Critiques pour l'événement M'man
1 janv. 2017
4,5/10
60
Déception... Je n'ai pas apprécié le texte superficiel et la façon dont Cristina Reali incarne M'man.

Dommage car l'histoire de la relation mère - fils, qui s'étire sur 10 ans avec 5 scènes différentes, mériterait qu'on s'y arrête mais là je n'ai pas accroché car on reste dans des échanges très peu fouillés. De plus, le jeu de Cristina Reali manque de nuance, elle est juste dans l'extrême en permanence, ça fait mal aux oreilles.

Robin Causse, qui semblait un peu insipide au début de la pièce, se révèle tout en finesse et j'ai de plus en plus apprécié ses interventions à mesure que la pièce avançait.

Les changements de période sont astucieusement liés au décor, j'ai trouvé que c'était original.
4 déc. 2016
6/10
96
Une mère parfois hystéro, un fils parfois déconnecté... j'avoue que ces personnages dont on ne sait si l'on doit rire ou pleurer sont déconcertants ... une famille quand même un peu étriquée et glauque au motif que la région est peu facile d'accès, et la présence masculine a débarqué ?... je n'ai pas compris l'intérêt de l'aveu final de la mère qui semble éclairer son fils ?

La mise en scène par contre est très sympa. Ce décor qui tourne et nous fait changer d'environnement et de date est une belle idée...

Voilà, voilà, peu convaincue par cette pièce qui me laisse perplexe !
29 nov. 2016
7,5/10
84
Ecrite par Fabrice Melquiot, cette pièce met en scène une mère, interprétée par Cristiana Reali, confrontée à un fils, joué par Robin Causse, qui tente, tant que bien que mal, de construire sa vie.

Cette pièce repose d’abord sur la prouesse de sa protagoniste. Cristiana Reali (à qui le blond va très bien). Elle nous livre une performance qu’on ne peut que saluer : en campant le rôle d’une mère fragile, malmenée par les hommes mais profondément amoureuse, elle nous éblouit et incarne à la perfection cette mère courage.

M’man c’est avant tout une relation mère/fils fusionnelle, presque incestueuse. On comprend que son fils est tout pour Brunella (C. Reali). En effet, Gaby (R. Causse) vit avec sa mère, part en vacances avec elle, fait tout avec elle. Quand il rencontre une femme, soudain c’est le drame. Au fond, cette pièce décortique avec pudeur les relations parents/enfant, homme/femme.

Cette pièce réussit le pari d’optimiser l’espace. Que ce soit dans les scènes d’appartement à la montagne comme celles de vacances à la mer en Italie, on nous donne toujours l’impression d’être dans un espace fermé, les deux personnages étant confinés entre eux. La lumière évoque par ailleurs les tableaux de Denis Hopper. Grâce à l’ingéniosité de Charles Templon, qui avait déjà signé la mise en scène d’Axelle Lafont, la pièce gagne en force. « Des idées, Charles en a plein, trop même » déclare Cristiana Reali, qui porte un regard tendre sur ce qu’elle nomme « la nouvelle génération de metteurs en scène ».
22 oct. 2016
7,5/10
104
Au Petit Saint-Martin, souffle une brise méditerranéenne aux relents aigres-doux. Pour sa nouvelle création, M’man, Fabrice Melquiot a concocté un duel vachard entre une mère cannibale et un fils castré plutôt alléchant. Sous la houlette bienveillante et acérée de Charles Templon, Cristiana Réali et Robin Causse s’apprivoisent et se déchirent. L’alchimie s’impose sur le petit plateau.

Quand une blonde se prénomme Brunella, on se doute bien qu’il y a anguille sous roche. Un brin bipolaire, la quinqua ressasse son passé de femme aimante et aimée sous les yeux impuissants de son fils Gaby. Une situation pesante pour le jeune trentenaire au chômage qui s’ennuie sans oser vraiment affronter sa M’man, une mante religieuse, perverse narcissique sur les bords.

La cohabitation de ces deux êtres finalement bien seuls ne manque pas de mordant : tel un enquêteur, le public essaye de comprendre le pourquoi du comment de cette relation déréglée, inquiétante même. Volontiers mystérieuse, la pièce de Melquiot laisse des questions en suspens, développe des pistes pour mieux les laisser de côté ensuite. Intrigant et frustrant à la fois. L’amour filial, c’est compliqué, maladroit, brutal parfois, et puis un éclair de douceur apaise pour un temps cette bataille incessante entre une mère trop possessive et un fils qui étouffe.

Duo gagnant
La boîte-manège de Pierre-François Limbosch signale la mue et la déliquescence : plus le temps de la représentation passe et plus le décor s’émiette, comme l’histoire d’amour qui lie nos deux personnages. L’effet, déjà vu, se montre toutefois pertinent ici.

