- Théâtre contemporain
- Théâtre Rive Gauche
- Paris 14ème
Madame Ming
- Théâtre Rive Gauche
- 6, rue de la Gaité
- 75014 Paris
- Edgard Quinet (l.6), Gaité (l.13)
Un homme d’affaires séjournant fréquemment en Chine croise à chacun de ses déplacements Madame Ming, la dame-pipi du Grand Hôtel de Yunaï. Au cours de leurs conversations, elle va lui révéler qu’elle a eu dix enfants ! Malgré la politique de l’enfant unique ? Impossible ! Madame Ming est-elle une affabulatrice ? Comment a-t-elle pu contourner la loi ?
Elle va pourtant lui conter en détail les caractères et destins de sa progéniture et lui transmettre une vision profonde et poétique de l’existence. Ce récit sera aussi l’occasion pour l’homme d’affaires de réaliser une introspection sur sa vie personnelle, sur son rapport à la Chine d’hier et d’aujourd’hui éclairé par la sagesse de Confucius…
Le nouveau spectacle poétique et drôle de Xavier Lemaire, adapté du roman « Les dix enfants que Madame Ming n’a jamais eus » de Éric-Emmanuel Schmitt, où le plaisir du jeu est associé à la magie des marionnettes et le charme du violon. La croisée des arts au service du théâtre.
L’AVIS DE LA REDACTION : 6,5/10
Voici l’adaptation au théâtre du conte philosophique « Les dix enfants que Madame Ming n’a jamais eus », d’Eric-Emmanuel Schmitt.
Exercice périlleux auquel se livre Xavier Lemaire.
Sur scène, Benjamin Egner campe un homme d’affaires, plutôt convaincant, dont on suit le parcours initiatique. Face à lui, Isabelle Andréani interprète avec justesse Mme Ming, la dame pipi qui va changer sa vie, à coup de petites vérités, proverbes chinois et récits de vie.
Mais la belle complicité qui aurait dû unir ces deux êtres que tout oppose n’est malheureusement pas au rendez-vous. La trop grande présence de monologues successifs, la ritournelle de citations, viennent alourdir la pièce, empêchant la création d’un lien auquel on ne demandait pourtant qu'à croire.
Malgré quelques idées de mise en scène parfois drôles et originales, la pièce manque de rythme.
Le parti pris de mêler des marionnettes aux comédiens nous tient encore un peu plus éloignés des personnages et la scénographie de boîte noire sur fond noir, on ne peut plus simpliste, nous éloigne du monde des contes.
On ressort de ce spectacle avec quelques jolis messages et quelques rires, mais sans émotion, ni émerveillement.
C’est dommage.
A.BEJARANO
L’astucieuse mise en scène de Xavier Lemaire mêle au jeux des comédiens, marionnettes et une violoniste virtuose. Pas le temps de s’ennuyer tant le rythme est élevé.
Isabelle Andréani et Benjamin Egner sont remarquable dans l’incarnation de leurs personnages.
Ou est la vérité, ou est la fiction quand une dictature impose l’enfant unique.
Merveilleuse comédie poétique d’une grande sensibilité.
Et comme dirait Confucius à la fin de sa vie «Si tu as aimé Mme Ming parlons vite vite» !
En effet, Mme Ming a eu dix enfants, tous bien différents de caractère… Benjamin est dubitatif, en Chine, il n’est pas autorisé d’avoir plus d’un enfant, comment est-elle passée à travers les ordres du gouvernement ? Pourquoi mentirait-elle ?
Elle est si convaincante lorsqu’elle parle de ses enfants, de leur parcours, de leur caractère.
Mais un jour un accident de circulation va tout remettre en question…
Très belle adaptation et mise en scène dynamique et inventive de Xavier Lemaire, Isabelle Andréani est excellente comme d’habitude, amusante, émouvante. Benjamin Egner est bien séduisant et menteur - ça va souvent ensemble -, Elsa Moatti est ravissante et nous régale avec son violon.
Et puis n’oublions pas les marionnettes de Pascale Blaison, si « humaines », la poésie inonde la pièce, le jeu subtil et drôle des interprètes nous font voyager et rêver, et l’humour est bien présent !
Confucius et moi nous vous conseillons ce spectacle !
Dans un hôtel cinq étoiles d'une grande ville industrielle de Chine nous allons assister à une belle rencontre entre madame Ming « dame pipi » et un homme d’affaire occidental de passage.
