Ses critiques
119 critiques
8/10
Si la musique adoucit les mœurs elle est aussi et surtout, comme toute forme d’art et de culture, une arme d’instruction massive et de résistance passive à la violence. C’est ce que Wilhem Furtwängler, qui a dirigé l’Orchestre philharmonique de Berlin de 1922 à 1945, oppose à Steve Arnold en 1946 lorsque celui-ci est chargé de l’enquête préliminaire au procès en dénazification mené à Berlin après la défaite allemande. L’Américain, sourd à la beauté de la musique, accuse prosaïquement Furtwängler de compromission avec le régime nazi. Le musicien habité et dévoué à son Art affirme quant à lui qu’il s’est refusé à abandonner ses musiciens dont certains étaient juifs, et que l’Art étant apolitique, il n’a pas fui l’Allemagne hitlérienne mais au contraire a continué de servir la musique et la beauté en résistance passive à la violence et l’infamie.
Dans un très beau décor tout en bois, cuir, vieux livres et persiennes à demi closes, Michel Bouquet et Francis Lombrail s’adonnent à une partition tendue entre deux hommes que tout oppose. Francis Lombrail excelle en américain fruste, entier, résolument campé sur ses certitudes de vainqueur. Face à lui, Michel Bouquet est un Wilhem Furtwängler ambigu qui ne s’abaisse pas à se justifier et se contente d’opposer sa conception de l’art, qu’il place au-dessus de tout. Si le comédien parait fatigué et certes moins imposant et altier que l’était sans doute l’homme Furtwängler, il continue d’incarner la supériorité intellectuelle et artistique de l’Europe avec distance et retenue. Face à lui, Françis Lombrail incarne l’Amérique victorieuse et insolente qui accuse sans concession. Autour d’eux, Margaux Van Den Plas et Damien Zanoly sont deux jeunes allemands qui assistent Arnold dans son enquête : partagés entre l’intime conviction d’Arnold et leur fervente admiration du maestro et leur amour de la musique, ils proposent un jeu juste, oscillant entre devoir et fidélité, jeunesse et maturité, et sont accompagnés de Juliette Carré et Didier Brice.
La mise en scène de Georges Werler est simplifiée au minimum et aurait pu apporter plus de tension, de nervosité ou d’électricité entre les deux hommes et l’écriture, directe et démonstrative, aurait gagné à apporter plus de graduation dans l’intensité et de sinuosité dans l’affrontement entre ces deux personnages ; elle n'est pas ceci dit plus dénuée d'humour grâce à des répliques cinglantes et au cynisme caustique des personnages.
A tort et à raison reste une passionnante réflexion sur l’Art et sa position face à la politique, et les diverses formes de résistance opposables à la barbarie. L’art est-il au-dessus de tout et doit-on être prêt à toutes les compromissions pour le défendre et l’incarner ? Loin de fermer le débat, la pièce de Ronald Harwood nous laisse chercher nos propres réponses en chacun de nous.
Dans un très beau décor tout en bois, cuir, vieux livres et persiennes à demi closes, Michel Bouquet et Francis Lombrail s’adonnent à une partition tendue entre deux hommes que tout oppose. Francis Lombrail excelle en américain fruste, entier, résolument campé sur ses certitudes de vainqueur. Face à lui, Michel Bouquet est un Wilhem Furtwängler ambigu qui ne s’abaisse pas à se justifier et se contente d’opposer sa conception de l’art, qu’il place au-dessus de tout. Si le comédien parait fatigué et certes moins imposant et altier que l’était sans doute l’homme Furtwängler, il continue d’incarner la supériorité intellectuelle et artistique de l’Europe avec distance et retenue. Face à lui, Françis Lombrail incarne l’Amérique victorieuse et insolente qui accuse sans concession. Autour d’eux, Margaux Van Den Plas et Damien Zanoly sont deux jeunes allemands qui assistent Arnold dans son enquête : partagés entre l’intime conviction d’Arnold et leur fervente admiration du maestro et leur amour de la musique, ils proposent un jeu juste, oscillant entre devoir et fidélité, jeunesse et maturité, et sont accompagnés de Juliette Carré et Didier Brice.
La mise en scène de Georges Werler est simplifiée au minimum et aurait pu apporter plus de tension, de nervosité ou d’électricité entre les deux hommes et l’écriture, directe et démonstrative, aurait gagné à apporter plus de graduation dans l’intensité et de sinuosité dans l’affrontement entre ces deux personnages ; elle n'est pas ceci dit plus dénuée d'humour grâce à des répliques cinglantes et au cynisme caustique des personnages.