Dans ce cube de bois, Cristiana Reali et Robin Causse interagissent à merveille. La première, métamorphosée en mama blonde platine, impose sa patte de drama queen sans filtre et fêlée : on aime ses excès, son naturel solaire surtout. Sa générosité dans l’outrance. On a envie de la gifler tout en la prenant dans nos bras. Grand tour de force. Comment exister face à la lionne ? Robin Causse ne démérite pas, il apporte un contrepoint serein et lunaire indispensable à la dynamique du duo, bien que sous la zen attitude couve un volcan. Comme sa complice, son jeu très naturel brise le quatrième mur. Malgré la violence de la situation, on se sent en zone de confort car on y croit. Indubitablement. La direction d’acteurs, toujours très fine chez Charles Templon, met en lumière cette entente, l’accompagne.

On veut bien déguster des cannellonis et du panettone en compagnie de ces deux oiseaux. Une M’man haute en couleurs à coup sûr. Go !
12 oct. 2016
7,5/10
48
Il est des pièces comme celle-là, qui ne laissent pas indifférent, qui dérangent, qui touchent, qui questionnent.

Au cœur d'un cube en bois, une mère et son fils. Brunella et Gaby. Couple passionnel et passionné, duo d'acteurs passionnant. La mise en scène est simple, sobre. Mais toujours intelligente.

Ce cube en bois qui tourne, et ses parois que l'on enlève, c'est le temps qui passe, les choses qui changent.
C'est aussi le petit appartement à Modane, d'une mère et de son fils chéri, 30 ans, toujours pas parti. Un cocon de tendresse. Et d'atrocités. Un cube en bois à travers lequel on se plait à observer, traquer, regarder.

Attention, le texte ne prête pas à éclater de rire. Mais il fait naître tout un patchwork d'émotions. Empathie, tristesse, mal être, sourire, tendresse, affection. Il faut bien avouer que, servi par ces deux comédiens là, c'est un bonheur.
Cristiana Reali est merveilleusement déconcertante de naturel. Elle est sur le fil, fine équilibriste, toujours juste. Femme fragile, maman forte, femme blessée, M'man paumée. Égoïste. Castratrice. Et tellement touchante.
Robin Causse est parfait. Du trentenaire juvénile à l'homme fort. Il peut tout jouer. Avoir tous les âges. Enfant dévoué à sa maman, quadra éploré, gosse caractériel, crooner charismatique. Une gestuelle impeccable. Toujours simple et très juste, lui aussi.
Leur complicité à la scène semble exister à la ville tant on la ressent. Et ça fait plaisir à voir, jusque dans les saluts.

Tous les deux donnent du relief au mot, à la mise en scène bien huilée, au texte de Fabrice Melquiot. Et puisque l'on peut se reconnaître - ou bien penser à quelqu'un - dans chacun de leur personnage, ils donnent de la profondeur à nos vies, aussi.
29 sept. 2016
7/10
28
Un duo mère/fils bloqué dans un petit village qui vivent l'un sur l'autre tous deux dans l'attente du retour du père parti depuis longtemps sans se retourner.

Elle l'aime encore malgré les nombreuses tromperies mais ne veut surtout pas l'avouer.
Lui aime ce père absent, sans amour pour son fils et attend un signe de reconnaissance.
Tous deux évoluent en fonction du père qui n'est pas là et tellement présent.

5 moments de leur vie, entre anniversaires, vacances et enterrement.
Une mère ultra possessive, limite incestueuse. Mais en même temps bipolaire, adolescente, perdue.
Un fils neuneu, soumis, éternel enfant de sa maman.

Cristiana Réali bluffe d'entrée par sa prestation. Elle maitrise son personnage et le texte.
Peut jouer avec cette personnalité tordue, accoutrée comme une cagole.
Elle nous embarque d'office et nous émeut, nous fait beaucoup rire, nous touche. Elle est insupportable et pourtant on lui veut du bien.
C'est une grande comédienne de théâtre.

Son partenaire est moins touchant. Il saccade son texte, cherche comment le présenter gestuellement et je trouve qu'il n'y parvient pas.
Il est un peu agaçant. Trop caricatural, trop scolaire.
Je ne saurais dire mieux que un peu too much.

Une mise en scène autour d'une structure en bois, des parois qui tournent et symbolisent autant l'appartement que l'horloge et le temps qui tournent.
Un technicien se charge directement sur le plateau d'amener et sortir les accessoires nécessaires. C'est un peu étonnant au début mais on s'y fait et ça s'articule bien dans l'ensemble.

On rit à plein de moment dans cette pièce, touché par Cristiana Réali et par le texte qui fait mouche. Ca n'est pas un rire de gros comique mais plus de décalage de cette mère avec la réalité.
A d'autres elle nous touche par sa solitude et son emprisonnement psychologique vis à vis de ce mari qui lui a fait un enfant et est parti après de nombreuses liaisons. Elle le déteste mais espère tellement son retour.

Une belle pièce, un beau texte, une magnifique actrice. Ça fait déjà une belle soirée.
Des ajustements sont à trouver mais le plaisir est déjà là.