- Classique
- Théâtre de l'Épée de Bois
- Paris 12ème
le misanthrope
Alceste hait les mondanités, refuse toute compromission et dénonce l'hypocrisie de ses semblables. Il est pourtant fou amoureux de la frivole Célimène, jeune et belle veuve, coquette et complaisante... Dans cette comédie à la tonalité sombre, Molière s'interroge sur la possibilité d'être libre et sincère au sein d'une société obsédée et rongée par les apparences et les faux-semblants. Une pièce grinçante, entre rire et émotion.
Avec un Alceste amoureux, passionné, perdu, désespéré, sans repère, l’auteur cherche un chemin possible de salut pour l’homme. Faut-il partir vivre dans un désert, loin des hommes ou bien simplement se frayer un chemin entre ses frères et choisir un juste équilibre comme Philinte et Eliante ? Certes, il condamne Célimène à la fin mais ne nous donne pas de réponse. La vérité estelle bonne à dire ? Quel pouvoir lui donner ? Que peut-on faire face à elle ? Et que peut notre homme face à nos travers, face à nos vices, face à l’amour et à la passion ? Molière cherchera toute sa vie, comme notre Alceste, « une » vérité dans un monde, son monde, condamné et broyé par le doute.
Le misanthrope ou L’atrabilaire amoureux a été joué pour la premier fois au théâtre du Palais Royal le 4 juin 1666. Molière s’inspira du Dyscolos de Ménandre pour créer cette comédie en 4 actes. Molière y critique les mœurs de la cour ; l’hypocrisie, la compromission et la couardise de cette société du paraitre.
Alceste n’aime que la vérité, la sincérité, la franchise sans compromis quitte à blesser ses compères comme Oronte qui le mènera au tribunal. Philinte l’avais pourtant mis en garde :
« Plutôt que de se plaindre des défauts des autres, mieux vaut se montrer indulgent, bienveillant, les prendre pour ce qu'ils sont …. dans une société sans pitié »
Nous sommes étonnés qu’un homme d’une telle droiture soit amoureux de Célimène jeune veuve coquette, frivole, mondaine et superficielle qui représente tout ce qu’il déteste.
Célimène se pliera-t-elle à ses exigences ?
Alceste serai-il prêt à être moins rigoureux ?
L’adaptation et la mise en scène de Thomas Douarec sont un vrai régal.
Les alexandrins résonnent et prennent une grande ampleur, le texte de Molière devient d’une évidente contemporanéité. C’est la modernité de la langue de Molière.
Dans un décor épuré et contemporain, les portables, les selfies, sont de la partie. En fond de plateau, sur un grand écran vidéo, s’affichent les sms ainsi que les images filmées par les portables des protagonistes.
Les costumes sont d’une élégance et d’une esthétique qui ravissent nos yeux.
Tout commence dans une ambiance festive, rock en roll, Célimène se déhanche et se déchaine aux milieux de ses amis, Alceste reste à l’écart, observant le monde d’un air désabusé. Le ton est donné…
Les tableaux s’enchainent rythmés au son de la guitare électrique en live, c’est enthousiasmant, deux heures de pur bonheur.
Ce texte classique est d’une modernité qui nous enchante et nous enthousiasme.
Les comédiens sont excellents, on ressent une grande complicité entre eux. Ils nous amusent, nous captivent et nous entrainent avec grand talent dans cette comédie.
Jean-Charles Chagachbanian, interprète avec grand brio Alceste, séduisant mais sourd aux conseils avisés de Philinte.
Philippe Maymat , incarne merveilleusement Philinte cet ami fidèle parfois désespéré.
Thomas le Douarec, « Oronte » est drolatique et époustouflant, il nous réjouit.
Jeanne Pajon, « Céliméne » vaporeuse et sensuelle nous séduit.
Justine Vultaggio, « Eliante », tendre et prude nous charme et nous émeut.
Rémi Johnsen, marquis, Valérian Béhar-Bonnet, les deux marquis haut en couleur, nous amusent
Caroline Devismes joue avec brio Arsinoé et nous ravie.
Un grand moment de plaisir en compagnie d’une formidable troupe.