- Théâtre contemporain
- Théâtre de Paris
- Paris 9ème
Le Banquet

- Ariane Mourier
- Stéphanie Djoudi-Guiraudon
- Lee Delong
- Jérémie Covillault
- Bernie Collins
- Sébastien Almar
- Françoise Miquelis
- Roxane Bret
- Arnaud Maillard
- Tristan Robin
- Théâtre de Paris
- 15, rue Blanche
- 75009 Paris
- Trinité (l.12), Blanche (l.2)
Mathilda May construit après Open Space, une fiesta sans paroles avec onomatopées chorales ou soliloques en borborygmes. Fête d’après la noce, quand l’agape tourne au cauchemar : l’ultime moyen de supporter la tragédie, c’est encore d’en rire.
Parterre mal foutu, touffes rebelles, talus d’un terrain accidenté où les invités se prennent les pieds dans le tapis de la vie. Déjà, le sol n’est pas à la hauteur. On boit, on se console.
Fête d’après la noce, le banquet rassemble les familles et les joies, les rancœurs et les ratages. Chacun y va de son numéro comique, chansons et danses, tragédie du spectacle des humanités réunies. Le père fait son discours et la mère son intéressante. On boit, trop. Une dame grosse cherche son chien, dont la robe de la mariée se souviendra. On pleure, on rit, on se tache beaucoup. On saigne et on vomit, c’est la catastrophe joyeuse d’une communauté en fête qui crie, vocifère, pérore.
Personne ne se parle. On s’agite et se pavane, glisse, tombe et se relève. C’est toute une vie en une soirée sans paroles.
Le Banquet, écrit et mis en scène par Mathilda May, est de ceux-là.
C'est une expérience particulière parce que les dialogues sont en yaourt, mais compréhensibles par le ton employé et surtout par les mimiques accompagnant chaque scène. On est dans ce qu'on pourrait qualifier de théâtre visuel, un peu à l'instar de ce que fait Familie Flöz que j'aime beaucoup, ou encore LoDka.
Comparativement, les paroles des chansons de Dolly Parton qui chante en américain sont assez limpides.
Le public est dans l'ambiance dès le lever de rideau, en suivant les déboires de la serveuse (Stéphanie Djoudi-Guiraudon) qui provoque l'hilarité. Les rires vont se succéder sans relâche. Et le spectateur ressentira une palette d'émotions. Comme dans la vraie vie et qu'on a envie d'éclater de rire à un enterrement ou de pleurer à un mariage.
Tout au long de la soirée, les personnages s’aiment, s‘affrontent, se jalousent, se retrouvent, s'émerveillent et se perdent dans une succession de tourbillons rythmés par la musique country de Dolly Parton (avec notamment Love is like a butterfly, 9 to 5 et Travelin’ Prayer). Le spectacle obéit à une mécanique ultra-précise qui n'a rien d'improvisé.
Les comédiens sont autant à l'aise dans le jeu, le mime, la danse, et même le chant, justifiant le Molière 2019 du metteur en scène d'un spectacle de théâtre public, et le Molière de la révélation féminine (pour Ariane Mourier).
Tout y est : le jet de riz comme le lancer de bouquet, le discours, l'ascension acrobatique vers le buffet, l'invité mystère, la gaffe, l'accident ... le gâteau, des ralentis, des moments de poésie ou de trivialité, et même de la magie. Tous les sentiments se succèdent, même l'ennui.
Le Banquet est intemporel et c'est une heureuse idée de le reprendre au Théâtre de Paris quelques mois après sa création au Rond-Point, à un moment de l'année où on a besoin de distraction. N'hésitez pas à aller le voir. Laissez-vous porter. C'est un régal pour un public qui s'avoue conquis.
C’est toute une vie en une soirée sans paroles ou presque tant ces personnages savent s’exprimer avec leur corps, leur regard, leur voix…(la scénographie et les accompagnements audio les soutiennent avec précision)
Vous serez très certainement surpris, un brin désemparé les premières minutes… si vous parvenez à “lâcher” prise, vous ne manquerez vous de vous laisser embarquer, emporter par ces trublions, ces saltimbanques version comedia del arte ( saltare in banco : sauter sur une estrade) , l’univers Fellinien n’est pas loin , cohabitation du rêve, du fantasme, de la vraisemblance et de l’artifice où les larmes ne sont jamais loin du rire
Un rythme : Crescendo…
Une palette d’émotion du saupoudrage au feu d’artifice et son bouquet final
En conclusion : un moment de théâtre singulier et pluriel, une vraie signature, une écriture précise cachée sous les onomatopées, des personnages truculents…le burlesque, le fantasque s’invitent pour notre plus grand bonheur !
Le dressage d'un banquet, l'arrivée des invités, l'entrée des mariés, les discours, le vidéo-projecteur, la lancer de bouquet, tout se déroule sous le barnum dressé à l'occasion d'un mariage. Scènes universelles que nous avons quasiment tous vécus... à quelques détails près ! Le nouveau mari qui n'a pas fait vœux de fidélité, la mariée qui fait vite une croix sur sa robe blanche immaculée, l'ex-compagnon qui refait surface, sans compter sur les autres personnages, la fête promet d'être inoubliable. Loufoque, clownesque, burlesque, absurde, les mots, pour le coup, ne manquent pas pour décrire ce spectacle muet.
Une pièce sans parole, une drôle d'idée pourrait-on penser. J'y allais pourtant sans a priori, le souvenir encore en tête du travail de Pierre Guillois dans "Bigre". Le charabia employé entre les comédiens - tous excellents, généreux et complices - devient une évidence pour illustrer les situations foutraques. Les borborygmes sont à la fois de la prose et un amplificateur des gags. Le spectateur ne peut que craindre "ça va mal finir, cette histoire. ça va mal finir !". Et bien non, comble de l'ironie, tout rentrera quasiment dans l'ordre par un final kitsch à souhait. Le genre de mariage où l'on aurait rêvé d'être invité !