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Yves Poey
Yves Poey
Mini-Molière du Critique
120 ans
62 espions
espionner Ne plus espionner
Des critiques de théâtre, des interviews webradio, des coups de coeur, des coups de gueule.
Son blog : http://delacouraujardin.over-blog.com/
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Ses critiques

1005 critiques
D'où rayonne la nuit

D'où rayonne la nuit

7/10
4
Le cabaret à la sauce Molière-Lully.

Et réciproquement.

Votre mission, M. Gasiorowsky, si vous l’acceptez, consistera à créer un spectacle musical consacré à deux des plus célèbres Jean-Baptiste ayant jamais existé.

Bien entendu, si vous ou vos comédiens étiez pris en flagrant défaut, l’administration du Français nierait avoir eu connaissance de vos agissements…

Bon, ce n’est peut-être pas en ces termes exacts qu’Eric Ruf a donné carte blanche à Yoann Gasiorowski, mais l’esprit y est…

Le comédien-pensionnaire se propose donc de nous montrer à sa façon la création de l’un de ces fastueux spectacles que la troupe de Molière et les musiciens de Lully donnaient à sa majesté le quatorzième.

Le tout en nous donnant un petit impromptu, à la sauce de tous ces cabarets passés et qui ont fait les beaux jours du Studio-Théâtre, au titre emprunté à Victor Hugo.

Nous arrivons donc dans un Work in progress.

Des comédiens en train de répéter, de s’approprier un spectacle, essayant des « trucs », des costumes, des déplacements. Ils osent !

Nous assistons donc finalement à une création dans la création : le fameux thème du théâtre dans le théâtre.

Vincent Leterme a été réquisitionné une nouvelle fois, pour la partie musicale, avec quatre musiciens « baroqueux », en alternance.
Hier, c’étaient les excellents et talentueux Elena Andreyev, aux deux basses de violon (quatre et cinq cordes), ainsi que Nicolas Wattine au théorbe (de 1,45 mètre, s’il vous plaît…) et à la guitare beaucoup moins longue.

Des airs plus ou moins célèbres ont été sélectionnés et confiés aux comédiens.

Bon, ceux ci-sont honnêtes : on nous précise bien qu’ils vont interpréter ces joyaux de la musique du XVIIème siècle à leur manière.

Le metteur en scène le précise lui-même : « Nous ne sommes pas des spécialistes de ce répertoire... »

Et l’on s’en rend compte assez vite et assez souvent : chanter du baroque, c’est tout un art.

Cependant de beaux moments parsèment cette heure de spectacle, avec notamment les parties en tutti : l’Air des trembleurs, tiré de l'opéra Isis (avec un livret de Philippe Quinault), ou encore le célèbre Chœur des masques chantants, dans Monsieur de Pourceaugnac : « Ne songeons qu’à nous réjouir, la grande affaire est le plaisir. »

Pour autant, et je trouve que c’est là l’un des principaux intérêts de l’entreprise artistique, Yoann Gasiorowski, qui a écrit le texte et qui met en scène ses petits camarades, nous permet de nous éclairer ou nous rafraîchir la mémoire avec ce sujet qui a fait couler beaucoup d’encre : les relations entre les deux créateurs : le Jean-Baptiste dramaturge, et l’autre, musicien.

Sans avoir l’air d’y toucher, nous est fait passer un message historique tout à fait convaincant. De l’osmose complète entre les deux immenses artistes, à la rupture brutale et définitive.

Nous allons rire. Souvent.

Avec des moments de comédie très réussis : l’auteur du texte qui se trompe lui-même dans les dates et les événements, une scène de clystères qui semblent terrifier Serge Bagdassarian (qui par ailleurs revêtira une nouvelle fois le devant d’une bien belle robe), ou encore les espiègleries de Birane Ba et de Claïna Clavaron.

Au final, on passe un bon moment, dans le cadre de ces hommages-maison à M. Poquelin.
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Les soeurs bienaimé

Les soeurs bienaimé

8/10
7
Mes bien chères sœurs, mes bien chères sœurs,

Reprenez ce vieux toit toutes en chœur ?



Pas si simple...

