Ses critiques
11 critiques
9/10
Petit fonctionnaire de Saint-Pétersbourg, Aksenty Ivanovitch Poprichtchine habite avec Mavra, sa domestique et confidente qui l’écoute raconter ses tourments et la vie meilleure à laquelle il aspire. Se proclamant comme meilleur tailleur de plumes de toute la ville, Aksenty passe son existence entre le bureau et les murs de son appartement. Personnage solitaire, ce dernier se perd dans l’imagination et la rêverie pour fuir la monotonie de son quotidien…
Dans l’intimité de la salle Paradis du Lucernaire, les spectateurs se heurtent directement au personnage d’Aksenty Ivanovitch Poprichtchine (formidable Ronan Rivière) qui les attend là, sur le plateau ; tête baissée, genoux repliés sur soi. Tout dans son attitude annonce le mal être et la solitude de ce personnage haut en couleurs et irrésistiblement attachant.
En effet, Aksenty n’a pour seul refuge que son imaginaire complètement loufoque qui lui permet de s’échapper de la vraie vie. Si au début, on rit de bon coeur, petit à petit, l’on comprend qu’Aksenty est enfermé en lui-même et souffre de schizophrénie aigüe : le personnage perd tout simplement le sens de la réalité et les tentatives désespérées de Mavra pour le ramener sur terre sont vaines.
Ronan Rivière fait de Poprichtchine un personnage extrêmement touchant, funambule des émotions, oscillant en permanence entre rire et larmes. A travers lui, est montré le mal être d’une société, d’une classe sociale, de toutes ces petites gens qu’on ne remarque pas, qu’on écoute pas : Poprichtchine est intemporel et sa douleur traverse les époques. Amélie Vignaux est une Mavra formidable, peinée et attendrie par celui avec qui elle partage le même toit et qui voit en elle plus qu’une domestique : une véritable amie et confidente.
Les deux comédiens sont accompagnés dans leur folle traversée par un pianiste qui rythme la pièce en interprétant du Prokofiev, conférant à l’atmosphère une tonalité de plus en plus oppressante au fur et à mesure qu’Aksenty, lui, s’enfonce dans la folie. Évoluant dans un décor brut, étrange, dans lequel on a l’impression que la chute peut arriver à tout moment tant le plancher est incliné – les deux comédiens brillent par leur faculté à entraîner les spectateurs dans une multitude d’émotions et de les faire sentir (presque) coupables d’avoir rit du personnage d’Aksenty Poprichtchine.
Ronan Rivière a su parfaitement jouer de l’ambivalence du texte de Gogol, lui offrant une dimension à la fois drôle et touchante.
A voir !
Marie DUMAS
Dans l’intimité de la salle Paradis du Lucernaire, les spectateurs se heurtent directement au personnage d’Aksenty Ivanovitch Poprichtchine (formidable Ronan Rivière) qui les attend là, sur le plateau ; tête baissée, genoux repliés sur soi. Tout dans son attitude annonce le mal être et la solitude de ce personnage haut en couleurs et irrésistiblement attachant.
En effet, Aksenty n’a pour seul refuge que son imaginaire complètement loufoque qui lui permet de s’échapper de la vraie vie. Si au début, on rit de bon coeur, petit à petit, l’on comprend qu’Aksenty est enfermé en lui-même et souffre de schizophrénie aigüe : le personnage perd tout simplement le sens de la réalité et les tentatives désespérées de Mavra pour le ramener sur terre sont vaines.
Ronan Rivière fait de Poprichtchine un personnage extrêmement touchant, funambule des émotions, oscillant en permanence entre rire et larmes. A travers lui, est montré le mal être d’une société, d’une classe sociale, de toutes ces petites gens qu’on ne remarque pas, qu’on écoute pas : Poprichtchine est intemporel et sa douleur traverse les époques. Amélie Vignaux est une Mavra formidable, peinée et attendrie par celui avec qui elle partage le même toit et qui voit en elle plus qu’une domestique : une véritable amie et confidente.
