Ses critiques
343 critiques
8,5/10
Des portes qui claquent sans arrêt, des cocufiages en veux-tu en voilà, des situations abracadabrantesques… En réunissant tous les codes du boulevard, C’est encore mieux l’après-midi en fait exploser les cadres : menée sur un tempo diabolique par José Paul, habitué du genre, cette comédie explore avec malice les addictions sexuelles de nos politiques. On ne sait plus où donner de la tête en sortant du Théâtre Hébertot : une belle tranche de rire à consommer sans complexe.
La fameuse expression « de 5 à 7 » prend tout sens lorsque l’on suit la vie riche en cachotteries de Richard. Ce célèbre député trompe Madame avec la secrétaire du Premier Ministre dans une chambre d’hôtel à deux pas de l’Assemblée Nationale. Pratique ! Sauf lorsqu’un assistant gaffeur vient faire capoter cette histoire d’adultère bien huilée…
La pièce de Ray Cooney, adaptée avec doigté par Jean Poiret, ne s’embarrasse absolument pas du vraisemblable. Les quiproquos s’enchaînent à une vitesse vertigineuse (accrochez-vous !) et la mécanique implacable des malentendus carbure à plein régime. Attention à l’overdose mais ne boudons pas notre plaisir.
Bande d’obsédés !
En vieux loup de mer, José Paul a soigné une mise en scène aux petits oignons : les personnages sont assaisonnés comme il le faut mais le mérite en revient aux comédiens, tous très à l’aise dans leur rôle. Pierre Cassignard est odieux de lâcheté et de lourdeur en député cochon (mention spéciale à son boxer léopard) ; Lysiane Meis, potiche idéale qui s’accoquine avec des airs faussement effarouchés (dommage que les femmes soient cependant traitées de manière aussi caricaturale) et Rudy Milstein, filou en diable dans la peau du groom avide et complice.
La palme d’or revient toutefois à l’ineffable Sébastien Castro : le Droopy de la comédie fait des merveilles en Gaston Lagaffe embarqué dans des situations ubuesques. On se demande tout le temps comment il va bien pouvoir se sortir du pétrin : ses pirouettes génialement embarrassées déclenchent illico le fonctionnement des zygomatiques.
En outre, le décor élégant et très fonctionnel de Jean-Michel Adam dynamise la mise en scène et la synergie de la troupe : les entrées, sorties, confrontations entre les comédiens gagnent ainsi en piquant.
Finalement, cette bande d’énergumènes lubriques n’en finit pas de nous surprendre. On y court !
La fameuse expression « de 5 à 7 » prend tout sens lorsque l’on suit la vie riche en cachotteries de Richard. Ce célèbre député trompe Madame avec la secrétaire du Premier Ministre dans une chambre d’hôtel à deux pas de l’Assemblée Nationale. Pratique ! Sauf lorsqu’un assistant gaffeur vient faire capoter cette histoire d’adultère bien huilée…
La pièce de Ray Cooney, adaptée avec doigté par Jean Poiret, ne s’embarrasse absolument pas du vraisemblable. Les quiproquos s’enchaînent à une vitesse vertigineuse (accrochez-vous !) et la mécanique implacable des malentendus carbure à plein régime. Attention à l’overdose mais ne boudons pas notre plaisir.
Bande d’obsédés !
En vieux loup de mer, José Paul a soigné une mise en scène aux petits oignons : les personnages sont assaisonnés comme il le faut mais le mérite en revient aux comédiens, tous très à l’aise dans leur rôle. Pierre Cassignard est odieux de lâcheté et de lourdeur en député cochon (mention spéciale à son boxer léopard) ; Lysiane Meis, potiche idéale qui s’accoquine avec des airs faussement effarouchés (dommage que les femmes soient cependant traitées de manière aussi caricaturale) et Rudy Milstein, filou en diable dans la peau du groom avide et complice.
La palme d’or revient toutefois à l’ineffable Sébastien Castro : le Droopy de la comédie fait des merveilles en Gaston Lagaffe embarqué dans des situations ubuesques. On se demande tout le temps comment il va bien pouvoir se sortir du pétrin : ses pirouettes génialement embarrassées déclenchent illico le fonctionnement des zygomatiques.