A tort et à raison reste une passionnante réflexion sur l’Art et sa position face à la politique, et les diverses formes de résistance opposables à la barbarie. L’art est-il au-dessus de tout et doit-on être prêt à toutes les compromissions pour le défendre et l’incarner ? Loin de fermer le débat, la pièce de Ronald Harwood nous laisse chercher nos propres réponses en chacun de nous.
6,5/10
La famille d’Alexis Gruss a décidé de s’allier avec la compagnie des Farfadais (Arts aériens) pour créer un spectacle où les mythes de Pégase et Icare s’entrecroisent et se fondent pour servir de fil conducteur à ce nouveau spectacle.
Les tableaux sont le plus souvent jolis et maitrisés et utilisent les deux mythes parallèles : les sangles croisées symbolisent le labyrinthe de Dédale, les cavaliers représentent évidemment Pégase, les contorsions aériennes, la valse aux rubans, les tissus aériens et autres numéros illustrent tour à tour le mythe raconté par la chanteuse Barbara Nicolli, accompagnée de l’orchestres live de Sylvain Rolland. Tour à tour les quatre éléments sont représentés et les numéros alternent avec fluidité arts équestres et aériens.
Si ces disciplines se marient joliment, avec quelques prouesses aériennes ou équestres qui laissent sans voix, je reste cela dit mitigée, notamment par certains costumes (ceux de Barbara Nicolli, sorte de croisement entre Daenerys Targaryen et Athéna), ou l’apparition des créatures chimériques aquatiques, dauphins et pieuvres géants de plastique blanc plutôt vilaines auxquelles je n’ai trouvé aucune poésie ni légèreté.
Je reste également mitigée aussi et surtout par l’accompagnement musical des numéros. En effet, les choix des succès commerciaux comme Adèle, Coldplay, Britney Spears m’ont paru faciles et peu adaptés. L’alternance anglais (chansons) et français (histoire racontée par Barbara Nicolli) me laisse perplexe. Où est sont la création, l’homogénéité, l’intensité et la poésie dans ce mélange au final un peu trop hybride ? C’est dommage, car si les chevaux sont réellement superbes et les numéros équestres impressionnants, il m’a manqué une sorte de poudre magique, d’émerveillement, de sensations.
Il y avait bien la piste, mais passez d’étoiles dans les yeux. En tous cas les miens. Pour les autres, soyons honnêtes : la salle était debout au final. Il en faut pour tous les goûts et c’est très bien comme ça.
Les tableaux sont le plus souvent jolis et maitrisés et utilisent les deux mythes parallèles : les sangles croisées symbolisent le labyrinthe de Dédale, les cavaliers représentent évidemment Pégase, les contorsions aériennes, la valse aux rubans, les tissus aériens et autres numéros illustrent tour à tour le mythe raconté par la chanteuse Barbara Nicolli, accompagnée de l’orchestres live de Sylvain Rolland. Tour à tour les quatre éléments sont représentés et les numéros alternent avec fluidité arts équestres et aériens.
Si ces disciplines se marient joliment, avec quelques prouesses aériennes ou équestres qui laissent sans voix, je reste cela dit mitigée, notamment par certains costumes (ceux de Barbara Nicolli, sorte de croisement entre Daenerys Targaryen et Athéna), ou l’apparition des créatures chimériques aquatiques, dauphins et pieuvres géants de plastique blanc plutôt vilaines auxquelles je n’ai trouvé aucune poésie ni légèreté.
Je reste également mitigée aussi et surtout par l’accompagnement musical des numéros. En effet, les choix des succès commerciaux comme Adèle, Coldplay, Britney Spears m’ont paru faciles et peu adaptés. L’alternance anglais (chansons) et français (histoire racontée par Barbara Nicolli) me laisse perplexe. Où est sont la création, l’homogénéité, l’intensité et la poésie dans ce mélange au final un peu trop hybride ? C’est dommage, car si les chevaux sont réellement superbes et les numéros équestres impressionnants, il m’a manqué une sorte de poudre magique, d’émerveillement, de sensations.
Il y avait bien la piste, mais passez d’étoiles dans les yeux. En tous cas les miens. Pour les autres, soyons honnêtes : la salle était debout au final. Il en faut pour tous les goûts et c’est très bien comme ça.