Les deux comédiens sont accompagnés dans leur folle traversée par un pianiste qui rythme la pièce en interprétant du Prokofiev, conférant à l’atmosphère une tonalité de plus en plus oppressante au fur et à mesure qu’Aksenty, lui, s’enfonce dans la folie. Évoluant dans un décor brut, étrange, dans lequel on a l’impression que la chute peut arriver à tout moment tant le plancher est incliné – les deux comédiens brillent par leur faculté à entraîner les spectateurs dans une multitude d’émotions et de les faire sentir (presque) coupables d’avoir rit du personnage d’Aksenty Poprichtchine.
Ronan Rivière a su parfaitement jouer de l’ambivalence du texte de Gogol, lui offrant une dimension à la fois drôle et touchante.
A voir !
Marie DUMAS
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8,5/10
Interruption, texte adapté du livre de Sandra Vizzavona et mis en scène par Hannah Levin Seiderman, est une pièce absolument nécessaire qui aborde sans détour un sujet encore trop souvent tabou : l’avortement.
Sur scène, Pascale Arbillot se glisse dans la peau d’une auteure, Eva, en quête de plusieurs témoignages de femmes ayant eu recours à l’avortement, à commencer par ses propres expériences vécues. Deux autres femmes (incarnées Sanda Codreanu et Kenza Lagnaoui) la rejoignent dans l’intimité d’un appartement-cocon, pour raconter, elles aussi, comment elles ont vécu ce moment.
Prises de paroles à visage découvert, archives INA, enregistrements vocaux – tous les moyens sont bons pour sensibiliser les spectateurs à ce sujet essentiel. Parmi les grandes voix entendues, celle de Gisèle Halimi, de Delphine Seyrig ou encore de Simone Veil ; trois figures majeures dans le combat des femmes pour obtenir le droit à l’IVG, à disposer librement et entièrement de leur corps et à choisir leur maternité.
La mise en scène de Hannah Levin Seiderman permet d’entendre et de mettre en valeur le texte et le sujet abordé. La justesse du jeu des trois comédiennes apposée à celle des archives documentaire, vidéo et audio offre un spectacle efficace, direct et très accessible à toutes et tous.
A voir !
Sur scène, Pascale Arbillot se glisse dans la peau d’une auteure, Eva, en quête de plusieurs témoignages de femmes ayant eu recours à l’avortement, à commencer par ses propres expériences vécues. Deux autres femmes (incarnées Sanda Codreanu et Kenza Lagnaoui) la rejoignent dans l’intimité d’un appartement-cocon, pour raconter, elles aussi, comment elles ont vécu ce moment.
Prises de paroles à visage découvert, archives INA, enregistrements vocaux – tous les moyens sont bons pour sensibiliser les spectateurs à ce sujet essentiel. Parmi les grandes voix entendues, celle de Gisèle Halimi, de Delphine Seyrig ou encore de Simone Veil ; trois figures majeures dans le combat des femmes pour obtenir le droit à l’IVG, à disposer librement et entièrement de leur corps et à choisir leur maternité.
La mise en scène de Hannah Levin Seiderman permet d’entendre et de mettre en valeur le texte et le sujet abordé. La justesse du jeu des trois comédiennes apposée à celle des archives documentaire, vidéo et audio offre un spectacle efficace, direct et très accessible à toutes et tous.
A voir !
7/10
Nous sommes à l’été 1913 lorsque la pièce commence. Dans la chaleur estivale – tel Jean Valjean dans Les Misérables – un homme nommé Ed, ancien prisonnier libéré se battant pour son ami Jacob resté enfermé, traverse l’Amérique pour rencontrer la belle Charmian qui l’a invité dans la Maison du Loup…
Cette dernière est la femme de l’écrivain américain Jack London et espère que l’histoire du détenu, qui l’a émue aux larmes, déclenche chez son mari le désir d’écrire à nouveau. Désespérée, Charmian explique à Ed comment Jack, ce grand auteur engagé, a baissé les bras et comment désormais il erre, en proie à l’ennui, dans l’immense maison qu’il s’est achetée avec l’argent gagné de ces précédents livres.
