Ses critiques
384 critiques
9/10
Christian Louboutin est un familier du Palais de la Porte Dorée qu'il connait depuis qu'il est petit. Il confiait le matin du vernissage que ce musée appartenait à son panorama autant que le Parc zoologique de Paris (qu'on désigne à tort sous le terme de zoo) puisqu'il est né et a habité dans le XII° arrondissement.
J’y allais en voisin quand j’avais six-sept-huit ans mais j’avais peur. Tu vas adorer l’intérieur me disait ma seconde sœur à cause des poissons puis j’ai découvert les étages.
Le visiteur comprendra très vite comment cet univers a orienté sa destinée. A commencer par sa vocation pour la confection de soulier, car il n'emploie jamais le terme de chaussure pour désigner cet objet.
Créateur iconique depuis qu'il a imaginé les premières semelles rouge en 1993, Christian Louboutin, dont le nom de famille est devenu un nom commun, n'est cependant connu que par quelques initiés et cette exposition devait placer un point d'orgue sur une belle histoire. Il avait eu les honneurs du Design Museum de Londres en 2012 et il est surprenant que l'exposition est la première qui lui soit consacrée en France.
Je vous souhaite de pouvoir accéder à l'exposition, qui sera probablement prolongée au-delà de la date initiale du 26 juillet annoncée pour le décrochage.
Olivier Gabet, qui est directeur du Musée des arts décoratifs et commissaire de l'exposition a travaillé sur le projet pendant deux ans. Il espérait que des visiteurs, attirés par le mythe entourant le créateur, découvriraient à cette occasion ce palais qui le mérite amplement. Néanmoins ce n'est pas la première fois que cet établissement accueille une exposition appartenant à l'univers de la mode. Je me souviens de la très intéressante Fashion Mix il y a cinq ans mais aussi de Vivre !! la formidable collection d'art contemporain de agnès b. présentée en octobre 2017.
Ne parlez pas de "rétrospective" à Christian Louboutin car il regarde encore droit devant lui. L'ensemble des salles témoigne de l'art de quelqu'un qui fait tout sérieusement mais qui ne se prend pas au sérieux. Le ton est donné dans l'escalier avec l'inscription ci-dessus et l'humour imprègne chacune des scènettes décrivant les étapes de la confection d'un objet où il intervient en miniature, de façon souvent loufoque. En bon artisan, et sans doute en hommage à son père ébéniste, il nous apprendra comment est fait un soulier de A à Z, à travers une centaine d'étapes et dans les règles de l'art.
Mais commençons par le commencement ... qui remonte aux visites qu'il faisait des collections lorsqu'il était saisi par un panneau interdisant le port de talons aiguilles, en raison de la fragilité des parquets (et je me souviens qu'à la maison il était obligatoire de se déchausser) qui par la suite inspira l’iconique soulier Pigalle et sera réinventé au fil des saisons.
C'est par un stage aux Folies Bergère qu'il démarre dans l'univers de la couture avant de se former chez Charles Jourdan, Roger Vivier puis d'ouvrir sa première boutique en 1991.
Il a voulu rendre hommage aux artisans avec lesquels il collabore. La Maison du Vitrail signe -sous la direction du maître verrier Emmanuelle Andrieux- la décoration d'une salle montrant ses premières années de travail et décorée d'une suite de huit vitraux dessinés spécialement par Christian Louboutin et où se déploient les premiers souliers qu'il a dessinés, et réalisés avec les moyens du bord.
Ces vitraux déclinent les huit éléments constitutifs du travail du créateur : la Parisienne, le Spectacle, la Couture, l'Art, le Voyage, l'Artisanat, la Sexualité et l'Innovation en mettant l'adoration du soulier en abîme.
Sans être une rétrospective ce sont tout de même 28 années de créations (en ne comptant que celles qu'il a développées sous son propre nom), et cela représente un multitude de réalisations, en l'occurrence 350 modèles qui sont ici donnés à voir dans des mises en scène les célébrant.
On notera que chacune a un nom ... comme un enfant
Fasciné dès l’adolescence par la beauté architecturale et la richesse ornementale du Palais de la Porte Dorée, qui nourrit très tôt son amour de l’art et des arts appliqués, Christian Louboutin y a puisé un répertoire de formes et de motifs pour ses premières créations dont le soulier Maquereau (ci-dessous) réalisé en 1987 en cuir métallisé et directement inspiré de l’iridescence des poissons de l’Aquarium Tropical.
Il a initié une multitude de nouveautés avant tout le monde, comme cette Sock Boot - Automne-hiver 2000 - en laine rouge et talon de cuir bleu marine. La chaussure chaussette sera complètement à la mode dix ans plus tard.
Nous poursuivons dans une rotonde transformée en véritable Salle des trésors qui exhibe les créations les plus emblématiques, choisies parmi plusieurs milliers de modèles.
On y remarque de multiples références, comme les turbans et plissés de Madame Grès, beaucoup de clins d'oeil à des oeuvres de grands peintres (Mondrian, Andy Warhol) ou a des arts premiers par exemple préhispaniques évoquant le Mexique, avec ces Mexibeads - printemps-été 2012 - Broderies de perles.