10/10
S'il est difficile de qualifier ce spectacle hors normes, il est bien plus facile de trouver des adjectifs en pagaille à lancer, comme ça, facilement, en l'air et avec la plus grande sincérité : formidable, excellent, drôle voire drôlissime, bourré de tendresse et souvent émouvant. Je pourrais dire aussi que, juste avant le lever de rideau, quelques ados derrière et à coté de moi, commentaient à l'avance et sans complexe : « c'est quoi le spectacle, maman ? » « Sûr que ça va être nul » « Ouais, t'as lu que c'est bien dans Télérama et tu nous y emmènes, donc c'est nul » (véridique). Je pourrais aussi dire que 3 mamies étaient là et attendaient impatiemment 1) que les ados se taisent 2) que les lumières s'éteignent enfin.
Je pourrais vous dire ça oui. Mais je vous dirai surtout que Cédric Chapuis est un magicien. Un magicien qui réussit à vous embarquer dans l'histoire d'Adrien, un jeune autiste, et de sa passion pour la musique et notamment la batterie. Avec un texte qui est à lui tout seul un bijou d'écriture, les images se forment au fil du récit et l'on se prend d'amour pour cet enfant différent et terriblement touchant (« J'ai accompagné les plus grands musiciens avec des barils de lessive »). L'humour est à la fois omniprésent et subtil, jamais lourd ; il sert de contrepoint à la réalité qu'il décrit (« D'année en année, les élèves de ma classe rajeunissaient ») : on rit, on s'émeut, on frémit, pour ce récit d'une passion dévorante et cette histoire hors normes d'un enfant hors normes.
Cédric Chapuis est un magicien, donc, et son interprétation brillante. Tour à tour émouvant, touchant, nerveux, naïf, étonnant, le comédien-musicien se donne à fond (il termine d'ailleurs en nage), enchaîne texte et morceaux de batterie endiablés sans arrêt. La mise en scène de Stéphane Battle est précise, nette, et permet, avec seulement deux ensembles de batterie qui seront dévoilés l'un après l'autre, un tabouret et des baguettes, de raconter avec une formidable fluidité les détails de cet itinéraire hors du commun. L'itinéraire d'un enfant surdoué, doté par la nature d'un don incroyable et d'une innocence qui le protégera de la cruauté humaine.
Voilà ce que je vous dirai donc. Ah si. Je vous dirai aussi que, à la fin voire tout du long, les ados à coté et derrière ont éclaté de rire à plusieurs reprises. Et je vous dirai aussi que les mamies ont tellement battu la mesure avec gaîté que j'ai cru qu'elles allaient se lever et danser. Que moi qui ne me lève quasiment jamais aux saluts, j'ai fini debout, comme beaucoup d'entre nous (avec les ados) (et les mamies).
Voilà. La batterie, « C'est bien plus qu' un instrument de musique, c'est un coeur qui bat ». Tout comme le spectacle de Cédric Chapuis. Un coeur qui bat et nous transporte.
Je pourrais vous dire ça oui. Mais je vous dirai surtout que Cédric Chapuis est un magicien. Un magicien qui réussit à vous embarquer dans l'histoire d'Adrien, un jeune autiste, et de sa passion pour la musique et notamment la batterie. Avec un texte qui est à lui tout seul un bijou d'écriture, les images se forment au fil du récit et l'on se prend d'amour pour cet enfant différent et terriblement touchant (« J'ai accompagné les plus grands musiciens avec des barils de lessive »). L'humour est à la fois omniprésent et subtil, jamais lourd ; il sert de contrepoint à la réalité qu'il décrit (« D'année en année, les élèves de ma classe rajeunissaient ») : on rit, on s'émeut, on frémit, pour ce récit d'une passion dévorante et cette histoire hors normes d'un enfant hors normes.
Cédric Chapuis est un magicien, donc, et son interprétation brillante. Tour à tour émouvant, touchant, nerveux, naïf, étonnant, le comédien-musicien se donne à fond (il termine d'ailleurs en nage), enchaîne texte et morceaux de batterie endiablés sans arrêt. La mise en scène de Stéphane Battle est précise, nette, et permet, avec seulement deux ensembles de batterie qui seront dévoilés l'un après l'autre, un tabouret et des baguettes, de raconter avec une formidable fluidité les détails de cet itinéraire hors du commun. L'itinéraire d'un enfant surdoué, doté par la nature d'un don incroyable et d'une innocence qui le protégera de la cruauté humaine.
Voilà ce que je vous dirai donc. Ah si. Je vous dirai aussi que, à la fin voire tout du long, les ados à coté et derrière ont éclaté de rire à plusieurs reprises. Et je vous dirai aussi que les mamies ont tellement battu la mesure avec gaîté que j'ai cru qu'elles allaient se lever et danser. Que moi qui ne me lève quasiment jamais aux saluts, j'ai fini debout, comme beaucoup d'entre nous (avec les ados) (et les mamies).