En outre, le décor élégant et très fonctionnel de Jean-Michel Adam dynamise la mise en scène et la synergie de la troupe : les entrées, sorties, confrontations entre les comédiens gagnent ainsi en piquant.
Finalement, cette bande d’énergumènes lubriques n’en finit pas de nous surprendre. On y court !
8/10
Après Les Damnés version van Hove, au tour de Christiane Jatahy de chambouler les codes du Français. Attentif au microcosme théâtral, Éric Ruf a su convaincre les grands metteurs en scène du moment de travailler avec sa troupe. En adaptant La Règle du jeu, la Brésilienne poursuit son exploration sur la porosité des genres cinématographique et dramatique. Ce spectacle hybride décuple notre plaisir voyeuriste et se plaît à proposer un jeu de piste entre fiction et réel qui souligne le faste de la maison de Molière.
Jatahy donne le la dès le lever de rideau ; où plutôt lorsque l’écran géant commence à projeter un film. La caméra en plan subjectif invite le spectateur à pénétrer dans les arcanes d’une fête chatoyante et pleine de surprises. Les invités triés sur le volet papotent, se font la bise et se réunissent pour célébrer le retour en fanfare d’André Jurieux, un navigateur héroïque qui a traversé la Méditerranée en sauvant des émigrés. La soirée ne fait que commencer…
Renoir convoque Marivaux et Musset dans son film : ces références au répertoire ainsi que la réappropriation des classiques sont autant de questionnements qui passionnent la metteur en scène. Ces chassés-croisés amoureux, entre cocufiage, révélations et renonciations, donnent le tournis et servent d’écrin à la beauté des lieux. Jatahy explore littéralement de fond en comble les loges, les façades, les couloirs, les escaliers. Aucun recoin n’est épargné et la Comédie-Française se transforme véritablement en un personnage à part entière. On se retrouve perdu dans ce dédale, en proie à un vertige hagard qui nous désoriente avec un plaisir certain.
Pulsions scopiques
Si la vidéo occupe près de la moitié de la représentation, elle ne s’avère pas théâtrophage. Les deux genres dialoguent avec une fluidité qui joue sur les mises en abyme à gogo : pièce dans la pièce dans la pièce… La caméra, omnipotente, scrute sans pitié les visages de ces âmes amoureuses, enragées ou désillusionnées. Elle zoome les moindres expressions faciales, carte du Tendre des surprises du désir. Lorsque l’on passe sur le plateau, les corps sont davantage appréhendés dans un mouvement global, d’ensemble. On s’épie, on joue à s’épier, on veut s’épier. Une démarche voyeuriste qui fait mouche.
Jatahy pousse les comédiens à s’encanailler, à lâcher prise, à sortir de leur zone de confort. Une chasse au lapin SM malsaine qui dégénère, un remix un brin alcoolisé des meilleurs tubes de Chantal Goya, du Dalida en mode karaoké… Le quatrième mur vole en éclats et la troupe se démène allègrement parmi un public médusé. Non, non vous ne rêvez pas. Tout cela se passe salle Richelieu.
Cette sauterie-massacre réunit la crème du Français. Depuis quelques années, Jérémy Lopez se voit attribuer des rôles de plus en conséquents et s’impose comme l’un des jeunes les plus prometteurs et polymorphes de la maison. Après Roméo, voici Robert, un maître des lieux un peu schizo et sur la brèche. La gravité mélancolique et l’angoisse de la solitude siéent bien au trentenaire. Il retrouve Suliane Brahim, sa Juliette, fébrile et si farouche à la fois. Elsa Lepoivre campe une maîtresse à la dérive avec aplomb ; Jérôme Pouly un éternel numéro 2 charismatique ; Serge Bagdassarian une Zaza ultra extravertie et Laurent Lafitte un héros belle gueule qui joue parfaitement les golden boys. Du lourd, on vous dit.
