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La tendresse

La tendresse
  • Théâtre des Bouffes du Nord
  • 37 bis, boulevard de la Chapelle
  • 75010 Paris
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Les filles de Désobéir devaient mentir pour s’affranchir des injonc­tions de la famille, de la société ou de la tradition.

Les garçons de La Tendresse, eux, ont souvent dû se mentir à eux-mêmes pour appartenir au « groupe des hommes », pour correspondre à la « fabrique du masculin ».

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9,7/10
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6 mai 2022
10/10
5
L'être tendre pourrait nous en apprendre, se ferait il entendre au milieu de la violence du monde. Sa mise en art la voici, comme une fractale à la craie sur du rocher, au bord d'une caverne d'où fusent des idées, Des idées de danse, beauté et violence, des idées de guerre, atavisme des pères, un langage du corps comme premier rempart, flambeau, sinécure.
On parle de masculinité forcément conflictuelle, identité, forcément compliquée, sexualité , un mur qui peut être haut malgré la transparence , le porno comme une maladie solitaire , le genre qui ne résume rien et l'enfance d'où elle vient , emmène, ramène.

C'est un beau chaos que ce spectacle, un feu d'artifice nourri d'actuel et de séculaire, c'est notre époque et une introspection dans un bolide toutes vitres ouvertes, avec une musique hip hop et du beethoven dans l'autoradio. Une troupe éruptive qui fait bruler des mots, qui déshabille des corps et des âmes pour chauffer et éclairer le chaos du monde.

Bravo debout!!!
6 mai 2022
9,5/10
4
Ce sont des hommes, ce sont des hommes,

Rien de moins naturel, en somme…

Julie Berès persiste et signe : après avoir créé le spectacle Désobéir, en novembre 2017, avec les auteurs Kevin Keiss et Alice Zeitner, un spectacle dans lequel elle donnait la parole à quatre jeunes femmes qui prenaient en main leur vie en dépit des injonctions religieuses, familiales sociales ou traditionnelles, elle permet aujourd’hui aux garçons de donner de la voix !



Ce nouveau spectacle se situe dans la droite lignée du précédent : rencontrer et raconter une jeunesse, et permettre de nous interroger sur ce qui fait la ou les spécificités des hommes d’aujourd’hui.

Qui sont-ils vraiment ces jeunes hommes, qu’ont-ils à nous dire, quelles sont leurs forces, leurs fragilités, leurs paradoxes ?

Comment s’est construite leur masculinité ?


Où en est la vision du « mâle traditionnel », façonnée par des millénaires de patriarcat, où en est cette domination séculaire vis-à-vis des femmes, qu’en est-il de la domination plus pernicieuse vis-à-vis des hommes « moins hommes que le modèle jugé légitime » ?



Ce faisant, elle va nous proposer un remarquable, magnifique et nécessaire spectacle, qui dans un magistral coup de poing à la figure, va nous permettre de poser un regard à la fois sociologique mais surtout dramaturgique sur huit jeunes hommes actuels, de ces adulescents que l’on pourrait rencontrer dans n’importe quelle cité populaire de France.
Dans n’importe quel endroit où règne une vraie et indispensable mixité sociale et culturelle.

Bboy Junior, Natan, Naso, Alexandre, Tigran, Djamil, Romain et Moha vont répondre devant nous à toutes ces questions.

Les huit vont faire une entrée fracassante, surgissant de cette porte au lointain, investissant cette sorte d’entrepôt noir à deux niveaux.
Craie en main, au son d’un hip-hop tonitruant, ils entreprennent dans un premier temps de façon fulgurante de laisser leur trace sur les murs.


Et puis vient une première scène dansée.

Ce sera un krump tonitruant, cette danse née dans les années 2000, mettant en scène des actes très violents, avec des simulacres de coups portés.


La danse contemporaine ou classique, les musiques actuelles auront en effet une importance capitale dans cette entreprise artistique.
Nous allons assister à de furieuses, spectaculaires et impressionnantes battles, ces confrontations dansées avec un esprit de pseudo-compétition, qui vont nous donner à nous aussi envie de danser.

Les huit comédiens-danseurs vont purement et simplement nous bluffer, de par leur engagement, leur jeu organique et viscéral, leur vis comica, leurs talents multiples.
Une vraie force, une réelle puissance émane de ce collectif, une impressionnante cohésion d’ensemble, tout en laissant parler les individualités.

Un esprit de troupe on ne peut plus palpable règne en permanence.

Les huit vont nous faire vibrer, sans nous laisser de répit, sans aucun temps mort, pour nous embarquer dans le tourbillon des histoires personnelles de leur personnage et de leurs jeunes existences.


Ensemble, ils figureront un chœur contemporain, porteur d’une parole générale, plus large que les témoignages individuels, une parole universelle qui met en exergue ces éléments signifiants quant à la construction de ces jeunes.

Les différents aspects sociétaux signifiants, repérés et identifiés en tant que tel par les auteurs du spectacle seront figurés par des petits tableaux, où en solos, duos, voire trios.

Dans cette démarche, on note évidemment une dimension musicale, une partition concertante d’un ensemble et de solistes.



