- Avignon
- En tournée dans toute la France
La fille de Mars
« Que de choses il bouge dans le coeur des femmes qui ne sont point faites pour la lumière du jour ! »
Sur le plateau, Penthésilée l'Amazone apparaît. Elle raconte l'histoire. Celle qui a eu lieu, il y a longtemps, celle du siège de Troie. Elle y a combattu Achille qui a perdu la vie par amour pour elle, alors que la guerre ne devait engendrer que des captifs et des naissances.
Penthésilée et Achille sont morts maintenant. C'est dans ce lieu, près des corps des amants, que celle qui revient d'après la catastrophe, raconte. Elle parle de l'histoire de son peuple depuis ses origines, de la loi des Amazones, des ultimes paroles d'Otréré, sa mère, de sa rencontre avec Achille, rencontre solaire sur le champ de bataille, et du bouleversement radical qui la saisit et l'entraîne loin de son devoir.
Penthésilée se remémore « l'onde de choc », les corps engagés dans une guerre amoureuse, la terre brûlée, vibrante, zone de stridences et de crissements. Jusqu'au bout, par la force de la parole, elle rejouera la mise en scène de cet amour à mort, sous le regard de sa confidente et amie de toujours, Prothoé. La langue de Heinrich von Kleist, dans la traduction de Julien Gracq, fait revivre le chant désespéré de cette femme qui se déchire entre la culture qui l'a façonnée et la brûlure incandescente du premier homme.
Cette année nous avons vécu une expérience « delermoise » avec La Fille de Mars mis en scène par Jean François Matignon au Festival IN d’Avignon.
Pendant la première scène je regardais sur le coté
Pour essayer de voir si ma mère dormait
Pendant la deuxième scène en fait j’imaginais
L’arrivée d’Achille en treillis et aux pieds dorés
Pendant la troisième scène je me suis un peu réveillée
J’ n’avais pas bien suivi les répliques de Méroré
Pendant la quatrième elle s’est penchée vers moi
Elle a failli me dire un truc et puis finalement pas
On est parti avant la fin
Du dialogue kleistien
Parti avant de savoir
Le fin mot de l’histoire
On a planté en pleine forêt
Achille et Penthésillée
On a posé un lapin
A l’épilogue kleistien
Début du deuxième acte toute la rangée soupire
La salle se vide parce qu’il n’y a pas pire
Et le décor : quelque chose qui évoque
Cour de récréation ou boîte de nuit d’époque
Pourtant la mise en scène était élaborée :
Plein de décors, peu de costumes c’était une putain d’idée
Aucune intonation et des comédiens statiques
On s’est dit pourquoi PAS finalement aucun public
On est parti avant la fin
Du dialogue kleistien
Parti avant de savoir
Le fin mot de l’histoire
On a planté en pleine forêt
Achille et Penthésillée
On a posé un lapin
A l’épilogue kleistien
D’après Le Monologue shakespearien de Vincent Delerm