Jatahy donne le la dès le lever de rideau ; où plutôt lorsque l’écran géant commence à projeter un film. La caméra en plan subjectif invite le spectateur à pénétrer dans les arcanes d’une fête chatoyante et pleine de surprises. Les invités triés sur le volet papotent, se font la bise et se réunissent pour célébrer le retour en fanfare d’André Jurieux, un navigateur héroïque qui a traversé la Méditerranée en sauvant des émigrés. La soirée ne fait que commencer…
Renoir convoque Marivaux et Musset dans son film : ces références au répertoire ainsi que la réappropriation des classiques sont autant de questionnements qui passionnent la metteur en scène. Ces chassés-croisés amoureux, entre cocufiage, révélations et renonciations, donnent le tournis et servent d’écrin à la beauté des lieux. Jatahy explore littéralement de fond en comble les loges, les façades, les couloirs, les escaliers. Aucun recoin n’est épargné et la Comédie-Française se transforme véritablement en un personnage à part entière. On se retrouve perdu dans ce dédale, en proie à un vertige hagard qui nous désoriente avec un plaisir certain.
Pulsions scopiques
Si la vidéo occupe près de la moitié de la représentation, elle ne s’avère pas théâtrophage. Les deux genres dialoguent avec une fluidité qui joue sur les mises en abyme à gogo : pièce dans la pièce dans la pièce… La caméra, omnipotente, scrute sans pitié les visages de ces âmes amoureuses, enragées ou désillusionnées. Elle zoome les moindres expressions faciales, carte du Tendre des surprises du désir. Lorsque l’on passe sur le plateau, les corps sont davantage appréhendés dans un mouvement global, d’ensemble. On s’épie, on joue à s’épier, on veut s’épier. Une démarche voyeuriste qui fait mouche.
Jatahy pousse les comédiens à s’encanailler, à lâcher prise, à sortir de leur zone de confort. Une chasse au lapin SM malsaine qui dégénère, un remix un brin alcoolisé des meilleurs tubes de Chantal Goya, du Dalida en mode karaoké… Le quatrième mur vole en éclats et la troupe se démène allègrement parmi un public médusé. Non, non vous ne rêvez pas. Tout cela se passe salle Richelieu.
Cette sauterie-massacre réunit la crème du Français. Depuis quelques années, Jérémy Lopez se voit attribuer des rôles de plus en conséquents et s’impose comme l’un des jeunes les plus prometteurs et polymorphes de la maison. Après Roméo, voici Robert, un maître des lieux un peu schizo et sur la brèche. La gravité mélancolique et l’angoisse de la solitude siéent bien au trentenaire. Il retrouve Suliane Brahim, sa Juliette, fébrile et si farouche à la fois. Elsa Lepoivre campe une maîtresse à la dérive avec aplomb ; Jérôme Pouly un éternel numéro 2 charismatique ; Serge Bagdassarian une Zaza ultra extravertie et Laurent Lafitte un héros belle gueule qui joue parfaitement les golden boys. Du lourd, on vous dit.
6/10
Pour ses quatre-vingt-dix printemps, l’incorrigible Judith Magre relève le défi d’interpréter du Duras. Une aventure dans les méandres énigmatiques de la psyché avec L’Amante anglaise. Au Lucernaire, Thierry Harcourt la dirige avec une espièglerie entêtée qui parvient partiellement à gommer les bavardages répétitifs de la pièce.
On ne saura jamais vraiment pourquoi Claire Lannes a décidé de massacrer et de découper en morceaux sa cousine Marie-Thérèse Bousquet. On peut seulement supposer. Un homme (Jean-Claude Leguay, à l’écoute,tendu) l’interroge car il veut comprendre le pourquoi du crime. Duras n’a jamais aimé donner de réponses. Elle préfère laisser planer le doute tout en construisant sa pièce comme une enquête policière dont les fils tisseraient une toile d’araignée menant à la résolution de l’affaire. Les pièces du puzzle s’effleurent dangereusement sans parvenir à établir une connexion satisfaisante. Les explications rationnelles du mari (Jacques Frantz, pathétique et désemparé) retardent l’entrée en scène de la meurtrière. Il faudra attendre la moitié du spectacle pour que la reine Judith Magre fasse son apparition. C’est long.