Bienvenue en pays cévenol !

Bienvenue dans cette vieille bergerie ayant connu des jours meilleurs, et qui appartient aux sœurs Bienaimé.

Michèle et Pascale.

Deux frangines qui ne se sont pas vues depuis une vingtaine d’années, séparées en assez mauvais termes.

Michèle, infirmière, est restée sur place, pas très loin de la propriété familiale.

Pascale a gagné la capitale, a épousé un galeriste.

Mais aujourd’hui, Pascale revient. Avec de nouveaux projets.

Seulement Michèle ne sera pas forcément en phase avec sa petite sista.

Entre les deux filles, nous ferons la connaissance de Rémy Fouillard, copain d’enfance, berger-éleveur de chèvres de son état.

Brigitte Buc a écrit une comédie douce-amère, dans laquelle elle va nous présenter trois personnages hauts en couleurs et fort attachants.

Durant une heure et demie, nous assistons à des retrouvailles, certes géographiques, mais également et peut-être surtout familiales des deux frangines. Une sororité au sens premier du terme à retrouver.

Des non-dits, des rancœurs, des rancunes mêmes peuvent exister, et en l’occurrence existent.

On peut être sœurs, avoir été très proches, avoir passé ensemble la même enfance, avoir eu les mêmes parents, les souvenirs que l’on de cette enfance-là peuvent fortement différer.

Avec une écriture qui va distiller petit à petit les principales informations concernant les trois personnages, l’auteure nous propose trois beaux portraits humains.

Certes, nous allons rire, souvent même, mais nous ne pourrons faire autrement que de ressentir beaucoup d’empathie pour ces deux femmes, et ressentir un grand intérêt pour découvrir petit à petit leur histoire.

Car Brigitte Buc nous distille au compte-goutte ce que nous avons à savoir. Les morceaux du puzzle se mettent en place au fur et à mesure…
En compagnie de Gersende Michel, elle assure la mise en scène, dans une belle scénographie, où le monde de l’enfance sera évoqué de bien belle façon.

La progression dramaturgique est réussie, même si l’on sait ici que je ne suis pas plus fanatique que cela des noirs-plateau. Pour autant, les judicieux parti-pris fonctionnent bien.

Pour son retour sur les planches, Valérie Lemercier campe avec la présence, le charisme et également la vis comica qu’on lui connaît cette sœur aînée.

Cependant, elle nous démontre une nouvelle fois sa capacité à dépasser « la grosse cavalerie » pour interpréter avec beaucoup de subtilité et de finesse cette Michèle-là.

Bien entendu, ses ruptures, ses mimiques et sa gestuelle toujours étonnantes et irrésistibles, sa capacité à camper un personnage souvent un peu « limite », tout ceci tire bien des rires aux spectateurs, mais ici, la comédienne a su dépasser tout ceci pour donner une vraie profondeur psychologique à sa Michèle.

Son duo avec Isabelle Gélinas fonctionne à la perfection.

Melle Gélinas est en effet l’autre sœur, celle qui est partie, celle qui revient, parce qu’elle ne peut finalement faire autrement.

Elle aussi va faire fonctionner les zygomatiques des spectateurs, elle aussi va nous rappeler sa grande capacité à faire rire, tout en nous intéressant au passé de son personnage.

Au delà de leurs différences, tout le propos pour les comédiennes est de montrer au fur et à mesure de ces quatre-vingts minutes ce qu’elles ont en commun.

Et puis au milieu des deux filles, Patrick Catalifo est parfait dans son personnage de paysan bourru, ronchon, peinant à avouer ses sentiments.

Le comédien est lui aussi épatant dans son rôle qui consiste à tenter de faire le lien entre les deux, à servir de «tampon » entre les deux, brinquebalé entre les deux sœurs…

On passe donc un très bon moment au Théâtre Antoine, avec ce trio de personnages qui nous réserve bien des surprises, et ces comédiens dont l’excellence n’est plus à démontrer...

Sinon, les amateurs de pull Jacquard, de flamenco, de castagnettes et surtout de sirtaki se régalent !

