Ses critiques
20 critiques
8/10
« Je pense que ça va être bien. »
C’est par ces mots que mon voisin prend place à mes côtés.
L’œil gris, la teinte cataracte, il ne me regarde pas vraiment. Mais enchaîne, convivial sous son masque :
- Bon, je suis sourd. Mais je pense quand même que ça va être bien…
Intrigué, je le teste, articulant mais chuchotant presque :
- Comment ça vous êtes sourd ?
- Oui, je ne supporte pas les appareils. ça me donne de l’éczéma lâche-t-il fier de son effet !
N’ayant pu lire sur mes lèvres, j’en conclus qu’André est plus seul que sourd.
Mais nanti de cette image dégueulasse que j’attaque la représentation.
Le texte est incisif. Long mais précis. Il quitte petit à petit sa réelle drôlerie pour nous saisir. Ni vaniteux, ni prosélyte, le ton est juste. Il emmène…
Mon solitaire s’emmerde. Il gigote. J’imagine que les fêtes ont réveillé quelques douleurs d’assise.
Mais il n’a pas tort. Si la pièce est parfois longue, c’est surtout parce que la banquette est duraille.
Le reste est vraiment intense, poignant même. Bluffant d’une performance, d’une âme que l’on doit avoir beaucoup de mal à quitter le soir en se couchant. Quel engagement.
André s’en branle de l’âme, il a mal au cul. Il veut de l’alcool et son pieu. Il veut oublier ses douleurs et mettre son dentier dans le verre à moutarde.
J’oublie André à sa solitude. J’ai envie de relire ce texte, j’ai envie de rire de nouveau. J’ai envie de me faire embarquer encore. De sécher mes larmes, d’aller embrasser l’actrice, de lui dire qu’elle n’est pas cette femme. J’ai envie qu’elle la quitte autant que je ne veux pas l’oublier…
C’est par ces mots que mon voisin prend place à mes côtés.
L’œil gris, la teinte cataracte, il ne me regarde pas vraiment. Mais enchaîne, convivial sous son masque :
- Bon, je suis sourd. Mais je pense quand même que ça va être bien…
Intrigué, je le teste, articulant mais chuchotant presque :
- Comment ça vous êtes sourd ?
- Oui, je ne supporte pas les appareils. ça me donne de l’éczéma lâche-t-il fier de son effet !
N’ayant pu lire sur mes lèvres, j’en conclus qu’André est plus seul que sourd.
Mais nanti de cette image dégueulasse que j’attaque la représentation.
Le texte est incisif. Long mais précis. Il quitte petit à petit sa réelle drôlerie pour nous saisir. Ni vaniteux, ni prosélyte, le ton est juste. Il emmène…
Mon solitaire s’emmerde. Il gigote. J’imagine que les fêtes ont réveillé quelques douleurs d’assise.
Mais il n’a pas tort. Si la pièce est parfois longue, c’est surtout parce que la banquette est duraille.
Le reste est vraiment intense, poignant même. Bluffant d’une performance, d’une âme que l’on doit avoir beaucoup de mal à quitter le soir en se couchant. Quel engagement.
André s’en branle de l’âme, il a mal au cul. Il veut de l’alcool et son pieu. Il veut oublier ses douleurs et mettre son dentier dans le verre à moutarde.
J’oublie André à sa solitude. J’ai envie de relire ce texte, j’ai envie de rire de nouveau. J’ai envie de me faire embarquer encore. De sécher mes larmes, d’aller embrasser l’actrice, de lui dire qu’elle n’est pas cette femme. J’ai envie qu’elle la quitte autant que je ne veux pas l’oublier…
5,5/10
Cet homme avait décidément triché sur ses photos. Quelle idée saugrenue.
Si je pouvais tolérer ses tempes clooneysques, cet embonpoint était de trop. 15 bonnes livres d’écart avec les photos tinder. Une bibliothèque dans le buffet. Ce date allait être long. Heureusement, il y avait théâtre.
