- Théâtre contemporain
- Théâtre Hébertot
- Paris 17ème
Misery

- Francis Lombrail
- Myriam Boyer
- Théâtre Hébertot
- 78, boulevard des Batignolles
- 75017 Paris
- Rome (l.2)
Paul Sheldon est un écrivain à succès. Il est recueilli après un sévère accident de voiture par Annie, l'une de ses fidèles lectrices.
Il est à un tournant de sa carrière et de sa vie, souhaitant changer de registre, de style, de propos. Il veut tuer Misery Chastain, son personnage favori et mettre un terme à l’interminable saga à laquelle il doit sa gloire.
Mais son accident le met à la merci de cette lectrice qui s'avère être une psychopathe.
Elle commence par le sauver, le recueillir, le soigner mais bientôt elle le séquestre avec une rare cruauté et l’oblige à réécrire son roman comme elle l’entend.
Myriam Boyer est une actrice récompensée du Molière de la comédienne à 2 reprises en 1997 et 2008.
Francis Lombrail est un acteur également directeur du Théâtre Hébertot. Il joue souvent dans les pièces de son théâtre.
Stephen King, écrivain américain de 70 ans, est auteur de romans policier, fantastiques et de science fiction. Il a gagné de nombreux prix.
La critique de la rédaction : 7/10. N’ayant pas lu le livre de Stephen King je découvrais l’histoire de Misery.
C’est assez prenant de voir comment l’auteur vit sa captivité, comment cette fan l’aime et peut lui faire du mal.
Les deux acteurs sont convaincants, justes.
La mise en scène est assez surprenante et permet de ne pas trop se sentir enfermé dans ce décor bien réalisé de maison perdue au milieu de nulle part. Néanmoins, les nombreuses ruptures créées par les noirs cassent le rythme, ennuient.
Cette adaptation ne m’a pas donné envie de lire le livre car ce n’est pas le genre de bouquin que je dévore mais je suis content d’avoir eu un aperçu de l’étrange univers de Stephen King.
Et pourtant je jurerai aujourd'hui qu'on ne peut pas imaginer mieux que Francis Lombrail et Myriam Boyer.
Avec une histoire conçue par un maitre du suspense (Stephen King), une adaptation cousue main par Viktor Lazlo, un décor (de Jean-Pierre Laporte) très intelligemment suggestif d'une Amérique "provinciale", conformiste et éloignée de tout, des éclairages adéquats, et pour cause puisque c'est le metteur en scène Daniel Benoin qui les a réalisés (qui a lui-même mis en scène et joué la pièce il y a quinze ans dans une autre adaptation), et deux grands comédiens ... le succès est assuré, et mérité.
Maintenir le suspense pendant près d'une heure trente demande beaucoup de soin. Et ça commence par la tempête de neige qui a (aurait ?) causé l'accident de Paul Sheldon, le romancier et créateur du personnage de Misery. Prise dans un violent blizzard, sa voiture a dérapé sur le verglas et est tombée dans un ravin. Les bourrasques sont perceptibles à jardin et on ressent quasiment le froid d'un hiver qui promet d'être terrible. Il faut aussi citer le recours intelligent à la vidéo (Paolo Correia) pour suggérer ce qui n'est pas montrable et entretenir l'angoisse, à commencer par nous faire vivre l'accident.
Par chance (fatalité ?) l'écrivain a été secouru par sa plus grande fan (fanatique) qui se trouve être infirmière. Le public assiste à son réveil dans le chalet isolé. Rien de mal ne peut vous arriver. Pas avec Annie près de vous. Je suis votre fan numéro 1.
Peut-on faire confiance à quelqu'un qui a donné à son cochon le nom de l'héroïne qu'elle vénère et qui s'exprime parfois à la troisième personne, ce qui témoigne combien elle peut se sentir une mission surhumaine ? Le sauvetage n'est pas un miracle. Je vous suivais, reconnaitra Annie. Elle prendra soin de lui ... jusqu'à ce qu'elle apprenne que le neuvième opus, le dernier de la série qu'elle affectionne, raconte la mort de l'héroïne à laquelle la retraitée s'est quasiment identifiée.
C'est grâce à Misery que je sais que je ne suis pas seule au monde. Un écrivain, c'est Dieu pour celui qui lit ses histoires.
Paul Sheldon ne pourrait pas cacher la mort de son personnage principal. Annie a subtilisé le cartable qui était à coté de lui dans la voiture. L'écrivain a le sentiment de vivre un mauvais rêve et nous partageons ses cauchemars, grâce au recours de la vidéo alors que la neige n'en finit pas de s'accumuler à l'extérieur.