Parce que dans l'imaginaire populaire le soulier par excellence est en cristal un objet en cristal de synthèse (fait à Paris par le sculpteur Stéphane Gérard) trône sur un palanquin d'argent fabriqué par l'Orfebreria Villareal de Séville. Il est décoré de broderies réalisées en Inde dans les ateliers du couturier Sabyasachi Mukherjee de Calcutta d'après des dessins de Christian Louboutin. Cette exposition est le fruit d'un travail de jubilation, convoquant plein d’amis et d’artistes admirés par le créateur dans un monde de la mode souvent égocentrique.
Les Pigalle blanches, du 32 à 45, sont positionnées de manière à démontrer que l'ombre projetée est identique quelle que soit leur taille. Le modèle noir va de 34 à 42 et a été créé en automne-hiver 2004.
La série des Nudes méritait une salle entière. Ces souliers de couleur chair, déclinés en neuf couleurs, correspondant à autant de carnations, sont mis en scène par le duo d'artistes anglais Whitaker Malem avec des jeux de miroirs renvoyant l'image de sculptures de cuir hyper réalistes.
L'idée était venue en 2009 à Christian Louboutin d'une collaboratrice afro-américaine lui faisant remarquer que ce coloris qu'on appelle "chair" n'est en fait que du "beige". Si, à l'époque, il n'y voyait que le moyen d'allonger la jambe sans songer à la portée sociologique de cette action, les Nudes ont largement contribué à sa notoriété outre-atlantique.
Chaque étape de la réalisation du soulier est détaillée est illustrée avec humour dans un atelier virtuel qui se prolonge par une reconstitution d'un véritable espace de travail de Christian Louboutin.
D'autres créations sont réunies dans un décor de théâtre réalisé par des artistes bhoutanais à partir de bois sculpté et peint selon leurs techniques ancestrales.
Une scène accueille au coeur du dispositif deux hologrammes de personnalités fascinantes comme l'effeuilleuse Dite Von Tease et l'équilibriste Iya Traoré.
Tout autour des vitrines accueillent des créations ayant un rapport avec le cabaret, le musc hall et le monde du spectacle, comme Let me tell you - Printemps-été 2010 en cuir découpé et rebrodé ...
Et quelques-uns de la série Funfor Run - Printemps-été 2019 en Néoprène et clous ou le Jetsun Run - même saison - en satin et broderies. Plus loin on remarquera le premier soulier conçu pour un homme, le chanteur Mika.
Nous voici dans le Pop Corridor où sont réunis des portraits de célébrités et d'amis racontant chacun une histoire en lien avec un modèle. En effet on ne compte pas ceux et celles qui ont porté (et qui portent) des Louboutins. Et si le soulier est aussi un objet d’art il est également un vecteur de culture populaire : La mode n’est pas à prendre à la légère mais on peut faire sourire et offrir de la poésie, dit-il.
En août 2018, la chanteuse Aretha Franklin était exposée plusieurs jours au musée d'histoire afro-américaine de Détroit dans son cercueil doré, habillée d'une robe rouge et d'escarpins assortis métallisés, des fire-red Louboutins (rouge éclatant) de 5 pouces de haut, dans une position inhabituelle, puisque non seulement les pieds étaient visibles, mais croisés l'un sur l'autre.
S’il y a bien un détail qui a rendu célèbre Sarah Jessica Parker, ce sont ses chaussures qui sont toutes plus folles les unes que les autres, comme ces sandales en tissu rose. Alors que Mister Big s’apprête à quitter New York, elle veut mettre ses plus belles chaussures pour sa dernière soirée avec lui. Mission accomplie jusqu’à ce que Miranda, une de ses amies enceinte, perde les eaux dessus ! Les fans de la série Sex and the City se souviennent aussi des chaussures dépareillées portées par son personnage, Carrie Bradshaw.
La rencontre avec le réalisateur David Lynch a été déterminante. En 2007, ils réalisent Fetish, une exposition de souliers en exemplaires uniques, avec lesquelles on ne peut pas marcher. Les photographies qu'en a faites le réalisateur sont toutes présentées dans une salle noire.
La visite s'achève par une boucle présentant le "musée imaginaire" du créateur, proposant, sans explications superflues, et sans les mettre en résonance avec ses propres créations, quelques-unes des oeuvres et objets qui l'ont inspiré et son ancrage culturel. Sans intention de convaincre. Juste pour le plaisir.
J'y ai reconnu la longue robe de crêpe bleue Saint-Laurent de l'Automne-Hiver 1969, au buste en cuivre issu d'un moulage du sculpteur Claude Lalanne directement sur le corps du mannequin Ifke Sturm et qui figurait dans l'exposition consacrée au grand couturier au Petit Palais en 2010.
J’y allais en voisin quand j’avais six-sept-huit ans mais j’avais peur. Tu vas adorer l’intérieur me disait ma seconde sœur à cause des poissons puis j’ai découvert les étages.
Le visiteur comprendra très vite comment cet univers a orienté sa destinée. A commencer par sa vocation pour la confection de soulier, car il n'emploie jamais le terme de chaussure pour désigner cet objet.
Créateur iconique depuis qu'il a imaginé les premières semelles rouge en 1993, Christian Louboutin, dont le nom de famille est devenu un nom commun, n'est cependant connu que par quelques initiés et cette exposition devait placer un point d'orgue sur une belle histoire. Il avait eu les honneurs du Design Museum de Londres en 2012 et il est surprenant que l'exposition est la première qui lui soit consacrée en France.
Je vous souhaite de pouvoir accéder à l'exposition, qui sera probablement prolongée au-delà de la date initiale du 26 juillet annoncée pour le décrochage.