Je papillonnais donc, imaginant la pièce que nous allions voir et accrochant les conversations voisines.
A ma gauche, deux couples ou quatre amis, je ne sais pas. Comme moi, ils avaient peur. Mais ils se marraient beaucoup plus :
- Tu remarqueras que plus tu es vieux, mieux il faut choisir sa pièce.
Jean, une tête (d’) archi sympa, taclait à la gorge :
- Regarde la vieille qui déambule. Elle ne peut plus quitter une représentation sans faire chier la moitié de la salle !
- Oh, les gens ne le font plus maintenant, rétorque Juliette, sérieuse comme une journaliste-statisticienne.
- Ahah, tu as raison, il faut une sacrée bonne raison pour faire ça.
Angéla, jusque là calme face à son verre de rouge, s ’anime. L’idée lui plaît beaucoup, son visage devient chaud, son œil rieur. Elle trouve ça futile et drôle. Bref, un bon jeu.
- Allez les gars, on fait la liste ! Allez c’est drôle. Je commence : Alerte à la bombe…
Et les voilà qui couchent sur le papier crépon de la table les plus avouables bonnes ou mauvaises raisons de quitter un spectacle en cours.
Il y a les classiques, les plus plausibles aussi, que l’on confesse à l’oreille de son voisin : Ma femme accouche, Je ne peux plus me retenir, Je suis de garde – j’ai une urgence.
Il y a les douteuses. Plus bancales, l’aplomb est primordial, intimant l’ordre de se lever : Ma mère est morte, J’ai oublié d’éteindre le gaz, J’ai piscine, La peinture doit être sèche, On m’attend à la Santé, Mes croque-monsieurs vont bruler, Excusez-moi, je vais chercher des tomates…
Il y a enfin les théâtrales, celles qui imposent une posture véhémente, notoire, de se lever pour informer. Et surtout du jeu ensuite, pour quitter la salle, investi de son nouveau rôle.
Au choix : Ebola revient ! Sarkozy est réélu ! Fabrice Luchini est mort ! Diana est vivante !
Oui, c’est mon père ? le cœur ? oh malheur, qu’est-il arrivé encore, pardonnez-moi, je suis navré… oh mon pauvre père. Lui si fort…
Ah non ! Qui a fait ça ? C’est vous monsieur ? Mais quelle odeur, c’est insupportable ! Que vous ai-je fait pour que vous m’infligiez cela ?
Sinon la pièce ?
J’ai attendu désespérément que quelqu’un oublie que ce n’est pas la saison des tomates.
Si je pouvais tolérer ses tempes clooneysques, cet embonpoint était de trop. 15 bonnes livres d’écart avec les photos tinder. Une bibliothèque dans le buffet. Ce date allait être long. Heureusement, il y avait théâtre.
Je papillonnais donc, imaginant la pièce que nous allions voir et accrochant les conversations voisines.
A ma gauche, deux couples ou quatre amis, je ne sais pas. Comme moi, ils avaient peur. Mais ils se marraient beaucoup plus :
- Tu remarqueras que plus tu es vieux, mieux il faut choisir sa pièce.
Jean, une tête (d’) archi sympa, taclait à la gorge :
- Regarde la vieille qui déambule. Elle ne peut plus quitter une représentation sans faire chier la moitié de la salle !
- Oh, les gens ne le font plus maintenant, rétorque Juliette, sérieuse comme une journaliste-statisticienne.
- Ahah, tu as raison, il faut une sacrée bonne raison pour faire ça.
Angéla, jusque là calme face à son verre de rouge, s ’anime. L’idée lui plaît beaucoup, son visage devient chaud, son œil rieur. Elle trouve ça futile et drôle. Bref, un bon jeu.
- Allez les gars, on fait la liste ! Allez c’est drôle. Je commence : Alerte à la bombe…
Et les voilà qui couchent sur le papier crépon de la table les plus avouables bonnes ou mauvaises raisons de quitter un spectacle en cours.