Annie ne cédera rien et le contraindra à récrire le roman en faisant ressusciter Misery. Le bruit de la machine à écrire deviendra lancinant alors que son cerveau échafaude un plan pour se sortir de cet enfer. Et vous verrez que l'affaire est loin d'être gagnée. Rien ne fonctionne comme on peut s'y attendre dans un monde "normal". La mise en scène est angoissante à souhait. Plusieurs de nos sens sont sollicités pour nous faire frissonner. La vue bien sur, mais aussi l'oreille et même le non dit en évoquant le vaudou. On a vraiment le sentiment que s'il échappe à Annie ce seront les coyotes qui auront raison de lui.
La tension se relâche à de brefs instants, pour mieux nous serrer la gorge ensuite. Connaitre l'issue ne change rien à l'affaire. Le spectateur, même averti, est jusqu'au bout subjugué par les deux comédiens qui nous font vivre une large palette d'émotions. Myriam Boyer y est redoutable et on est soulagé -façon de parler- de voir la complicité (artistique) qui l'unit à Francis Lombrail aux saluts. L'ovation est amplement méritée.
Puisse le succès de la pièce guider le spectateur à re-découvrir l'immense oeuvre de Stephen King! Ou de lire l'ouvrage que lui a consacré Alexandra Varrin, une fan authentique et animée d'excellentes intentions.
La mise en scène est plutôt bien réalisée : j'ai apprécié le jeu des caméras de surveillance et celui des ombres et les vidéos entre les scènes sont intéressantes.
Si le jeu des acteurs est correct, il manque cruellement de progressivité et n'évolue pas vraiment au cours de la pièce.
Au final, une pièce correcte sans plus.
La mise en scène, le décor et la vidéo nous plongent dans l’histoire. Myriam Boyer est redoutable dans le rôle d’admiratrice psychopathe qui séquestre l’écrivain qu’elle adore pour ne pas que se termine sa saga favorite. Francis Lombrail incarne avec justesse le personnage de Paul.
L’atmosphère pesante de cette pièce nous poursuit même après le baisser de rideau.
Blessé à la jambe suite à un accident de la route, Paul est pris en charge par une infirmière. Jusque là, rien de spécial. Sauf que Paul est Paul Sheldon, un écrivain à succès. Il se réveille chez la soignante, Annie, qui - comme c'est étrange - le suivait avant son accident.
L'auteur des best-sellers des aventures de Misery est sous perfusion chez sa fan numéro 1. Rien ne peut lui arriver, lui assure-t-elle. À cause de la neige, les routes sont impraticables. Il ne peut pas être transporté à l'hôpital. C'est une chance qu'elle ait été là. Petit à petit les soins administrés se transforment en séquestration et maltraitance. Faut-il tuer l'auteur pour sauver une oeuvre ou assassiner le lecteur pour délivrer l'écrivain ?
Le huis clos sous tension soulève des interrogations de fond. La mise en scène est intelligente, offrant des détails très réalistes et usant de transitions flippantes. Myriam Boyer interprète brillamment Annie, complètement dérangée et obsédée. Elle n'est rien, alors qu'il est tout. Il la faisait vivre jusque là et aujourd'hui c'est elle qui a sa vie entre les mains. C'est grâce au talent de la comédienne que le malaise est permanent. Sa victime, interprétée par Francis Lombrail, instille de l'humour face à une situation qui en désarmerait plus d'un.
Chacun dans son rôle, les comédiens parviennent à créer une alchimie entre cauchemar et fascination.
Daniel Benoin, Alice-Anne Filippi Monroché et Jean-Pierre Laporte ont crée une mise en scène et une scénographie assez ingénieuses. L'histoire se déroule dans un seul endroit : une pièce dans la maison d'Annie Wilkes où Paul Sheldon est retenu prisonnier. L'espace assez grand où trois éléments (le lit, la table et une fenêtre) permettent de structurer toute l'histoire. La neige qui tombe pour illustrer l'accident de voiture qui justifie le fait que l'auteur soit retenu chez sa fan. Sa blessure, visible à tous les spectateurs se voient du lit et on voit sa cicatrisation. Ainsi, il se déplace pour taper sur la machine à écrire. Il a osé tuer l'héroïne d'Annie. Sous la contrainte, il va devoir ressusciter Misery. D'ailleurs, tant qu'il n'aura pas fini, il restera coincé. Des éléments ingénieux vont faire leur apparition comme la porte coulissante affichant des vidéos permettant d'étendre l'expérience du spectateur hors plateau. Des petites choses qui accompagnent à merveille l'univers singulier créé.
Au final, on passe un agréable moment de théâtre avec des artistes qui nous montre l'étendue de leur talent.