Ed, qui a lu l'œuvre de London lorsqu’il était en prison et qui admire l’écrivain, découvre un homme taciturne ayant trouvé refuge dans l’alcool. Amer, Jack London ne veut plus écrire au désarroi de son épouse qui, pleine de vie et de fougue, cherche par tous les moyens à lui faire retrouver le chemin de l’inspiration et de l’engagement… Ed se met alors à raconter l’histoire difficile et émouvante de sa vie…
Touché en plein cœur, Jack London retrouvera-t-il le goût d’écrire ? Le récit d’Ed inspirera-t-il un nouveau chef d'œuvre à l’écrivain ?
Le texte de Benoît Solès permet de (re)découvrir la vie de Jack London ; accessible, l’histoire de la Maison du Loup, peut plaire à un public adulte mais aussi, et surtout, à un public familial.
La mise en scène signée Tristan Petitgirard et la très belle scénographie de Juliette Azzopardi plongent immédiatement les spectateurs dans l’Amérique des années 1900 et dans la vie de l’écrivain : la maison en bois, le rocking chair, la vieille chaloupe abandonnée… c’est tout un univers qui enveloppe le public.
En revanche, un jeu plus en nuances et plus doux aiderait peut-être à une plus grande émotion dans la réception du texte… Benoît Solès, Amaury de Crayencour et Anne Plantey portent le texte avec un engagement parfois trop emphatique qui, malheureusement, peut laisser le spectateur à l’écart, extérieur à l’histoire qui se joue devant lui…
Cette dernière est la femme de l’écrivain américain Jack London et espère que l’histoire du détenu, qui l’a émue aux larmes, déclenche chez son mari le désir d’écrire à nouveau. Désespérée, Charmian explique à Ed comment Jack, ce grand auteur engagé, a baissé les bras et comment désormais il erre, en proie à l’ennui, dans l’immense maison qu’il s’est achetée avec l’argent gagné de ces précédents livres.
Ed, qui a lu l'œuvre de London lorsqu’il était en prison et qui admire l’écrivain, découvre un homme taciturne ayant trouvé refuge dans l’alcool. Amer, Jack London ne veut plus écrire au désarroi de son épouse qui, pleine de vie et de fougue, cherche par tous les moyens à lui faire retrouver le chemin de l’inspiration et de l’engagement… Ed se met alors à raconter l’histoire difficile et émouvante de sa vie…
Touché en plein cœur, Jack London retrouvera-t-il le goût d’écrire ? Le récit d’Ed inspirera-t-il un nouveau chef d'œuvre à l’écrivain ?
Le texte de Benoît Solès permet de (re)découvrir la vie de Jack London ; accessible, l’histoire de la Maison du Loup, peut plaire à un public adulte mais aussi, et surtout, à un public familial.
La mise en scène signée Tristan Petitgirard et la très belle scénographie de Juliette Azzopardi plongent immédiatement les spectateurs dans l’Amérique des années 1900 et dans la vie de l’écrivain : la maison en bois, le rocking chair, la vieille chaloupe abandonnée… c’est tout un univers qui enveloppe le public.
En revanche, un jeu plus en nuances et plus doux aiderait peut-être à une plus grande émotion dans la réception du texte… Benoît Solès, Amaury de Crayencour et Anne Plantey portent le texte avec un engagement parfois trop emphatique qui, malheureusement, peut laisser le spectateur à l’écart, extérieur à l’histoire qui se joue devant lui…
8,5/10
Orphée et Eurydice, Sanson et Berger... c'est le parallèle audacieux que tissent Julie Rousseau et Bastien Lucas en musique dans "Toute une vie sans se voir", spectacle mis en scène par Stéphane Olivié Bisson.
Sur scène, les deux comédiens, également auteurs de la pièce, font défiler la vie de Véronique et Michel ; celle qui part acheter des cigarettes pour ne jamais revenir et celui qui reste là, à chanter éternellement ses quelques mots d'amour...
