables.
Marc Ségala en costume très années 70 (on le croirait sorti du Big bazar de Michel Fugain), est parfait en Ariste libéral et un peu fataliste tuteur de Léonor. Son entrée en scène est "capillairement" très réussie !
Anthony Davy en jeune gandin amoureux (qui nous fait hurler de rire avec son étonnant bermuda, je n’en dis pas plus…) et Théo Kerfridin vont beaucoup nous amuser.
Tous restituent parfaitement la noblesse et la grâce de l’Alexandrin.
L’admirable langue du XVIIème coule ainsi délicatement mais parfois avec force et puissance dans les oreilles du public.
De ce point de vue là aussi, la pièce est une totale réussite.
Musique également. Emma Barcaroli, en Listte, la suivante, est également une harpiste émérite, rejointe par M. Kerfridin à la télécaster et Melle Piednoir à l’accordéon chromatique.
De belles chansons sont interprétées, grâce aux mélodies entrainantes de Joris Barcaroli.
Vous l'aurez compris, il vous faut vraiment diriger vos pas en direction du Théâtre de l’épée de bois, afin de découvrir cette très belle entreprise artistique, qui rend vraiment honneur et hommage à M. Poquelin.
Cette heure et demie est un très beau moment de théâtre.
Il serait dommage de passer à côté !
1661. Relâche de Pâques.
Molière met en chantier une nouvelle « petite comédie ».
L’inspiration lui vient de deux sources, nous apprend Georges Forestier.
L’abbé Scarron meurt, lui léguant le canevas de l’adaptation d’une pièce espagnole de Mendoza, « El marido hace mujer » (Le mari fait la femme ).
L’histoire de deux frères âgés qui ont épousé deux jeunes sœurs, et qui n’ont pas du tout le même comportement à leur égard.
L’un est libéral, respectueux de la liberté de sa femme.
L’autre au contraire est un véritable tyran envers la sienne.
L’autre source, c’est bien entendu son désir d’épouser Armande, la fille de Madeleine Béjart, de vingt ans sa cadette.
M. Poquelin peut donc commencer à écrire cette Ecole des maris.
Bien entendu, en ce milieu du XVIIème siècle français, pas question de voir sur une scène un jeune galant courtiser une femme mariée.
Les personnages principaux seront donc les tuteurs de Léonor et Isabelle. Le premier Ariste, lui laissant un total libre-arbitre concernant son destin, le second, Sganarelle, envisageant d’épouser sa filleule, alors qu’elle n’a d’yeux que pour le beau Valère.
Molière va mettre en œuvre ce qui va constituer sa « marque de fabrique » : une remarquable perception de la réalité sociale qui l’entoure, et surtout la formidable et peut-être inégalée capacité à croquer ses contemporains.
La scène d’ouverture au cours de laquelle la mode et les fashions-victimes de cette époque sont évoquées témoigne de ce génie dramaturgique-là.
Alain Batis a décidé de monter cette pièce peu connue et peu jouée après avoir lui-même interprété ce Sganarelle.
Il nous en livre une version on ne peut plus intéressante et intense, servie par sept épatants comédiens, également chanteurs et/ou musiciens.
Le metteur en scène est parfaitement parvenu à mettre en valeur le côté farce de cette comédie.
Dans le dramaturgie de Jean-Louis Besson et la scénographie très inventive de Sandrine Lamblin, une scénographie faite de petites estrades qui se transforment de façon très maligne en…. (non, vous n’en saurez pas plus…), faite également d'éléments mobiles qui traversent le plateau, beaucoup d’oppositions très pertinentes sont mises en évidence : les caractères des personnages, évidemment, mais aussi les costumes, (stricts ou débridés) ou les couleurs (noir ou teintes vives).
Durant une heure et demie, les corps vont être mis à rude épreuve.
Les corps des comédiens qui s’attirent, se repoussent, se cachent, disparaissent, réapparaissent, s’embrassent, se font tomber ou s’étreignent.
