Ses critiques
8 critiques
8/10
Le Voyage en Uruguay : un paysan dépaysant.
Convoyer un cheptel bovin de Normandie à Montevideo avec les moyens de transport d'après-guerre peut en effet réserver quelques surprises. La moindre n'est pas cette pièce écrite par Clément HERVIEU LEGER en hommage à son oncle qui vécu tout ou partie de cette odyssée bovine.
Sur un sujet peu susceptible d'enflammer les foules, l'auteur livre un joli support au talent de Guillaume RAVOIRE qui réussit à nous surprendre, nous séduire, nous amuser. On peut regretter que certains personnages secondaires ne soient qu'esquissés voire occultés, mais l'adaptation est sans doute restée fidèle au texte originel. Son interprétation habitée et par moments très physique nous emporte sans peine du bocage à la pampa.
L'espace scénique est pleinement occupé et l'ingéniosité de la mise en scène de Daniel SAN PEDRO est telle qu'on est surpris en sortant de ne pas avoir vu le bout du museau d'Aphar à défaut de celui d'Osiris.
Encore une fois le Lucernaire nous propose un spectacle de qualité, et même en cette rentrée surchargée, n'hésitez pas à naviguer vers l'Amérique du Sud le temps d'une soirée.
Convoyer un cheptel bovin de Normandie à Montevideo avec les moyens de transport d'après-guerre peut en effet réserver quelques surprises. La moindre n'est pas cette pièce écrite par Clément HERVIEU LEGER en hommage à son oncle qui vécu tout ou partie de cette odyssée bovine.
Sur un sujet peu susceptible d'enflammer les foules, l'auteur livre un joli support au talent de Guillaume RAVOIRE qui réussit à nous surprendre, nous séduire, nous amuser. On peut regretter que certains personnages secondaires ne soient qu'esquissés voire occultés, mais l'adaptation est sans doute restée fidèle au texte originel. Son interprétation habitée et par moments très physique nous emporte sans peine du bocage à la pampa.
L'espace scénique est pleinement occupé et l'ingéniosité de la mise en scène de Daniel SAN PEDRO est telle qu'on est surpris en sortant de ne pas avoir vu le bout du museau d'Aphar à défaut de celui d'Osiris.
Encore une fois le Lucernaire nous propose un spectacle de qualité, et même en cette rentrée surchargée, n'hésitez pas à naviguer vers l'Amérique du Sud le temps d'une soirée.
9/10
Parce que !
Oui, pourquoi aller voir Mickaël Hirsch dans Pourquoi ?
Réponse : parce que.
C'est un peu court j'en conviens donc développons :
Parce que la langue : celle de molière est ici sublimée, et les mots-lierre qu'il emploie s'enroulent autour d'une idée, se développent en tous sens, s'en nourrissent à l'envi et en parfaite symbiose avant de s'accrocher à l'idée suivante.
Parce que le temps : en à peine plus d'une heure, sa langue, sans langueur aucune, va frétiller, accélérer, ralentir, déraper parfois, pour nous permettre de savourer langoureusement de simples amuse-bouche ou bien de vraies fulgurances.
Parce que la France : il la connaît pour y donner son spectacle et il nous emmène dans ses moindres recoins, or s'il ne rencontre pas le succès qu'il mérite, il devra sans doute faire le torero à Bourg-la-reine.
Parce que la poésie : certes il prose et pas seulement à Auvers mais il rime aussi et nous n'eûmes pas assez de nos dix doigts pour applaudir son mille-pattes.
Parce que Fabrice Luchini adore son psy et que c'est réciproque.
Parce que la vie tout simplement : on s'y retrouve forcément, de l'enfant avec son innocence à l'ancien avec sa conscience, en passant par l'ado avec sa nonchalance et l'adulte et sa connaissance.
Oui, pourquoi aller voir Mickaël Hirsch dans Pourquoi ?
Réponse : parce que.
C'est un peu court j'en conviens donc développons :
Parce que la langue : celle de molière est ici sublimée, et les mots-lierre qu'il emploie s'enroulent autour d'une idée, se développent en tous sens, s'en nourrissent à l'envi et en parfaite symbiose avant de s'accrocher à l'idée suivante.
Parce que le temps : en à peine plus d'une heure, sa langue, sans langueur aucune, va frétiller, accélérer, ralentir, déraper parfois, pour nous permettre de savourer langoureusement de simples amuse-bouche ou bien de vraies fulgurances.
Parce que la France : il la connaît pour y donner son spectacle et il nous emmène dans ses moindres recoins, or s'il ne rencontre pas le succès qu'il mérite, il devra sans doute faire le torero à Bourg-la-reine.
Parce que la poésie : certes il prose et pas seulement à Auvers mais il rime aussi et nous n'eûmes pas assez de nos dix doigts pour applaudir son mille-pattes.
Parce que Fabrice Luchini adore son psy et que c'est réciproque.
Parce que la vie tout simplement : on s'y retrouve forcément, de l'enfant avec son innocence à l'ancien avec sa conscience, en passant par l'ado avec sa nonchalance et l'adulte et sa connaissance.
7/10
FISSION :
Impossible ?
