- Théâtre contemporain
- Théâtre du Petit Saint Martin
- Paris 10ème
M'man
- Cristiana Réali
- Robin Causse
- Théâtre du Petit Saint Martin
- 17, rue René Boulanger
- 75010 Paris
- République (l.3, l.5, l.8, l.9, l.11)
Modane, en Italie. Ce soir, c'est diner chez M'man. On fête l'anniversaire de Gaby : trentenaire, célibataire, au chômage et vivant toujours au domicile familial.
Il a mis le couvert, préparé la soupe et un cake au coco, 30 ans ça se fête ! Brunella, sa M'man ressasse le passé pour mieux l'oublier : un chagrin à éponger et un mari volage.
Ainsi cohabitent la mère et le fils qui, au fil des années, se racontent, se provoquent, s'aiment magnifiquement et finiront par s'avouer un lourd secret. D'une humanité profonde, une pièce pour saisir le temps qui passe et qui rend vivant !
Une comédie douce-amère sur une grande histoire d'amour entre une M'man (Cristiana Reali) et son fils (Robin Causse).
Cinq conversations à la fois tendres et absurdes, qui s'échelonnent sur dix ans : entre Gaby, un garçon paumé et sa " M'man ", baromètre déréglé, lunatique, maniaque, jalouse et spectaculaire.
La critique de la rédaction : 6/10. Un texte que nous avons trouvé assez fade, qui ne nous a rien fait ressentir.
Nous suivons plus de 10 ans de la vie d'une mère et son fils. Ils s'engueulent en permanence pour des sujets plus ou moins importants : le nettoyage de la maison, les repas, le père de famille, les excès de la mère. Cette dernière a une très grande emprise sur sa progéniture.
Cristiana Reali campe une M'man très antipathique. Nous qui d'habitude aimons bien cette actrice avons trouvé son personnage difficilement supportable et que son jeu manquait de nuances.
Nous n'avons pas eu beaucoup plus d'empathie pour Robin Causse, et son rôle du « gamin » de 30 ans. En effet, leurs dialogues sont plutôt insipides, ni drôles ni vraiment émouvants. Dommage parce qu'au gré des années et des révélations l'histoire avance petit à petit, elle aurait pu être intéressante.
Heureusement le décor et la mise en scène sont assez bien pensés, originaux et donnent un peu de saveur à la pièce.
Nous nous sommes ennuyés.
Dommage car l'histoire de la relation mère - fils, qui s'étire sur 10 ans avec 5 scènes différentes, mériterait qu'on s'y arrête mais là je n'ai pas accroché car on reste dans des échanges très peu fouillés. De plus, le jeu de Cristina Reali manque de nuance, elle est juste dans l'extrême en permanence, ça fait mal aux oreilles.
Robin Causse, qui semblait un peu insipide au début de la pièce, se révèle tout en finesse et j'ai de plus en plus apprécié ses interventions à mesure que la pièce avançait.
Les changements de période sont astucieusement liés au décor, j'ai trouvé que c'était original.
La pièce s’étire sur une dizaine d’année, de dîners d’anniversaire en cornet de glace à la plage, cinq conversations comme autant de condensés de vie, entre Gaby, jeune homme mal grandi, trentenaire encore célibataire, toujours sans emploi, toujours au domicile familial, et sa « M’man », Brunella, mère fantasque et impitoyable, femme (« – Toi aussi tu es une femme, m’man – Ah oui, depuis quand ? ») inquiète et passionnée, quittée il y a bien longtemps par le père.
Pour figurer le temps qui passe, l’idée est jolie de faire tourner ce décor sur lui-même, en une littérale volte des saisons ; on pourra cependant sans doute trouver la manipulation envahissante, donnant beaucoup de poids, de présence, à ce bout de maison, le surchargeant d’une signification peut-être un peu volontariste.
Ils se taquinent, se chamaillent, se confient, se réconcilient, parlent beaucoup, mais pas suffisamment, au fond.