Es la historia de un amor,
Como no hay otra iguál,
Que me hizo comprender...
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Une mort dans la famille

Une mort dans la famille

10/10
7
Ashes to ashes. But not funk to funky…

La mort. Omniprésente dans cette famille privée du père et mari décédé. L’urne funéraire est posée sur un buffet.
Une mère qui se débrouille comme elle peut, (la toujours formidable Catherine Vinatier) faisant bouillir à elle seule la marmite, un ado rebelle, frondeur, et une petite sœur qui prend le même chemin.

Et puis la grand-mère, qui revient d’un EHPAD dans lequel elle ne supportait plus de résider.
Et pourtant, va se poser pour elle la question de la fin de vie.

Elle ne peut rester seule au domicile familial, elle va devoir intégrer un autre EHPAD un peu plus « haut de gamme » et donc plus onéreux.

Avec cette pièce, Alexander Zeldin nous montre ce que nous ne voyons jamais, ce que la société se refuse à voir : la vie dans un établissement dans lequel les résidents terminent leur existence.

Sans pathos inutile et de mauvais aloi, mais avec un réalisme parfois terrifiant.

L’artiste associé du théâtre de l’Odéon va nous dépeindre avec ce réalisme à couper le souffle ainsi qu’une écriture acérée et sans concession cet endroit caché des yeux du monde.

Un endroit dans lequel on retire leur humanité à ces personnes âgées, les transformant plus ou moins consciemment en espèce de grands et vieux nourrissons aux cheveux blancs.

Un endroit dont l’actualité on ne peut plus récente nous rappelle l’existence et les scandaleux abus.
Si une société se juge à sa manière de traiter ses vieux, ses aînés, alors la nôtre, de société, n’est vraiment pas terrible et ne vaut pas grand-chose.

« Bienvenue » donc dans la résidence Les cèdres.

Durant le spectacle, le public est éclairé. Une partie des spectateurs est assise en arc-de-cercle, pratiquement sur le plateau, avec les mêmes fauteuils que les pensionnaires de cet EHPAD. Serions-nous nous aussi des pensionnaires ?

Le parti-pris dramaturgique est fort judicieux.

L’admirable Marie-Christine Barrault est cette grande-mère qui devient résidente de cet établissement, et qui va faire la connaissance de ses voisins-voisines de chambres, de réfectoire et de salle commune.

En compagnie des autres acteurs, elle va nous bouleverser, nous glacer, nous sidérer, nous renvoyer un miroir de notre monde, par moment insoutenable au possible.
Par les yeux de son personnage, nous découvrons, nous prenons conscience, nous sommes confrontés à cette réalité de la fin de l’existence, souvent insoutenable, parfois volontairement ou pas génératrice de sourires.

La comédienne, avec ses magnifiques cheveux blancs, de plus en plus détachés au fur et à mesure que les deux heures et dix minutes s’écoulent, comme un symbole, la comédienne nous incarne, purement et simplement.
Cette grand-mère, c’est nous autres, frères et sœurs humains, ou ce sera nous autres, dans des temps à venir.

Alexander Zeldin, dans sa vision sociale du théâtre, réunit des comédiens professionnels avec des amateurs, âgés de plus de quatre-vingts ans.
Cette rencontre et cette mixité vont eux aussi contribuer à l’extraordinaire réalisme-témoignage de ce spectacle.

Toutes ces personnes, ce sont nos parents, nos grands parents.
Et puis, je me répète, il le faut, on ne peut s’empêche de se projeter : ces résidents, et si nous étions à leur place, dans un futur plus ou moins proche ?

La merveilleuse Annie Mercier est une autre pensionnaire.

De sa voix grave, rocailleuse, elle incarne cette femme forte en gueule, au verbe haut.

Mais seule. Terriblement seule.

Elle nous fait rire, Melle Mercier, mais bien entendu, les rires que l’on entend sont bien vite ravalés : nous, dans le public, on se rend compte très vite du pourquoi et du comment de ces rires, et une certaine gêne ne peut que se manifester.

Thierry Bosc campe également de façon magnifique cet homme âgé probablement atteint de pathologie dégénérative, lui aussi définitivement seul, ayant besoin de se souvenir, de retrouver le contact avec le corps de l’être qu’il aima naguère.

