Gilles Dyrek et Eric Bu ont encore frappé.
Cette comédie explore les sentiments mais est tellement loufoque que l'on ne peut pas la qualifier de comédie sentimentale. Oui Georges (Grégori Baquet) a le coeur brisé et rencontre une femme (Mélanie Page), potentiellement sa nouvelle compagne. Mais la myriade de seconds rôles aux prénoms parfois insensés, campés par Marine Dusehu, Stéphane Roux et Etienne Launey fond de cette comédie une comédie absurde, loufoque mais aussi tendre dans un univers dessiné à la Sempé !

La pièce n'a pas ce succès (et ces récompenses) pour rien.
C'est une vrai réussite !
Les auteur, metteur en scène et la troupe nous cueillent dans ce huit clos où le pire de l'âme humaine peut ressortir poussée dans ses derniers retranchements.
Certaines âmes sont philosophes et d'autres empruntes de bonté, au-delà des préjugés.
Le jeu d'acteur est excellent, j'ai un faible pour l'interprétation (et la voix) de Benjamin Egner dans le rôle de Vincent, philosophe et pas que...

Je dois bien l'avouer, je n'avais jamais lu ni vu Le Cid et cette production de l'Artistic Athévains est une bien belle introduction !

Le texte de Corneille bien sûr est un délice et nous rappelle qu'il fut un temps, le mot honneur avait un sens.

La scénographie quasi minimaliste, ses jeux de lumières et reflets suggèrent plus qu'ils ne montrent le cadre de ces scènes tragiques.
Les interprètes sont inégaux, Cédric Colas et Philippe Lebas sont excellents.

L'argument n'était déjà pas vendeur mais la thématique de la discrimination sexiste étant enfin mise en avant, cela méritait d'être vu. Eh bien non. La lutte contre les violences et harcèlement sexuels et sexistes méritait mieux que ce placard.
L'histoire n'est pas crédible une seconde, les travestissements sont caricaturaux... seul le rôle de la stagiaire féministe relève un peu la pièce.
Bref, j'ai perdu une soirée.

La thématique est forte et donne à réfléchir sur l'état de notre civilisation, mais elle est d'une telle violence que j'ai du mal à savoir si j'ai aimé cette pièce.
Assurément je suis content de l'avoir vue pour ce qu'elle dit de notre monde et pour l'introspection, à posteriori, qu'elle initie. Mais sur le moment je ne crois pas avoir pris du plaisir à la voir. Ces "faits divers" que l'on voit habituellement avec le recul de l'écran de télévision ou de cinéma lors d'informations ou documentaires nous sont jetés à la figure sans protection.
La mise en scène est astucieuse et contribue a exacerber la violence, façon série télévisée.
Le bémol est surtout le jeu des acteurs pas très justes.