- Théâtre contemporain
- Théâtre Déjazet
- Paris 3ème
Und

8,2/10
- Théâtre Déjazet
- 41, boulevard du Temple
- 75003 Paris
- République (l.3, l.5, l.8, l.9, l.11)
Itinéraire
Billets de 26,00 à 40,00 €
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Une femme attend un homme.
L’homme est en retard. Alors elle parle, tandis que l’homme (si c’est bien lui) s’approche. Entre duo d’amour et duel à mort, une étrange partie s’engage : pour l’un d’eux, cette rencontre sera fatale.
Voix majeure du théâtre anglais contemporain, Howard Barker revient dans ce monologue sur son territoire de prédilection : le rapport entre le désir et la mort, tel que seule la tragédie peut en donner l’expérience au spectateur.
Une pièce de Howard Barker
Texte français de Vanasay Khamphommala
Mise en scène Jacques Vincey
Avec Natalie Dessay et Alexandre Meyer
Scénographie Mathieu Lorry-Dupuy
Toutes les critiques
On connaissait la chanteuse, on découvre ici pleinement la comédienne que ses rôles à l’opéra avaient déjà permis d’entrevoir.
Elle est déjà là quand le public entre dans la salle, au centre du plateau, sous une multitude de « couteaux » de glace, qui commencent à fondre.
Le bruit des gouttes rythme l’installation du public. L’ambiance est posée.
Une silhouette immobile, statue antique, silhouette » aristocratique » … une femme juive… qui attend… son amant? Son bourreau? Son assassin? Une victime lui aussi?
Affronter. Affronter la peur. Affronter la mort. Affronter les affres de la passion, du désir.
Rester debout, digne, droite. Le raffinement face à la barbarie. L’élégance face à l’effondrement. Rester stoïque, jusqu’au bout.
Parler pour ne pas sombrer, pour vivre, encore un peu.
Si le texte reste empli de mystère, la sobriété du jeu, la présence de l’interprète, et cette belle scénographie nous entraînent dans cet univers particulier. S’abandonner aux digressions de la pensée, aux répétitions, aux errances de l’esprit…ne pas chercher à tout comprendre, basculer dans un autre monde.
On sursaute quand les blocs de glace s’effondrent peu à peu, quand les bruitages (superbe travail pour l’univers sonore de la pièce) se font plus menaçants, et quand dans les dernières secondes, c’est la voix chantée de Natalie Dessay que l’on retrouve, on est ému, tout simplement… jusqu’au final qui laisse sans voix…
Elle est déjà là quand le public entre dans la salle, au centre du plateau, sous une multitude de « couteaux » de glace, qui commencent à fondre.
Le bruit des gouttes rythme l’installation du public. L’ambiance est posée.
Une silhouette immobile, statue antique, silhouette » aristocratique » … une femme juive… qui attend… son amant? Son bourreau? Son assassin? Une victime lui aussi?
Affronter. Affronter la peur. Affronter la mort. Affronter les affres de la passion, du désir.
Rester debout, digne, droite. Le raffinement face à la barbarie. L’élégance face à l’effondrement. Rester stoïque, jusqu’au bout.
Parler pour ne pas sombrer, pour vivre, encore un peu.
Si le texte reste empli de mystère, la sobriété du jeu, la présence de l’interprète, et cette belle scénographie nous entraînent dans cet univers particulier. S’abandonner aux digressions de la pensée, aux répétitions, aux errances de l’esprit…ne pas chercher à tout comprendre, basculer dans un autre monde.
On sursaute quand les blocs de glace s’effondrent peu à peu, quand les bruitages (superbe travail pour l’univers sonore de la pièce) se font plus menaçants, et quand dans les dernières secondes, c’est la voix chantée de Natalie Dessay que l’on retrouve, on est ému, tout simplement… jusqu’au final qui laisse sans voix…
Quand j’ai su que Natalie Dessay serait sur la scène du Déjazet, je me suis précipitée car je voulais savoir si sur une scène où elle n’utiliserait pas son merveilleux pouvoir de chanteuse, je succomberais encore à son charme.
Les choses sont claires : j’ai succombé à nouveau !
Quand je suis entrée dans la salle, j’ai cru qu’un mannequin paré d’une belle robe rouge était au centre de la scène, puis un infime scintillement m’a fait regarder plus attentivement (et je me suis rapprochée aussi), et j’ai compris que j’étais déjà en présence de Natalie Dessay qui patientait telle une statue de cire sur scène.