Les corps vieillis seront montrés, dans leur nudité, celle que nous ne voyons jamais.

Des corps pour autant magnifiques, eux aussi bouleversants, qui nous rappellent encore une fois notre humanité.

Des corps qui existent ! Dans notre société, il n’y a pas que les jeunes mannequins filiformes !

Alexander Zeldin ne nous cache décidément rien, et c’est tant mieux.

Nicole Dogué et Karidja Touré incarnent deux membres du personnel.

Les deux comédiennes sont elles-aussi épatantes, à jouer le rôle de ces deux personnages qui font de leur mieux, pleines de bonne volonté et de compassion, animant des « ateliers d’expression orale », ou des fêtes où elles coiffent les aînés de petits chapeaux pointus en carton.

Et puis la mort.

Dans sa démarche de totale vérité, Alexander Zeldin nous montre aussi de façon dramatique et poétique la disparition.

Au cours d’une douzaine de scènes, séparées par des noirs-plateaux aux nappes musicales synthétiques assourdissantes, durant lesquels le décor hyper-réaliste est changé (nous comprendrons comment à la toute fin, le metteur en scène rend ainsi hommage aux techniciens de la salle), rien ne nous est caché.

Même si parfois ce que nous voyons est difficile à supporter émotionnellement (j’ai eu parfois les larmes aux yeux), même si le sujet est de ceux qui peuvent rebuter, voire effrayer, il faut absolument assister à ce spectacle-vérité, à ces deux cent-trente minutes qui nous confrontent à un quotidien souvent pitoyable.

C’est une entreprise artistique primordiale, nécessaire, qui raconte une réalité sociale et sociologique dramatique, souvent insupportable, sans pour autant ne jamais oublier les codes théâtraux.

Un spectacle coup-de poing qui nous questionne toutes et tous sur la fin de vie, celle de nos proches et la nôtre, ainsi que ces endroits que bien souvent l’on a raison de qualifier de mouroirs.

Un moment de théâtre incontournable.
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L'avare, avec Michel Boujenah

L'avare, avec Michel Boujenah

9/10
25
La peste soit de l’avarice, certes, mais pas de cet avaricieux-là !

Un avare en hiver.

Il neige sur Paris. Il fait froid. Un temps à ne pas mettre un radin dehors !

Un joueur d’orgue de Barbarie a pourtant bravé ce temps de chien…

Nous voici dans un logis qui dut être autrefois luxueux, mais qui, à force de ne pas être entretenu (on devine bien pourquoi…), est en piteux état : peintures défraîchies, plafond crevé laissant apercevoir les lattes du grenier, volets à claire-voie auxquels il manque des lames…

Avec une seule cheminée, à l’intérieur d’une minuscule véranda, domaine réservé au seul usage du maître des lieux.

Il me faut immédiatement saluer le magnifique décor de Jean-Pierre Laporte, qui sera mis en valeur par les très belles lumières élaborées par le metteur en scène lui-même, Daniel Benoin.
© Photo Philip Ducap - Fineartphotography



Cet avare, c’est Michel Boujenah, vêtu sévèrement et chichement de noir, coiffé d’une calotte assortie, aux cheveux gris filasses,aux petites lunettes rondes et à la fraise qui a connu des temps meilleurs.

Avec un accent, un débit et un volume sonores qui immanquablement nous font penser à des racines séfarades outre-méditerranée.

Oh, bien entendu, nous ne sommes pas dans « La vérité si je mens », mais cet Harpagon-là m’a évoqué, (et le parallèle est très réussi et complètement assumé) au Shylock shakespearien.

Le curseur est à son exacte position !

Cet homme sera un type acariâtre, colérique, criard, hurleur même, souvent aigri, parfois méchant.

Un homme que la passion de l’argent gardé, thésaurisé a rendu paranoïaque. Appelons un chat un chat.

Michel Boujenah parvient admirablement à nous montrer l’ambivalence de son personnage.
Certes, ce dernier est souvent repoussant, mais on ne peut s’empêcher de ressentir une certaine forme de compassion et d’empathie envers cet homme qui souffre en permanence.