Olivier Gabet, qui est directeur du Musée des arts décoratifs et commissaire de l'exposition a travaillé sur le projet pendant deux ans. Il espérait que des visiteurs, attirés par le mythe entourant le créateur, découvriraient à cette occasion ce palais qui le mérite amplement. Néanmoins ce n'est pas la première fois que cet établissement accueille une exposition appartenant à l'univers de la mode. Je me souviens de la très intéressante Fashion Mix il y a cinq ans mais aussi de Vivre !! la formidable collection d'art contemporain de agnès b. présentée en octobre 2017.
Ne parlez pas de "rétrospective" à Christian Louboutin car il regarde encore droit devant lui. L'ensemble des salles témoigne de l'art de quelqu'un qui fait tout sérieusement mais qui ne se prend pas au sérieux. Le ton est donné dans l'escalier avec l'inscription ci-dessus et l'humour imprègne chacune des scènettes décrivant les étapes de la confection d'un objet où il intervient en miniature, de façon souvent loufoque. En bon artisan, et sans doute en hommage à son père ébéniste, il nous apprendra comment est fait un soulier de A à Z, à travers une centaine d'étapes et dans les règles de l'art.
Mais commençons par le commencement ... qui remonte aux visites qu'il faisait des collections lorsqu'il était saisi par un panneau interdisant le port de talons aiguilles, en raison de la fragilité des parquets (et je me souviens qu'à la maison il était obligatoire de se déchausser) qui par la suite inspira l’iconique soulier Pigalle et sera réinventé au fil des saisons.
C'est par un stage aux Folies Bergère qu'il démarre dans l'univers de la couture avant de se former chez Charles Jourdan, Roger Vivier puis d'ouvrir sa première boutique en 1991.
Il a voulu rendre hommage aux artisans avec lesquels il collabore. La Maison du Vitrail signe -sous la direction du maître verrier Emmanuelle Andrieux- la décoration d'une salle montrant ses premières années de travail et décorée d'une suite de huit vitraux dessinés spécialement par Christian Louboutin et où se déploient les premiers souliers qu'il a dessinés, et réalisés avec les moyens du bord.
Ces vitraux déclinent les huit éléments constitutifs du travail du créateur : la Parisienne, le Spectacle, la Couture, l'Art, le Voyage, l'Artisanat, la Sexualité et l'Innovation en mettant l'adoration du soulier en abîme.
Sans être une rétrospective ce sont tout de même 28 années de créations (en ne comptant que celles qu'il a développées sous son propre nom), et cela représente un multitude de réalisations, en l'occurrence 350 modèles qui sont ici donnés à voir dans des mises en scène les célébrant.
On notera que chacune a un nom ... comme un enfant
Fasciné dès l’adolescence par la beauté architecturale et la richesse ornementale du Palais de la Porte Dorée, qui nourrit très tôt son amour de l’art et des arts appliqués, Christian Louboutin y a puisé un répertoire de formes et de motifs pour ses premières créations dont le soulier Maquereau (ci-dessous) réalisé en 1987 en cuir métallisé et directement inspiré de l’iridescence des poissons de l’Aquarium Tropical.
Il a initié une multitude de nouveautés avant tout le monde, comme cette Sock Boot - Automne-hiver 2000 - en laine rouge et talon de cuir bleu marine. La chaussure chaussette sera complètement à la mode dix ans plus tard.
Nous poursuivons dans une rotonde transformée en véritable Salle des trésors qui exhibe les créations les plus emblématiques, choisies parmi plusieurs milliers de modèles.
On y remarque de multiples références, comme les turbans et plissés de Madame Grès, beaucoup de clins d'oeil à des oeuvres de grands peintres (Mondrian, Andy Warhol) ou a des arts premiers par exemple préhispaniques évoquant le Mexique, avec ces Mexibeads - printemps-été 2012 - Broderies de perles.
Parce que dans l'imaginaire populaire le soulier par excellence est en cristal un objet en cristal de synthèse (fait à Paris par le sculpteur Stéphane Gérard) trône sur un palanquin d'argent fabriqué par l'Orfebreria Villareal de Séville. Il est décoré de broderies réalisées en Inde dans les ateliers du couturier Sabyasachi Mukherjee de Calcutta d'après des dessins de Christian Louboutin. Cette exposition est le fruit d'un travail de jubilation, convoquant plein d’amis et d’artistes admirés par le créateur dans un monde de la mode souvent égocentrique.
Les Pigalle blanches, du 32 à 45, sont positionnées de manière à démontrer que l'ombre projetée est identique quelle que soit leur taille. Le modèle noir va de 34 à 42 et a été créé en automne-hiver 2004.
La série des Nudes méritait une salle entière. Ces souliers de couleur chair, déclinés en neuf couleurs, correspondant à autant de carnations, sont mis en scène par le duo d'artistes anglais Whitaker Malem avec des jeux de miroirs renvoyant l'image de sculptures de cuir hyper réalistes.
L'idée était venue en 2009 à Christian Louboutin d'une collaboratrice afro-américaine lui faisant remarquer que ce coloris qu'on appelle "chair" n'est en fait que du "beige". Si, à l'époque, il n'y voyait que le moyen d'allonger la jambe sans songer à la portée sociologique de cette action, les Nudes ont largement contribué à sa notoriété outre-atlantique.
Chaque étape de la réalisation du soulier est détaillée est illustrée avec humour dans un atelier virtuel qui se prolonge par une reconstitution d'un véritable espace de travail de Christian Louboutin.