Dans des brumes d’alcool, un secret sera dévoilé, l’ombre qui hante Gabriel a enfin un nom, le décor s’est petit à petit dénudé, le récit aussi, ce qui devait être tu (ou ce qui devait être dit ?) a été dit. On flanche avec eux, est-ce qu’ils seront plus seuls, ou moins, maintenant que le secret a surgi, est-ce qu’ils sauront mieux s’aimer, mieux s’entendre. On hésite ; ce qui est sûr, c’est que Brunella et Gaby nous semblent moins adolescents, subitement – on ne sait pas encore si c’est une bonne nouvelle. Le cœur un peu serré, on le leur souhaite. Deux beaux comédiens, pleins de douceur, dirigés avec justesse et sensibilité par Charles Templon, ont donné vie à deux personnages à l’humanité fragile, personnages qui semblent de peu, de vies modestes, mais dont les vacillements de l’âme ne sont pas moins troublants et touchants que ceux de la flamme qui hésite entre s’éteindre ou se raviver de plus belle.
La mise en scène par contre est très sympa. Ce décor qui tourne et nous fait changer d'environnement et de date est une belle idée...
Voilà, voilà, peu convaincue par cette pièce qui me laisse perplexe !
Cette pièce repose d’abord sur la prouesse de sa protagoniste. Cristiana Reali (à qui le blond va très bien). Elle nous livre une performance qu’on ne peut que saluer : en campant le rôle d’une mère fragile, malmenée par les hommes mais profondément amoureuse, elle nous éblouit et incarne à la perfection cette mère courage.
M’man c’est avant tout une relation mère/fils fusionnelle, presque incestueuse. On comprend que son fils est tout pour Brunella (C. Reali). En effet, Gaby (R. Causse) vit avec sa mère, part en vacances avec elle, fait tout avec elle. Quand il rencontre une femme, soudain c’est le drame. Au fond, cette pièce décortique avec pudeur les relations parents/enfant, homme/femme.
Cette pièce réussit le pari d’optimiser l’espace. Que ce soit dans les scènes d’appartement à la montagne comme celles de vacances à la mer en Italie, on nous donne toujours l’impression d’être dans un espace fermé, les deux personnages étant confinés entre eux. La lumière évoque par ailleurs les tableaux de Denis Hopper. Grâce à l’ingéniosité de Charles Templon, qui avait déjà signé la mise en scène d’Axelle Lafont, la pièce gagne en force. « Des idées, Charles en a plein, trop même » déclare Cristiana Reali, qui porte un regard tendre sur ce qu’elle nomme « la nouvelle génération de metteurs en scène ».
Quand une blonde se prénomme Brunella, on se doute bien qu’il y a anguille sous roche. Un brin bipolaire, la quinqua ressasse son passé de femme aimante et aimée sous les yeux impuissants de son fils Gaby. Une situation pesante pour le jeune trentenaire au chômage qui s’ennuie sans oser vraiment affronter sa M’man, une mante religieuse, perverse narcissique sur les bords.
La cohabitation de ces deux êtres finalement bien seuls ne manque pas de mordant : tel un enquêteur, le public essaye de comprendre le pourquoi du comment de cette relation déréglée, inquiétante même. Volontiers mystérieuse, la pièce de Melquiot laisse des questions en suspens, développe des pistes pour mieux les laisser de côté ensuite. Intrigant et frustrant à la fois. L’amour filial, c’est compliqué, maladroit, brutal parfois, et puis un éclair de douceur apaise pour un temps cette bataille incessante entre une mère trop possessive et un fils qui étouffe.
Duo gagnant
La boîte-manège de Pierre-François Limbosch signale la mue et la déliquescence : plus le temps de la représentation passe et plus le décor s’émiette, comme l’histoire d’amour qui lie nos deux personnages. L’effet, déjà vu, se montre toutefois pertinent ici.
Dans ce cube de bois, Cristiana Reali et Robin Causse interagissent à merveille. La première, métamorphosée en mama blonde platine, impose sa patte de drama queen sans filtre et fêlée : on aime ses excès, son naturel solaire surtout. Sa générosité dans l’outrance. On a envie de la gifler tout en la prenant dans nos bras. Grand tour de force. Comment exister face à la lionne ? Robin Causse ne démérite pas, il apporte un contrepoint serein et lunaire indispensable à la dynamique du duo, bien que sous la zen attitude couve un volcan. Comme sa complice, son jeu très naturel brise le quatrième mur. Malgré la violence de la situation, on se sent en zone de confort car on y croit. Indubitablement. La direction d’acteurs, toujours très fine chez Charles Templon, met en lumière cette entente, l’accompagne.
On veut bien déguster des cannellonis et du panettone en compagnie de ces deux oiseaux. Une M’man haute en couleurs à coup sûr. Go !