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1984 Big Brother, Etat d'Urgence

Mis en scène par Sébastien Jeannerot
Avec Sébastien Jeannerot
- Sébastien Jeannerot
- Florence Nilsson
- Bernard Sender
- Loïc Fieffé en alternance avec Grégory Baud
- Hervé Terrisse
- Sébastien Antoine
- Enguerrand Michelin
- Marie Chap
7,7/10
80%
- Théâtre de Ménilmontant
- 15, rue du Retrait
- 75020 Paris
Itinéraire
Billets de 18,50 à 24,50 €
Evénement plus programmé pour le moment
A l'abri du regard du télécran, Winston tient un journal dans lequel il condamne la société totalitaire dans laquelle il vit.
Au ministère où il travaille, il est contacté par O'Brien, membre d'une société secrète tentant de faire tomber le Parti. Parallèlement, il se sent espionné par Julia. En réalité, c'est le début d'une histoire interdite.
"Qui contrôle le présent, contrôle le passé, qui contrôle le passé, contrôle l'avenir." George Orwell
1984 est un roman de George Orwell publié en 1949. Le nom du "chef du parti", Big Brother, est devenue une expression communément utilisée pour qualifier la société de surveillance ainsi que la réduction des libertés.
Toutes les critiques
Après être allée, à 18h, le 19 décembre, à la Coupole de la Comédie Française écouter, avec grand plaisir, Jennifer Decker lire La ferme des animaux de George Orwell, une heureuse coïncidence m’a conduite, à 21h, au Théâtre de Ménilmontant pour 1984, une adaptation de Alan Lyddiard mis en scène par Sébastien Jeannerot. Soirée Orwell, par conséquent.
Dans La ferme des animaux, George Orwell décrit comment les animaux prennent possession de la ferme et chassent M. Jones leur maitre. Puis comment progressivement les cochons (et les chiens) prennent le pouvoir et deviennent « plus égaux que d’autres », jusqu’à ce que l’on ne puisse plus faire la différence entre cochons et humains pas tout à fait humains.
Dans 1984, il décrit une société uniformisée sous « l’ère de Big Brother » où l’humain n’existe pas, où le simple fait de penser est un crime.
Sur scène, les comédiens sont tous habillés à l’identique, sauf O’Brien qui se distingue des autres. Il est là pour vider chaque citoyen de son individualité et pour les remplir à sa guise afin de leur inculquer une nouvelle vérité, celle dictée par Big Brother. Il doit pouvoir leur faire croire que 2+2=5, et le jour où il y parviendra il aura gagné.
Mais Winston, le personnage principal, résiste à toutes les tortures que O’Brien peut lui infliger. Winston déclare que « l’humanité le vaincra ». Il résiste jusqu’au moment où O’Brien, qui connait sa seule faille, la phobie des rats, décide de l’utiliser. C’est cette peur des rats qui fait capituler Winston et lui faire déclarer qu’il aime Big Brother.
Sébastien Jeannerot met en scène le roman d’Orwell en chef d’orchestre. Il mêle ainsi la musique, envahissante qui nous plonge dans un univers parfois insoutenable mais nécessaire, et la vidéo, dont la place est importante. Lorsque j’ai vu la présence de cette dernière sur des photos je me suis pourtant dit : « Encore un spectacle qui ne sait pas quoi faire sur le plateau, alors un peu de vidéo… » Et bien, non, j’ai été agréablement surprise. C’est une des premières fois où je vois une utilisation aussi intelligente de la vidéo. Elle devient un partenaire de scène pour les comédiens. Elle permet de montrer des choses que la scène ne permet pas de montrer, tout en travaillant le lien de cohérence entre la scène et l’écran. On n’a absolument pas l’impression d’une alternance vidéo/scène, comme on peut le voir souvent ces derniers temps .. Voici un excellent spectacle qui clôt mon année 2017 en remettant en question mes préjugés sur les liens entre théâtre et vidéo.