D'autres créations sont réunies dans un décor de théâtre réalisé par des artistes bhoutanais à partir de bois sculpté et peint selon leurs techniques ancestrales.
Une scène accueille au coeur du dispositif deux hologrammes de personnalités fascinantes comme l'effeuilleuse Dite Von Tease et l'équilibriste Iya Traoré.
Tout autour des vitrines accueillent des créations ayant un rapport avec le cabaret, le musc hall et le monde du spectacle, comme Let me tell you - Printemps-été 2010 en cuir découpé et rebrodé ...
Et quelques-uns de la série Funfor Run - Printemps-été 2019 en Néoprène et clous ou le Jetsun Run - même saison - en satin et broderies. Plus loin on remarquera le premier soulier conçu pour un homme, le chanteur Mika.
Nous voici dans le Pop Corridor où sont réunis des portraits de célébrités et d'amis racontant chacun une histoire en lien avec un modèle. En effet on ne compte pas ceux et celles qui ont porté (et qui portent) des Louboutins. Et si le soulier est aussi un objet d’art il est également un vecteur de culture populaire : La mode n’est pas à prendre à la légère mais on peut faire sourire et offrir de la poésie, dit-il.
En août 2018, la chanteuse Aretha Franklin était exposée plusieurs jours au musée d'histoire afro-américaine de Détroit dans son cercueil doré, habillée d'une robe rouge et d'escarpins assortis métallisés, des fire-red Louboutins (rouge éclatant) de 5 pouces de haut, dans une position inhabituelle, puisque non seulement les pieds étaient visibles, mais croisés l'un sur l'autre.
S’il y a bien un détail qui a rendu célèbre Sarah Jessica Parker, ce sont ses chaussures qui sont toutes plus folles les unes que les autres, comme ces sandales en tissu rose. Alors que Mister Big s’apprête à quitter New York, elle veut mettre ses plus belles chaussures pour sa dernière soirée avec lui. Mission accomplie jusqu’à ce que Miranda, une de ses amies enceinte, perde les eaux dessus ! Les fans de la série Sex and the City se souviennent aussi des chaussures dépareillées portées par son personnage, Carrie Bradshaw.
La rencontre avec le réalisateur David Lynch a été déterminante. En 2007, ils réalisent Fetish, une exposition de souliers en exemplaires uniques, avec lesquelles on ne peut pas marcher. Les photographies qu'en a faites le réalisateur sont toutes présentées dans une salle noire.
La visite s'achève par une boucle présentant le "musée imaginaire" du créateur, proposant, sans explications superflues, et sans les mettre en résonance avec ses propres créations, quelques-unes des oeuvres et objets qui l'ont inspiré et son ancrage culturel. Sans intention de convaincre. Juste pour le plaisir.
J'y ai reconnu la longue robe de crêpe bleue Saint-Laurent de l'Automne-Hiver 1969, au buste en cuivre issu d'un moulage du sculpteur Claude Lalanne directement sur le corps du mannequin Ifke Sturm et qui figurait dans l'exposition consacrée au grand couturier au Petit Palais en 2010.
9/10
Gerry est une jeune femme d'une trentaine d'années qui a enchaîné les relations toxiques et souffre de célibat prolongé. Désespérée par sa solitude en plein "âge de l'horloge", sa mère décide de prendre les choses en main. Elle l'inscrit à une thérapie miracle de dernier recours... Aime-moi est le portrait drôle et grinçant d'une jeune femme de son époque dans toutes ses névroses et ses contradictions.
J'avais lu ce résumé avant de venir au théâtre et je ne m'attendais pas du tout à ce que j'ai vu (peut-être ai-je été influencée par Hedda, le spectacle vu précédemment dans la même salle). Alors je vais tenter d'insister sur les points forts de ce spectacle.
Je suis venue parce que je suis "fanissime" de la comédienne, Géraldine Martineau. Donc à la limite, peu m'importe le sujet. Ce n'est pas ce qui me décidera à la voir. Mais vous n'êtes pas comme moi et je reconnais que la lecture de quelques lignes influence la réception du spectacle. Je n'échappe d'ailleurs pas à la règle.
Aime-moi est très drôle, très touchant, totalement sincère, sans concessions et pourtant ultra positif. L'heure passe à une vitesse folle et on a envie de revenir parce que l'authenticité est si manifeste que l'on est certain d'avance qu'on vivra une soirée un peu différente, tout autant captivante.
D'abord je voudrais dire que mon admiration pour Géraldine Martineau ne date pas d'hier. Je pense que je l'ai découverte dans Terre océane, mise en scène par Véronique Bellegarde il y a presque dix ans, revue dans Dormir cent ans, de Pauline Bureau, au Théâtre Paris-Villette, puis en tant que metteuse en scène dans La mort de Tintagiles, à la Tempête, bouleversante à coté d'Isabel Otero dans Déglutis ça ira mieux, la dernière pièce d'Eric Métayer et Andréa Bescond, au festival d'Avignon, et enfin dans Pompiers dans la mise en scène de Catherine Schaub au Rond-Point (quel duo exceptionnel avec son partenaire Antoine Cholet) qui l'avait déjà mise en scène 4 ans plus tôt dans Le Poisson belge à la Pépinière et pour lequel elle recevra le Molière de la révélation féminine en 2016.