Voilà. La batterie, « C'est bien plus qu' un instrument de musique, c'est un coeur qui bat ». Tout comme le spectacle de Cédric Chapuis. Un coeur qui bat et nous transporte.
7,5/10
Béatrice est une femme encore jeune qui élève seule ses deux adolescentes. Seule, peinant à assumer la charge de ses filles avec ses maigres revenus de nounou pour grabataires, Béatrice se perd dans ses rêves : ouvrir un salon de thé, sortir davantage, voire être heureuse. Ruth sa fille ainée est épileptique, jolie, vive. Mathilda la plus jeune est discrète et effacée, elle étudie l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites.
Un joli bouquet d’actrices qui compose une pièce à la beauté douce-amère. En mère-ogresse qui utilise ses filles (elles lui grattent le dos, ratent l’école pour s’occuper de la maison), monstre d’égoïsme entièrement centrée sur ses propres frustrations mais persuadée d’être une bonne mère, Isabelle Carré réussit à incarner toutes les contradictions d’une perverse narcissique aux épines vénéneuses. Charme, piques acérés, réflexions blessantes, pleurs, victimisation, câlins et pardons accordés mais vite oubliés : toutes les palettes de la pathologie sont déclinées avec justesse.
A ces cotés, Alice Isaaz (Ruth) et Armande Boulanger (Mathilda, en alternance avec Lily Taïeb) sont rayonnantes et finalisent joliment le bouquet avec une belle fraîcheur, en jeunes filles pleines de vie et pourtant déjà bridées.
La pièce perd en rythme en début de deuxième partie, la mise en scène d’Isabelle Carré manque peut-être d’un grain de folie, mais elle gagnera certainement en rythme au cours des représentations. L’écriture est ciselée, on rit souvent au détour d’une phrase (« Je ne l’aime pas : elle triche toujours quand elle joue au solitaire ») ou on sourit avec amertume en entendant les sarcasmes dont Béatrice couvre ses filles sous couvert de conseils maternels.
Une histoire d’illusions perdues d’une fleur trop tôt fanée et de son rayonnement nocif sur ses deux jeunes filles à peine écloses. Une énergie maléfique dans laquelle, pourtant, elles trouvent la force et l’espoir de pousser.
Joli.
Un joli bouquet d’actrices qui compose une pièce à la beauté douce-amère. En mère-ogresse qui utilise ses filles (elles lui grattent le dos, ratent l’école pour s’occuper de la maison), monstre d’égoïsme entièrement centrée sur ses propres frustrations mais persuadée d’être une bonne mère, Isabelle Carré réussit à incarner toutes les contradictions d’une perverse narcissique aux épines vénéneuses. Charme, piques acérés, réflexions blessantes, pleurs, victimisation, câlins et pardons accordés mais vite oubliés : toutes les palettes de la pathologie sont déclinées avec justesse.
A ces cotés, Alice Isaaz (Ruth) et Armande Boulanger (Mathilda, en alternance avec Lily Taïeb) sont rayonnantes et finalisent joliment le bouquet avec une belle fraîcheur, en jeunes filles pleines de vie et pourtant déjà bridées.
La pièce perd en rythme en début de deuxième partie, la mise en scène d’Isabelle Carré manque peut-être d’un grain de folie, mais elle gagnera certainement en rythme au cours des représentations. L’écriture est ciselée, on rit souvent au détour d’une phrase (« Je ne l’aime pas : elle triche toujours quand elle joue au solitaire ») ou on sourit avec amertume en entendant les sarcasmes dont Béatrice couvre ses filles sous couvert de conseils maternels.
Une histoire d’illusions perdues d’une fleur trop tôt fanée et de son rayonnement nocif sur ses deux jeunes filles à peine écloses. Une énergie maléfique dans laquelle, pourtant, elles trouvent la force et l’espoir de pousser.
Joli.
10/10
Formidable adaptation du non moins formidable film musical tourné en 1952 avec Gene Kelly, Singing in the rain est « the » comédie musicale à voir en cette fin d’année au théâtre du Chatelet.
L’histoire est celle de Don Lookwood, star du cinéma muet, et de Lina Lamont, sa partenaire à l’écran. Le passage au cinéma parlant va bouleverser leurs carrières, Lina étant affublée d’une voix nasillarde et ridicule. Don et son ami d’enfance Cosmo Brown rencontrent Kathy Selden, jeune actrice inconnue qui va doubler Lina dans son premier film parlant, The dancing cavalier, et faire croire aux milliers de fans que Lina sait chanter.
