- Théâtre contemporain
- Théâtre Rive Gauche
- Paris 14ème
Le Bal

- Brigitte Faure
- Serge Noël
- Lucie Barret
- Françoise Miquelis
- Pascal Vannson
- Théâtre Rive Gauche
- 6, rue de la Gaité
- 75014 Paris
- Edgard Quinet (l.6), Gaité (l.13)
Paris, années 20. Antoinette vient d'avoir ses quatorze ans.
Elle rêve de participer elle aussi au grand bal qu'organisent ses parents, les Kampf, pour se faire admirer de la haute société. Ils étalent fièrement leur fortune récemment acquise.
Mais sa mère, plus pressée de jouir enfin de cette opulence tant attendue que de faire entrer sa fille dans le monde, refuse de convier Antoinette au bal. La vengeance d'Antoinette, aussi terrible qu'inattendue, tombera comme un couperet, révélant le vrai visage de chacun.
Roman fulgurant et initiatique sur l'enfance et ses tourments, Le Bal est l'un des premiers livres d'Irène Némirovsky, disparue prématurément en déportation, en 1942. Irène Némirovsky a obtenu le Prix Renaudot 2004 pour son œuvre posthume.
Cette pièce est mise en scène par Virginie Lemoine, actrice et humoriste de 55 ans. En ce moment, elle met en scène la comédie musicale 31 à la Comédie des Champs Elysées et joue dans la pièce Piège Mortel au Théâtre La Bruyère.
La critique de la rédaction : 7.5/10. Une pièce assez cruelle. Même s'il peut nous arriver de souhaiter du mal aux gens détestables, quand cela advient, ce n'est pas réjouissant...
Nous découvrions cette histoire d'une famille de nouveaux riches qui veulent en mettre plein la vue à toute l'aristocratie. La mise en scène joue beaucoup sur l'humour pour donner du dynamisme et une nouvelle lecture du roman.
Même si nous avons décroché à deux ou trois reprises, nous avons trouvé que cela fonctionnait assez bien. C'est drôle, nous nous sommes aussi parfois sentis mal à l'aise pour ce couple à qui il arrive bien des mésaventures.
Hélas, dans la dernière partie du Bal, le jeu d'acteurs est trop exagéré. Nous comprenons que certaines personnes ayant lu le roman restent sur leur faim car l'écriture doit être bien plus subtile que les situations caricaturales présentées.
Nous avons été scotchés par la morale sévère, qui donne une image bien triste de l'âme humaine.
Un moment angoissant et divertissant.
Alors oui il y a un parti pris de mise en scène assez outrancière mais ça ne m'a pas dérangé. De même l'actrice qui interprète Antoinette (14 ans) est un peu âgée pour le rôle mais pareil, ça passe comme une lettre à la poste (oh le jeu de mots facile soufflé par mon neveu...). Au demeurant, on a bien envie de faire la même chose qu'elle devant une mère aussi pimbêche. Mon personnage préféré est la prof de musique qui est au premier rang pour assister à la déconfiture de la famille Kampf.
J'ai bien apprécié les décors et les tenues qui paillettent plus qu'un stroboscope dans une discothèque, ça va avec la mise en scène.
La pièce est courte mais se suffit à elle même car bien rythmée et le petit complément apporté en fin de spectacle donne envie de lire plus de romans d'Irène Nemirovski.
Le décor tout d'abord est plutôt soigné et les changements sont bien trouvés. J'ai bien aimé par exemple les changements de décor lorsque l'héroïne prend ses cours de piano. Après ce qui m'a gêné c'est déjà le choix de l'actrice principale qui fait beaucoup plus âgée que le personnage du livre et puis celui de la comédienne qui interprète la mère. Beaucoup trop dans les aigus, beaucoup trop dans les hurlements. Elle ne nuance jamais mais fait toujours preuve de démesure. Tant et si bien qu'elle en devient caricaturale et passe, je pense à côté du personnage qui certes est une personne brutale mais pas uniquement.
En particulier lorsqu'elle se remémore ses souvenirs et nous prend à témoin lorsqu'elle décrit la difficulté de sa condition au départ et le fait qu'elle ait du coucher utile pour arriver au statut social où elle est aujourd'hui et dont personne ne pourra la déchoir. C'était sans compter sur la vengeance de sa fille qui inflige à ses parents une gifle magistrale dont on peut supposer qu'il ne se remettront pas. Intéressant mais encore une fois dommage que le choix des deux comédiennes principales ne soit pas mieux adapté aux personnages du roman.
Enfin, j'ai été particulièrement sensible au discours qui a rendu hommage à Irène Nemirovsky après la fin de la pièce. Cela m'a beaucoup ému et m'a semblé juste.
Le jeu de chacun des comédiens est merveilleux, j'aime beaucoup Brigitte Faure et me suis régalée de cette nouvelle bourgeoise excessive, odieuse avec son enfant, ainsi que de ce professeur de piano, pour autant je ne suis pas ressortie en extase.
L'aparté, après le salut, donne vraiment envie de se plonger dans la lecture de cette auteure.
On la verrait bien dans le rôle de la mère, ou du professeur de piano, et même la fille à cause de l'espièglerie qu'on lui connaît.
Les toiles du décor sont simplement magnifiques et participent à instaurer une atmosphère bourgeoise de parvenus typique du Paris des années 20. Il y a des gens que la richesse transporte. D'autres qui n'oublieront jamais leurs origines et qui resteront aigris quel que soit le niveau de leur réussite sociale. Madame Kampf est de ceux là, souffrant de n'être pas accueillie dans le monde où elle rêverait de briller.
Sa fille (Lucie Barret) aussi mais pour une motivation différente. Antoinette ne cherche pas à en mettre plein la vue, ce qu'elle voudrait, c'est faire ses premiers pas en tant qu'adulte, et tester son potentiel de séduction au lieu de subir les leçons de sa terrifiante professeure de piano (Françoise Miquelis). Ce n'est pas son père (Serge Noël) qui oserait la défendre face aux deux mégères.
L'occasion rêvée se présente puisque sa mère (Brigitte Faure) va donner un bal. Sauf que celle ci ne voudrait pas que la jeune fille lui fasse la moindre ombre. Elle est catégorique : non ma fille tu n'iras pas au bal danser. Pire encore, elle charge la bambine de calligraphier les adresses parce que ses pleins et ses déliés ont l'allure élégante. Elle est au supplice et devra de plus poster le paquet. Elle est jeune mais impulsive et sa rage sera terrible. Je ne dirai pas ce qu'elle a fait mais le cliché ci-dessous est un indice.
Bien fait ! pouvait-on entendre dans la salle.
L'interprétation est exécutée sur le fil avec juste ce qu'il faut de mimiques pour faire rire (le majordome Pascal Vannson est très drôle) mais point trop pour ne pas verser dans le ridicule.
On passe une soirée réjouissante et on apprécie de découvrir (si on ne la connaissait pas encore) une auteure dont l'œuvre a été stoppée en plein essor par les rafles de la seconde guerre mondiale.
L'attribution posthume du Prix Renaudot aura redonné un coup d'éclairage bien mérité à l'oeuvre d'Irène Némirovsky, morte en déportation en 1942, et dont le Bal est un des premiers livres.
Heureusement le récit de la vie de l'auteur au tomber du rideau m'a bien intéressée.