Il y a les classiques, les plus plausibles aussi, que l’on confesse à l’oreille de son voisin : Ma femme accouche, Je ne peux plus me retenir, Je suis de garde – j’ai une urgence.
Il y a les douteuses. Plus bancales, l’aplomb est primordial, intimant l’ordre de se lever : Ma mère est morte, J’ai oublié d’éteindre le gaz, J’ai piscine, La peinture doit être sèche, On m’attend à la Santé, Mes croque-monsieurs vont bruler, Excusez-moi, je vais chercher des tomates…
Il y a enfin les théâtrales, celles qui imposent une posture véhémente, notoire, de se lever pour informer. Et surtout du jeu ensuite, pour quitter la salle, investi de son nouveau rôle.
Au choix : Ebola revient ! Sarkozy est réélu ! Fabrice Luchini est mort ! Diana est vivante !
Oui, c’est mon père ? le cœur ? oh malheur, qu’est-il arrivé encore, pardonnez-moi, je suis navré… oh mon pauvre père. Lui si fort…
Ah non ! Qui a fait ça ? C’est vous monsieur ? Mais quelle odeur, c’est insupportable ! Que vous ai-je fait pour que vous m’infligiez cela ?
Sinon la pièce ?
J’ai attendu désespérément que quelqu’un oublie que ce n’est pas la saison des tomates.
8,5/10
- Mais ça pépille ce soir !
Jocelyne montre du doigt à son mari les nombreux enfants dans la salle.
- Non Henri ? tu ne trouves pas qu’il y a beaucoup d’enfants ?
Riton, lunettes au bout du nez, lève péniblement les yeux de son téléphone. Un regard vite fait. Un grognement approbateur plus tard, il retourne à son match. Lui, c’est le tennis. Il regarde Gaël Monfils.
Pour Jocelyne, Monfils est au tennis ce que Marlène Sasseur est au diner de cons : Une bonne vanne, mais délicate à placer.
Sentant son désarroi, Anna, sa voisine, réagit. Elle a quitté un mari presqu’aussi enthousiaste, elle connaît.
- Je suis bien d’accord avec vous. Je viens souvent et j’ai rarement vu autant d’enfants le soir. Même en période de vacances.
- Le spectacle doit être spécial, vous savez ce qui se joue ?
- Ah mais oui. Vous avez raison. Il y a, il me semble, de la magie dedans.
- De la magie ? Génial ! Tu entends Henri ce que dit la dame ?
- …
- Il n’a pas vraiment l’air avec nous votre Henri.
- Une question d’habitude vous savez. Pour le faire réagir, il y a une solution qui marche très bien, regardez – Mais ce ne serait pas Carla Bruni qui arrive là-bas ?
Henri se redresse instantanément. Un suricate en alerte. Le nez levé, la babine sensiblement retroussée, le regard porte au loin, il scrute. On s’attend à l’entendre siffler pour alerter ses congénères.
- Où ça ? je ne la vois pas…
- Ah non… j’ai dû me tromper mon cœur.
- Ce que tu es mauvaise actrice Jocelyne… Et j’ai raté une balle de break en plus.
- Vous voyez Anna, nous sommes presque complices, il m’écoute encore parfois. Mais il faut pour cela que je parle d’une belle femme. De droite.
- Comme Brigitte Macron ?
- Ohhhh, mais vous êtes taquine vous !
Elle ponctue d’une dense bourrade du coude qui secoue un peu la frêle Anna.
La pénombre se crée. Riton s’apprête à rater le 2ème set. Ce stress léger va vite s’estomper. Pour la magie, c’est certain. Pour la beauté aussi.
De la magie, il en est question à double titre dans cette représentation. Celle qui habille l’introduction fait douter, fait rechercher le « truc ». Elle fait sourire aussi, cocasse et rigolote, comme une manière de souligner l’humilité de la posture.