Madame Ming dit avoir dix enfants, elle aime parler de chacun d’eux avec amour et fierté. Ils sont originaux, différents les uns des autres, tous magnifiques, l’un construit des jardins de mots imaginaires, un autre est épris de vérité, un troisième est rêveur , un quatrième veut la peau de Madame Mao…
Un homme d’affaire sans enfants, sans compagne, sans attaches, parcourant le monde d’un hôtel à l’autre, est troublé et séduit par Madame Ming lorsqu’elle conte la vie de sa progéniture.
Il est un peu perplexe, dans ce pays de l’enfant unique, Madame Ming fabule-t-elle ou est-elle hors la loi ?
Notre homme, ne cherche pas à connaitre la vérité, il se laisse bercer, il est subjugué par les récits de Madame Ming remplis de philosophie et baignés dans la pensée de Confucius. Et lui qu’a-t-il fait de sa vie ? Notre homme se pose bien des questions.
A travers la vie de ses enfants, Madame Ming nous plonge dans l'histoire contemporaine de la chine.
"grâce à cette loi de l'enfant unique, 400 millions de chinois n'étaient pas nés......."
"Notre pays devient une fabrique d'égoïstes surveillés par des névrosés."
"Pendant la Révolution culturelle, des centaines de chinois, des gens brillants ont été envoyé en camp de rééducation, pour les avilir."
Madame Ming simple dame pipi, nous touche au plus profond à travers les paroles de Confucius.
'Le sage est calme et serein; l'homme de peu écrasé de soucis.'
'Celui qui ne progresse pas chaque jour recule chaque jour'
Ce très beau texte fait partie du Cycle de l'invisible qui comprend huit romans traitant principalement des spiritualités, des croyances et des rêves.
Dans ce fantastique récit, Eric-Emmanuel Schmitt met en opposition nos deux cultures.
" La culture chinoise n'a pas besoin de la pierre pour s'exprimer quand la culture occidentale n'aurait justement plus que la pierre."
La scénographie de Caroline Mexme est astucieuse et nous permet de pérégriner d’un lieu à l’autre avec aisance. Un castelet sombre, sur deux niveau, au rez de chaussé les toilettes, lieu de travail de madame Ming, englobée coté jardin et côté cour d' escaliers menant sur une terrasse où ont lieu les discutions commerciales et tapageuses de notre homme d'affaire.
Au fil de ce merveilleux conte nous découvrirons le mystère et le secret de Madame Ming. Nous sommes entre le rêve et la réalité.
La mise en scène de Xavier Lemaire remarquablement orchestrée, intensifie ce texte plein poésie, de tendresse et d’humanité qui finit par ces mots pleins de sagesse :
" La vérité m'a toujours fait regretter l'incertitude"
Xavier Lemaire a eu l’ingénieuse idée d’associer au jeu des comédiens de magnifiques marionnettes créées par Pascale Blaison, le tout rythmé par la délicieuse violoncelliste Elsa Moatti.
Isabelle Andréani, incarne avec brio une dame pipi haute en couleur qui nous amuse, nous séduit, nous émeut et nous captive.
Benjamin Egner, interprète avec justesse et talent cet homme d’affaire touché par les pensées de Confucius qui enrichissent les histoires de Madame Ming, s’interroge sur le sens de son existence cartésienne.
Tous quatre, nous entrainent dans cette passionnante histoire avec grand brio.
C’est un grand moment de plaisir qui nous plonge dans le monde d’Eric-Emmanuel Schmitt .
Car tout dans cette pièce nous a comblé. Il s’agit d’un conte moderne dont le texte d’un bel humanisme, est ciselé à merveille par un auteur incontestable. « La vérité m'a toujours fait regretter l'incertitude", toute la poésie de la pièce est résumée dans cette jolie maxime. Elle met en opposition, une attachante et pittoresque « dame pipi » (confucéenne avertie) avec un homme d’affaire occidental (cartésien, étourdi de son importance, sans attache et sans amour assumé). Cette rencontre improbable va pourtant l’interpeller puis changer sa vie. Au fil de leurs confidences naitront sa curiosité, puis son intérêt aux révélations mystérieuses de Mme Ming. Réalité ? ou affabulation ? : « La vérité, c'est juste le mensonge qui nous plaît le plus, non ? » déclare la sage et spirituelle préposée. Tout cela est dit et joué avec beaucoup de légèreté, d’humour et d’émotion, ponctué de savoureux morceaux de violon et accompagné, d’un autre art théâtral que je ne veux pas ici déflorer.
Un régal ! Salué avec enthousiasme par le public présent ce soir-là.
Courez-voir ce très beau de moment de théâtre et d’humanité dont l’esprit nous a accompagné de nombreuses heures après la sortie.