- Classique
- Théâtre Le Brady
- Paris 10ème
Roméo et Jeannette

- Vincent Marbeau
- Aurore Elkouby
- Bernard
- Guieu
- Marco Horanieh
- Christel Pourchet
- Lydie Rigaud
- Théâtre Le Brady
- 39, boulevard de Strasbourg
- 75010 Paris
- Strasbourg-Saint-Denis (l.4, l.8, l.9)
Le Mythe Shakespearien des amours impossibles et des passions destructrices revisité par Anouilh : des personnages forts et des dialogues ciselés !
Deux familles que tout oppose voient leur destin converger dans l'union prochaine de Julia et de Frédéric.
C'est un conte de fées, pour la sage Julia. Son mariage avec le beau Frédéric, à l'avenir tout tracé, semble lui assurer un bonheur sans tâche. D'ailleurs, la rencontre entre les deux familles est prévue aujourd'hui autour d'un bon repas... Même le coq s'invite !
Mais le destin est joueur et le beau conte va basculer : l'irruption de Jeannette, aussi passionnée et libre que sa soeur Julia est conventionnelle, scellera différemment le sort de toute la famille et bousculera les idées reçues de Frédéric.
Qu'est-ce que la passion ? Comment bouscule-t-elle nos certitudes ? Avec cynisme et modernité, Anouilh revisite le mythe shakespearien des amours impossibles et nous invite à repenser notre rapport à l'autre pour plus de tolérance.
La mise en scène est correcte, on passe un moyen agréable mais ce n'est de loin pas la pièce de l'année.
On aurait juste envie d'un peu plus de puissance pour faire honneur au texte...
Vincent Marbeau y est pour beaucoup. Sa mise en scène moderne, dynamique et pleine d'humour dépoussière à merveille la pièce et en même temps son interprétation de Lucien est excellente. Ça ne doit pourtant pas être facile de jouer dans une pièce que l'on met en scène... Les autres acteurs sont également très bons.
Je ne connaissais pas cette pièce de Anouilh et je ne regrette pas de l'avoir découverte. Elle est drôle et émouvante, on ne voit pas le temps passer.
Le public se laisse embarquer pour 1h20 de spectacle sans aucune longueur où tout est admirablement bien maîtrisé, à commencer par l’étroit plateau sur lequel évoluent les personnages dont l’espace exigu a été pensé dans les moindres détails. Dans un décor minimaliste composé d’un fauteuil, d’une table, de deux chaises et d’une banquette, dont le changement de fonction se fera à vue, chaque protagoniste nous livre ses émotions et communique au public le plaisir d’être sur scène. La douce et naïve Julia prend vie sous les traits d’Aurore Elkouby, bouleversante en amoureuse trahie par sa sœur Jeannette, la sensuelle et audacieuse Christel Pourchet qui ment sans cesse et conduira son amant à la mort.
C’est elle qui jettera le trouble dans le cœur et dans les sentiments de Frédéric, interprété par Marco Horanieh. Errant comme une âme en peine, victime plus que coupable, il touche les plus sensibles d’entre nous. Bernard Guieu quant à lui campe un père bavard, optimiste mais quelque peu lunaire aux côtés de Lydie Rigaux, excellente en belle-mère froide et odieuse, osant sacrifier Léon, le poulet du foyer pour nourrir la tribu et qui progressivement s’attirera l’empathie des spectateurs par son côté maternel et protecteur. Enfin, Vincent Marbeau brille dans le rôle de Lucien, le frère de Julia, qui ne supporte ni l’amour ni le bonheur. Cocu triste et cynique, il ne cessera de mettre en garde les autres en partageant sa vision tragique de l’amour. Il est bouleversant tout au long de la pièce et son discours apporte humour et légèreté malgré ses propos pessimistes.
La pièce est magnifiée par des comédiens jeunes et dynamiques qui prennent un évident plaisir à partager leur bonheur de jouer sur scène. Cette version moderne de l’amour maudit nous offre un très beau moment théâtral.