Ses critiques
207 critiques
9/10
La pièce raconte la vengeance d’Électre et de son frère Oreste suite au meurtre de leur père Agamemnon assassiné par leur mère Clytemnestre et son amant Egisthe.
C’est un conte à l’envers, la belle princesse est retombée dans les bas fonds, rendue à une vie de misère au sein d’un bordel d’Argos. Electre, remplie de rage et de désir de vengeance, attend son heure.
Comme toujours dans les tragédies, dès le début, tout est à sa place et chacun jouera le rôle qui lui est destiné. La cruauté et la beauté de cette pièce s’entremêlent pour produire un très beau moment de théâtre.
« J’ai choisi d’écrire ma version car je veux raconter cela comme on raconte une fable. » précise Simon Abkarian. Il revisite donc cette tragédie classique, et nous offre sa version en y introduisant danse et musique. L’ensemble est percutant, poignant et saisissant. Les danses, lancinantes et hypnotisantes nous plongent dans l’ambiance. Quand à la musique, elle est omniprésente : sur le plateau, à cour, mélangeant jazz et rock, le trio Hawlin’Jaws nous enveloppe et nous envoute.
Les costumes sont superbes, alliant contemporain et traditionnel et la scénographie, à la fois originale et sobre, renforce ce mélange de modernité et de classicisme.
Et surtout, Simon Abkarian donne la parole aux femmes en nous proposant une version de cette tragédie résolument féministe et moderne. Quatorze comédiennes sur le plateau ! Cela fait plaisir à voir.
Les scènes où le chœur des prostituées troyennes intervient sont particulièrement bouleversantes. La parole leur est offerte, à elles qui sont recluses et avilies. A celles que l’ont n’écoute plus mais qui n’ont ni pardonné ni oublié, à celles qui résistent encore et qui sont prêtes.
Les tableaux s’enchainent et les 2H30, malgré quelques rares longueurs, sont passionnantes de bout en bout.
Une pièce généreuse !
C’est un conte à l’envers, la belle princesse est retombée dans les bas fonds, rendue à une vie de misère au sein d’un bordel d’Argos. Electre, remplie de rage et de désir de vengeance, attend son heure.
Comme toujours dans les tragédies, dès le début, tout est à sa place et chacun jouera le rôle qui lui est destiné. La cruauté et la beauté de cette pièce s’entremêlent pour produire un très beau moment de théâtre.
« J’ai choisi d’écrire ma version car je veux raconter cela comme on raconte une fable. » précise Simon Abkarian. Il revisite donc cette tragédie classique, et nous offre sa version en y introduisant danse et musique. L’ensemble est percutant, poignant et saisissant. Les danses, lancinantes et hypnotisantes nous plongent dans l’ambiance. Quand à la musique, elle est omniprésente : sur le plateau, à cour, mélangeant jazz et rock, le trio Hawlin’Jaws nous enveloppe et nous envoute.
Les costumes sont superbes, alliant contemporain et traditionnel et la scénographie, à la fois originale et sobre, renforce ce mélange de modernité et de classicisme.
Et surtout, Simon Abkarian donne la parole aux femmes en nous proposant une version de cette tragédie résolument féministe et moderne. Quatorze comédiennes sur le plateau ! Cela fait plaisir à voir.
Les scènes où le chœur des prostituées troyennes intervient sont particulièrement bouleversantes. La parole leur est offerte, à elles qui sont recluses et avilies. A celles que l’ont n’écoute plus mais qui n’ont ni pardonné ni oublié, à celles qui résistent encore et qui sont prêtes.
Les tableaux s’enchainent et les 2H30, malgré quelques rares longueurs, sont passionnantes de bout en bout.
Une pièce généreuse !
9/10
La trame est simple, trois fans de Michel Legrand sont réunis par un journaliste pour l'aider à faire un reportage.
Enthousiastes et incollables (ou presque) sur la vie de leur compositeur préféré, ils présentent sa vie et son œuvre. Alternant anecdotes et chansons, la pièce est rythmée et agréable. La mise en scène, particulièrement fluide et pleine d’idées, ne laisse aucun temps mort. Les quatre comédiens ne se ménagent pas : danse, chant, claquettes et jeu, toutes les composantes d’une bonne comédie musicale sont là.
C’est gai et drôle mais aussi plein de finesse et de nostalgie… On se croirait dans une chanson de Michel Legrand : un beau mélange de tristesse et d’espoir, de joie et de mélancolie.
Les inconditionnels de Michel Legrand reconnaîtront la plupart des chansons mais seront aussi sûrement charmé et amusé par quelques jolies (ou étonnantes) surprises.
Que vous soyez fan ou non, allez-y : on en sort un peu plus joyeux et léger !