L’autre est celle du théâtre. La pure magie qui fait que, sans un mot, nous voyageons, imaginons, inventons. Sans un mot, par la précision du jeu et de la scène, l’évasion est présente. Les doutes assaillent, titillent agréablement. Et la beauté des instants créés, des jeux de lumière nous envoute. Les yeux grands ouverts, l’émerveillement est constant. Du petit prince à Curwood, de Tatayet aux contes enfantins, voilà bien une heure rare et originale. Une heure pour enfant, qu’il ait grandi ou pas.
Plus enfant, même s’il n’a pas grandi beaucoup, Henri sourit, purement. Ses traits détendus contrastent avec son absorption préalable. Il se moque du résultat, enlace Jocelyne tendrement. Les gestes lents de l'apaisé.
Ce câlin finit, Jocelyne se retourne. Anna a applaudi, enchantée. Elle réalise :
- Ho, mais pardonnez-moi, je réalise que je ne vous ai même pas présenté Gaël, …
Jocelyne montre du doigt à son mari les nombreux enfants dans la salle.
- Non Henri ? tu ne trouves pas qu’il y a beaucoup d’enfants ?
Riton, lunettes au bout du nez, lève péniblement les yeux de son téléphone. Un regard vite fait. Un grognement approbateur plus tard, il retourne à son match. Lui, c’est le tennis. Il regarde Gaël Monfils.
Pour Jocelyne, Monfils est au tennis ce que Marlène Sasseur est au diner de cons : Une bonne vanne, mais délicate à placer.
Sentant son désarroi, Anna, sa voisine, réagit. Elle a quitté un mari presqu’aussi enthousiaste, elle connaît.
- Je suis bien d’accord avec vous. Je viens souvent et j’ai rarement vu autant d’enfants le soir. Même en période de vacances.
- Le spectacle doit être spécial, vous savez ce qui se joue ?
- Ah mais oui. Vous avez raison. Il y a, il me semble, de la magie dedans.
- De la magie ? Génial ! Tu entends Henri ce que dit la dame ?
- …
- Il n’a pas vraiment l’air avec nous votre Henri.
- Une question d’habitude vous savez. Pour le faire réagir, il y a une solution qui marche très bien, regardez – Mais ce ne serait pas Carla Bruni qui arrive là-bas ?
Henri se redresse instantanément. Un suricate en alerte. Le nez levé, la babine sensiblement retroussée, le regard porte au loin, il scrute. On s’attend à l’entendre siffler pour alerter ses congénères.
- Où ça ? je ne la vois pas…
- Ah non… j’ai dû me tromper mon cœur.
- Ce que tu es mauvaise actrice Jocelyne… Et j’ai raté une balle de break en plus.
- Vous voyez Anna, nous sommes presque complices, il m’écoute encore parfois. Mais il faut pour cela que je parle d’une belle femme. De droite.
- Comme Brigitte Macron ?
- Ohhhh, mais vous êtes taquine vous !
Elle ponctue d’une dense bourrade du coude qui secoue un peu la frêle Anna.
La pénombre se crée. Riton s’apprête à rater le 2ème set. Ce stress léger va vite s’estomper. Pour la magie, c’est certain. Pour la beauté aussi.
De la magie, il en est question à double titre dans cette représentation. Celle qui habille l’introduction fait douter, fait rechercher le « truc ». Elle fait sourire aussi, cocasse et rigolote, comme une manière de souligner l’humilité de la posture.
L’autre est celle du théâtre. La pure magie qui fait que, sans un mot, nous voyageons, imaginons, inventons. Sans un mot, par la précision du jeu et de la scène, l’évasion est présente. Les doutes assaillent, titillent agréablement. Et la beauté des instants créés, des jeux de lumière nous envoute. Les yeux grands ouverts, l’émerveillement est constant. Du petit prince à Curwood, de Tatayet aux contes enfantins, voilà bien une heure rare et originale. Une heure pour enfant, qu’il ait grandi ou pas.