Ce spectacle est d’autant plus nécessaire aujourd’hui qui l’administration américaine « a décidé d’interdire l’usage de certains mots, tels « fœtus », « transgenre », « diversité » ou encore « fondé sur la science » dans les documents officiels des agences fédérales de santé ». Ce qui n’est évidemment pas sans rappeler le concept de novlangue formulé par George Orwell dans 1984, concept qui vise donc à appauvrir la langue.
Je ne peux que conseiller ce spectacle et inciter, comme Sébastien Jeannerot (qui joue Winston et met en scène) à la fin du spectacle, à lire le roman …
Dans La ferme des animaux, George Orwell décrit comment les animaux prennent possession de la ferme et chassent M. Jones leur maitre. Puis comment progressivement les cochons (et les chiens) prennent le pouvoir et deviennent « plus égaux que d’autres », jusqu’à ce que l’on ne puisse plus faire la différence entre cochons et humains pas tout à fait humains.
Dans 1984, il décrit une société uniformisée sous « l’ère de Big Brother » où l’humain n’existe pas, où le simple fait de penser est un crime.
Sur scène, les comédiens sont tous habillés à l’identique, sauf O’Brien qui se distingue des autres. Il est là pour vider chaque citoyen de son individualité et pour les remplir à sa guise afin de leur inculquer une nouvelle vérité, celle dictée par Big Brother. Il doit pouvoir leur faire croire que 2+2=5, et le jour où il y parviendra il aura gagné.
Mais Winston, le personnage principal, résiste à toutes les tortures que O’Brien peut lui infliger. Winston déclare que « l’humanité le vaincra ». Il résiste jusqu’au moment où O’Brien, qui connait sa seule faille, la phobie des rats, décide de l’utiliser. C’est cette peur des rats qui fait capituler Winston et lui faire déclarer qu’il aime Big Brother.
Sébastien Jeannerot met en scène le roman d’Orwell en chef d’orchestre. Il mêle ainsi la musique, envahissante qui nous plonge dans un univers parfois insoutenable mais nécessaire, et la vidéo, dont la place est importante. Lorsque j’ai vu la présence de cette dernière sur des photos je me suis pourtant dit : « Encore un spectacle qui ne sait pas quoi faire sur le plateau, alors un peu de vidéo… » Et bien, non, j’ai été agréablement surprise. C’est une des premières fois où je vois une utilisation aussi intelligente de la vidéo. Elle devient un partenaire de scène pour les comédiens. Elle permet de montrer des choses que la scène ne permet pas de montrer, tout en travaillant le lien de cohérence entre la scène et l’écran. On n’a absolument pas l’impression d’une alternance vidéo/scène, comme on peut le voir souvent ces derniers temps .. Voici un excellent spectacle qui clôt mon année 2017 en remettant en question mes préjugés sur les liens entre théâtre et vidéo.
Ce spectacle est d’autant plus nécessaire aujourd’hui qui l’administration américaine « a décidé d’interdire l’usage de certains mots, tels « fœtus », « transgenre », « diversité » ou encore « fondé sur la science » dans les documents officiels des agences fédérales de santé ». Ce qui n’est évidemment pas sans rappeler le concept de novlangue formulé par George Orwell dans 1984, concept qui vise donc à appauvrir la langue.
Je ne peux que conseiller ce spectacle et inciter, comme Sébastien Jeannerot (qui joue Winston et met en scène) à la fin du spectacle, à lire le roman …
Entré (un peu) dubitatif dans la XXL du Théâtre de Ménilmontant, je suis ressorti glacé et bluffé par cette interprétation magistrale de 1984, le livre de George Orwell a pris forme sous mes yeux, un grand Bravo à Sébastien Jeannerot.
Si vous n’avez pas lu 1984, le livre de George Orwell, lisez-le. C’est la description d’un monde totalitaire, qui lave le cerveau des gens dès leur petite enfance où il les embrigade dans un pimpant mouvement de jeunesse, un monde qui interdit la pensée personnelle, un monde qui interdit la pensée par tous les moyens.
George Orwell écrit en 1949, le monde sort juste de la deuxième guerre mondiale, le vaincu est le régime nazi, ses jeunesses hitlériennes, parmi les vainqueurs figure l’URSS, son régime stalinien, ses pimpants pionniers. Une dictature et un régime totalitaire ? Peut-être.