Le théâtre d’Alain Batis est un théâtre viscéral, organique, qui vibre, bouge, bouillonne d’énergie, de rythme et d’intensité.
Blanche Sottou est une formidable Isabelle.
De sa voix un peu éraillée, la comédienne campe avec beaucoup de justesse, de finesse et de sensibilité cette jeune femme bien décidée à exercer son libre-arbitre. C’est son personnage qui va mettre en œuvre le stratagème qui va finir par duper son tuteur.
La comédienne parvient totalement à faire passer le discours résolument « féministe » de Molière ; un discours qui résonne furieusement à nos oreilles.
Elle est véritablement formidable.
Tout comme Boris Sirdey qui incarne son tuteur de Sganarelle.
Lui aussi ne ménage pas sa peine à incarner ce type détestable, archétype du jaloux possessif à qui aucune femme n’aimerait être confrontée.
Le verbe haut, le comédien nous restitue de bien belle manière les détestables certitudes de cet homme, à l’opposé des valeurs humanistes de l’auteur.
Une très belle interprétation !
Les autres comédiens sont eux aussi irréprochables.
Marc Ségala en costume très années 70 (on le croirait sorti du Big bazar de Michel Fugain), est parfait en Ariste libéral et un peu fataliste tuteur de Léonor. Son entrée en scène est "capillairement" très réussie !
Anthony Davy en jeune gandin amoureux (qui nous fait hurler de rire avec son étonnant bermuda, je n’en dis pas plus…) et Théo Kerfridin vont beaucoup nous amuser.
Tous restituent parfaitement la noblesse et la grâce de l’Alexandrin.
L’admirable langue du XVIIème coule ainsi délicatement mais parfois avec force et puissance dans les oreilles du public.
De ce point de vue là aussi, la pièce est une totale réussite.
Musique également. Emma Barcaroli, en Listte, la suivante, est également une harpiste émérite, rejointe par M. Kerfridin à la télécaster et Melle Piednoir à l’accordéon chromatique.
De belles chansons sont interprétées, grâce aux mélodies entrainantes de Joris Barcaroli.
Vous l'aurez compris, il vous faut vraiment diriger vos pas en direction du Théâtre de l’épée de bois, afin de découvrir cette très belle entreprise artistique, qui rend vraiment honneur et hommage à M. Poquelin.
Cette heure et demie est un très beau moment de théâtre.
Il serait dommage de passer à côté !
5/10
C’est Louis Langrée en personne, le nouveau patron de l’Opéra Comique, qui monte sur scène, une fois l'orchestre accordé.
Son premier spectacle à la tête de la Salle Favart.
Sa première mauvaise nouvelle à annoncer au public de cette Générale.
Le matin même de cette importante représentation, l’interprète de Roméo a été testé positif à la Covid.
Alors évidemment, des questions se posent…
Est-il judicieux de demander à un chanteur aussi talentueux soit-il de remplacer au pied levé, sans aucune répétition, et de lui demander de chanter à l’extrême cour, adossé au montant de la cage de scène ? (C’est le metteur en scène qui jouera le rôle.)
Est-ce une bonne idée de maintenir le spectacle avec tous les chanteurs et tous les choristes désormais cas contacts portant un masque sanitaire ?
Un masque qui glisse, laissant soudain paraître le nez, un masque sur lequel ils tirent au moindre forte...
Je vous laisse vous forger votre propre opinion.
Son premier spectacle à la tête de la Salle Favart.
Sa première mauvaise nouvelle à annoncer au public de cette Générale.
Le matin même de cette importante représentation, l’interprète de Roméo a été testé positif à la Covid.
Alors évidemment, des questions se posent…
Est-il judicieux de demander à un chanteur aussi talentueux soit-il de remplacer au pied levé, sans aucune répétition, et de lui demander de chanter à l’extrême cour, adossé au montant de la cage de scène ? (C’est le metteur en scène qui jouera le rôle.)