Plus enfant, même s’il n’a pas grandi beaucoup, Henri sourit, purement. Ses traits détendus contrastent avec son absorption préalable. Il se moque du résultat, enlace Jocelyne tendrement. Les gestes lents de l'apaisé.
Ce câlin finit, Jocelyne se retourne. Anna a applaudi, enchantée. Elle réalise :
- Ho, mais pardonnez-moi, je réalise que je ne vous ai même pas présenté Gaël, …
8,5/10
Ah ces horaires de théâtre qui permettent de vivre après, que c’est doux. Surtout quand ils vous permettent de profiter du paquet du haut des champs. Double moment culture, je flirte avec le rentable.
Et puis, les affres du COVID. Mauro m’alpague. A sa diction, je devine que son masque m’est salvateur. Il a dû être acteur. Il hésite, tâtonne Mauro.
- Mais Monsieur, vous ne portez pas le masque ?
- Non
- Vous êtes révolutionnaire ?
- Au contraire
- Mais alors, aidez-moi, je suis perdu, je me noie
- Les consignes ont changé. Votre pass vous prémunit.
- Ahhh
Ses épaules se relâchent. Sa tension s’apaise. Je le verrouille définitivement :
- C’est une soirée bas les masques
Il a la référence, me sourit. Son épouse aussi. Dans ce théâtre, on imagine que la moitié des spectateurs connaissent personnellement Mireille Dumas.
Finalement, l’ambiance est assez festive. La salle est pleine, c’est agréable. Elle annonce soit un réseau colossal de la production, soit de l’ingéniosité.
Ce sera définitivement le second point. Ah putain ! que c’est beau l’intelligence.
D’abord, il y a ce texte parfois drôle, souvent élégant. L’idée de départ en est savoureuse, celle d’un conte qui n’est pas pour enfant. Allez au théâtre pour se faire raconter une histoire. C’est l’évidence même, le nécessaire. Enfin un endroit où l’on peut prendre le temps d’écouter pleinement une histoire. Surtout quand l’exigence du texte se retrouve sur scène, dans une quête de beau qui vient soutenir le propos.
C’est une pièce ravissante et intense à la fois. Pas de ces intensités frénétiques où l’on vous martèle, pour acter votre conviction. Une intensité d’émotions, délicates et finalement précises. De celles qui nous accompagnent, nous enveloppent. Des sentiments latents.
Rire de temps en temps, la larme flirtant aussi, le cerveau vagabonde. Mes errances m’angoissaient pendant la pièce. Non pas de fin mièvre, j’avais peur. Il n’en fut rien. La chute souligne finalement la brillance du reste.
A voir, c’est à 18h30, à côté de Christo.
Pas à côté de Mauro, il postillonne.
Et puis, les affres du COVID. Mauro m’alpague. A sa diction, je devine que son masque m’est salvateur. Il a dû être acteur. Il hésite, tâtonne Mauro.
- Mais Monsieur, vous ne portez pas le masque ?
- Non
- Vous êtes révolutionnaire ?
- Au contraire
- Mais alors, aidez-moi, je suis perdu, je me noie
- Les consignes ont changé. Votre pass vous prémunit.
- Ahhh
Ses épaules se relâchent. Sa tension s’apaise. Je le verrouille définitivement :
- C’est une soirée bas les masques
Il a la référence, me sourit. Son épouse aussi. Dans ce théâtre, on imagine que la moitié des spectateurs connaissent personnellement Mireille Dumas.
Finalement, l’ambiance est assez festive. La salle est pleine, c’est agréable. Elle annonce soit un réseau colossal de la production, soit de l’ingéniosité.
Ce sera définitivement le second point. Ah putain ! que c’est beau l’intelligence.