En reprenant les morceaux phares de l'une et de l'autre, Julie Rousseau et Bastien Lucas retracent la correspondance musicale qui unira Sanson et Berger jusqu'à la fin, des années après leur séparation. Avec habileté, les deux comédiens entremêlent les chansons des deux artistes ; accords Berger sur lesquels glissent les paroles de Véronique Sanson et vice-versa, le spectateur (re)découvre à quel point leurs musiques étaient similaires, empruntes d'une même mélancolie, d'un regret commun. Au fil des chansons et des mélodies, narrant en filigrane le mythe d'Orphée et Eurydice, ces amants maudits, Julie Rousseau et Bastien Lucas laissent imaginer les retrouvailles du couple autour d'un même piano et cela en est très touchant.
Il faut ici saluer la qualité musicale de ce spectacle où les deux comédiens jouent du piano et chantent merveilleusement bien. La mise en scène délicate de Stéphane Olivié Bisson permet de mettre pleinement en lumière les acteurs et la partition qu'ils portent chacun : de "Vancouver" à "Seras-tu là" en passant par "Amoureuse" et bien d'autres encore, le spectateur est amené à se replonger avec émotion dans les plus belles chansons d'amour écrites par Véronique Sanson et Michel Berger.
A voir !
Sur scène, les deux comédiens, également auteurs de la pièce, font défiler la vie de Véronique et Michel ; celle qui part acheter des cigarettes pour ne jamais revenir et celui qui reste là, à chanter éternellement ses quelques mots d'amour...
En reprenant les morceaux phares de l'une et de l'autre, Julie Rousseau et Bastien Lucas retracent la correspondance musicale qui unira Sanson et Berger jusqu'à la fin, des années après leur séparation. Avec habileté, les deux comédiens entremêlent les chansons des deux artistes ; accords Berger sur lesquels glissent les paroles de Véronique Sanson et vice-versa, le spectateur (re)découvre à quel point leurs musiques étaient similaires, empruntes d'une même mélancolie, d'un regret commun. Au fil des chansons et des mélodies, narrant en filigrane le mythe d'Orphée et Eurydice, ces amants maudits, Julie Rousseau et Bastien Lucas laissent imaginer les retrouvailles du couple autour d'un même piano et cela en est très touchant.
Il faut ici saluer la qualité musicale de ce spectacle où les deux comédiens jouent du piano et chantent merveilleusement bien. La mise en scène délicate de Stéphane Olivié Bisson permet de mettre pleinement en lumière les acteurs et la partition qu'ils portent chacun : de "Vancouver" à "Seras-tu là" en passant par "Amoureuse" et bien d'autres encore, le spectateur est amené à se replonger avec émotion dans les plus belles chansons d'amour écrites par Véronique Sanson et Michel Berger.
A voir !
9,5/10
"Le Prince de Hombourg" au Théâtre de l'Orme est une véritable expérience offerte pour le spectateur aventureux qui aura su passer l'entrée de la mystérieuse taverne où l'accueillent et l'attendent de pied ferme deux joyeux personnages. Début d'une traversée magique, déambulation insolite dans le théâtre qui devient tour à tour, par enchantement, château, cachot, chambre du roi,...
Permis grâce à une véritable prouesse de jeu et une régie son/lumière en or, ce spectacle complètement immersif nous plonge, le temps d'une heure et demie, dans un univers à part. Alors ouvrez grands vos yeux dans la pénombre ambiante, écoutez attentivement l'histoire qui se joue à vos oreilles et soyez prêts à suivre le Prince de Hombourg...
Permis grâce à une véritable prouesse de jeu et une régie son/lumière en or, ce spectacle complètement immersif nous plonge, le temps d'une heure et demie, dans un univers à part. Alors ouvrez grands vos yeux dans la pénombre ambiante, écoutez attentivement l'histoire qui se joue à vos oreilles et soyez prêts à suivre le Prince de Hombourg...
Oui j'aime beaucoup cette pièce et Ronan Rivière ! Super critique !