Géraldine Martineau a l'art de se glisser dans la peau d'un personnage fragile, soit qu'il soit un enfant, soit une femme maltraitée ou une fille placée face à un dilemme insensé. Tous ces rôles m'avaient conditionnée à la voir définitivement comme une tragédienne, de la carrure par exemple d'une Anne Alvaro.
Grand bien lui a pris de se saisir de la plume pour s'écrire un rôle : la voilà autorisée à faire preuve de légèreté. Sans pour autant concéder une once au sérieux du sujet qui démarre sur un mode mystérieux.
Elle joue finement sur de multiples registres, danse à la perfection sur une musique de Juliette Armanet et chante Brel avec justesse. Et surtout elle aborde de front des sujets que l'on dit actuels mais qui sont hélas universels, en particulier la rudesse de la rupture par un 4 L (largage long lent et lâche), l'urgence de l'horloge biologique même si la congélation d'ovocytes est une possibilité récente et surtout la difficulté qu'ont les femmes d'exister entre une partie d'elle-même qui ne parvient pas à dire non (parce qu'elles sont programmées pour rendre les autres heureux) et une volonté farouche de se réaliser.
Malheureusement Aime-moi ne fera l'objet (pour le moment) que d'une courte exploitation au Belleville. Courez-y ! Et ne craignez pas de voir la pièce dans l'interprétation de Diane Bonnot qui la joue en alternance. Je suis certaine qu'elle est excellente elle aussi.
J'avais lu ce résumé avant de venir au théâtre et je ne m'attendais pas du tout à ce que j'ai vu (peut-être ai-je été influencée par Hedda, le spectacle vu précédemment dans la même salle). Alors je vais tenter d'insister sur les points forts de ce spectacle.
Je suis venue parce que je suis "fanissime" de la comédienne, Géraldine Martineau. Donc à la limite, peu m'importe le sujet. Ce n'est pas ce qui me décidera à la voir. Mais vous n'êtes pas comme moi et je reconnais que la lecture de quelques lignes influence la réception du spectacle. Je n'échappe d'ailleurs pas à la règle.
Aime-moi est très drôle, très touchant, totalement sincère, sans concessions et pourtant ultra positif. L'heure passe à une vitesse folle et on a envie de revenir parce que l'authenticité est si manifeste que l'on est certain d'avance qu'on vivra une soirée un peu différente, tout autant captivante.
D'abord je voudrais dire que mon admiration pour Géraldine Martineau ne date pas d'hier. Je pense que je l'ai découverte dans Terre océane, mise en scène par Véronique Bellegarde il y a presque dix ans, revue dans Dormir cent ans, de Pauline Bureau, au Théâtre Paris-Villette, puis en tant que metteuse en scène dans La mort de Tintagiles, à la Tempête, bouleversante à coté d'Isabel Otero dans Déglutis ça ira mieux, la dernière pièce d'Eric Métayer et Andréa Bescond, au festival d'Avignon, et enfin dans Pompiers dans la mise en scène de Catherine Schaub au Rond-Point (quel duo exceptionnel avec son partenaire Antoine Cholet) qui l'avait déjà mise en scène 4 ans plus tôt dans Le Poisson belge à la Pépinière et pour lequel elle recevra le Molière de la révélation féminine en 2016.
Géraldine Martineau a l'art de se glisser dans la peau d'un personnage fragile, soit qu'il soit un enfant, soit une femme maltraitée ou une fille placée face à un dilemme insensé. Tous ces rôles m'avaient conditionnée à la voir définitivement comme une tragédienne, de la carrure par exemple d'une Anne Alvaro.
Grand bien lui a pris de se saisir de la plume pour s'écrire un rôle : la voilà autorisée à faire preuve de légèreté. Sans pour autant concéder une once au sérieux du sujet qui démarre sur un mode mystérieux.
Elle joue finement sur de multiples registres, danse à la perfection sur une musique de Juliette Armanet et chante Brel avec justesse. Et surtout elle aborde de front des sujets que l'on dit actuels mais qui sont hélas universels, en particulier la rudesse de la rupture par un 4 L (largage long lent et lâche), l'urgence de l'horloge biologique même si la congélation d'ovocytes est une possibilité récente et surtout la difficulté qu'ont les femmes d'exister entre une partie d'elle-même qui ne parvient pas à dire non (parce qu'elles sont programmées pour rendre les autres heureux) et une volonté farouche de se réaliser.
Malheureusement Aime-moi ne fera l'objet (pour le moment) que d'une courte exploitation au Belleville. Courez-y ! Et ne craignez pas de voir la pièce dans l'interprétation de Diane Bonnot qui la joue en alternance. Je suis certaine qu'elle est excellente elle aussi.
8/10
Lena Paugam est exceptionnelle en parvenant à interpréter tous les personnages : le narrateur, la femme, l’homme et l’enfant.
C’est une excellente idée d’une part parce que théâtralement cela révèle une grande comédienne mais d’autre part surtout parce que cela montre que les choses ne sont pas binaires dans un couple. La différence est ténue entre le bourreau et sa victime et je ne dis pas pour autant que la victime soit consentante en pleine conscience.
Il y a comme l'écrit si précisément Sigrid Carré Lecoindre, un moment de la vie où on perd le pourquoi du comment de ce qu'on fait.
Pour résumer la pièce on peut dire que c’est une histoire d’amour comme il y en a tant, une histoire ordinaire qui se contorsionne et part à la dérive. De petites peurs en grandes humiliations, on raconte le récit d’Hedda, une de celles dont on dit qu’elles sont restées, malgré le premier coup et malgré ce qui a suivi.