Judith et Holopherne
Duras joue un peu trop avec les nerfs du spectateur : elle s’écouter parler et le mystère opaque des débuts se dissout en un galimatia : Thierry Harcourt a su respecter le tempo lancinant de la pièce mais le rythme en pâtit. La mise en scène, élégante et intrigante avec ses effets d’ombre et de lumière subtilement dosés, n’en demeure pas moins très classique. Il a su heureusement choisir des partenaires en or. Quand Judith Magre pointe le bout de son nez, le temps s’arrête. Elle colore le personnage de Claire d’une teinte complexe : si accessible et si inatteignable. Harcourt transforme le polar en jeu du chat et de la souris : malicieuse et effrontée, la comédienne sait tenir tête avec panache. Ses gamineries de petite fille opèrent un contraste saisissant avec la monstruosité pas vraiment ordinaire de cette femme qui se confie avec un plaisir non dissimulé. On comprend parfaitement à la fin de la pièce que Claire ne souhaite qu’un peu d’attention, d’écoute et de réconfort, elle qui aura mené une vie léthargique après la mort de l’amour de sa vie…
On ne saura jamais vraiment pourquoi Claire Lannes a décidé de massacrer et de découper en morceaux sa cousine Marie-Thérèse Bousquet. On peut seulement supposer. Un homme (Jean-Claude Leguay, à l’écoute,tendu) l’interroge car il veut comprendre le pourquoi du crime. Duras n’a jamais aimé donner de réponses. Elle préfère laisser planer le doute tout en construisant sa pièce comme une enquête policière dont les fils tisseraient une toile d’araignée menant à la résolution de l’affaire. Les pièces du puzzle s’effleurent dangereusement sans parvenir à établir une connexion satisfaisante. Les explications rationnelles du mari (Jacques Frantz, pathétique et désemparé) retardent l’entrée en scène de la meurtrière. Il faudra attendre la moitié du spectacle pour que la reine Judith Magre fasse son apparition. C’est long.
Judith et Holopherne
Duras joue un peu trop avec les nerfs du spectateur : elle s’écouter parler et le mystère opaque des débuts se dissout en un galimatia : Thierry Harcourt a su respecter le tempo lancinant de la pièce mais le rythme en pâtit. La mise en scène, élégante et intrigante avec ses effets d’ombre et de lumière subtilement dosés, n’en demeure pas moins très classique. Il a su heureusement choisir des partenaires en or. Quand Judith Magre pointe le bout de son nez, le temps s’arrête. Elle colore le personnage de Claire d’une teinte complexe : si accessible et si inatteignable. Harcourt transforme le polar en jeu du chat et de la souris : malicieuse et effrontée, la comédienne sait tenir tête avec panache. Ses gamineries de petite fille opèrent un contraste saisissant avec la monstruosité pas vraiment ordinaire de cette femme qui se confie avec un plaisir non dissimulé. On comprend parfaitement à la fin de la pièce que Claire ne souhaite qu’un peu d’attention, d’écoute et de réconfort, elle qui aura mené une vie léthargique après la mort de l’amour de sa vie…
6/10
Je partage l'avis d'Yves : j'ai eu du mal à reconnaître le ton si grave et violent de la nouvelle. Le parti pris de Lemoine est assumé jusqu'au bout, ça tient la route mais elle est passée à côté du sel du livre je pense...
Mettre en scène relève avant tout du coup de cœur. Foudroyée par Le Bal, Virginie Lemoine a décidé d’adapter la nouvelle révoltée et incisive d’Irène Némirovsky sur scène. Un projet de longue haleine qui aura nécessité quatre ans de travail. Pour quel résultat ? La comédienne tranche pour un parti-pris assumé : celui de la satire grossissante et caricaturale des nouveaux riches snobs et ridicules. En pointant du doigt avec justesse et drôlerie l’inadéquation entre l’être et le paraître, Virginie Lemoine laisse de côté l’enjeu principal du court texte de l’auteur de Suite Française, à savoir l’éclosion vengeresse d’une adolescente qui devient brutalement femme. Quel dommage de ne pas retrouver cette rage noire et féroce qui fait pourtant tout le sel de la nouvelle ! Si cette adaptation demeure plaisante et jouée avec doigté, elle reste trop en surface.
