Les couleurs de l'air

Les couleurs de l'air
De Igor Mendjisky
Mis en scène par Igor Mendjisky
  • Théâtre des Bouffes du Nord
  • 37 bis, boulevard de la Chapelle
  • 75010 Paris
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ILIA. Ce matin-là mon père est mort. Les heures qui ont suivi ont ouvert pour moi la porte d’un monde que je soupçonnais mais sur lequel je n’avais jamais posé de mots ni de chiffres. Face aux avocats et au notaire, j’ai découvert concrètement qu’en plus d’être artiste-peintre, mon père était un escroc, un fabuleux escroc, un de ceux qui manipule, qui charme, qui ment et qui soutire de très grosses sommes d’argent. Le continent sur lequel j’ai accosté était un mensonge sidérant, un feu d’artifice de mensonges, un feu d’artifice qui d’heure en heure, de jour en jour grandissait et me plongeait dans des ténèbres prodigieusement ahurissantes et abyssales.

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IAprès Le Maître et Marguerite, voici la nouvelle création d’Igor Mendjisky, directement inspirée de son histoire personnelle. Il construit une pièce en trois parties, trois couleurs. Huit comédiens interprètent cette fresque théâtrale dans laquelle la peinture est omniprésente et partie prenante d’une scénographie élégante. À travers l’histoire d’Ilia, le metteur en scène interroge les notions de deuil, d’héritage et de responsabilité.

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17 nov. 2022
8,5/10
5
La pièce est une vaste mise en abime, Igor Mendjisky crée et interprète Ilia, personnage qui se lance dans le tournage d’un biopic de son père quelques années après sa mort. La pièce/le film est un travail thérapeutique, avec pour objectif une nécessité de se reconstruire, de comprendre afin de pouvoir avancer.

Pour mener à bien ce travail d’analyse, Igor Mendjisky/Ilia exécute, dans son travail d’écriture/réalisation, une quête à la recherche des vérités ou pseudo vérités concernant la vie de son père. Il mène en particulier l’enquête auprès de ses frères et sœurs à travers leurs souvenirs et ressentis. Cette exploration s’accompagne d’une introspection sur son propre rapport avec ce père charmeur, manipulateur, mythomane et mégalomane. Escroc génial, peintre reconnu plus que père modèle, le fils décrit ici le père sans paillette ni complaisance.

D’ailleurs la pièce, comme pour faire écho à ce personnage grandiloquent, ne fait pas dans la demi-mesure. Dans un rythme soutenu, les scènes s’enchainent en s’enchevêtrant, sans pause, alternant scène de tournage et moment de « solitude » du personnage dans sa chambre d’hôtel. Les moments de tournage relatent à la fois le passé trouble de ce père fantasque tout en gardant comme fils conducteur l’après mort, le testament, les révélations, les avis de chacun de ceux qui lui survivent…

L’histoire s’attarde également sur le métier de comédiens, mettant en évidence avec beaucoup de justesse et d’humour les espoirs, les angoisses, les caprices, les difficultés de ceux qui interprètent les acteurs jouant dans le film d’Ilia.

La scénographie d’abord minimaliste s’étoffe dans la deuxième et troisième parties comme pour s’élargir au fur et à mesure où le fils avance dans ses réflexions, prend de la hauteur et se perd dans ses méditations. D’abord assez clair sur ce qu’il veut et sur ce qu’il sait, il s’égare, assailli par ses angoisses de père, de mari, de fils. Hanté par ses fantômes, il perd pied.

C’est donc une histoire de filiation, le récit d’un fils fasciné, presque obsédé par son père, d’un fils en colère contre celui qui lui échappe et dont il n’arrive pas à saisir qui il est ni quel est son rapport à lui. C’est l’histoire d’une famille recomposée, disloquée, éclatée que seule la figure écrasante du père rassemble.

En sortant j’entends deux petites dames qui ruminent « comme souvent au théâtre il y avait une demi-heure de trop ! » je ne suis pas loin de leur donner raison, je trouve souvent que le théâtre devrait plutôt être trop court que trop long et à un moment il m’a un peu perdu j’avoue.

Mais la pièce est belle, les comédiens sont excellents, alternant drame et humour avec souplesse. La mise en scène est ultra fluide et le thème universelle de la transmission filiale est creusé et abordé avec originalité et intelligence.

Une pièce intéressante.
6 nov. 2022
8,5/10
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Ilia est cinéaste. Il apprend la mort de son père. Son père a eu une vie mouvementée, marié à trois reprises, ayant vécu en France et aux Etats-Unis. C’est l’occasion pour lui de découvrir qu'il était un escroc et peut être faussaire. Il décide alors de faire un film sur sa vie. Il essaie de connaitre la vie de son père qui a été très mouvementée. Etait-il un escroc doublé d’un faussaire ? Nous naviguons entre histoire de famille et tournage du film. Le tournage devient de plus en plus difficile pour Ilia. Il sombre dans une forte dépression et état d’angoisse. Au-delà de l’histoire mouvementée de son père, Ilia souhaite plus résoudre sa propre histoire, sa propre relation à son père. Le deuil est bien évidemment difficile. Il cherche à rompre le lien avec lui comme s’il fallait couper ce lien avec la mort, « couper le fil » pour faciliter l’acceptation de la mort.
Igor Mendjisky nous interroge sur le deuil, l’héritage et l’acceptation de la perte d’un parent. Il nous plonge dans le monde de la peinture et dans le processus de création.
La mise en scène est superbe. La vidéo est habilement utilisée.
La fin nous plonge dans un monde de conte.

Mention spéciale aux acteurs qui sont tous remarquables.
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Notes détaillées (pour les plus courageux)
Texte
Jeu des acteurs
Emotions
Intérêt intellectuel
Mise en scène et décor