Initialement, à l'automne 2016, le projet devait s'intituler Bégayer sa vie / Au bout du plongeoir pour signifier d'une part la difficulté de Lena Paugam à faire un choix pour soi-même, à l'instar de quelqu'un qui ne pourrait se décider entre le désir de plonger et l’empêchement de le faire. Elle a souhaité ensuite aborder la question du mutisme et de la solitude des femmes qui vivent dans la terreur de leur compagnon et qui ne savent pas comment ni à qui en parler.
Elle a donc proposé à Sigrid de poursuivre en orientant l’écriture sur une fiction autour de la violence dans le cadre secret du couple, en s'inspirant de la vie d'Hedda Nussbaum, une femme américaine née en 1942, dont le nom fut rendu célèbre en 1987 suite à une affaire judiciaire où elle fut accusée par son mari Joël Steinberg d’avoir tué sa fille adoptive, Lisa Steinberg. Ses défenseurs furent nombreux à la présenter comme victime de violences physiques et psychologiques exercées sur elle par son mari. Elle a écrit le livre Surviving Intimate Terrorism, paru en 2005.
Cependant Hedda n’est pas (seulement) un spectacle sur les violences faites aux femmes car il raconte également l’histoire d’un homme qui se découvre monstrueusement violent et ne parvient pas à maîtriser ses colères et ses frustrations. Si au départ la relation entre les amoureux est équilibrée on la voit basculer et provoquer l'autodestruction.
Il s'agissait ensuite de montrer comment le théâtre, par le biais de la tragédie, pourrait penser la présence du monstrueux en puissance en chacun, sans se situer dans une voie moralisante. L'homme est en quelque sorte autant victime que la femme.
Le décor est d’une grande simplicité mais tout à fait fonctionnel laissant apparaître dès le début du spectacle la salle de bains où aura lieu le drame. Les lumières sont essentielles et très réussies. Les choses se font petit à petit. C’est peut-être pour cela que l’engrenage des violences conjugales est si tragique.
Parce que cette histoire de domination s'installe sous le prétexte inverse. L'homme lui laisse entendre qu'il va l'aider à se faire respecter tout en insistant sur le fait que cela ressort de sa responsabilité à elle d'y parvenir. Au final c’est d’abord l’histoire d’une rencontre amoureuse dans laquelle petit à petit naît la violence. Comme le dit la comédienne dans une terrible parole : cet homme qui perd les pédales, je l'aime. Çà aurait pu être vous.
En alternant les voix parlée, chuchotée, dites avec ou sans micro, Lena Paugam se place et nous place face à chacun des protagonistes. On comprend que l'amour sera plus fort que tout, et qu'aucune horreur ne conduirait la femme à renier l'homme.
Mention spéciale pour les costumes avec un rouge exprimant l’amour, la passion et le drame.
A signaler que le texte de la pièce (plus long que celui du spectacle) a été publié.
C’est une excellente idée d’une part parce que théâtralement cela révèle une grande comédienne mais d’autre part surtout parce que cela montre que les choses ne sont pas binaires dans un couple. La différence est ténue entre le bourreau et sa victime et je ne dis pas pour autant que la victime soit consentante en pleine conscience.
Il y a comme l'écrit si précisément Sigrid Carré Lecoindre, un moment de la vie où on perd le pourquoi du comment de ce qu'on fait.
Pour résumer la pièce on peut dire que c’est une histoire d’amour comme il y en a tant, une histoire ordinaire qui se contorsionne et part à la dérive. De petites peurs en grandes humiliations, on raconte le récit d’Hedda, une de celles dont on dit qu’elles sont restées, malgré le premier coup et malgré ce qui a suivi.
Initialement, à l'automne 2016, le projet devait s'intituler Bégayer sa vie / Au bout du plongeoir pour signifier d'une part la difficulté de Lena Paugam à faire un choix pour soi-même, à l'instar de quelqu'un qui ne pourrait se décider entre le désir de plonger et l’empêchement de le faire. Elle a souhaité ensuite aborder la question du mutisme et de la solitude des femmes qui vivent dans la terreur de leur compagnon et qui ne savent pas comment ni à qui en parler.
Elle a donc proposé à Sigrid de poursuivre en orientant l’écriture sur une fiction autour de la violence dans le cadre secret du couple, en s'inspirant de la vie d'Hedda Nussbaum, une femme américaine née en 1942, dont le nom fut rendu célèbre en 1987 suite à une affaire judiciaire où elle fut accusée par son mari Joël Steinberg d’avoir tué sa fille adoptive, Lisa Steinberg. Ses défenseurs furent nombreux à la présenter comme victime de violences physiques et psychologiques exercées sur elle par son mari. Elle a écrit le livre Surviving Intimate Terrorism, paru en 2005.
Cependant Hedda n’est pas (seulement) un spectacle sur les violences faites aux femmes car il raconte également l’histoire d’un homme qui se découvre monstrueusement violent et ne parvient pas à maîtriser ses colères et ses frustrations. Si au départ la relation entre les amoureux est équilibrée on la voit basculer et provoquer l'autodestruction.
Il s'agissait ensuite de montrer comment le théâtre, par le biais de la tragédie, pourrait penser la présence du monstrueux en puissance en chacun, sans se situer dans une voie moralisante. L'homme est en quelque sorte autant victime que la femme.