Antoinette étouffe : entre une mère égoïste et cassante, un père démissionnaire et une professeur de piano exigeante et méchante, c’en est trop ! Quatorze ans seulement mais déjà des désirs de femme. Des envies d’amour, de tendresse, d’abandon. Impossible quand votre fille vous infantilise sans cesse ! Le jour où ses parents organisent un bal, Antoinette y voit l’occasion de pouvoir enfin briller. Sauf qu’évidemment, elle n’est pas conviée à la fête… Sa vengeance sera terrible et sans retour.
Noirceur à la trappe
Némirovky ausculte avec une précision folle les affres de l’adolescence, ses revendications sourdes, ses envies de meurtre. La nouvelle se montre d’une violence extrême. Virginie Lemoine édulcore cette noirceur, elle la gomme en privilégiant une farce vaudevillesque. Manœuvre délicate mais abordée avec aisance ici : les faux-semblants sont pointés du doigt avec humour, les caractères exacerbés : Brigitte Faure campe une Mme Kampf absolument irrésistible d’excès en tout genre. Elle occupe l’espace avec gourmandise et sa voix rocailleuse ensorcelle. Le jeu de Serge Noël est moins convaincant car plus monotone ; Françoise Miquelis ne dénote pas en vieille fille aigrie ravie du malheur des autres. Toute cette partie de la pièce fonctionne très bien.
En revanche, dès qu’il s’agit d’aborder le regard introspectif d’Antoinette, les choses se gâtent. Lucie Barret n’a pas à rougir de sa performance mais celle-ci aurait dû être poussée beaucoup plus loin. Cela reste trop gentillet, pas assez éclatant et venimeux.
Dans le décor Art Déco imposant de Grégoire Lemoine, le rire l’emporte clairement sur la colère et la frustration. Un choix que certains taxeront de contresens. On vous conseillera tout de même de lire chaudement la nouvelle originale, bien que cette adaptation ne démérite pas. On a tout de même la sensation d’une lecture déviante qui enrobe l’amertume sous un emballage de rires. Efficace mais réducteur.
Mettre en scène relève avant tout du coup de cœur. Foudroyée par Le Bal, Virginie Lemoine a décidé d’adapter la nouvelle révoltée et incisive d’Irène Némirovsky sur scène. Un projet de longue haleine qui aura nécessité quatre ans de travail. Pour quel résultat ? La comédienne tranche pour un parti-pris assumé : celui de la satire grossissante et caricaturale des nouveaux riches snobs et ridicules. En pointant du doigt avec justesse et drôlerie l’inadéquation entre l’être et le paraître, Virginie Lemoine laisse de côté l’enjeu principal du court texte de l’auteur de Suite Française, à savoir l’éclosion vengeresse d’une adolescente qui devient brutalement femme. Quel dommage de ne pas retrouver cette rage noire et féroce qui fait pourtant tout le sel de la nouvelle ! Si cette adaptation demeure plaisante et jouée avec doigté, elle reste trop en surface.
Antoinette étouffe : entre une mère égoïste et cassante, un père démissionnaire et une professeur de piano exigeante et méchante, c’en est trop ! Quatorze ans seulement mais déjà des désirs de femme. Des envies d’amour, de tendresse, d’abandon. Impossible quand votre fille vous infantilise sans cesse ! Le jour où ses parents organisent un bal, Antoinette y voit l’occasion de pouvoir enfin briller. Sauf qu’évidemment, elle n’est pas conviée à la fête… Sa vengeance sera terrible et sans retour.
