- Classique
- A la Folie Théatre
- Paris 11ème
Le Horla
L'adaptation du Horla, le roman de Maupassant, par Frédéric Gray est à l'affiche du Théâtre A la Folie
En proie à d’étranges phénomènes, un homme devient progressivement obsédé par une mystérieuse présence. Jusqu’où cela le mènera-t-il ?
Un chef d’œuvre de Maupassant qui nous emporte dans les méandres de l’âme humaine. Hallucinations, hypnose, cauchemars… autant de passages obligés pour cet homme aux prises avec ses interrogations et ses démons.
Nomination aux Cyranos 2022 : "Meilleure mise en scène"
Ce texte étonnant et difficile de Maupassant est magistralement interprété par Guillaume Blanchard : la mise en scène est parfaite et Frédéric Gray qui lui donne la réplique est tout simplement parfait. On est emmené dans la folie du personnage avec des moyens sonores et visuels aussi sobres qu’efficaces , et on finit par vivre la folie de l’intérieur sans être bien sûr qu’il s’agisse vraiment de folie . Une occasion unique de rentrer dans cette nouvelle de Maupassant !
Maupassant (1850-1893) écrivit, deux versions du Horla, une première parue en 1886 dans laquelle un aliéniste rapporte le témoignage d'un de ses patient, puis une seconde version en 1887 sous forme d’un journal contant les angoisses de son narrateur.
Toutes deux présentent l’évolution d’un trouble mental tout comme dans Lettre d’un fou publié en 1885.
Frédéric Gray nous présente la deuxième version, dans une scénographie raffinée, aérienne et subjective. Sur le plateau des cadres anciens semblent flotter dans les airs, à travers ces différents espaces, nous voyageons dans les divers lieux de cette fiction. Cet agencement renforce le surnaturel de cette nouvelle.
Guillaume Blanchard s’incarne et s’investit avec passion dans cet homme qui au fil du temps perdra la raison.
Nous le rencontrons au début du printemps le 8 mai dans sa maison de Normandie, les oiseaux chantent, nous sommes dans une belle nature luxuriance.
« J'aime ma maison où j'ai grandi. De mes fenêtres, je vois la Seine qui coule, le long de mon jardin »
De cette fenêtre, il vit passé un superbe trois mats brésilien qu’il salua de la main.
De ce jour notre homme senti une créature invisible roder autour de lui. Ses angoisses, ses peurs et sa détresse vont s’accroitre de jour en jour. Cette présence mystérieuse s'affirme de plus en plus, notre comparse est terrorisé. Le 3 juin, il quitte son logis et part en voyage pour essayer se libérer de cet être surnaturel qui rode dans sa demeure. Au cours de son périple, il croise un moine qui essaie de le rassurer :
« Est-ce que nous voyons les cent millièmes parties de ce qui existe? Tenez, voici le vent, qui est la plus grande force de la nature, qui renverse les hommes, abat les édifices, déracine les arbres…… l’avez-vous vu, et pouvez-vous le voir ? Il existe, pourtant.»
De retour dans ses pénates, cette créature diabolique qu'il nomme « le Horla », continue à le hanter.
Notre protagoniste perdu et désespéré va se lancer dans des actions insensées que nous vivrons avec lui dans l’inquiétude, le suspends et l’émotion.
le Horla est-il un nouveau prédateur de l’humanité?
Guillaume Blanchard, nous entraine avec frénésie dans cette fantastique et délirante histoire, nous sommes captivés.
Arrivera-t-il à s’évader l' emprise du Horla?
Maupassant suivait de près les travaux de Charcot sur hypnose et l'hallucination. Le Horla, met la raison à l'épreuve dans un monde rationnel et scientifique. D’autre part, atteint de syphilis, Maupassant est lui-même sujet à des hallucinations de plus en plus fréquentes, cette situation étant insupportable, il tentera de se suicider en 1892.
Les bruitages et les jeux de lumière nous transportent dans les différents lieux, créant des ambiances poétiques, énigmatiques ou ténébreuses et intensifient les émotions.
Merci Guillaume Blanchard et Olivier Troyon en alternance avec Frédéric Gray pour ce moment de théâtre mystérieux et surnaturel.