Différents points très précis, très argumentés, très parlants seront abordés.
Le concept de masculinité, le poids du patriarcat, la figure du père, les différents codes pour « devenir, être et rester un homme », la vision que les hommes actuels peuvent avoir des femmes, les techniques de drague (avec des adresses hilarantes à certaines spectatrices…), la représentation de l’homosexualité, les rapports au corps, au pénis, mais aussi la pression sociétale exercée sur les hommes contemporains, les bouleversements générés par le mouvement #MeToo.

Et puis une séquence très forte concernera une révélation de l’un de ces « hommes ». Je n’en dis pas plus.


S’ils nous font rire en interprétant ces personnages espiègles, spirituels, (des formules irrésistibles émaillent le texte), les comédiens sont aussi très souvent bouleversants.

Ce spectacle qui nous confronte à la vie politique au sens noble de la Cité, ce spectacle est avant tout une entreprise théâtrale, avec une formidable dramaturgie, qui vient lier de façon très fluide, très intelligente tous les témoignages.
On reconnaît la patte de Lisa Guez, qui parvient à constituer un véritable ensemble cohérent s’enchaînant avec beaucoup de naturel, d’humour et de grâce.

Je rappelle que Lisa Guez vient de proposer à la Comédie Française On ne sera jamais Alceste, qui restera pour moi l’un des spectacles phares de cette année de commémorations moliéresques.


L’ensemble des spectateurs des Bouffes du Nord se lève sans se concerter dans une standing ovation générale, tellement spontanée et méritée.
Le nombre de rappels est lui aussi très parlant.

Ne manquez surtout pas ce brillant spectacle, intelligent au possible, qui dresse de manière remarquable un état des lieux de la condition masculine actuelle.
Un spectacle incontournable. Ruez-vous aux Bouffes du Nord !
5 mai 2022
9,5/10
5
Pétulant, Fracassant, Eloquent.
Quel plaisir d’applaudir cette magnifique troupe de jeunes comédiens !
L'écriture et la dramaturgie de Kevin Keiss, Julie Berès, Lisa Guez avec la collaboration d’Alice Zeniter ont été élaborées suite la rencontre avec des jeunes de divers horizons. De pays et de cultures différentes (Picardie, Congo, des Comores…), de hobbies divers (sport, breakdance, hip-hop, danse classique).

Ces jeunes garçons pleins d’incertitudes, d’inquiétudes et d’une grande générosité se questionnent sur leur devenir d’homme, leur virilité, leur sexualité, leurs différences, leurs désirs profonds et leurs choix de vie.

Comment se construire dans ce monde en évolution qui n’est plus celui de leur aïeux où les traditions et le patriarcat étaient incontestables.
Tous veulent avoir leur propre ‘identité’ non celle de leur père et bannir les clichés masculins.
Que veut dire être : Un mec bien ? Être un homme fort ?
Quels rapports avoir avec l’amour ?
Comment vivre sa paternité ? Comment investir professionnellement?
Accepte-t-on toujours les différences de milieu, de religion ou d' orientations sexuelles ?
Des échanges pleins d’accrochages et d’escarmouches se produiront avec beaucoup ironie, parfois cassants et acides les uns envers les autres. Romantiques, poètes et tolérants à leurs heures, ils savent aussi être machos et un peu tranchants mais avec un certain humour.
« Les garçons de La Tendresse ont souvent dû se mentir à eux-mêmes pour se sentir appartenir au « groupe des hommes », pour correspondre à une certaine « fabrique du masculin ». » J.B

La mise en scène est magnifiquement orchestrée, dès le premier instant nous sommes happés par leur fulgurante énergie, les comédiens envahissent l’espace scénique dans une chorégraphie époustouflante.
Les scènes se succèdent avec un dynamisme fracassant. Hip Hop remarquable , breakdance impressionnante et assez inhabituelle, un solo sur les pointes rarissime pour un danseur, une gestuelle fracassante et étourdissante intercalée par un texte pertinent et perspicace.
Nous ressentons une grande implication des comédiens, ils sont totalement investis et engagés de tout leur être dans cette aventure. Bravo.
Nous sommes bouleversés par une scène de guerre où les comédiens en uniforme miment des soldats se trouvant dans un horrible combat.
Tous ses jeunes comédiens sont talentueux et nous émeuvent. Leur gestuelle et leur vitalité nous subjuguent.

Junior Bosila Banya aka Bboy’ break-danseur’ s’envole dans les airs, il est impressionnant.
Natan Bouzy, danseur professionnel nous épate et nous sidère en dansant sur les pointes avec une grâce renversante.
Naso Fariborzi spécialiste de danse ‘Popping’ est stupéfiante, ses muscles se contractent et se décontractent dans un rythme étourdissant.
Alexandre Liberati nous chavire par la justesse de son jeu.
Tigran Mekhitarian beau séducteur nous ravi et nous amuse.
Djamil Mohamed est touchant lorsqu'il affirme son refus d’appartenir à ces hommes trop nombreux qui violent les femmes. Il est poignant.
Romain Scheiner agile, joyeux et optimiste malgré la vie pas toujours sympa nous enchante.
Mohamed Seddiki est renversant, il interprète avec grand brio un jeune homme fragile connaissant peu les femmes.
Spectacle prodigieux et ébouriffant à ne pas manquer.
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Texte
Jeu des acteurs
Emotions
Intérêt intellectuel
Mise en scène et décor