Noirceur à la trappe
Némirovky ausculte avec une précision folle les affres de l’adolescence, ses revendications sourdes, ses envies de meurtre. La nouvelle se montre d’une violence extrême. Virginie Lemoine édulcore cette noirceur, elle la gomme en privilégiant une farce vaudevillesque. Manœuvre délicate mais abordée avec aisance ici : les faux-semblants sont pointés du doigt avec humour, les caractères exacerbés : Brigitte Faure campe une Mme Kampf absolument irrésistible d’excès en tout genre. Elle occupe l’espace avec gourmandise et sa voix rocailleuse ensorcelle. Le jeu de Serge Noël est moins convaincant car plus monotone ; Françoise Miquelis ne dénote pas en vieille fille aigrie ravie du malheur des autres. Toute cette partie de la pièce fonctionne très bien.
En revanche, dès qu’il s’agit d’aborder le regard introspectif d’Antoinette, les choses se gâtent. Lucie Barret n’a pas à rougir de sa performance mais celle-ci aurait dû être poussée beaucoup plus loin. Cela reste trop gentillet, pas assez éclatant et venimeux.
Dans le décor Art Déco imposant de Grégoire Lemoine, le rire l’emporte clairement sur la colère et la frustration. Un choix que certains taxeront de contresens. On vous conseillera tout de même de lire chaudement la nouvelle originale, bien que cette adaptation ne démérite pas. On a tout de même la sensation d’une lecture déviante qui enrobe l’amertume sous un emballage de rires. Efficace mais réducteur.
8/10
Au Palais des Sports, il est temps de sortir vos plus beaux pantalons pattes d’eph, vos mocassins argentés à paillettes et vos bodys gainants !
Stéphane Jarny ressuscite Saturday Night Fever, le film culte des années 70 avec une frénésie endiablée. Du rythme, de la sensualité, du peps et de la joie : un cocktail explosif qui enflamme le public ! La sublime et flamboyante Fauve Hautot fait grimper la température et éclipse sans mal Nicolas Archambault, son partenaire de scène falot. C’est parti, le disco va vous mettre en transe !
Stéphanie Mangano et Tony Manero n’ont a priori aucn centre d’intérêt en commun. Elle, une jeune femme ambitieuse qui rêve de percer dans l’édition musicale ; lui, un petit voyou insouciant qui trime dans un garage. Pourtant, leur passion pour la danse va les réunir dans un concours.
Soyons clairs, le livret ne casse pas la baraque, les dialogues sonnent plutôt creux mais là ne réside pas l’essentiel. On nous avait prévenus que ce serait le show non stop et le spectacle tient effectivement toutes ses promesses ! On se trémousse sans arrêt, la musique résonne indéfiniment. Bref, on est là pour shaker son booty ! Stéphane Jarny impose une cadence d’enfer à sa mise en scène ultra dynamique. La scénographie très astucieuse de Stéphane Roy en tournette fluidifie l’action en concentrant l’espace sur un cercle. Rien de très innovant mais c’est efficace.
La bonne idée provient de l’ajout de personnages extérieurs : Gwendal Marimoutou est formidable en Monsieur Loyal-DJ. Sa bonne humeur communicative, son sourire étincelant et sa complicité naturelle avec le public comblent habilement les brèches narratives sans alourdir le récit. Un trio de chanteurs impeccable vient combler les carences vocales du duo phare : Nevedya (lionne à la voix Tina Turnesque) ; Stephan Rizon (crooner né) et Flo Maley (le swing dans la peau). Bravo à eux car ils tiennent tout de même le spectacle sur leurs épaules ! On se régale à écouter de nouveau « Stayin’ Alive », « Night Fever », « If I can’t have you »…
Queen of the night
Mais si la BO tient une part primordiale dans le show, on vient surtout évidemment admirer les chorégraphies au taquet et torrides de Malik Le Nost ! Torses nus, combis ultra moulantes… L’ambiance bouillonnante invite au désir et au plaisir. Et justement, quel plaisir d’admirer la piquante Fauve Hautot qui prend visiblement son pied à chacune de ses apparitions sur scène ! La belle rousse se déchaîne, se donne avec une énergie hallucinante et met le public à ses pieds. C’est elle la reine de la soirée ! Définitivement. Avec sa paire de jambes affriolantes, sa souplesse de chatte et son regard de braise, elle nous hypnotise. Et surprise, elle se révèle tout à fait convaincante dans les instants de pur jeu : sa fraîcheur, son insolence et sa spontanéité font des merveilles. À côté d’elle, Nicolas Archambault ne tient pas du tout la comparaison. Si ses abdominaux émoustillent les sens, ses talents d’interprète laissent sérieusement à désirer. Son zozotement et son accent indéfinissable sont des tue-l’amour : il ne semble pas du tout à l’aise dans ses moments parlés et on espère rapidement qu’il se mette à danser… Au niveau de la danse, les deux se complètent plutôt bien, l’alchimie opère mais Fauve Hautot méritait un partenaire avec un charisme à sa hauteur.
