- Danse / Cirque / Autres
- Théâtre du Rond-Point des Champs-Élysées
- Paris 8ème
Un Poyo Rojo

- Alfonso Barón
- Luciano Rosso
- Théâtre du Rond-Point des Champs-Élysées
- 2bis, Avenue Franklin D. Roosevelt
- 75008 Paris
- Franklin D. Roosevelt (l.1, l.9)
En la radio hay un pollito / Y el pollito Pio.
Dans les vestiaires des hommes, ça sent la chaussette sale, la taule froide et les aisselles. Une idée de la virilité. Deux garçons sont là, fouillent dans leur casier, se toisent un peu, se jaugent beaucoup. Longs et fins, secs et musclés, ils s’examinent et se jugent. Deux coqs avant la bataille. Pas un mot, pas de musique. Des regards, une petite radio, et enfin la lutte. Une danse frénétique, un combat de chiens fous. Ils passent en revue toutes les modalités des relations humaines quand elles deviennent bestiales. Intense duo de mecs suintants, peaux humides et grimaces de clowns, Un Poyo Rojo raconte la peur, la séduction, la mise en garde, l’attaque, la mise à mal et à terre. Et le désir, les élans, les échanges de fluides.
Alfonso Barón et Luciano Rosso sont danseurs, acrobates, athlètes, performeurs. Un Poyo Rojo, ou littéralement « un coq rouge » de ceux qui combattent, se joue à guichets fermés depuis près de dix ans en Argentine et notamment dans un hangar aménagé de Buenos Aires devenu El teatro del Perro. Là, rien ne se fait sans une impérieuse nécessité d’exister. La mise en scène nerveuse d’Hermes Gaido laisse la place à des moments d’impro savoureux. À eux trois, ils font de Un Poyo Rojo un espace d’extrême liberté, d’une puissance déchaînée de drôleries physiques, irrésistible distorsion des schémas masculins. Dans des vestiaires de sportifs mâles, deux types se livrent à un ballet sadomaso hilarant, font éclater le vernis de tous les stéréotypes phallocrates.
La critique de Phane (rédac' AuBalcon) : « Ils se foutent de notre gueule » : la première phrase que j’ai entendue alors que les lumières venaient de s’éteindre et que les deux danseurs nous faisaient face, immobiles et silencieux. Cet instant de malaise se dissipa vite (heureusement !) et les corps se mirent en mouvement, pour nous comprendre, avec humour, qu’il fallait éteindre nos téléphones portables.
Le spectacle commença presque sans que l’on s’en rende compte, dans la continuité de cette surprenante introduction, tout en mouvement, imitations, démonstrations de corps en sueur et performances ! Les deux hommes se cherchent et s’impressionnent d’abord. Puis c’est l’arrêt, le repos, l’arrivée au vestiaire. Et un nouveau personnage apparaît alors : la radio. Elle rythme les nouveaux rapports qui vont se tisser entre les personnages et devient un véritable instrument comique.
Inattendue et drôle, telle est l’impression que m’a laissé Un Poyo Royo : inattendue par ce spectacle de danse théâtrale et par la relation des deux protagonistes. Drôle, par son imitation le plus souvent caricaturale des relations humaines, de la virilité, de la féminité, du sexe, et surtout (je trouve) de la danse en elle même !
Les deux interprètes sont généreux dans leur rapport au public, en plus d’être de très bons danseurs. Vivant ! Voilà comment on ressort de leur spectacle, et avec un grand sourire aux lèvres.
À travers la danse, le clown, les acrobaties, ce duo nous offre une palette complète des relations possibles et imaginables entre deux individus. La peur, le désir, la haine, la séduction et toutes leurs nuances sont ici vécues à 100 à l’heure dans un ballet endiablé entre ces deux Performer/danseurs/clown/comédiens. Leur jeu, d’une précision et d’une intensité éblouissante rend l’ensemble extrêmement drôle et touchant.
Un spectacle sans état d’âme, sans préjugé, sans intellectualisation, d’une force brutale et vitale et qui nous laisse à la sortie du théâtre heureux et léger. Les spectateurs sont aux anges, nous aussi.
A voir ou à revoir !
Testostérone et humour, un cocktail ébouriffant !
Les deux interprètes de ce ballet insolent nous emmènent, nous surprennent, se déchainent et se démènent ....Séduction et dérision s'enchaînent, la sensualité laisse place au combat, puis l'humour reprend le dessus.
On ne sait jamais ce qui va suivre, et la surprise est toujours étonnante, fantasque et singulière !
Les mots sont superflus, les capacités physiques de ces deux énergumènes sont autrement plus expressives .....
Inclassable et inratable !!!
Je n’ai pas aimé que la plupart des chorégraphies ne soient pas accompagnées de musique. Cela crée un effet de style intéressant au départ mais lasse rapidement, fait perdre de la force à la performance.
Par ailleurs, je n’ai pas été emballé par l’humour, du comique de situations pas très fin (il lui tire son short et il se retrouve fesses nues etc.) et de gestes pas toujours convaincant (l'un d'eux imite la démarche d'un mannequin en défilé de mode par exemple).
Il n’y a que le « bonus » après les applaudissements qui m’ait fait rire et taper du pied. Dommage que l’ensemble du spectacle ne soit pas de la même qualité car ces deux artistes ont un talent, une technique et une générosité admirables.
Puis viennent les premiers mouvements chorégraphiés, d'abord synchronisés, puis indépendants. Les premiers regards, les premières découvertes, les premières battles (regarde ce que je sais faire! / vas-y tu crois que tu m'impressionne! téma petit joueur! ce que moi je sais faire!), les premiers effleurements, les premiers touch plus appuyés plus explicites, les premières franches simulations de désir, etc...).
Luciano est le rôle "masculin", "celui qui prend l'initiative"; Alsonso le rôle féminin "celui qui ne veut pas, mais qui en fait veut, bien sûr" !!
Parsemé de scènes cocasses, un spectacle qui ne tourne pas depuis 10 ans par hasard!