Le décor est d’une grande simplicité mais tout à fait fonctionnel laissant apparaître dès le début du spectacle la salle de bains où aura lieu le drame. Les lumières sont essentielles et très réussies. Les choses se font petit à petit. C’est peut-être pour cela que l’engrenage des violences conjugales est si tragique.
Parce que cette histoire de domination s'installe sous le prétexte inverse. L'homme lui laisse entendre qu'il va l'aider à se faire respecter tout en insistant sur le fait que cela ressort de sa responsabilité à elle d'y parvenir. Au final c’est d’abord l’histoire d’une rencontre amoureuse dans laquelle petit à petit naît la violence. Comme le dit la comédienne dans une terrible parole : cet homme qui perd les pédales, je l'aime. Çà aurait pu être vous.
En alternant les voix parlée, chuchotée, dites avec ou sans micro, Lena Paugam se place et nous place face à chacun des protagonistes. On comprend que l'amour sera plus fort que tout, et qu'aucune horreur ne conduirait la femme à renier l'homme.
Mention spéciale pour les costumes avec un rouge exprimant l’amour, la passion et le drame.
A signaler que le texte de la pièce (plus long que celui du spectacle) a été publié.
8/10
Je ne l'avais pas vu en Avignon dans la mise en scène d'Olivier Douau. Je suis pourtant amatrice de l'écriture de Tonino Benacquista mais d'une part j'avoue ne pas connaitre la salle des 3 Raisins et j'ignorais qu'il avait (aussi) écrit pour le théâtre. Dommage, soit dit en passant qu'il n'ait pas continué car il est autant déroutant sur scène que sur papier.
Le spectacle est annoncé comme avoir été un succès en Avignon deux ans de suite, après avoir été sélectionné au Festival Polar Cognac 2017. Je ne peux pas juger ce que l'on doit à la nouvelle mise en scène, signée Stanislas Rosemin. Je serais quand même curieuse de savoir ce qui a été modifié.
En tout cas la pièce est qualifiée de polar psychanalytique et c'est tout à fait cela. La tension s'installe lentement et ne faiblit pas jusqu'au dénouement final à propos duquel le spectateur modifie sans cesse son hypothèse.
La cure psychanalytique est presque une enquête, dont le but est que le patient aille mieux. C'est le "contrat" de base et c'est ce que le thérapeute (Patrick Seminor) cherche à instaurer. Mais son client n'est pas ordinaire. Il va résister plus que la normale et le jeu du transfert/contre-transfert sera difficile à maitriser. Car pour lui (Olivier Douau) le terme de contrat correspond à toute autre chose.
Au départ le psychanalyste semble trouver "normales" les crises d’angoisse de son nouveau patient et ne s'en inquiète pas plus que ça, avant de réaliser, séance après séance et au fur et à mesure des confidences, qu’il est pris au piège de révélations sur des affaires criminelles que nul n’est censé connaître.
Car les deux hommes ont un autre terme lexical commun autour du silence, protecteur dans le cadre du secret professionnel, angoissant dans celui de la loi du silence qui s'applique dans la mafia.
Ces deux axes composent la structure en spirale ascendante du huis clos écrit par Tonino Benaquista. Il retourne les codes, joue des double sens, insère quelques lapsus dans une atmosphère qui devient étouffante. Qui en sortira ? Un seul ou les deux ? Et dans quel état ?
Si l'intelligence devient une arme, suffira-t-elle à briser l'omerta ? Quelle place laisser à la culpabilité et dans quel intérêt ? Les deux comédiens sont à égalité de puissance et l'humour -noir évidemment- apporte la légèreté suffisante pour que le public hésite constamment à prendre parti, surtout lorsque la situation se retourne.
Les deux hommes s’affrontent dans une partie d’échecs sous tension, dont l’issue incertaine n’est délivrée que dans la dernière réplique.
Décidément, le sous-sol du Gymnase Marie Bell est le théâtre de belles pièces depuis la rentrée avec aussi Les Gardiennes et l'Ombre.
Le spectacle est annoncé comme avoir été un succès en Avignon deux ans de suite, après avoir été sélectionné au Festival Polar Cognac 2017. Je ne peux pas juger ce que l'on doit à la nouvelle mise en scène, signée Stanislas Rosemin. Je serais quand même curieuse de savoir ce qui a été modifié.
En tout cas la pièce est qualifiée de polar psychanalytique et c'est tout à fait cela. La tension s'installe lentement et ne faiblit pas jusqu'au dénouement final à propos duquel le spectateur modifie sans cesse son hypothèse.
La cure psychanalytique est presque une enquête, dont le but est que le patient aille mieux. C'est le "contrat" de base et c'est ce que le thérapeute (Patrick Seminor) cherche à instaurer. Mais son client n'est pas ordinaire. Il va résister plus que la normale et le jeu du transfert/contre-transfert sera difficile à maitriser. Car pour lui (Olivier Douau) le terme de contrat correspond à toute autre chose.
Au départ le psychanalyste semble trouver "normales" les crises d’angoisse de son nouveau patient et ne s'en inquiète pas plus que ça, avant de réaliser, séance après séance et au fur et à mesure des confidences, qu’il est pris au piège de révélations sur des affaires criminelles que nul n’est censé connaître.
Car les deux hommes ont un autre terme lexical commun autour du silence, protecteur dans le cadre du secret professionnel, angoissant dans celui de la loi du silence qui s'applique dans la mafia.