Est-ce une bonne idée de maintenir le spectacle avec tous les chanteurs et tous les choristes désormais cas contacts portant un masque sanitaire ?
Un masque qui glisse, laissant soudain paraître le nez, un masque sur lequel ils tirent au moindre forte...
Je vous laisse vous forger votre propre opinion.
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9,5/10
Une chambre d’hôpital, de ce vert improblable qu’on connaît tous…
Des murs couverts de traces de moisissure...
Un lit et une chaise en fer, des décombres, un abat-jour qui pend…
Il arrive à cour. Lentement. Avec un bras en moins.
Lui, c’est Blaise Cendrars.
Septembre 1915. Engagé volontaire à la Légion étrangère, sur le front de Champagne.
Il va y perdre son bras droit, l’amputation l’obligeant à changer de main d’écriture.
Par la force des choses, il deviendra gaucher…
Une force morale étonnante, une détermination extraordinaire.
Il va se retrouver en convalescence à l’hôpital Sainte-Croix, à Châlons et va faire la connaissance d’une femme magnifique de courage et d’abnégation, sœur Adrienne.
J’ai saigné est un court texte, écrit à la suite de ce traumatisme. Un texte qui raconte les horreurs de la guerre, celles du front bien entendu, mais également et peut-être surtout l’horreur que les « galonnards », les généraux-médecins-chefs peuvent provoquer parmi les simples troufions.
L’horreur insoutenable, jusqu’à provoquer la mort d’un petit berger landais en tentant de prouver à un auditoire la justesse d’une théorie fumeuse.
Un texte qui va également nous parler de rencontres de l’auteur avec des soldats martyrisés par la guerre, et puis de la force de la parole et de l’empathie au service de la guérison, au service de la fraternité et de la solidarité entre soldats qui souffrent.
Comme un message d’espoir, comme une preuve que l’Homme n’est pas si mauvais que ç…
Jean-Yves Ruf lit Cendras depuis son adolescence.
Il a souvent pensé à porter cet auteur sur les planches, en adaptant les célèbres Prose du Transibérien, ou Pâques à New-York.
En tombant un peu par hasard sur ce texte qui n’est pas l’œuvre la plus connue, il aa su que ce serait ce texte qu’il nous dirait.
En costume sombre, un bras dissimulé, il incarne donc le célèbre légionnaire.
Un personnage rendu donc intemporel, universel.
Mais également un homme qui pourrait revenir sur un lieu qui l’a profondément marqué,. Un pèlerinage mémoriel, pour ne rien oublier de ce qui s’est passé ici-même et de la souffrance qui y a régné.
Le comédien est son propre co-metteur en scène de ce spectacle, avec son complice Jean-Christophe Cochard, un autre amoureux de l’œuvre de Cendrars.
Une heure et vingt minutes, pour raconter. Pour dire les mots.
Et quelle façon de les dire, ces mots-là !
Jean-Yves Ruf revient vraiment aux fondamentaux du métier de comédien.
Dire.
Dès les premiers mots, il nous embarque dans ce récit pour ne plus nous lâcher.
La force de sa parole va nous sauter à la figure. Il sera impossible de se détacher de ce que nous allons entendre.
Les paroles, certes, mais également les silences, peut-être aussi importants.
Des silences rendus assourdissants, comme pour nous laisser respirer, comme pour nous faire mesurer de l’ampleur des multiples drames qui se sont joués et se jouent encore devant nous.
Les mots de Cendrars, certes, mais aussi ceux de Sœur Adrienne, du petit berger landais et de ce Maréchal des Logis qui va retrouver difficilement la parole grâce à l’écrivain.
Jean-Yves Ruf est remarquablement éclairé par Christian Dubet.
Il sera entouré de ses propres ombres portées sur les murs par des projecteurs rasants.
Pour la petite anecdote, Christian Dubet est le fils du dernier gardien du phare d’Ouessant.
Ces ombres successives, sur les trois murs du plateau pourraient être le résultat de l’éclairage central et circulaire d’une grosse lentille de Fresnel.