Au moment où je lis 1984, je lis en parallèle Désinformation flagrant délit de Wladimir Volkoff, comment les différents régimes ont modifié les photos d’archives pour faire coller le passé à la propagande du présent. Tous les régimes.
Quand vous aurez fini 1984, trouvez le livre de Volkoff (il en a écrit au moins trois sur le thème), 1984 ne serait pas une dystopie ni une uchronie, juste un trait un peu forcé ? Au moment où je lis le livre, le Cambodge est aux mains des Khmers rouges, le mur de Berlin n’est pas encore tombé…
Actuellement ? On peut se moquer du régime de la Corée du Nord et de son régime caricatural, on peut ouvrir les yeux, voir comment les polices de la pensée s’exportent, revivre les attentats de 2015, janvier, novembre. Les intégrismes ne sont jamais loin, ils frétillent à l’idée de se transformer en totalitarisme.
J’arrive chargé de tout ça pour voir 1984, me demandant un peu comment Sébastien Jeannerot a pris les choses.
Dès les premiers instants, j’ai la réponse. Il a pris les choses à bras le corps. Le spectacle commence sur une vidéo oppressante, la vidéo sera présente tout au long des deux heures que durera la représentation. A tort ou à raison, par leurs thèmes, la façon de filmer, l’usage du noir et blanc, les séquences vidéo m’ont renvoyé à THX 1138, un film réalisé par un certain Georges Lucas (à l’époque jeune réalisateur débutant), qui décrit là aussi un univers totalitaire et glaçant où l’amour est interdit.
Sébastien Jeannerot a pris les choses à bras le corps, il crée sur scène un univers oppressant, terrifiant. Bien sûr l’histoire est là, la trame du livre est suivie pas à pas. Elle est suivie et montrée, pas à pas. Dans une mise en scène sans filtre, parfois très crue, qui demande un vrai engagement aux acteurs. Qui lui demande, à lui, d’aller au bout des choses, de se mettre à nu, au propre comme au figuré.
Ce n’est pas vraiment une pièce de théâtre, d’ailleurs, il y a peu de dialogues, les choses sont montrées aussi souvent qu’elles sont dites, c’est presque un opéra parlé. Avec une scénographie parfaitement réglée, le décor joue autant que les acteurs, deux structures qui avancent, reculent, les murs froids d’une cellule, une chambre chaude et accueillante, le télécran omniprésent qui sort du mur, même quand il n’est pas là il est là.
Les séquences finales du livre, la torture, le retournement, l’exécution ? Elles sont là, toujours sans filtre. On est alors au delà du jeu, au delà du spectacle, le spectateur retient son souffle devant la performance de Sébastien Jeannerot, nu, ensanglanté qui s’expose sans aucun exhibitionnisme.
Face à lui, Bernard Senders donne un O’Brien cynique et manipulateur, on le verrait bien reproduire l’expérience de Milgram dans I comme Icare, Hélène Foin-Coffe une Julia amoureuse, naïve et touchante, elle est la touche d’espérance et de fraicheur.
Du début à la fin de la pièce, l’univers reste oppressant, glaçant, on doute de chacune des parcelles d’espoir, il n’y a pas d’espoir.
Enfin… en Océania, il n’y a plus d’espoir. Nous, on peut encore faire quelque chose.
Si vous n’avez pas lu 1984, le livre de George Orwell, lisez-le. C’est la description d’un monde totalitaire, qui lave le cerveau des gens dès leur petite enfance où il les embrigade dans un pimpant mouvement de jeunesse, un monde qui interdit la pensée personnelle, un monde qui interdit la pensée par tous les moyens.
George Orwell écrit en 1949, le monde sort juste de la deuxième guerre mondiale, le vaincu est le régime nazi, ses jeunesses hitlériennes, parmi les vainqueurs figure l’URSS, son régime stalinien, ses pimpants pionniers. Une dictature et un régime totalitaire ? Peut-être.