Beaucoup de finesse émane de son jeu et de sa vision de ce ladre.

Oui, le comédien va beaucoup crier.

Pour autant, parmi tous ces cris, il aura une scène dans laquelle il chuchotera (non, vous ne saurez pas laquelle…).
Le metteur en scène, en la faisant interpréter de la sorte, cette scène-là, nous procure un contre-pied saisissant et magnifique. Personne ne s’y attend et c’est passionnant !

Il tire également parti de façon épatante de la faconde, de l’énergie de son comédien tête d’affiche, ainsi que de tous ses irréprochables camarades.

La mise en scène est très physique, très viscérale, dans laquelle les mouvements et la gestuelle sont primordiaux.

Dans cette version du chef d’œuvre de Molière, les corps ont une grande importance.
Des corps qui ancrent dans la réalité la plus humaine ces caractères, ces personnages.


Des corps qui vont se battre, se frapper, se pousser, se repousser, se frotter contre la véranda pour se réchauffer, qui vont tomber, se relever, tituber.

Des corps qui vont se montrer, que nous verrons parfois sans artifice, (c’est drôle ou encore émouvant), renforçant l’ancrage évoqué ci-dessus.

On vibre en permanence avec cette petite troupe d’excellents comédiens qui parviennent tous à exister pleinement auprès de Michel Boujenah.

Une réelle cohérence, une belle cohésion règnent en permanence.

Tous confèrent à la pièce une réelle densité.
Un grand coup de chapeau particulier à Sophie Gourdin qui campe une Frosine elle aussi au verbe haut, aux ruptures étonnantes et irrésistibles, ainsi qu’à Bruno Andrieux, dans le double rôle de La flèche et du seigneur Anselme.

Je n’aurai garde d’oublier de mentionner les magnifiques costumes de Nathalie Bénard-Denoin, qui a transposé l’action dans le milieu du XVIIIème siècle.

Et puis, il y aura la fin du spectacle.
Ou plus exactement les deux fins.

Daniel Benoin a particulièrement soigné le dénouement de la pièce, avec deux séquences on ne peut plus abouties.

Le théâtre dans le théâtre.

C’est par ce biais que nous seront communiquées les fameuses révélations finales qui feront que tout rentrera dans l’ordre naturel des choses.

Avec enfin la toute dernière scène, inhabituelle, jamais montrée. Une scène formidable et très belle sur le plan formel.

L’homme Harpagon devenant un archétype, une icône de l’avarice.

L’idée est épatante et fonctionne à la perfection.
(Et non, je n’irai pas plus avant…)

Voici donc une bien belle entreprise artistique.
C’est un spectacle de très belle facture, l’un de ceux auquel il serait dommage de passer à côté et qui lui aussi rend un bien bel hommage à M. Poquelin !
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Psycause(s) lui

Psycause(s) lui

9,5/10
6
On connaissait le fauteuil de Molière, il faudra désormais compter avec ceux de Josiane Pinson.

Le magnifique K10 orange, designé en 2000 par Toshiyaki Kita pour Cassina, certes, mais également ceux du dernier opus (en date ?) de cette désormais quadrilogie théâtrale qui nous replonge dans les méandres de la psyché humaine !

Deux nouvelle commodités de la consultation, permettant de disséquer cette fois-ci de façon tout aussi drôle et émouvante, tendre et parfois cruelle, les souffrances de l’autre moitié de notre espèce animale : les hommes.


Après avoir enthousiasmé des milliers de spectateurs avec sa trilogie Psy cause(s), Melle Pinson a rencontré un de ces membres du public qui lui a fait part d’une remarque à la fois logique et on ne peut plus pertinente : « Les hommes sont les grands absents de vos spectacles ! »

Le déclic opéra : elle écrirait donc une suite avec cette fois-ci un psy et des patients mâles.

Avec toujours cette plume acérée, allant à l'essentiel, et cette épatante capacité d'installer en quelques mots seulement les différents personnages qui vont se succéder.

Alors évidemment, une question s’est immédiatement posée : qui est-il ce psy-là, quel genre d’homme est-ce ?

Un mari, un fils, un père, un amant, un amoureux, certes.