Et nous de visualiser les différents personnages, l’enfer de la guerre et la souffrance.
Dire pour montrer.
Dire pour mettre en image.
Un comédien sur une scène au service d'un grand auteur. Retour aux fondamentaux
Ce spectacle est de ceux qui marquent durablement les spectateurs. J’en veux pour preuve les lycéens qui sont sortis bouleversés de ce magnifique moment de théâtre.
Une leçon de théâtre !
Hier, c’était la dernière à Paris.
Nul doute que ce spectacle partira en tournée, et sera repris ici ou là.
Il faudra alors impérativement diriger vos pas sur les traces de Blaise Cendrars admirablement mises en voix par Jean-Yves Ruf.
Des murs couverts de traces de moisissure...
Un lit et une chaise en fer, des décombres, un abat-jour qui pend…
Il arrive à cour. Lentement. Avec un bras en moins.
Lui, c’est Blaise Cendrars.
Septembre 1915. Engagé volontaire à la Légion étrangère, sur le front de Champagne.
Il va y perdre son bras droit, l’amputation l’obligeant à changer de main d’écriture.
Par la force des choses, il deviendra gaucher…
Une force morale étonnante, une détermination extraordinaire.
Il va se retrouver en convalescence à l’hôpital Sainte-Croix, à Châlons et va faire la connaissance d’une femme magnifique de courage et d’abnégation, sœur Adrienne.
J’ai saigné est un court texte, écrit à la suite de ce traumatisme. Un texte qui raconte les horreurs de la guerre, celles du front bien entendu, mais également et peut-être surtout l’horreur que les « galonnards », les généraux-médecins-chefs peuvent provoquer parmi les simples troufions.
L’horreur insoutenable, jusqu’à provoquer la mort d’un petit berger landais en tentant de prouver à un auditoire la justesse d’une théorie fumeuse.
Un texte qui va également nous parler de rencontres de l’auteur avec des soldats martyrisés par la guerre, et puis de la force de la parole et de l’empathie au service de la guérison, au service de la fraternité et de la solidarité entre soldats qui souffrent.
Comme un message d’espoir, comme une preuve que l’Homme n’est pas si mauvais que ç…
Jean-Yves Ruf lit Cendras depuis son adolescence.
Il a souvent pensé à porter cet auteur sur les planches, en adaptant les célèbres Prose du Transibérien, ou Pâques à New-York.
En tombant un peu par hasard sur ce texte qui n’est pas l’œuvre la plus connue, il aa su que ce serait ce texte qu’il nous dirait.
En costume sombre, un bras dissimulé, il incarne donc le célèbre légionnaire.
Un personnage rendu donc intemporel, universel.
Mais également un homme qui pourrait revenir sur un lieu qui l’a profondément marqué,. Un pèlerinage mémoriel, pour ne rien oublier de ce qui s’est passé ici-même et de la souffrance qui y a régné.
Le comédien est son propre co-metteur en scène de ce spectacle, avec son complice Jean-Christophe Cochard, un autre amoureux de l’œuvre de Cendrars.
Une heure et vingt minutes, pour raconter. Pour dire les mots.
Et quelle façon de les dire, ces mots-là !
Jean-Yves Ruf revient vraiment aux fondamentaux du métier de comédien.
Dire.
Dès les premiers mots, il nous embarque dans ce récit pour ne plus nous lâcher.
La force de sa parole va nous sauter à la figure. Il sera impossible de se détacher de ce que nous allons entendre.
Les paroles, certes, mais également les silences, peut-être aussi importants.
Des silences rendus assourdissants, comme pour nous laisser respirer, comme pour nous faire mesurer de l’ampleur des multiples drames qui se sont joués et se jouent encore devant nous.
Les mots de Cendrars, certes, mais aussi ceux de Sœur Adrienne, du petit berger landais et de ce Maréchal des Logis qui va retrouver difficilement la parole grâce à l’écrivain.