D’abord, il y a ce texte parfois drôle, souvent élégant. L’idée de départ en est savoureuse, celle d’un conte qui n’est pas pour enfant. Allez au théâtre pour se faire raconter une histoire. C’est l’évidence même, le nécessaire. Enfin un endroit où l’on peut prendre le temps d’écouter pleinement une histoire. Surtout quand l’exigence du texte se retrouve sur scène, dans une quête de beau qui vient soutenir le propos.
C’est une pièce ravissante et intense à la fois. Pas de ces intensités frénétiques où l’on vous martèle, pour acter votre conviction. Une intensité d’émotions, délicates et finalement précises. De celles qui nous accompagnent, nous enveloppent. Des sentiments latents.
Rire de temps en temps, la larme flirtant aussi, le cerveau vagabonde. Mes errances m’angoissaient pendant la pièce. Non pas de fin mièvre, j’avais peur. Il n’en fut rien. La chute souligne finalement la brillance du reste.
A voir, c’est à 18h30, à côté de Christo.
Pas à côté de Mauro, il postillonne.
7/10
Tu me crois, tu me crois pas, Hier soir, j’étais au théâtre.
Toi Jean-Louis ? T’es sérieux ?
Ben ouais ! Tu sais, c’est ces histoires de disonsdemain.fr, mon site de rencontre-là.
Ah oui. Et bein, elle devait être sacrément sexy la dame pour que t’ailles au théâtre !
Canon, sexy, chaude presque. Elle s’appelle Sophie, 51 ans, vraiment sympa. Elle aime la Suze tonic et le théâtre !
Ah c’est d’elle que vient l’idée du théâtre ?
Oui, on va dire qu’elle me l’a vivement « suggéré ». Moi, tu penses, la dernière fois que je suis allé au théâtre, j’étais au collège. C’était il y a plus de 40 piges, René !
Et alors ?
C’était chaud ! Bon, déjà, on arrive au théâtre, Claire connaissait tout le monde. Elle a embrassé la moitié de la salle, elle a dit bonjour à l’ouvreuse, la totale. Moi je trouvais ça plutôt sympa. Tu te rends compte, elle me présente ses amis au premier rendez-vous !
Puis la pièce a commencé, c’était ce qu’ils appellent un seul en scène. Un bonhomme seul, tout en noir, a commencé à parler, voire à interagir avec nous. Il nous posait des questions, plutôt sympa le mec. Et le sujet était intéressant : En fait, il analysait ce qui fait que le spectateur réagit, ce qui le rend heureux, presqu’acteur de la pièce finalement. C’était plutôt chouette, et puis ça me valorisait. Bon il parlait vraiment trop vite. Mais c’était intelligent René. Il m’a notamment fait réaliser que le théâtre est un des rares endroits où l’on utilise la vue mais avec son imagination. Au cinéma, tu vois le bateau ou la piscine. Au théâtre, on te dit qu’il est là, que c’en est une. Et tu y crois. C’est vrai hein ?
Pas faux. C’est malin ça.
Ouais, mais après ça a dérapé. Il est passé un peu du mec sympa et ludique au prof de fac qui te fait un cours magistral. Et là j’ai plus rien pipé dedieu ! Que des noms que je ne connaissais pas. Le plus chaud, c’est quand il a demandé dans la salle, nos premiers souvenirs / émotions de théâtre. Quand il m’a demandé, j’ai dit « Molière, les précieuses ridicules ». La salle a éclaté de rire. Sophie aussi. Je ne m’attendais pas à être drôle ! il doit y avoir une blague sur JB Poquelin dans le milieu.
Et puis, il m’a demandé : « quel metteur en scène ? » Et là… tu vois, je ne pouvais pas leur dire que c’était il y a 40 ans, j’avais l’air d’un con…. Alors j’ai dit « C’était ma femme » … t’aurais vu la gueule du mec. Heureusement, il a pas osé relancer !
Merde, Jean-Louis, tu fais encore la technique du veuf pour choper ? T’en as pas marre ?