Au moment où je lis 1984, je lis en parallèle Désinformation flagrant délit de Wladimir Volkoff, comment les différents régimes ont modifié les photos d’archives pour faire coller le passé à la propagande du présent. Tous les régimes.
Quand vous aurez fini 1984, trouvez le livre de Volkoff (il en a écrit au moins trois sur le thème), 1984 ne serait pas une dystopie ni une uchronie, juste un trait un peu forcé ? Au moment où je lis le livre, le Cambodge est aux mains des Khmers rouges, le mur de Berlin n’est pas encore tombé…
Actuellement ? On peut se moquer du régime de la Corée du Nord et de son régime caricatural, on peut ouvrir les yeux, voir comment les polices de la pensée s’exportent, revivre les attentats de 2015, janvier, novembre. Les intégrismes ne sont jamais loin, ils frétillent à l’idée de se transformer en totalitarisme.
J’arrive chargé de tout ça pour voir 1984, me demandant un peu comment Sébastien Jeannerot a pris les choses.
Dès les premiers instants, j’ai la réponse. Il a pris les choses à bras le corps. Le spectacle commence sur une vidéo oppressante, la vidéo sera présente tout au long des deux heures que durera la représentation. A tort ou à raison, par leurs thèmes, la façon de filmer, l’usage du noir et blanc, les séquences vidéo m’ont renvoyé à THX 1138, un film réalisé par un certain Georges Lucas (à l’époque jeune réalisateur débutant), qui décrit là aussi un univers totalitaire et glaçant où l’amour est interdit.
Sébastien Jeannerot a pris les choses à bras le corps, il crée sur scène un univers oppressant, terrifiant. Bien sûr l’histoire est là, la trame du livre est suivie pas à pas. Elle est suivie et montrée, pas à pas. Dans une mise en scène sans filtre, parfois très crue, qui demande un vrai engagement aux acteurs. Qui lui demande, à lui, d’aller au bout des choses, de se mettre à nu, au propre comme au figuré.
Ce n’est pas vraiment une pièce de théâtre, d’ailleurs, il y a peu de dialogues, les choses sont montrées aussi souvent qu’elles sont dites, c’est presque un opéra parlé. Avec une scénographie parfaitement réglée, le décor joue autant que les acteurs, deux structures qui avancent, reculent, les murs froids d’une cellule, une chambre chaude et accueillante, le télécran omniprésent qui sort du mur, même quand il n’est pas là il est là.
Les séquences finales du livre, la torture, le retournement, l’exécution ? Elles sont là, toujours sans filtre. On est alors au delà du jeu, au delà du spectacle, le spectateur retient son souffle devant la performance de Sébastien Jeannerot, nu, ensanglanté qui s’expose sans aucun exhibitionnisme.
Face à lui, Bernard Senders donne un O’Brien cynique et manipulateur, on le verrait bien reproduire l’expérience de Milgram dans I comme Icare, Hélène Foin-Coffe une Julia amoureuse, naïve et touchante, elle est la touche d’espérance et de fraicheur.
Du début à la fin de la pièce, l’univers reste oppressant, glaçant, on doute de chacune des parcelles d’espoir, il n’y a pas d’espoir.
Enfin… en Océania, il n’y a plus d’espoir. Nous, on peut encore faire quelque chose.
Pas facile d'adapter au théâtre un tel texte ! Le cinéma s'y est déjà cassé les dents. Mais Sébastien Jeannerot s'en sort plutôt bien avec ce qu'il faut de malaise pour provoquer différentes émotions.
Des ellipses ont été faites de manière un peu à la truelle par moment, mais les scènes se succèdent dans une vraie ambiance malsaine et prenante.
Un beau pari.
Des ellipses ont été faites de manière un peu à la truelle par moment, mais les scènes se succèdent dans une vraie ambiance malsaine et prenante.
Un beau pari.
La pièce est fidèle au célèbre roman d'Orwell. L'idée de mettre des écrans de télévision qui s'animent est très bonne. On retrouve tous les ingrédients de la dictature totalitaire de George Orwell avec le culte de la personnalité, la société de surveillance, le révisionnisme, le contrôle de la pensée... J'ai adoré !
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