Enthousiastes et incollables (ou presque) sur la vie de leur compositeur préféré, ils présentent sa vie et son œuvre. Alternant anecdotes et chansons, la pièce est rythmée et agréable. La mise en scène, particulièrement fluide et pleine d’idées, ne laisse aucun temps mort. Les quatre comédiens ne se ménagent pas : danse, chant, claquettes et jeu, toutes les composantes d’une bonne comédie musicale sont là.
C’est gai et drôle mais aussi plein de finesse et de nostalgie… On se croirait dans une chanson de Michel Legrand : un beau mélange de tristesse et d’espoir, de joie et de mélancolie.
Les inconditionnels de Michel Legrand reconnaîtront la plupart des chansons mais seront aussi sûrement charmé et amusé par quelques jolies (ou étonnantes) surprises.
Que vous soyez fan ou non, allez-y : on en sort un peu plus joyeux et léger !
6,5/10
Avant d’assister à cette pièce, il est prudent de savoir un peu à quoi s’attendre. L’aspect didactique, un brin intello peut en effet surprendre un peu au début. Car dès le commencement, Mark Rothko magistralement interprété par Niels Arestrup se lance dans un cours magistral auprès de son « employé ».
« Il faut que tu ailles à la rencontre du tableau », « les tableaux méritent la compassion », « Il faut savoir discerner ce que l’on aime et ce que l’on respecte, ce qui a de la valeur », « "on ne peut pas peindre sans avoir lu Nietzsche, Freud, Young et sans connaître la musique, la philosophie, la psychologie, la tragédie grecque… », « peintre c'est penser »
Cette accumulation de poncifs peut rebuter mais les théories sont intéressantes et si l’on accepte de vivre ça un peu comme une conférence sur l’art, on passera un bon moment. D’ailleurs le comédien se permet de casser le quatrième mur en s’adressant directement au public, le prenant à partie pour étayer ses propos, au moins c'est clair, nous ne sommes pas ici pour découvrir une histoire ou ressentir des émotions mais bien pour écouter un discours sur l'art.
On assiste donc successivement au questionnement sur le marché de l’art et sur le positionnement du peintre vis-à-vis de la vente de ses tableaux. Sur le rapport entre le public et l’art, l’art a-t-il besoin d’être populaire ? L’art doit-il être beau ou pas ? Qui a le droit de juger l’art ? L’art doit-il être sacralisé ou au contraire banalisé ? Quel est le but de l’art ? Est-il décoratif ? A-t-il vocation d’être montré ? Critiqué ? Admiré ? Doit-il apporter quelque chose ? Et ainsi de suite...
Tous les thèmes classiques soulevés par les questions sur l'art et les artistes sont abordés et l'ensemble donne effectivement l’impression d’un exposé bien préparé. Cela n’enlève pas à son intérêt, mais mieux vaut être prévenu.
Soyons honnête, la pièce n’est pas composée que de ça. La trame de fond, même si elle est à notre grand regret trop peu développée, est basée sur la relation entre le maître et l’élève/employé, relation évoluant au fur et à mesure des années qui passent. Le jeune peintre finit par se révolter contre l’ordre établi et par se retourner contre le maitre qu’il admire. La construction des nouveaux courants ne pouvant se faire que par la destruction des anciens : le Pop Art se construisant sur les ruines de l’expressionnisme abstrait qui lui-même avait écrasé le cubisme.
Alexis Moncorgé se révèle au fur et à mesure de la pièce avec un jeu tout en justesse et en finesse et le duo avec Niels Arestrup fonctionne parfaitement bien.
La mise en scène est fluide est agréable, les choix de musiques judicieux et la scénographie magnifique. On retiendra en particulier la superbe scène où les deux comédiens peignent une toile ensemble.
« Il faut que tu ailles à la rencontre du tableau », « les tableaux méritent la compassion », « Il faut savoir discerner ce que l’on aime et ce que l’on respecte, ce qui a de la valeur », « "on ne peut pas peindre sans avoir lu Nietzsche, Freud, Young et sans connaître la musique, la philosophie, la psychologie, la tragédie grecque… », « peintre c'est penser »
Cette accumulation de poncifs peut rebuter mais les théories sont intéressantes et si l’on accepte de vivre ça un peu comme une conférence sur l’art, on passera un bon moment. D’ailleurs le comédien se permet de casser le quatrième mur en s’adressant directement au public, le prenant à partie pour étayer ses propos, au moins c'est clair, nous ne sommes pas ici pour découvrir une histoire ou ressentir des émotions mais bien pour écouter un discours sur l'art.
