- Classique
- Comédie Française - Salle Richelieu
- Paris 1er
La vie de Galilée

- Hervé Pierre
- Élise Lhomeau
- Comédie Française - Salle Richelieu
- 2, rue de Richelieu
- 75001 Paris
- Palais Royal (l.1, l.7)
Près de trente ans après la dernière mise en scène qui marqua l’entrée au Répertoire de « La Vie de Galilée », Éric Ruf s’intéresse à cette parole sur la nécessité fondamentale du doute.
« Aujourd’hui, 10 janvier 1610, l’humanité inscrit dans son journal : ciel aboli » : accompagné d’un enfant, le mathématicien Galilée observe à la lunette le firmament. Dix ans auparavant, le philosophe Giordano Bruno a été brûlé à Rome pour avoir soutenu l’idée d’un univers infini et sans centre, sur la base des travaux de Copernic. À force d’observations et de calculs, Galilée cherche des preuves à son hypothèse d’un système cosmique où la Terre est « un corps céleste ordinaire, un parmi des milliers ». De Padoue à Venise, le mathématicien ébranle des certitudes en affrontant la puissance d’une Église qui souhaite maintenir son pouvoir absolu dans les «sphères de cristal» où Ptolémée a jusque-là enfermé le monde. Si les découvertes de Galilée sur l’astronomie et la physique passionnent le peuple, le savant les abjurera sous la menace de la torture. L’Inquisition aura eu raison de lui, non de sa science.
De cette pièce que l’on a pu dire prophétique – Brecht en débute la rédaction en exil au Danemark en 1938 et la finalise en 1955 –, Antoine Vitez relève la complexité du personnage de Galilée : « Je n’ai besoin ni de le sauver, ni de ne pas le sauver, je n’ai besoin, moi, que de le traiter ». C’est dans la lignée, près de trente ans après la dernière mise en scène qui marqua l’entrée au Répertoire du texte, qu’Éric Ruf s’intéresse à cette parole sur la nécessité fondamentale du doute. Pour cette pièce de troupe en quinze tableaux, il retrouve Hervé Pierre, « acteur-monde » qui interprétait son Peer Gynt en 2012. Loin du traité, hors de tout manichéisme mais embrassant la connaissance, la crédulité, la foi, l’éthique ou la science, ce portrait d’un homme énonce, à travers un long parcours de vie, les paradoxes de la conquête de l’esprit.
La pièce propose une reflexion intéressante sur le rapport entre science et religion, sur la place du savoir dans la société et son lien avec le pouvoir qui résonnent encore aujourd’hui Malgré tout c’est un peu long et appuyé et Brecht se perd (et nous perd) un peu avec son désir de pédagogie.
D’autre part, si Hervé Pierre joue un Galilée très convaincant, certains rôles le sont moins, particulièrement Birane Ba que je trouve très décalé et peu crédible.
L'extraordinaire Hervé Pierre devient Galilée. Une force de caractère à la voix singulière qui nous prend au coeur. Il fait vibrer l'homme aussi bien dans son enthousiasme vis-à-vis de ces découvertes que ces doutes incessants. Un tel homme n'est pas seul en scène et par chance, le français est un théâtre de troupe. Certaines scènes se font avec une vingtaine de comédiens et aucun n'a de rôle superflu. L'effet de masse ébloui surtout grâce aux sublimes costumes de Christian Lacroix. Ils vont à merveille avec les imposants décors composés de 10 toiles qui font des centaines de mètres carrés. Images de la pieta, d'imposition, de crucifixion prises dans les peintures de Fra Angelica, Caravage, Raphaël... nous plonge dans l'Italie où les religieux contrôlent tout.
Tout nous embarque au plus proche d'une histoire incroyable où la science à tout de même triompher sur le dogme.
Un spectacle enrichissant qui nous incite toujours à douter pour mieux comprendre le monde qui nous entoure.