- Théâtre contemporain
- Théâtre du Chêne noir
- Avignon
Montaigne, les essais
- Hervé Briaux
- Théâtre du Chêne noir
- 8, rue Sainte-Catherine
- 84000 Avignon
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- HORAIRE
- 17:30
AVIGNON 2025
Montaigne, après s’être retiré des affaires publiques, passa les vingt dernières années de son existence à inviter le monde dans sa bibliothèque, afin de se mesurer aussi justement que possible à cette immensité.
Hervé Briaux s’en fait le vivant interprète et nous livre, une heure durant, les meilleurs morceaux des Essais, cet indémodable manuel de savoir-vivre.
L'AVIS DE LA REDACTION : 8,5/10
Certains auteurs sont immortels !
Incroyable ! En cette période bien compliquée pour la plupart des théâtres, il y a un spectacle au Poche Montparnasse qui fait salle comble et "Succès - prolongation " : "Montaigne , les Essais".
Comme quoi, l'intelligence peut encore remplir une salle, surtout si elle est empreinte d'humour et d'une vraie simplicité.
Devant un ciel étoilé, propice à la réflexion, la voix de basse d'Hervé Briaux nous emmène pour un voyage humaniste et philosophique d'une incroyable modernité.
Le rire et la pensée s'entremêlent. La salle est suspendue aux lèvres du maître.
Tout ce qui touche à la nature humaine serait il immuable ?
En tous cas Montaigne existe, je l'ai rencontré ....
Sylvie Tuffier
DE RETOUR POUR CAUSE DE SUCCES !
Incroyable ! En cette période bien compliquée pour la plupart des théâtres, il y a un spectacle au Poche Montparnasse qui fait salle comble et "Succès - prolongation " : "Montaigne , les Essais".
Comme quoi, l'intelligence peut encore remplir une salle, surtout si elle est empreinte d'humour et d'une vraie simplicité.
Devant un ciel étoilé, propice à la réflexion, la voix de basse d'Hervé Briaux nous emmène pour un voyage humaniste et philosophique d'une incroyable modernité.
Le rire et la pensée s'entremêlent. La salle est suspendue aux lèvres du maître.
Tout ce qui touche à la nature humaine serait il immuable ?
En tous cas Montaigne existe, je l'ai rencontré ....
“Malheureux celui qui n’a pas un coin pour se cacher !” quelle belle vérité, lui passait son temps dans sa bibliothèque, heureux d’être entouré de livres, qui prêchait l’oisiveté - pas trop - mais si utile pour se ressourcer, se retrouver.
S’échappant de l’enfer de Machiavel, nous retrouvons avec plaisir Hervé Briaux, il a adapté une partie des essais, pas facile de choisir dans ce monument de la littérature. Il a de la présence, de l’humour, j’aurai préféré par contre un peu plus de “lumière”, la pénombre au bout du compte m’a dérangé un peu.
Montaigne est à lire et relire, c’est un parfait humaniste, ses réflexions sur l’éducation, le temps de vivre, le temps pour s’ennuyer (et oui !) sont des messages toujours d’actualité.
Hervé Briaux a eu l’excellente idée d’adapter pour le plateau du Poche-Montparnasse l’œuvre phare de Michel Eyquem, seigneur de Montaigne.
Passer au gueuloir ce monument de la littérature française du XVIème siècle ?
Une sacrée gageure !
L’un de ces défis dont est coutumier le comédien, qui m’avait déjà enthousiasmé dans son Tertullien, (l’exact contraire de Montaigne), sur ce même plateau.
Un homme se réveille. Derrière lui, un ciel étoilé.
Un être humain face au cosmos.
Cet être humain c’est Montaigne, qui a passé une bonne partie de sa vie à étudier un sujet riche, complexe, inépuisable, mystérieux, contradictoire : la condition humaine.
La condition de ces étranges entités vivantes, avec un modèle qu’il avait en permanence sous la main : lui-même.
« Connais-toi toi-même » !
Cette célèbre citation peut ici s’appliquer à cette étude de notre propre humanité.
(A cet égard, il me faut signaler la totale cohérence de ce spectacle avec L’île des esclaves, de Marivaux, dans lequel le comédien enchaîne juste après un rôle de Trivelin dont la philosophie présente de grandes similitudes.)
Hervé Briaux a donc choisi des extraits de cette œuvre fascinante, qu’il va nous dire et nous vivre d’une façon passionnante.
Ce spectacle est de ceux qui font du bien, car durant une heure et quelques minutes, vont nous être rappelées des évidences que dans nos sociétés dites évoluées, nous autres, égoïstes, individualistes, et orgueilleux avons trop tendance à oublier.
Que sommes-nous vraiment ? Qu’est-ce vraiment qu’un Homme ?
Qui sommes-nous pour vouloir commander à la nature ? Quelle est cette arrogance qui nous fait croire supérieurs aux autres espèce vivantes ?
Autant de sujet que nous avons tendance à évacuer de notre « bonne » conscience...
M. Briaux est un sacré diseur, un formidable raconteur !
Quelqu’un qui sait donner vie à un texte, un texte qui plus est n’est pas à priori destiné à être dit à haute voix.
Un texte qu’il faut non seulement interpréter, bien entendu, mais également mettre en abyme avec notre contemporanéité.
Ce faisant, il va nous prouver de façon incontestable la confondante modernité de l’œuvre de Montaigne.
C’en est parfois troublant.
« Nous sommes naturellement faits pour chercher la vérité.[…]
Le monde n’est qu’une école de recherche
Et ce n’est pas à qui atteindra le but, mais à qui fera la plus belle course. »
Comment ne pas mettre en parallèle ce qu’écrit Montaigne avec le fait que de plus en plus dans nos média soi-disant modernes, foisonnent des éditorialistes pétris de certitudes, auto-proclamés détenteurs de la vérité, au détriment de débats contradictoires, avec de vrais journalistes, afin que les auditeurs puissent accéder à leur propre recherche, et se forger leur propre avis ?
Comment ne pas opiner du chef, à l’évocation de certaines hypocrisies en matière de religion. (Je rappelle au passage que l’œuvre de Montaigne sera mise à l’index par le Saint-Office en 1676...)
Hervé Briaux nous restitue pour notre plus grand plaisir l’humour contenu dans son choix d’extraits, avec des moments d’une vraie drôlerie comme l’évocation du fonctionnement intempestif ou au contraire du non-fonctionnement d’un certain membre propre à la gent masculine, la narration de la mort d’Eschyle ou encore le rappel du fait que Saint-Augustin connaissait un homme capable de produire à la suite un nombre donné de flatulences.
Un autre épatant moment est celui au cours lequel il interprète la volupté de l’auteur à se réfugier au sein de ses livres.
Et puis, nous est rappelé un message fondamental : il faut jouir de la vie, encore, toujours, au jour le jour : il faut profiter de tout, sans pour autant redouter la mort, inéluctable et commune à nous tous.
Je suis ressorti de ce spectacle heureux, en ayant modestement le sentiment d’avoir été conforté quant à ma petite place d’être humain au sein d’un tout.
En ayant également envie de relire le plus rapidement possible l’œuvre entière de Montaigne.
C’est un brillant et très intelligent moment de théâtre, vous dis-je !