C'est sur cette interrogation de Hahn (Christian FRANCOIS) que je veux revenir sur le spectacle qu'il m'a été donné de voir hier.
Ions positifs :
Tout d'abord, le théâtre de la Reine Blanche se prêtait indéniablement à la représentation d'une pièce autour de physiciens et chimistes, tant, une fois la porte franchie, on peut penser se trouver dans le laboratoire clandestin d'un savant plus ou moins fou.
Ensuite, l'histoire écrite par Jacques et Olivier TREINER au sujet d'une équipe de savants "nazis" travaillant en Allemagne sur la bombe A et qu'Oppenheimer et son équipe coifferont au poteau à Los Alamos permet de revenir sur quelques contre vérités historiques.
Enfin, la mise en scène toute en simplicité mais plutôt imaginative (surtout le tableau initial avec le personnage interprété par Benoît DI MARCO dans son cercueil signifié par trois paravents)
Neutrons :
Si tous les comédiens sont habités par leurs personnages, et à titre personnel j'ai énormément apprécié Alexandre LACHAUX dans le rôle de Walther GERLACH, j'ai regretté que Romain BERGER offre une trop grande similitude avec Hugh LAURIE dans son rôle télévisuel.
Dans un autre registre, et bien qu'il ne puisse lui en être fait grief tant c'est souvent agréable à entendre, l'accent chantant de Christian FRANCOIS transformait Otto HAHN en bas Varois peu germanique.
Ions négatifs :
Je suis resté un peu sur ma faim quant aux données scientifiques qui n'ont été que succinctement abordées. Sans m'attendre à un grossier "Eurêka" au détour d'un tableau, j'attendais plus de physique nucléaire afin d'éclairer l'ignorant que je suis en la matière.
Dans un cadre volontairement sobre et peu éclairé, la pièce comportant peu de rebondissements et beaucoup de texte, j'ai senti et constaté que les esprits de quelques spectateurs s'étaient occasionnellement comportés en électrons libres.
S'il existait l'équivalent du compteur Geiger pour la durée de rémanence d'une pièce dans l'esprit du spectateur, je pense tout de même rester radioactif un certain temps.
Impossible ?
C'est sur cette interrogation de Hahn (Christian FRANCOIS) que je veux revenir sur le spectacle qu'il m'a été donné de voir hier.
Ions positifs :
Tout d'abord, le théâtre de la Reine Blanche se prêtait indéniablement à la représentation d'une pièce autour de physiciens et chimistes, tant, une fois la porte franchie, on peut penser se trouver dans le laboratoire clandestin d'un savant plus ou moins fou.
Ensuite, l'histoire écrite par Jacques et Olivier TREINER au sujet d'une équipe de savants "nazis" travaillant en Allemagne sur la bombe A et qu'Oppenheimer et son équipe coifferont au poteau à Los Alamos permet de revenir sur quelques contre vérités historiques.
Enfin, la mise en scène toute en simplicité mais plutôt imaginative (surtout le tableau initial avec le personnage interprété par Benoît DI MARCO dans son cercueil signifié par trois paravents)
Neutrons :
Si tous les comédiens sont habités par leurs personnages, et à titre personnel j'ai énormément apprécié Alexandre LACHAUX dans le rôle de Walther GERLACH, j'ai regretté que Romain BERGER offre une trop grande similitude avec Hugh LAURIE dans son rôle télévisuel.
Dans un autre registre, et bien qu'il ne puisse lui en être fait grief tant c'est souvent agréable à entendre, l'accent chantant de Christian FRANCOIS transformait Otto HAHN en bas Varois peu germanique.
Ions négatifs :
Je suis resté un peu sur ma faim quant aux données scientifiques qui n'ont été que succinctement abordées. Sans m'attendre à un grossier "Eurêka" au détour d'un tableau, j'attendais plus de physique nucléaire afin d'éclairer l'ignorant que je suis en la matière.
Dans un cadre volontairement sobre et peu éclairé, la pièce comportant peu de rebondissements et beaucoup de texte, j'ai senti et constaté que les esprits de quelques spectateurs s'étaient occasionnellement comportés en électrons libres.
S'il existait l'équivalent du compteur Geiger pour la durée de rémanence d'une pièce dans l'esprit du spectateur, je pense tout de même rester radioactif un certain temps.
8/10
Cachot et infamies :
Sacco et Vanzetti de A à Z :
Acteurs: Jacques DAU et Jean Marc CATELLA, tour à tour émouvants, cyniques, drôles, obtus mais justes, justes même quand ils incarnent l'injustice. Ils jonglent avec les chaises comme avec les personnages dans un cirque médiatico judiciaire où tout est joué d'avance.
Dénuement: Les chaises précitées, des ampoules pendantes, un drap au fond avec des projections d'images d'archives. Ce dénuement scénique qui peut évoquer le dénuement voulu par l'anarchie mais aussi et surtout celui subi par nombre de migrants du siècle passé en Amérique ou du siècle présent en Europe.
Humanité: celle de Sacco, suiveur plus que meneur, dépassé par les événements et plus préoccupé de sa femme et de ses enfants que de la "cause".