Ensuite, j’ai vu qu’il ‘pleuvait’ sur le plateau, levant la tête, je découvre une trentaine de plaque de glace suspendues par des crochets tout autour de la comédienne et déjà fondantes sur la chaleur des projecteurs. L’effet est saisissant.
Und est un texte de Howard Baker, adapté en français par Vanasay Khamphommala et mis en scène par Jacques Vincey. C’est un monologue très particulier (un extrait est disponible à la fin de la chronique) où une femme va passer par tous les états possibles en attendant un visiteur. Cette attente va virer au duel dont l’intensité va monter crescendo, même si on ne voit jamais le visiteur. Le texte est magnifiquement accompagné par une ambiance sonore riche, variée et particulièrement plaisante créé et jouée par Alexandre Meyer.
Natalie Dessay nous fait vivre cette confrontation avec ses doutes, ses joies, ses crises d’hystérie d’une façon particulièrement réussie entourée par ces plaques de glace qui reflètent la lumière et donne une ambiance mystérieuse.
Le final est juste fabuleux.
Les choses sont claires : j’ai succombé à nouveau !
Quand je suis entrée dans la salle, j’ai cru qu’un mannequin paré d’une belle robe rouge était au centre de la scène, puis un infime scintillement m’a fait regarder plus attentivement (et je me suis rapprochée aussi), et j’ai compris que j’étais déjà en présence de Natalie Dessay qui patientait telle une statue de cire sur scène.
Ensuite, j’ai vu qu’il ‘pleuvait’ sur le plateau, levant la tête, je découvre une trentaine de plaque de glace suspendues par des crochets tout autour de la comédienne et déjà fondantes sur la chaleur des projecteurs. L’effet est saisissant.
Und est un texte de Howard Baker, adapté en français par Vanasay Khamphommala et mis en scène par Jacques Vincey. C’est un monologue très particulier (un extrait est disponible à la fin de la chronique) où une femme va passer par tous les états possibles en attendant un visiteur. Cette attente va virer au duel dont l’intensité va monter crescendo, même si on ne voit jamais le visiteur. Le texte est magnifiquement accompagné par une ambiance sonore riche, variée et particulièrement plaisante créé et jouée par Alexandre Meyer.
Natalie Dessay nous fait vivre cette confrontation avec ses doutes, ses joies, ses crises d’hystérie d’une façon particulièrement réussie entourée par ces plaques de glace qui reflètent la lumière et donne une ambiance mystérieuse.
Le final est juste fabuleux.
ATTENTE
Une femme attend
Droite comme un "i" et drapée dans sa rouge robe de soirée elle attend
Il est en retard
Qui attend-elle ?
Un mari ? Un fiancé ? Un livreur ? Un ami ? Un signe du destin ? Un concept ? Un fantôme? Une menace ? Un bourreau ?
Pourquoi refuse-t-elle de lui faire ouvrir lorsque retentit avec insistance la cloche de l'entrée? Par vengeance ? caprice ? peur ?
Qui est-elle ?
Une amante ? Une aristocrate ? Une femme juive ? Un bourreau ? Une victime ? Une idée? Un spectre ?
REMARQUABLE TRANSITION
Pour son passage au théâtre Natalie DESSAY n'a définitivement pas choisi la facilité avec ce texte de Howard BARKER. Elle-même reconnait ne pas avoir compris tout le texte à la première lecture. Un texte ardu, âpre, qui se livre lentement, se glissant dans nos esprits doucement, presque insidieusement. Avec ce monologue intense et grave le dramaturge britannique nous plonge dans les tréfonds de l'âme humaine, là où se croisent la cruauté et l'humanité. Dans cette joute orale entre cette femme et l'homme que nous ne verrons jamais, c'est une bataille âpre qui se joue. Entre songe et réalité, entre désirs et craintes, les mots résonnent en chacun. Autour de cette femme seule qui appelle et rejette constamment ses serviteurs fantômes, résonnent les bruits d'un monde qui gronde : sonnette insistante, bris de vitres cassées qui ne sont pas sans rappeler la nuit de cristal. La guerre n'est pas que dans les esprits. Elle s'incarne dans les mots, dans les rappels du destin du peuple juif, dans la description de cet homme attendu, espéré, redouté, rejeté, cet homme qui va chercher les Juifs. Vient-il chercher la juive ou l'aristocrate?
PERFORMANCE ET SCENOGRAPHIE IMPRESSIONNANTES
L'interprétation variée de Natalie DESSAY, avec ses différents registres et rythmes, ses ruptures et ses emballements, nous entraîne dans un univers à la Beckett, fait de divagations, de visions inquiétantes, schizophrènes, de phrases décousues, de rage, de peur, de questionnement, de répétitions. Et jamais l'auteur ne donne aucune réponse. Chaque spectateur repart avec son propre questionnement issu de son vécu et de son ressenti. Troublé, secoué.