Tout est réussi dans la mise en scène de Robert Carson : la mise en abyme, d’une part, de ce cinéma muet qui périclite à la naissance d’un nouveau genre, le « musical», qui va révolutionner le 7ème art en ces années d’entre-deux guerres. Des écrans et projections permettent aux spectateurs de passer derrière l’écran et s’immerger dans la fabrication des films, les répétitions, les impératifs commerciaux et scéniques (le passage du micro sur le cœur de Lina est hilarant). Les scènes et les décors (somptueux) s’enchainent en un tourbillon effréné et les chorégraphies, millimétrées, parfaitement réussies sont étourdissantes.
Il faut dire que les artistes, tous exceptionnels, brillent dans toutes les disciplines : chant, danse, claquettes, comédie, et enchaînent avec une facilité déconcertante des passages qui sont sans doute mérité des heures de travail acharné. Nous sommes dans un grand show à l’américaine et, en artistes complets et accomplis, Dan Burton, Daniel Crossley, la drôlissime Emma Kate Nelson (Lina Hamont) et Clare Halse partagent avec brio le haut de l’affiche. L’ensemble de la troupe est excellent, notamment Emma Lindars dans son rôle de coach vocal.
Un dernier mot sur la scénographie que j’ai trouvée d’une grande beauté. Entièrement dans les tons gris, noirs, blancs, ou parfois dorés ou argent, décors et costumes forment un régal pour les yeux, rappelant ce vieux cinéma noir et blanc qui laissera sa place au parlant et au technicolor. Le tout, élégant, recherché est follement esthétique. Seul le final est éclatant de couleurs, les cirés jaunes et les parapluies de couleurs vives éclaboussent, virevoltent, en une apothéose grandiose et délirante de joie. Le public, debout, en redemande, applaudit à tout rompre et rêve d’y revenir.
Un magnifique hommage donc, à une époque oubliée mais toujours aussi enivrante.
L’histoire est celle de Don Lookwood, star du cinéma muet, et de Lina Lamont, sa partenaire à l’écran. Le passage au cinéma parlant va bouleverser leurs carrières, Lina étant affublée d’une voix nasillarde et ridicule. Don et son ami d’enfance Cosmo Brown rencontrent Kathy Selden, jeune actrice inconnue qui va doubler Lina dans son premier film parlant, The dancing cavalier, et faire croire aux milliers de fans que Lina sait chanter.
Tout est réussi dans la mise en scène de Robert Carson : la mise en abyme, d’une part, de ce cinéma muet qui périclite à la naissance d’un nouveau genre, le « musical», qui va révolutionner le 7ème art en ces années d’entre-deux guerres. Des écrans et projections permettent aux spectateurs de passer derrière l’écran et s’immerger dans la fabrication des films, les répétitions, les impératifs commerciaux et scéniques (le passage du micro sur le cœur de Lina est hilarant). Les scènes et les décors (somptueux) s’enchainent en un tourbillon effréné et les chorégraphies, millimétrées, parfaitement réussies sont étourdissantes.
Il faut dire que les artistes, tous exceptionnels, brillent dans toutes les disciplines : chant, danse, claquettes, comédie, et enchaînent avec une facilité déconcertante des passages qui sont sans doute mérité des heures de travail acharné. Nous sommes dans un grand show à l’américaine et, en artistes complets et accomplis, Dan Burton, Daniel Crossley, la drôlissime Emma Kate Nelson (Lina Hamont) et Clare Halse partagent avec brio le haut de l’affiche. L’ensemble de la troupe est excellent, notamment Emma Lindars dans son rôle de coach vocal.
Un dernier mot sur la scénographie que j’ai trouvée d’une grande beauté. Entièrement dans les tons gris, noirs, blancs, ou parfois dorés ou argent, décors et costumes forment un régal pour les yeux, rappelant ce vieux cinéma noir et blanc qui laissera sa place au parlant et au technicolor. Le tout, élégant, recherché est follement esthétique. Seul le final est éclatant de couleurs, les cirés jaunes et les parapluies de couleurs vives éclaboussent, virevoltent, en une apothéose grandiose et délirante de joie. Le public, debout, en redemande, applaudit à tout rompre et rêve d’y revenir.
Un magnifique hommage donc, à une époque oubliée mais toujours aussi enivrante.