Ces deux axes composent la structure en spirale ascendante du huis clos écrit par Tonino Benaquista. Il retourne les codes, joue des double sens, insère quelques lapsus dans une atmosphère qui devient étouffante. Qui en sortira ? Un seul ou les deux ? Et dans quel état ?
Si l'intelligence devient une arme, suffira-t-elle à briser l'omerta ? Quelle place laisser à la culpabilité et dans quel intérêt ? Les deux comédiens sont à égalité de puissance et l'humour -noir évidemment- apporte la légèreté suffisante pour que le public hésite constamment à prendre parti, surtout lorsque la situation se retourne.
Les deux hommes s’affrontent dans une partie d’échecs sous tension, dont l’issue incertaine n’est délivrée que dans la dernière réplique.
Décidément, le sous-sol du Gymnase Marie Bell est le théâtre de belles pièces depuis la rentrée avec aussi Les Gardiennes et l'Ombre.
9/10
Il existe des spectacles vraiment particuliers et qui, une fois qu'on les a vus, relèvent pourtant de l'évidence, au-delà de leur singularité, parce qu'ils sont forts et touchent à l'universel.
Le Banquet, écrit et mis en scène par Mathilda May, est de ceux-là.
C'est une expérience particulière parce que les dialogues sont en yaourt, mais compréhensibles par le ton employé et surtout par les mimiques accompagnant chaque scène. On est dans ce qu'on pourrait qualifier de théâtre visuel, un peu à l'instar de ce que fait Familie Flöz que j'aime beaucoup, ou encore LoDka.
Comparativement, les paroles des chansons de Dolly Parton qui chante en américain sont assez limpides.
Le public est dans l'ambiance dès le lever de rideau, en suivant les déboires de la serveuse (Stéphanie Djoudi-Guiraudon) qui provoque l'hilarité. Les rires vont se succéder sans relâche. Et le spectateur ressentira une palette d'émotions. Comme dans la vraie vie et qu'on a envie d'éclater de rire à un enterrement ou de pleurer à un mariage.
Tout au long de la soirée, les personnages s’aiment, s‘affrontent, se jalousent, se retrouvent, s'émerveillent et se perdent dans une succession de tourbillons rythmés par la musique country de Dolly Parton (avec notamment Love is like a butterfly, 9 to 5 et Travelin’ Prayer). Le spectacle obéit à une mécanique ultra-précise qui n'a rien d'improvisé.
Les comédiens sont autant à l'aise dans le jeu, le mime, la danse, et même le chant, justifiant le Molière 2019 du metteur en scène d'un spectacle de théâtre public, et le Molière de la révélation féminine (pour Ariane Mourier).
Tout y est : le jet de riz comme le lancer de bouquet, le discours, l'ascension acrobatique vers le buffet, l'invité mystère, la gaffe, l'accident ... le gâteau, des ralentis, des moments de poésie ou de trivialité, et même de la magie. Tous les sentiments se succèdent, même l'ennui.
Le Banquet est intemporel et c'est une heureuse idée de le reprendre au Théâtre de Paris quelques mois après sa création au Rond-Point, à un moment de l'année où on a besoin de distraction. N'hésitez pas à aller le voir. Laissez-vous porter. C'est un régal pour un public qui s'avoue conquis.
Le Banquet, écrit et mis en scène par Mathilda May, est de ceux-là.
C'est une expérience particulière parce que les dialogues sont en yaourt, mais compréhensibles par le ton employé et surtout par les mimiques accompagnant chaque scène. On est dans ce qu'on pourrait qualifier de théâtre visuel, un peu à l'instar de ce que fait Familie Flöz que j'aime beaucoup, ou encore LoDka.
Comparativement, les paroles des chansons de Dolly Parton qui chante en américain sont assez limpides.
Le public est dans l'ambiance dès le lever de rideau, en suivant les déboires de la serveuse (Stéphanie Djoudi-Guiraudon) qui provoque l'hilarité. Les rires vont se succéder sans relâche. Et le spectateur ressentira une palette d'émotions. Comme dans la vraie vie et qu'on a envie d'éclater de rire à un enterrement ou de pleurer à un mariage.
Tout au long de la soirée, les personnages s’aiment, s‘affrontent, se jalousent, se retrouvent, s'émerveillent et se perdent dans une succession de tourbillons rythmés par la musique country de Dolly Parton (avec notamment Love is like a butterfly, 9 to 5 et Travelin’ Prayer). Le spectacle obéit à une mécanique ultra-précise qui n'a rien d'improvisé.
Les comédiens sont autant à l'aise dans le jeu, le mime, la danse, et même le chant, justifiant le Molière 2019 du metteur en scène d'un spectacle de théâtre public, et le Molière de la révélation féminine (pour Ariane Mourier).
Tout y est : le jet de riz comme le lancer de bouquet, le discours, l'ascension acrobatique vers le buffet, l'invité mystère, la gaffe, l'accident ... le gâteau, des ralentis, des moments de poésie ou de trivialité, et même de la magie. Tous les sentiments se succèdent, même l'ennui.
Le Banquet est intemporel et c'est une heureuse idée de le reprendre au Théâtre de Paris quelques mois après sa création au Rond-Point, à un moment de l'année où on a besoin de distraction. N'hésitez pas à aller le voir. Laissez-vous porter. C'est un régal pour un public qui s'avoue conquis.