- Théâtre contemporain
- Théâtre de l'Atelier
- Paris 18ème
Hotel Europe

- Jacques Weber
- Théâtre de l'Atelier
- 1, place Charles-Dullin
- 75018 Paris
- Anvers (l.2)
Un homme, enfermé dans une chambre de l'Hôtel Europe, à Sarajevo, a très précisément deux heures pour rédiger un discours solennel sur l’Europe et son futur.
Mais, au moment de prendre la plume, il se perd et se retrouve aux prises avec les contradictions de sa mémoire et de ce continent en déliquescence.
La critique de Perrine (rédaction AuBalcon) : Une pièce de Bernard Henri Levy sur l'Europe et Sarajevo. Un seul en scène de Jacques Weber. On pouvait s'attendre à tout.
Jacques Weber joue, parle, réfléchit, constate, éructe, rit, partage. L'homme est épatant, à la fois juste, simple et sincère. Dans un décor mouvant et une jolie mise en scène millimétrée, il évolue avec la bande son, partage ses recherches Google avec nous, nous entraine dans ses réflexions, dans sa folie, dans ses peurs et ses doutes.
Le texte est dense, intense, très écrit. Quelques beaux passages sur l'état de l'Europe, sur l'incapacité de nos politiques, sur notre indifférence à la souffrance de l'autre font mouche. On s'attriste avec l'acteur, on rigole parfois, on le suit en tous cas.
A la sortie certains parlaient de "bouillie intellectuelle" mais ils sont un peu durs. Il faut avouer que BHL s'en donne à cœur joie dans la prolifération de pensées philosophiques et la multitude de références peut perdre de temps en temps. Dans toute cette logorrhée plus ou moins accessible, on a toutefois apprécié plusieurs passages bien sentis et vraiment intéressants.
BHL on l'a bien compris, se projette totalement dans le personnage qui est en scène. Weber, c'est lui, les mots de l'acteur sont les siens.
Plus que le texte ou les idées, pourtant souvent intéressantes, on a vraiment été conquis par le jeu d'acteur de Jacques Weber, très investi et par la mise en scène.
C'est une pièce qui change, une pièce politique mais pas seulement. Elle pose aussi la question de notre rapport à l'information, à l'informatique, aux autres, au changement, à nos peurs, à nos doutes, à la nostalgie.
Aller voir cette pièce c'est assister au show d'un acteur hors norme et prendre ensuite le temps, longtemps, de digérer tout ce qu'on a vu et entendu.
Pas grand chose sinon un surpoids de grandiloquence qui, au final, le dessert. L'original très incarné se suffit amplement et surpasse de loin son avatar un peu mince. Et pas seulement parce que l'acteur a maigri. Reste une plongée intéressante et profondément humaine dans les entrailles du philosophe engagé.
Mais on regrette le ton sentencieux qui dessert la nuance du propos.
Le metteur en scène arrive pourtant à nous récupérer à coup de recherches sur Google qui sont, pour le coup, totalement ancrées dans notre époque mais sinon c'est vraiment trop long.
Reste l'acteur, magistral et qui se dépense sans compter. Il sert réellement le texte de BHL.
Du coup, le caractère inégal du texte de BHL dessert la pièce, alternant entre des fulgurances qui font réfléchir et des lieux communs qui font sourire. Une partition assez attendue et surannée sur les grands hommes et penseurs fondateurs de l'Europe disparus, heureusement mise en musique de façon magistrale par un Jacques Weber habité par son sujet.