- Théâtre contemporain
- Théâtre national de la Colline
- Paris 20ème
Neige

- Théâtre national de la Colline
- 15, rue Malte-Brun
- 75020 Paris
- Gambetta (l.3)
L’hiver venu, la neige recouvre les paysages, une métamorphose s’annonce. Neige, jeune adolescente, a hâte de grandir. Sa mère, elle, s’étonne de vieillir. Mais Neige a disparu, elle s’enfonçait dans la forêt la dernière fois qu’on l’a vue. Elle y croisera un prince moins charmant et un chasseur plus doux que ce que l’on nous raconte dans certaines histoires.
Après Dormir cent ans présenté en 2018 et Pour autrui créé en 2021 à La Colline, Pauline Bureau déploie son art du récit en s’inspirant des motifs de Blanche-Neige dans un univers de miroirs magiques et de forêt qui traverse les âges comme les saisons. Foisonnante de fantasmes, de peurs et de désirs secrets, cette fable contemporaine qui fait la part belle au fantastique et au merveilleux, réserve bien des surprises sur la scène et dans le théâtre.
Pauline Bureau nous offre une réécriture très contemporaine de Blanche- Neige d’une grande poésie et d’une éblouissante esthétique.
La scénographie d’Emmanuelle Roy et les effets visuels du vidéaste et magicien Clément Debailleul, nous transportent au cœur d’une forêt de bouleaux non désertée par la faune sauvage. Les loups hantent les lieux et viennent un peu nous effrayer dans la brume matinale, les biches nous rendent furtivement visite, la neige tombe dans le silence de la nuit, c’est magique.
Côté cour, entourée d’arbres, une énorme citerne qui se mue par intervalles et devient la chambre de Neige ou le commissariat.
Dans ce décor de rêves et de beauté, Pauline Bureau nous conte avec élégance et délicatesse la magnifique histoire de Neige qui comme Blanche-Neige, meurt et renait plusieurs fois. De fillette, Neige, se transforme en jeune fille au coté de sa mère qui a du mal à se voir vieillir et à voir grandir sa fille.
« Une pièce qui raconte combien c’est dur et beau d’être l’enfant de quelqu’un tout comme d’être le parent de quelqu’un. Et l’on est parfois les deux à la fois ! » P.B
Entre ses cours de danses imposés par sa mère et ses devoirs de math qui l’ennuient, Neige étouffe, un soir elle décide de fuguer et va retrouver d’autres ados dans la forêt.
« Toutes les règles de ma mère s'impriment en moi au fer rouge. ’Ne ris pas si fort’, ‘Ne mets pas de jean’, ‘Qu'est-ce que c'est que ces baskets’…ces règles rentrent dans mes oreilles, trouvent le chemin de ma joie et taillent dedans jour après jour » Neige
Neige a envie de connaitre la vraie vie, de devenir celle qu’elle aimerait être et non celle qui plairait à sa mère mais qu’elle n’aimerait peut-être pas. Elle va découvrir et échanger avec le monde des ados et se faire de vrais amis.
C’est un teen movie contemporain pittoresque : la musique rock, les réseaux sociaux, les portables, le langage des ados, la rave party baignent dans une ambiance de Conte de Grimm, nous sommes dans la foret profonde, il y a les animaux sauvages, le froids, la neige, l’âme de ces grands arbres, l’eau, l’espace, la liberté.
« La forêt, ce n’est pas un paysage. Quand on est dedans, on y est pleinement. Plus je m’enfonçais, plus mon corps se réparait. Petit à petit, elle m’a soigné » Le chasseur
Les images sont époustouflantes les fleurs éclosent sous nos yeux, les loups hurlent, on découvre Neige et ses amis nageant avec volupté en apnée dans la citerne...c'est enchanteur.
Dans cette forêt à la fois protectrice et dangereuse, la mère de Neige vient à sa rencontre. Cette mère directive, pleine de principes, commence douter de ses certitudes...
« On reste les enfants déçus de ceux qui nous ont mis au monde. Et on devient les ascendants fragiles de ceux qui viennent après nous. » La mère
Dans ce joli conte, nous croisons maintes personnages pittoresques, attachants, au parcours de vie singulier et surprenant, entre autre un chasseur hors du commun.
Pauline Bureau nous enchante et nous captive, son écriture est simple, clair, poétique, parfois onirique, parfois très réaliste. Sa mise en scène est dynamique, sa direction d’acteur réglée au diapason.
Les comédiens nous ravissent et nous émeuvent par la justesse de leur jeu et leur talent.
Yann Burlot le père, Camille Garcia Neige, Régis Laroche le chasseur, Tristan Garcia et Sirènes, Marie Nicolle la mère, Anthony Roullier Chris, l’adjoint de l’inspectrice, Claire Toubin Delphine, l’Inspectrice.
Un magnifique spectacle enchanteur et attrayant.
Neige est une adolescente à la transition. Elle sort de l’enfance et cherche à devenir une adolescente émancipée. Neige est une Blanche Neige moderne qui cherche sa voie. Ses parents sont très occupés dans un monde moderne carriériste. Sa mère est assez brutale dans sa relation avec Neige. Neige n’est pas l’enfant parfait qu’elle aimerait avoir dans ce monde. Elle ne voit pas son enfant grandir. La voir grandir serait aussi pour elle la preuve qu’elle vieillit. Elle se regarde dans ce grand miroir qui l’effraie. Elle est coincée entre son rôle d’enfant de sa mère et son rôle de mère. Comment devenir la mère d’une jeune adulte ? Comment être adulte avec sa propre mère ? Elle subit ce qu’elle a sûrement revendiqué à l’époque.
Neige est amoureuse de Chris, un jeune homme qu’elle connait. Elle fuit sa maison. Elle se réfugie dans la forêt pour retrouver Chris et son amie. Elle veut vivre sa liberté. Elle rencontrera le chasseur qui vit dans la forêt en accord avec ses principes. Il a abandonné le monde moderne pour un mieux vivre, pour une tranquillité de vie solitaire.
Dans ce conte moderne, la police va rechercher Neige et la retrouvera sans trop de problème. Cela permettra à Neige et à sa mère de se retrouver. Neige va apprendre à être heureuse et libre avec l’aide de sa mère.
Pauline Bureau nous propose un conte, une quête du bonheur. Neige apprend le bonheur dans la forêt et retrouve une relation apaisée avec sa mère. C’est une Blanche Neige d’aujourd’hui en mode « happy end ». On reçoit une bouffée de bonheur dans ce conte. Cela est appuyé par un décor et une scénographie très esthétiques. La scène décorée en forêt est magnifique avec ses animaux. La citerne donne lieu à des images apaisées particulièrement soignées.
J’ai trouvé l’interprétation assez irrégulière.
Le texte n’a pas une grande puissance mais l’histoire nous transporte par son positivisme. Pauline Bureau instille et diffuse du bonheur par ce conte.
Ce conte fait du bien à tous, petits comme grands, si vous voulez vivre un joli moment. Il suffit de se laisser porter.