Jean-Yves Ruf est remarquablement éclairé par Christian Dubet.
Il sera entouré de ses propres ombres portées sur les murs par des projecteurs rasants.
Pour la petite anecdote, Christian Dubet est le fils du dernier gardien du phare d’Ouessant.
Ces ombres successives, sur les trois murs du plateau pourraient être le résultat de l’éclairage central et circulaire d’une grosse lentille de Fresnel.
Et nous de visualiser les différents personnages, l’enfer de la guerre et la souffrance.
Dire pour montrer.
Dire pour mettre en image.
Un comédien sur une scène au service d'un grand auteur. Retour aux fondamentaux
Ce spectacle est de ceux qui marquent durablement les spectateurs. J’en veux pour preuve les lycéens qui sont sortis bouleversés de ce magnifique moment de théâtre.
Une leçon de théâtre !
Hier, c’était la dernière à Paris.
Nul doute que ce spectacle partira en tournée, et sera repris ici ou là.
Il faudra alors impérativement diriger vos pas sur les traces de Blaise Cendrars admirablement mises en voix par Jean-Yves Ruf.
9,5/10
Le vibrato.
Imperceptible, délicat, éthéré, qui conclut en vous procurant de délicieux frissons les lignes vocales de Mélody Gardot.
Ce vibrato qui rend unique la voix grave, chaude, sensuelle de la plus française des chanteuses américaines de jazz.
Une voix qui immédiatement vous envoûte par son timbre feutré, reconnaissable entre tous. Une voix aux pianissimi si profonds.
Melle Gardot est venue nous présenter pour la première fois sur scène quelques titres qui figureront sur son prochain album.
Un album aux résonances une nouvelle fois très brésiliennes. Cette culture brésilienne qui constitue l’une des principales sources d’inspiration de la chanteuse.
Cet album est le fruit d’une collaboration et d’une rencontre avec le très talentueux pianiste et compositeur Philippe Powell, par ailleurs fils du légendaire guitariste Baden Powell.
Une rencontre artistique importante, une complicité musicale qui va très vite nous sauter aux yeux et surtout aux oreilles.
Le concert débute dans la salle même du Duc des Lombards.
Le berimbau à la main, l’arc musical brésilien originaire d’Afrique, Mister Powell et le percussionniste Jorge Bezzera pénètrent parmi le public, bientôt suivis du contrebassiste Mathias Allaman et enfin de la chanteuse, toute de noir vêtue.
Tous les quatre installent le climat, l’ambiance, la pulsation et le rythme : la soirée commence comme une évidence brésilienne.
Et nous de commencer à battre des mains ensemble et de tous chanter en chœur avec Melle gardot « Ollé, ollé, ollé... »
Berimbau, ce sera la première chanson du set.
Le titre, composé par Baden Powell et Vinicius de Moraes, n’a évidemment pas été choisi au hasard.
Nous les spectateurs, nous nous rendons immédiatement compte que nous allons assister à un grand moment jazzistique.
Devant nous, Melody Gardot et ses trois guys vont nous faire vivre une plongée dans la passionnante tristeza culturelle de ce grand pays.
Ce premier titre est l’occasion d’apprécier une nouvelle fois sans modération aucune sa merveilleuse technique vocale qui procure tant d’émotions, dans un registre très particulier, très doux et très intense en même temps.
Une caresse vocale, comme la plume d’un ara coloré qui viendrait se poser sur votre main.
L’occasion également d’applaudir le premier solo de Philippe Powell, fait d’un toucher délicat lui aussi et de beaucoup de finesse dans la construction.
C’est magnifique, tiré du dernier album en date, ravit ensuite les spectateurs, qui applaudissent dès les premières notes, reconnaissant d’emblée la chanson.
Au cours de cette heure et demi, nous allons écouter deux chansons-hommages, composées par Pierre Barouh, « un ami qui a beaucoup compté pour Baden et Vinicius », nous dira Philippe Powell. La chanteuse rappellera quant à elle combien Pierre Barouh a compté pour Claude Lelouch ("Cha ba da ba da", fredonnera-t-elle…)
Ces deux chansons, créées par leur auteur et Nicole Croisille sont l’amour est bien plus fort que nous, et Un jour sans toi.
