J'avais adoré leur premier opus. Cette nouvelle proposition est intéressante, on prend du plaisir car ils restent deux comédiens performeurs vraiment géniaux mais on tourne un peu en rond et c'est assez vite lassant.
Dommage.
Mais on passe tout de même un bon moment.

C’est un long poème que l’auteur et metteur en scène Ascanio Celestini a écrit et auquel David Murgia donne sa voix et son corps.

Il s’adresse à nous, nous fait rêver, nous embarque et on imagine avec lui ces brèves d’histoires, ces fantasmes à la fois si délirants et si réels.
Il y a ces deux femmes, la mère et la fille, cette clocharde qui habite devant le supermarché et puis ces travailleurs de l’entrepôt derrière, il y a Said, Dominique, Léonore..
Il y a eux et leurs interactions, leurs amours, leurs rêves, et l’ensemble remplit la scène. Il imagine, à la manière d’un enfant qui joue à faire croire. C’est une immersion, un plongeon à la rencontre de ces personnages si ordinaires et si extraordinaires à la fois.

On peut être complètement soûlé ou complètement conquis par ce débit pressé et débordant, cette narration haletante et saturée. J’en suis ressortie rassasiée, comblée et sonnée.

Le comédien/conteur est accompagné par le musicien Philippe Orivel qui lui tient superbement compagnie avec des mélodies au piano ou à l’accordéon.

C’est dense et beau, poétique et éblouissant.

David Murgia est un comédien intense et extraordinaire. Cette pièce est comme la précédente Laika un petit ovni théâtral, un exercice étonnant et original. Une prestation remarquable.

Une pièce humaine et émouvante d’une grande sensibilité.

La forme est étonnante !
Une famille, la mère, le père et la fille se croisent sans se voir et ne se parlent pas. L’adresse est faite uniquement au public, comme s’ils avaient besoin de témoins à leur mal-être. C’est un appel au secours de la part de ces trois personnages englués dans un cercle vicieux, incapables de communiquer entre eux malgré leur envie et leurs piètres tentatives.

On espère jusqu’à la fin que le cadre va céder, qu’une brèche dans leur armure va s’ouvrir et que l’un d’entre eux va réussir à parler et à atteindre l’autre.

Mais c’est à nous qu’ils parlent, comme s’ils cherchaient à se justifier, comme s’ils avaient besoin de nous pour exister.
Cette pression qu’ils mettent sur nous en tant que témoins ne laisse pas insensible, comme si tout à coup nous avions une responsabilité dans leur malheur. Ces monologues qui pourraient mettre à distance englobent au contraire les spectateurs. Leurs appels à l’aide nous incluent dans leur histoire.

Aurore Kahan a traduit et mis en scène avec précision cette pièce écrite comme une partition par Tom Holloway, auteur australien. On se laisse embarquer par la musicalité du texte et le rythme très travaillé des trois excellents comédiens.

Le texte extrêmement bien construit mélange leurs paroles, leurs mots s’entrecroisent, se chevauchent se percutent sans jamais permettre aux protagonistes de se rencontrer.

C’est étonnamment à la fois terriblement bavard et silencieux, les acteurs sont centrés et la tension est palpable, la distance entre eux se creuse au fur et à mesure de la pièce.

La très jolie mise en lumière de Johanna Boyer-Dilollo et la scénographie épurée de Joffrey Roux renforcent leur isolement et appuient leurs propos.

C’est une pièce sur la solitude où l'incommunicabilité pervertit toute possibilité de relation.
Un drame sur une famille en grande souffrance.

Une pièce d'une grande intensité.

Mais que peuvent bien faire les héroïnes de tableaux la nuit quand le musée est vide ?
La pièce propose une réponse à cette question existentielle.
Ces stars de la peinture ont toutes un égo surdimensionné à force d’être regardées toute la journée et forcément quand on leur laisse le champ libre cela provoque des disputes et des chamailleries dans le musée.

L’idée de la pièce est originale et la sélection des symboles de l’art bien choisie. Le spectacle nous offre des petits pas de danse, des chansons aux mélodies agréables et des scènes sympathiques. L’ensemble est complètement déjanté, plutôt amusant, plein de fraîcheur et pétillant.

On passe un bon moment !

Le décor est superbe et l’ambiance est posée. Nous sommes dans l’Express d’Orient, le train de luxe qui traverse le continent en passant par toutes ces villes exotiques.

Tout à coup le fameux Arthur Conan Doyle, le créateur de Sherlock Holmes, monte à bord du train dans un très réaliste nuage de vapeur. Les personnalités des personnages sont bien trempées. Chacun est à sa place, le râleur, la jeune hystérique, le russe à l’accent truculent… une palette haute en couleur ! Et tout ce petit monde s’anime dans le train car le wagon salon est le lieu d’une drôle d’intrigue dans laquelle tous vont jouer un rôle crucial.

Le suspense est au rendez-vous et le mystère perdure jusqu’à la fin. L’enquête n’est en effet pas de tout repos et la pièce est pleine de rebondissements.
Les acteurs sont convaincants et les costumes magnifiques. Une mise en scène efficace associée à un texte qui fait mouche font de cette comédie policière un spectacle très réussi.

Un bon moment de détente en perspective.