Certes. Mais un type qui lui aussi a des soucis, des comptes à régler, consciemment ou inconsciemment, un homme sur le fil, qui lui aurait aussi assurément besoin de consulter.

Autre élément déclencheur de cette nouvelle entreprise artistique : Alexis Victor souhaitait depuis un certain temps déjà que Josiane Pinson le dirigeât dans un seul en scène.
L’occasion était trop belle pour ne pas mettre en commun la remarque et le désir : ce psy, et tous ses patients, ce serait pour lui.

Une nouvelle fois, Josiane Pinson va nous démontrer sa grande connaissance du processus analytique.

C’est cette maîtrise qui lui permet d’en rire, certes, un rire sain, intelligent et nécessaire, mais également de nous confronter avec nos propres névroses, psychoses et autres obsessions.

Pour tout vous dire, je me suis vraiment reconnu dans l’un des personnages qui sont venus consulter !

Sur le plateau du Paradis du Lucernaire, deux espaces.
A jardin, celui du thérapeute, avec une petite commode et son fauteuil. A cour, le coin des patients, matérialisé par un divan-méridienne.

Ces deux pôles seront également mis en valeur par les belles lumières de Gil Galiot.

Oui, il sera tout ce petit monde à la fois, Alexis Victor.

Il faut avoir une sacrée palette de jeu pour incarner à la fois un psychanalyste sévère, souvent impassible dans son métier, plus vulnérable dans sa vie privée, et les différents messieurs qui vont se succéder sur le divan !

Le comédien réussit pleinement à camper tous ces personnages, avec une étonnante capacité à changer de posture, de gestuelle et de voix.

La façon que chaque patient a de se tenir sur le divan en dit beaucoup sur la souffrance qui l’y a conduite.

Le corps parle peut-être autant que la voix. De ce point de vue aussi, la mise en scène est très aboutie.

Parfois, Alexis Victor prend une voix grave avec un accent de titi parisien, ce qui accentue le caractère halluciné de ce qu’il nous dit. Pas vrai, Mozart ?

S’il va évidemment interpréter, parler, dire, le comédien doit aussi écouter.

Ceux qui se racontent, et sont censés être à ses côtés, ou bien au téléphone.

Car cette fois encore, le portable est un accessoire indispensable à la dramaturgie.

Avec notamment des textos qui apparaissent sur un petit cadre immaculé au lointain. Le procédé fonctionne à la perfection.

Ceux qui ne sont pas là physiquement sont pourtant présents en voix off, (c’est le cas par exemple d’une certaine demoiselle HP assez manipulatrice, je n’en dis pas plus… Et je me demande si je n’ai pas reconnu la voix de la maman...), soit sont dans la tête du psy (sa propre voix, toujours off, qui commente de façon très drôle ce qu’on lui expose)

Et puis, il y a des personnages silencieux, comme certains interlocuteurs téléphoniques. Ce sont les réponses du comédien qui infèrent la totalité du dialogue.

Les transitions entre les différents saynètes sont toujours aussi fluides, les morceaux du puzzle se mettent ainsi subtilement en place. Stéphane Corbin illustre musicalement ces transitions-là, avec des petits tangos très révélateurs.

A chaque fois, le comédien parvient de façon épatante à incarner ces types qui souffrent et qui exposent leur souffrance.

On rit beaucoup, certes, mais on est souvent très touché, très ému par ce que nous recevons.

Je ne vous cache pas qu’un certain trouble m’a saisi, à plusieurs moments, en étant en totale empathie avec tel ou tel patient.
Est-ce parce que je fais partie de cette gent masculine-là ?

Je n'aurai garde d'oublier de tirer un grand coup de chapeau au régisseur maison, qui doit lancer un très grand nombre de séquences son, vidéo ou lumières !

Il faut absolument aller découvrir ce quatrième opus, même si vous n’avez pas assisté aux précédents.
Josiane Pinson et Alexis Victor nous proposent un spectacle à nul autre pareil.

Un intelligent et passionnant moment de théâtre !

Sinon, les complexes inconscients de castration et d’analité, c’est grave, Docteur ?
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