Ingéniosité: celle de François BOURCIER qui, à partir des mêmes éléments de décors (chaises de divers tailles), nous emporte en un instant d'une cellule du couloir de la mort à un music hall, d'un appartement d'ouvrier à un bureau cossu de directeur d'établissement pénitentiaire, d'un tribunal à une salle de tri postal, les objets devenant même des personnages à part entière, qu'ils soient utilisés par les comédiens ou simplement posés sur scène.
Puissance(s): celle du texte qui, même si on ne partage pas les idéaux revendiqués par Vanzetti plus que par Sacco, montre bien qu'hier comme aujourd'hui, ceux qui pensent différemment se heurtent à la toute puissance du pouvoir en place qui veut à tout prix conserver le statu quo qui l'arrange tant (le monologue du gouverneur est édifiant sur ce point).
Zzzzzz: comme le bourdonnement électrique de la dernière chaise qui leur est attribuée, symbole d'une époque et d'un système où l'on peut se débarrasser sans vergogne des gêneurs, même innocents. Ah oui, c'est vrai, outre atlantique, ça fonctionne encore...
Sacco et Vanzetti de A à Z :
Acteurs: Jacques DAU et Jean Marc CATELLA, tour à tour émouvants, cyniques, drôles, obtus mais justes, justes même quand ils incarnent l'injustice. Ils jonglent avec les chaises comme avec les personnages dans un cirque médiatico judiciaire où tout est joué d'avance.
Dénuement: Les chaises précitées, des ampoules pendantes, un drap au fond avec des projections d'images d'archives. Ce dénuement scénique qui peut évoquer le dénuement voulu par l'anarchie mais aussi et surtout celui subi par nombre de migrants du siècle passé en Amérique ou du siècle présent en Europe.
Humanité: celle de Sacco, suiveur plus que meneur, dépassé par les événements et plus préoccupé de sa femme et de ses enfants que de la "cause".
Ingéniosité: celle de François BOURCIER qui, à partir des mêmes éléments de décors (chaises de divers tailles), nous emporte en un instant d'une cellule du couloir de la mort à un music hall, d'un appartement d'ouvrier à un bureau cossu de directeur d'établissement pénitentiaire, d'un tribunal à une salle de tri postal, les objets devenant même des personnages à part entière, qu'ils soient utilisés par les comédiens ou simplement posés sur scène.
Puissance(s): celle du texte qui, même si on ne partage pas les idéaux revendiqués par Vanzetti plus que par Sacco, montre bien qu'hier comme aujourd'hui, ceux qui pensent différemment se heurtent à la toute puissance du pouvoir en place qui veut à tout prix conserver le statu quo qui l'arrange tant (le monologue du gouverneur est édifiant sur ce point).
Zzzzzz: comme le bourdonnement électrique de la dernière chaise qui leur est attribuée, symbole d'une époque et d'un système où l'on peut se débarrasser sans vergogne des gêneurs, même innocents. Ah oui, c'est vrai, outre atlantique, ça fonctionne encore...
7/10
Pour une fois, je commence par ce que je n'ai pas aimé, le texte : à mon goût trop éthéré, trop lancinant, parfois trop redondant. Mais sur le sujet d'un infanticide pour l'honneur, que dire ? Qu'il est préférable de lire le descriptif avant le spectacle pour apprécier toute la subtilité de la mise en scène.
En effet, ce qui n'est au départ qu'un seule en scène devient un dialogue avec une actrice inattendue, la terre, terre qui figure aussi bien le parterre pour les plantes qui occupent l'esprit de Magda que la sépulture de Médine. Cette terre que Magda (époustouflante Maïté Cotton) caresse, égrène, frappe, écrase, dans laquelle elle s'allonge, et qui vient comme une évidence répondre au rire, aux larmes, à la colère d'une mère impuissante qui se réfugie peu à peu dans une folie douce. Merci au théâtre Darius Milhaud de programmer ce genre de spectacles qui, même si l'on n'accroche pas au texte, ne peut pas laisser indifférent. Merci à Stéphanie Correia pour la finesse de sa mise en scène et enfin, au risque de plagier les spectateurs présents dans la salle ce soir, MERCI à Maïté, non pour son interprétation mais bien pour son incarnation de Magda.
En effet, ce qui n'est au départ qu'un seule en scène devient un dialogue avec une actrice inattendue, la terre, terre qui figure aussi bien le parterre pour les plantes qui occupent l'esprit de Magda que la sépulture de Médine. Cette terre que Magda (époustouflante Maïté Cotton) caresse, égrène, frappe, écrase, dans laquelle elle s'allonge, et qui vient comme une évidence répondre au rire, aux larmes, à la colère d'une mère impuissante qui se réfugie peu à peu dans une folie douce. Merci au théâtre Darius Milhaud de programmer ce genre de spectacles qui, même si l'on n'accroche pas au texte, ne peut pas laisser indifférent. Merci à Stéphanie Correia pour la finesse de sa mise en scène et enfin, au risque de plagier les spectateurs présents dans la salle ce soir, MERCI à Maïté, non pour son interprétation mais bien pour son incarnation de Magda.
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