La mise en scène de Jacques VINCEY offre à Natalie DESSAY le cadre d'une composition éblouissante, captivante. La scénographie de Mathieu LORRY-DUPUY et la musique d'Alexandre MEYER créent un univers étrange, inquiétant. Les dizaines de blocs de glace suspendus au-dessus du plateau déversent en continue une pluie de larmes glacées avant de se détacher et de voler en éclat sur le sol détrempé, comme cette femme qui s'étiole, se redresse, lutte, se défait, tente de retenir un monde, un songe, un désir, un souvenir, un espoir. Dans un coin de la scène un homme, Alexandre MEYER, équipé d'une batterie d'instruments de musique, enveloppe Natalie DESSAY et le public dans une atmosphère troublante.
En bref : Grace à cette fascinante performance dans un écrin visuel et musical envoûtants Natalie DESSAY, sur un texte retors, beau, qui multiplie les interprétations, effectue un passage réussi à la scène et prouve qu'elle est bien plus qu'une incroyable chanteuse lyrique
Une femme attend
Droite comme un "i" et drapée dans sa rouge robe de soirée elle attend
Il est en retard
Qui attend-elle ?
Un mari ? Un fiancé ? Un livreur ? Un ami ? Un signe du destin ? Un concept ? Un fantôme? Une menace ? Un bourreau ?
Pourquoi refuse-t-elle de lui faire ouvrir lorsque retentit avec insistance la cloche de l'entrée? Par vengeance ? caprice ? peur ?
Qui est-elle ?
Une amante ? Une aristocrate ? Une femme juive ? Un bourreau ? Une victime ? Une idée? Un spectre ?
REMARQUABLE TRANSITION
Pour son passage au théâtre Natalie DESSAY n'a définitivement pas choisi la facilité avec ce texte de Howard BARKER. Elle-même reconnait ne pas avoir compris tout le texte à la première lecture. Un texte ardu, âpre, qui se livre lentement, se glissant dans nos esprits doucement, presque insidieusement. Avec ce monologue intense et grave le dramaturge britannique nous plonge dans les tréfonds de l'âme humaine, là où se croisent la cruauté et l'humanité. Dans cette joute orale entre cette femme et l'homme que nous ne verrons jamais, c'est une bataille âpre qui se joue. Entre songe et réalité, entre désirs et craintes, les mots résonnent en chacun. Autour de cette femme seule qui appelle et rejette constamment ses serviteurs fantômes, résonnent les bruits d'un monde qui gronde : sonnette insistante, bris de vitres cassées qui ne sont pas sans rappeler la nuit de cristal. La guerre n'est pas que dans les esprits. Elle s'incarne dans les mots, dans les rappels du destin du peuple juif, dans la description de cet homme attendu, espéré, redouté, rejeté, cet homme qui va chercher les Juifs. Vient-il chercher la juive ou l'aristocrate?
PERFORMANCE ET SCENOGRAPHIE IMPRESSIONNANTES
L'interprétation variée de Natalie DESSAY, avec ses différents registres et rythmes, ses ruptures et ses emballements, nous entraîne dans un univers à la Beckett, fait de divagations, de visions inquiétantes, schizophrènes, de phrases décousues, de rage, de peur, de questionnement, de répétitions. Et jamais l'auteur ne donne aucune réponse. Chaque spectateur repart avec son propre questionnement issu de son vécu et de son ressenti. Troublé, secoué.
La mise en scène de Jacques VINCEY offre à Natalie DESSAY le cadre d'une composition éblouissante, captivante. La scénographie de Mathieu LORRY-DUPUY et la musique d'Alexandre MEYER créent un univers étrange, inquiétant. Les dizaines de blocs de glace suspendus au-dessus du plateau déversent en continue une pluie de larmes glacées avant de se détacher et de voler en éclat sur le sol détrempé, comme cette femme qui s'étiole, se redresse, lutte, se défait, tente de retenir un monde, un songe, un désir, un souvenir, un espoir. Dans un coin de la scène un homme, Alexandre MEYER, équipé d'une batterie d'instruments de musique, enveloppe Natalie DESSAY et le public dans une atmosphère troublante.
En bref : Grace à cette fascinante performance dans un écrin visuel et musical envoûtants Natalie DESSAY, sur un texte retors, beau, qui multiplie les interprétations, effectue un passage réussi à la scène et prouve qu'elle est bien plus qu'une incroyable chanteuse lyrique
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