Bein tu crois quoi René, j’étais assis à côté d’une femme qui connaissait tous les noms qu’il a cité. Moi, je m’en fous. Je me suis dit, tant pis : VATOU. J’ai allumé la mèche. Et ça m’a facilité le débrief. Plutôt qu’elle voit mon ignorance, elle me trouvait fragile. C’est pas beau ça ?
Et alors, tu l’as sauté ?
Ah non ! Ne sois pas vulgaire René !... Mais ça s’est bien terminé… Et puis, tu veux que je te dise ? Je vais retourner au théâtre.
Toi Jean-Louis ? T’es sérieux ?
Ben ouais ! Tu sais, c’est ces histoires de disonsdemain.fr, mon site de rencontre-là.
Ah oui. Et bein, elle devait être sacrément sexy la dame pour que t’ailles au théâtre !
Canon, sexy, chaude presque. Elle s’appelle Sophie, 51 ans, vraiment sympa. Elle aime la Suze tonic et le théâtre !
Ah c’est d’elle que vient l’idée du théâtre ?
Oui, on va dire qu’elle me l’a vivement « suggéré ». Moi, tu penses, la dernière fois que je suis allé au théâtre, j’étais au collège. C’était il y a plus de 40 piges, René !
Et alors ?
C’était chaud ! Bon, déjà, on arrive au théâtre, Claire connaissait tout le monde. Elle a embrassé la moitié de la salle, elle a dit bonjour à l’ouvreuse, la totale. Moi je trouvais ça plutôt sympa. Tu te rends compte, elle me présente ses amis au premier rendez-vous !
Puis la pièce a commencé, c’était ce qu’ils appellent un seul en scène. Un bonhomme seul, tout en noir, a commencé à parler, voire à interagir avec nous. Il nous posait des questions, plutôt sympa le mec. Et le sujet était intéressant : En fait, il analysait ce qui fait que le spectateur réagit, ce qui le rend heureux, presqu’acteur de la pièce finalement. C’était plutôt chouette, et puis ça me valorisait. Bon il parlait vraiment trop vite. Mais c’était intelligent René. Il m’a notamment fait réaliser que le théâtre est un des rares endroits où l’on utilise la vue mais avec son imagination. Au cinéma, tu vois le bateau ou la piscine. Au théâtre, on te dit qu’il est là, que c’en est une. Et tu y crois. C’est vrai hein ?
Pas faux. C’est malin ça.
Ouais, mais après ça a dérapé. Il est passé un peu du mec sympa et ludique au prof de fac qui te fait un cours magistral. Et là j’ai plus rien pipé dedieu ! Que des noms que je ne connaissais pas. Le plus chaud, c’est quand il a demandé dans la salle, nos premiers souvenirs / émotions de théâtre. Quand il m’a demandé, j’ai dit « Molière, les précieuses ridicules ». La salle a éclaté de rire. Sophie aussi. Je ne m’attendais pas à être drôle ! il doit y avoir une blague sur JB Poquelin dans le milieu.
Et puis, il m’a demandé : « quel metteur en scène ? » Et là… tu vois, je ne pouvais pas leur dire que c’était il y a 40 ans, j’avais l’air d’un con…. Alors j’ai dit « C’était ma femme » … t’aurais vu la gueule du mec. Heureusement, il a pas osé relancer !
Merde, Jean-Louis, tu fais encore la technique du veuf pour choper ? T’en as pas marre ?
Bein tu crois quoi René, j’étais assis à côté d’une femme qui connaissait tous les noms qu’il a cité. Moi, je m’en fous. Je me suis dit, tant pis : VATOU. J’ai allumé la mèche. Et ça m’a facilité le débrief. Plutôt qu’elle voit mon ignorance, elle me trouvait fragile. C’est pas beau ça ?
Et alors, tu l’as sauté ?
Ah non ! Ne sois pas vulgaire René !... Mais ça s’est bien terminé… Et puis, tu veux que je te dise ? Je vais retourner au théâtre.