Stéphane Jarny ressuscite Saturday Night Fever, le film culte des années 70 avec une frénésie endiablée. Du rythme, de la sensualité, du peps et de la joie : un cocktail explosif qui enflamme le public ! La sublime et flamboyante Fauve Hautot fait grimper la température et éclipse sans mal Nicolas Archambault, son partenaire de scène falot. C’est parti, le disco va vous mettre en transe !
Stéphanie Mangano et Tony Manero n’ont a priori aucn centre d’intérêt en commun. Elle, une jeune femme ambitieuse qui rêve de percer dans l’édition musicale ; lui, un petit voyou insouciant qui trime dans un garage. Pourtant, leur passion pour la danse va les réunir dans un concours.
Soyons clairs, le livret ne casse pas la baraque, les dialogues sonnent plutôt creux mais là ne réside pas l’essentiel. On nous avait prévenus que ce serait le show non stop et le spectacle tient effectivement toutes ses promesses ! On se trémousse sans arrêt, la musique résonne indéfiniment. Bref, on est là pour shaker son booty ! Stéphane Jarny impose une cadence d’enfer à sa mise en scène ultra dynamique. La scénographie très astucieuse de Stéphane Roy en tournette fluidifie l’action en concentrant l’espace sur un cercle. Rien de très innovant mais c’est efficace.
La bonne idée provient de l’ajout de personnages extérieurs : Gwendal Marimoutou est formidable en Monsieur Loyal-DJ. Sa bonne humeur communicative, son sourire étincelant et sa complicité naturelle avec le public comblent habilement les brèches narratives sans alourdir le récit. Un trio de chanteurs impeccable vient combler les carences vocales du duo phare : Nevedya (lionne à la voix Tina Turnesque) ; Stephan Rizon (crooner né) et Flo Maley (le swing dans la peau). Bravo à eux car ils tiennent tout de même le spectacle sur leurs épaules ! On se régale à écouter de nouveau « Stayin’ Alive », « Night Fever », « If I can’t have you »…
Queen of the night
Mais si la BO tient une part primordiale dans le show, on vient surtout évidemment admirer les chorégraphies au taquet et torrides de Malik Le Nost ! Torses nus, combis ultra moulantes… L’ambiance bouillonnante invite au désir et au plaisir. Et justement, quel plaisir d’admirer la piquante Fauve Hautot qui prend visiblement son pied à chacune de ses apparitions sur scène ! La belle rousse se déchaîne, se donne avec une énergie hallucinante et met le public à ses pieds. C’est elle la reine de la soirée ! Définitivement. Avec sa paire de jambes affriolantes, sa souplesse de chatte et son regard de braise, elle nous hypnotise. Et surprise, elle se révèle tout à fait convaincante dans les instants de pur jeu : sa fraîcheur, son insolence et sa spontanéité font des merveilles. À côté d’elle, Nicolas Archambault ne tient pas du tout la comparaison. Si ses abdominaux émoustillent les sens, ses talents d’interprète laissent sérieusement à désirer. Son zozotement et son accent indéfinissable sont des tue-l’amour : il ne semble pas du tout à l’aise dans ses moments parlés et on espère rapidement qu’il se mette à danser… Au niveau de la danse, les deux se complètent plutôt bien, l’alchimie opère mais Fauve Hautot méritait un partenaire avec un charisme à sa hauteur.