On assiste donc successivement au questionnement sur le marché de l’art et sur le positionnement du peintre vis-à-vis de la vente de ses tableaux. Sur le rapport entre le public et l’art, l’art a-t-il besoin d’être populaire ? L’art doit-il être beau ou pas ? Qui a le droit de juger l’art ? L’art doit-il être sacralisé ou au contraire banalisé ? Quel est le but de l’art ? Est-il décoratif ? A-t-il vocation d’être montré ? Critiqué ? Admiré ? Doit-il apporter quelque chose ? Et ainsi de suite...
Tous les thèmes classiques soulevés par les questions sur l'art et les artistes sont abordés et l'ensemble donne effectivement l’impression d’un exposé bien préparé. Cela n’enlève pas à son intérêt, mais mieux vaut être prévenu.
Soyons honnête, la pièce n’est pas composée que de ça. La trame de fond, même si elle est à notre grand regret trop peu développée, est basée sur la relation entre le maître et l’élève/employé, relation évoluant au fur et à mesure des années qui passent. Le jeune peintre finit par se révolter contre l’ordre établi et par se retourner contre le maitre qu’il admire. La construction des nouveaux courants ne pouvant se faire que par la destruction des anciens : le Pop Art se construisant sur les ruines de l’expressionnisme abstrait qui lui-même avait écrasé le cubisme.
Alexis Moncorgé se révèle au fur et à mesure de la pièce avec un jeu tout en justesse et en finesse et le duo avec Niels Arestrup fonctionne parfaitement bien.
La mise en scène est fluide est agréable, les choix de musiques judicieux et la scénographie magnifique. On retiendra en particulier la superbe scène où les deux comédiens peignent une toile ensemble.
6/10
Elle est drôle et entière, touchante et fragile. On a de la compassion pour elle et l’envie de la protéger de ce qui l’a déjà détruite par le passé et de ce qui va, on le sent, forcément la blesser au cours de la pièce.
Lui est froid, sans émotion aucune (à peine la peur d’être jugé coupable). Il est sûr de son bon droit : c’est le méchant.
C’est une relation plutôt simple entre les deux protagonistes qui est présentée dans cette version. Le doute n’est pas permis, dès le début, chacun est à sa place (un peu trop ?) le bon contre le mauvais, l’innocence contre la perversion.
Le texte de Jean-Benoît Patricot est fort et profond, plein de nuances et de subtilité. Jusqu’où peut-on abuser de quelqu’un, le manipuler afin d’obtenir ce que l’on souhaite ? Qu’en est-il du consentement ? Du discernement entre l’acceptation et le souhait ?
Une réflexion très intéressante.
Géraldine Martineau est réceptive, vivante et vibrante, elle nous démontre encore une fois son incroyable talent de comédienne.
Lui est froid, sans émotion aucune (à peine la peur d’être jugé coupable). Il est sûr de son bon droit : c’est le méchant.
C’est une relation plutôt simple entre les deux protagonistes qui est présentée dans cette version. Le doute n’est pas permis, dès le début, chacun est à sa place (un peu trop ?) le bon contre le mauvais, l’innocence contre la perversion.
Le texte de Jean-Benoît Patricot est fort et profond, plein de nuances et de subtilité. Jusqu’où peut-on abuser de quelqu’un, le manipuler afin d’obtenir ce que l’on souhaite ? Qu’en est-il du consentement ? Du discernement entre l’acceptation et le souhait ?
Une réflexion très intéressante.
Géraldine Martineau est réceptive, vivante et vibrante, elle nous démontre encore une fois son incroyable talent de comédienne.
9,5/10
Confiante dans l’écriture de Léonore Confino, j’ai préféré ne rien savoir sur l’histoire de cette pièce et me laisser surprendre. De fait le début est réellement étonnant !
Elle, blonde et belle, lui, grand et beau : entre eux une relation un peu trop parfaite pour être réelle. Le couple semble sorti d’un téléfilm ou d’une publicité. Les clichés s’enchaînent, «Mardi je commence l’aquagym avec Toby» et les compliments se succèdent « tu es parfaite » "je t'aime"… ce magnifique couple nage autant dans le bonheur que dans les stéréotypes. Je n'en dis pas plus...
Et puis tout à coup, tout bascule. L’ensemble se craquelle et la réalité apparaît, brutale et sombre. Ce début original et remarquable nous plonge d’autant plus violemment dans la misère du quotidien de la seconde partie.
Au fur et à mesure de ses pièces, Léonore Confino creuse et analyse ce qu’il y a de plus sombre au sein des environnements du quotidien : l’entreprise, la famille, et bien sûr les relations homme/femme. Dans Les beaux, l'auteure met brillamment en lumière la dégradation du sentiment amoureux au sein du couple. Elle étudie comment celui-ci se détériore inéluctablement, broyé par les contraintes du quotidien et la violence de la vie.