Les versions qu’en ont tiré le pianiste et la chanteuse sont tout simplement magnifiques d’intensité musicale et de délicatesse. La tristeza, vous dis-je…
Les spectateurs apprécient en connaisseurs…
Melody Gardot, à l’humour ravageur.
Elle est très drôle, à commenter et présenter ses chansons.
Nous apprendrons ainsi dans Fleurs du dimanche qu’il ne faut surtout pas lui faire livrer des fleurs le dimanche matin, en tout cas pas trop tôt, elle qui vit surtout la nuit.
Rire aussi quand elle nous présente les circonstances qui ont présidé à la composition d’une chanson-hommage à Paris, au swing très marqué, consacrée à la Tour Eiffel. Je n’en dis pas plus, vous l’écouterez bientôt dans le nouvel album…
La chanteuse laisse beaucoup de place à son complice musical, qui va nous interpréter l’une de ses propres pièces musicales. C’est l’occasion pour le facétieux Jorge Bezzera d’utiliser quelques instruments étranges : une bouteille, un gros tube métallique, une longue lame métallique ou un jouet pour chien.
Matthias Allaman va lui aussi nous démontrer sa grande sensibilité musicale à la contrebasse, avec notamment un solo au discours musical très lyrique et très délicat.
D’autres chansons comme notamment This foolish heart could love you, nous parlent d’amour et de ruptures. Des thèmes intemporels.
Melody Gardot, celle qui a le sentiment de ne pas être née au bon endroit et avec la bonne couleur de peau (je la cite), nous fera également chanter avec elle, dans une nouvelle composition très rythmée, la dernière du concert.
Une nouvelle composition qui a débuté dans sa cuisine, en bougeant au milieu des ustensiles.
Bien entendu, ce concert est trop court…
Mais quel privilège de pouvoir se trouver à cinq mètres devant l’une des plus importantes chanteuses de jazz de sa génération, de l’écouter dans un silence quasi-religieux, de rire à ses plaisanteries, et d’avoir les larmes aux yeux en intériorisant les thèmes mélodiques et les paroles de ses nouvelles chansons !
Un moment musical on ne peut plus intense et passionnant, empli d’inoubliables émotions.
Un concert rare.
Et surtout, pour les fleurs, n’oubliez pas. Pas trop tôt le dimanche matin...
Imperceptible, délicat, éthéré, qui conclut en vous procurant de délicieux frissons les lignes vocales de Mélody Gardot.
Ce vibrato qui rend unique la voix grave, chaude, sensuelle de la plus française des chanteuses américaines de jazz.
Une voix qui immédiatement vous envoûte par son timbre feutré, reconnaissable entre tous. Une voix aux pianissimi si profonds.
Melle Gardot est venue nous présenter pour la première fois sur scène quelques titres qui figureront sur son prochain album.
Un album aux résonances une nouvelle fois très brésiliennes. Cette culture brésilienne qui constitue l’une des principales sources d’inspiration de la chanteuse.
Cet album est le fruit d’une collaboration et d’une rencontre avec le très talentueux pianiste et compositeur Philippe Powell, par ailleurs fils du légendaire guitariste Baden Powell.
Une rencontre artistique importante, une complicité musicale qui va très vite nous sauter aux yeux et surtout aux oreilles.
Le concert débute dans la salle même du Duc des Lombards.
Le berimbau à la main, l’arc musical brésilien originaire d’Afrique, Mister Powell et le percussionniste Jorge Bezzera pénètrent parmi le public, bientôt suivis du contrebassiste Mathias Allaman et enfin de la chanteuse, toute de noir vêtue.
Tous les quatre installent le climat, l’ambiance, la pulsation et le rythme : la soirée commence comme une évidence brésilienne.