Certaines scènes sont particulièrement exceptionnelles et les répliques à la fois caustiques et décalées font mouche. Le public rit jaune, c’est cruel et jouissif. «Arrête de me piquer mon jambon sinon je me suicide» c’est drôle et à la fois terriblement déprimant car le couple de comédiens apporte vérité et justesse même dans les moments que l’on pourrait trouver absurdes. Tout le monde dans la salle a malheureusement le souvenir d’une dispute aussi stupide que "la disparition du dernier yaourt à la cerise dans le frigidaire". Des disputes parsemées de phrases balancées un peu vite que l’on regrette ensuite même si l’on est malgré tout content de les avoir dites...
On se moque donc un peu de soi-même en observant ce couple tout en étant parfois aussi un peu gêné d’assister à cette violente et triste engueulade si familière. Mais la pièce va au delà de cette monotone et glauque quotidienneté et les personnages vont aller au bout de leurs travers, au bout de leur folie. Ils sont entiers et incontrôlables, la souffrance à l'état brut apparait alors, violente et intense.
Côme de Bellescize s’est littéralement emparé du texte de Léonore Confino. Sa mise en scène et le travail réalisé avec les comédiens sont remarquables. On sent comme toujours dans ses propositions une vraie recherche et des choix forts et pertinents.
Les comédiens sont engagés, précis, subtils et justes. Leur relation à la fois sensuelle, passionnelle et dévastatrice donne beaucoup d’intensité à la pièce.
L’ensemble est intelligent et corrosif à souhait. C'est une pièce de qualité dans laquelle on passe du rire à l'émotion (oui j'avoue, j'ai versé ma petite larme..), c'est surprenant, profond et généreux.
Quel plaisir de vivre de telles émotions au théâtre, c'est si rare !
Mon grand coup de cœur de la rentrée.
Elle, blonde et belle, lui, grand et beau : entre eux une relation un peu trop parfaite pour être réelle. Le couple semble sorti d’un téléfilm ou d’une publicité. Les clichés s’enchaînent, «Mardi je commence l’aquagym avec Toby» et les compliments se succèdent « tu es parfaite » "je t'aime"… ce magnifique couple nage autant dans le bonheur que dans les stéréotypes. Je n'en dis pas plus...
Et puis tout à coup, tout bascule. L’ensemble se craquelle et la réalité apparaît, brutale et sombre. Ce début original et remarquable nous plonge d’autant plus violemment dans la misère du quotidien de la seconde partie.
Au fur et à mesure de ses pièces, Léonore Confino creuse et analyse ce qu’il y a de plus sombre au sein des environnements du quotidien : l’entreprise, la famille, et bien sûr les relations homme/femme. Dans Les beaux, l'auteure met brillamment en lumière la dégradation du sentiment amoureux au sein du couple. Elle étudie comment celui-ci se détériore inéluctablement, broyé par les contraintes du quotidien et la violence de la vie.
Certaines scènes sont particulièrement exceptionnelles et les répliques à la fois caustiques et décalées font mouche. Le public rit jaune, c’est cruel et jouissif. «Arrête de me piquer mon jambon sinon je me suicide» c’est drôle et à la fois terriblement déprimant car le couple de comédiens apporte vérité et justesse même dans les moments que l’on pourrait trouver absurdes. Tout le monde dans la salle a malheureusement le souvenir d’une dispute aussi stupide que "la disparition du dernier yaourt à la cerise dans le frigidaire". Des disputes parsemées de phrases balancées un peu vite que l’on regrette ensuite même si l’on est malgré tout content de les avoir dites...
On se moque donc un peu de soi-même en observant ce couple tout en étant parfois aussi un peu gêné d’assister à cette violente et triste engueulade si familière. Mais la pièce va au delà de cette monotone et glauque quotidienneté et les personnages vont aller au bout de leurs travers, au bout de leur folie. Ils sont entiers et incontrôlables, la souffrance à l'état brut apparait alors, violente et intense.
Côme de Bellescize s’est littéralement emparé du texte de Léonore Confino. Sa mise en scène et le travail réalisé avec les comédiens sont remarquables. On sent comme toujours dans ses propositions une vraie recherche et des choix forts et pertinents.
Les comédiens sont engagés, précis, subtils et justes. Leur relation à la fois sensuelle, passionnelle et dévastatrice donne beaucoup d’intensité à la pièce.
L’ensemble est intelligent et corrosif à souhait. C'est une pièce de qualité dans laquelle on passe du rire à l'émotion (oui j'avoue, j'ai versé ma petite larme..), c'est surprenant, profond et généreux.
Quel plaisir de vivre de telles émotions au théâtre, c'est si rare !
Mon grand coup de cœur de la rentrée.