Et nous de commencer à battre des mains ensemble et de tous chanter en chœur avec Melle gardot « Ollé, ollé, ollé... »
Berimbau, ce sera la première chanson du set.
Le titre, composé par Baden Powell et Vinicius de Moraes, n’a évidemment pas été choisi au hasard.
Nous les spectateurs, nous nous rendons immédiatement compte que nous allons assister à un grand moment jazzistique.
Devant nous, Melody Gardot et ses trois guys vont nous faire vivre une plongée dans la passionnante tristeza culturelle de ce grand pays.
Ce premier titre est l’occasion d’apprécier une nouvelle fois sans modération aucune sa merveilleuse technique vocale qui procure tant d’émotions, dans un registre très particulier, très doux et très intense en même temps.
Une caresse vocale, comme la plume d’un ara coloré qui viendrait se poser sur votre main.
L’occasion également d’applaudir le premier solo de Philippe Powell, fait d’un toucher délicat lui aussi et de beaucoup de finesse dans la construction.
C’est magnifique, tiré du dernier album en date, ravit ensuite les spectateurs, qui applaudissent dès les premières notes, reconnaissant d’emblée la chanson.
Au cours de cette heure et demi, nous allons écouter deux chansons-hommages, composées par Pierre Barouh, « un ami qui a beaucoup compté pour Baden et Vinicius », nous dira Philippe Powell. La chanteuse rappellera quant à elle combien Pierre Barouh a compté pour Claude Lelouch ("Cha ba da ba da", fredonnera-t-elle…)
Ces deux chansons, créées par leur auteur et Nicole Croisille sont l’amour est bien plus fort que nous, et Un jour sans toi.
Les versions qu’en ont tiré le pianiste et la chanteuse sont tout simplement magnifiques d’intensité musicale et de délicatesse. La tristeza, vous dis-je…
Les spectateurs apprécient en connaisseurs…
Melody Gardot, à l’humour ravageur.
Elle est très drôle, à commenter et présenter ses chansons.
Nous apprendrons ainsi dans Fleurs du dimanche qu’il ne faut surtout pas lui faire livrer des fleurs le dimanche matin, en tout cas pas trop tôt, elle qui vit surtout la nuit.
Rire aussi quand elle nous présente les circonstances qui ont présidé à la composition d’une chanson-hommage à Paris, au swing très marqué, consacrée à la Tour Eiffel. Je n’en dis pas plus, vous l’écouterez bientôt dans le nouvel album…
La chanteuse laisse beaucoup de place à son complice musical, qui va nous interpréter l’une de ses propres pièces musicales. C’est l’occasion pour le facétieux Jorge Bezzera d’utiliser quelques instruments étranges : une bouteille, un gros tube métallique, une longue lame métallique ou un jouet pour chien.
Matthias Allaman va lui aussi nous démontrer sa grande sensibilité musicale à la contrebasse, avec notamment un solo au discours musical très lyrique et très délicat.
D’autres chansons comme notamment This foolish heart could love you, nous parlent d’amour et de ruptures. Des thèmes intemporels.
Melody Gardot, celle qui a le sentiment de ne pas être née au bon endroit et avec la bonne couleur de peau (je la cite), nous fera également chanter avec elle, dans une nouvelle composition très rythmée, la dernière du concert.
Une nouvelle composition qui a débuté dans sa cuisine, en bougeant au milieu des ustensiles.
Bien entendu, ce concert est trop court…
Mais quel privilège de pouvoir se trouver à cinq mètres devant l’une des plus importantes chanteuses de jazz de sa génération, de l’écouter dans un silence quasi-religieux, de rire à ses plaisanteries, et d’avoir les larmes aux yeux en intériorisant les thèmes mélodiques et les paroles de ses nouvelles chansons !
Un moment musical on ne peut plus intense et passionnant, empli d’inoubliables émotions.
Un concert rare.
Et surtout, pour les fleurs, n’oubliez pas. Pas trop tôt le dimanche matin...