Critiques pour l'événement Un amour qui ne finit pas
8 juil. 2016
7/10
172
Une pièce amusante, originale et décalée, interprétée par d'excellents acteurs. Pas follement drôle mais très plaisante.

J'ai été agréablement surprise par les personnages, moins convenus que dans beaucoup de pièces du genre (notamment les personnages féminins).

Je rejoins cependant la critique de la rédaction ; une vague impatience s'est installée sur la fin, dans l'attente d'un dénouement qui ne semblait pas venir.
20 juin 2016
9/10
180
Jean, las des adultères sans lendemain dont il est coutumier décide d'aimer passionnément mais platoniquement Juliette, qu'il a rencontrée en cure.

Il lui écrira quotidiennement, l'appellera, parfois, pour lui conter inlassablement les journées imaginaires qu'ils passeront ensemble. Cet amour ne finira jamais puisque le quotidien ne viendra jamais l’éroder. C'est sans compter l'honnêteté de Juliette qui aime Roger, son mari, et ne lui cache rien de ces lettres, ni la frustration de Germaine, la femme de Jean, à qui cet amour idéalisé fait bien plus peur que les passades de son mari.

« Un amour qui ne finit pas » est une comédie douce-amère loin des boulevards classiquement cantonnés au trio mari-femme-amant : les dialogues ciselés et acérés, la progression dramaturgique adroitement calculée nous emmènent avec drôlerie et subtilité vers des sujets plus graves comme l’amour, la jalousie, la peur ne n’être plus aimé ou de ne plus aimer.

De la progression de l’amour, de doutes, des peurs et des certitudes amoureuses, des joutes verbales entre maris trompés trompeurs ou épouses aimées trahies, les comédiens se régalent. Michel Fau est impeccable en amoureux mélancolique, Pascale Arbillot (Juliette) offre une palette large qui va du refus à la peur puis au trouble pour cet amour qu’elle n’a pas recherché, Pierre Cassignard (Roger) est un mari d’abord railleur puis finalement terrorisé par cet amant fictif. Enfin, Lea Drucker campe une délicieuse et hilarante Germaine Noyel, bourgeoise coincée, hystérique, bien plus effrayée par cette menace que par les liaisons sans lendemain de son époux.

La mise en scène millimétrée de Michel Fau propose les deux appartements des deux couples dans une scénographie en miroir où les scènes s’alternent dans une jolie symétrie: chaque personnage, chaque couple aura sa part de noirceur et de candeur amoureuse. Le tout est ponctué de brefs intermèdes musicaux suffisamment courts pour ne pas briser le rythme. Un bel écrin, donc, servi par des comédiens au diapason, pour une écriture à la fois subtile et cruelle, désenchantée et délicate.
12 juin 2016
7/10
183
Voici une pièce de boulevard qui m'a beaucoup plu. Le point de départ était amusant, les réactions des deux femmes se manipulant mutuellement par mari interposé étaient drôles, en particulier Pascale Arbillot. Les moments de comédie ne sont pas (trop) surjouées, l'intrigue est bien menée, sans temps mort. Les personnages sont un peu caricaturaux, le mari en particulier, mais ça n'a pas gâché mon plaisir. L'évolution du personnage principal qui apparaît finalement plutôt comme un goujat était convaincante.

Le décor et les costumes étaient une véritable reconstitution d'une scène des années 60, la plongée dans le temps semblait renforcée par un cadre de scène semblable à un vieil écran cathodique.

Par contre je n'ai pas compris le choix des éclairages: Seuls les projecteurs de face basse et contre-plongée étaient utilisés. Je ne sais pas si c'était indispensable pour n'éclairer que la moitié du décor "active", ou bien pour rendre un éclairage de type "appartement", mais le résultat était franchement sous-éclairé avec des ombres pas très heureuses.

J'avais été peu enthousiasmé par Fleur de cactus. Ce précédent essai de résurrection du boulevard des années 60 m'a bien plus convaincu du talent de Michel Fau.
30 mai 2016
9/10
194
Une pièce de boulevard "expérimentale" sur les délices de l'amour muse.

Comment un industriel du caoutchouc veut rendre hommage à la beauté sans demander rien d'autre à cette beauté que d'être cette ivresse sans fin d'une éternité non consommée.

On perçoit là toute l'ironie presque naïve du sujet, comment finalement sortir du "boulevard" cet amour-théâtre avec ses petites intrigues à maîtresses et mensonges, émotions lassées qui ne peuvent se renouveler que par la multiplication des aventures. Comme il est dit, les contrats que l'on signe (le mariage) ne sont pas autre chose qu'un pauvre espoir de confort dans lequel l'élan de l'âme ne peut pas toujours s'épanouir. La société bourgeoise se moque de l'âge d'or mais range son ennui dans des salons aux rituels plutôt éteints.

C'est toute l'ingéniosité de ce texte qui énonce le paradoxe de l'ennui et du confort, de l'amour infini et des mesquineries de l'esprit, énonce tout en restant sur le versant du rire, mais pas forcément le rire déployé, aussi la démonstration douce amère de l'impasse des passions.

Une certaine mélancolie légère pourrait conclure la pièce, comme une station thermale sur fond de nature idyllique, décor dans lequel l'homme se prend à rêver, juste à rêver d'autre chose, juste rêver sa vie peut être, ambitieuse mélancolie.

Acteurs brillants, scénographie efficace.
Du boulevard mais pas que.
20 mai 2016
8/10
111
Enfin, j’ai vu cette pièce que j’avais ratée lors de son passage au théâtre de l’Œuvre.
Je suis vraiment contente de l’avoir vue car ce fut un bon moment en compagnie d’un casting 4 étoiles et d’un postulat de départ original.

Michel Fau a exhumé ce texte d’André Roussin, un peu atypique pour du théâtre de boulevard et en a fait un moment fort plaisant.

Léa Drucker en bourgeoise à la coiffure choucroutée à souhait révèle un potentiel comique très sympathique auquel je ne m’attendais pas et le reste du casting sur scène n’est pas en reste, notamment Pierre Cassignard en mari sur le point de rentrer en éruption volcanique en permanence.

Cette idée de correspondance amoureuse unilatérale m’a plu et je vais sans doute y repenser à deux fois pour la prochaine lettre que je dois écrire.
18 mai 2016
9/10
90
Vue au théâtre de l'Oeuvre l'année dernière. Très mal assise au balcon, je me réjouis de la voir représenter au théâtre Antoine !

Bien sûr la pièce date des années 60 et l'esprit à travers les décors et les costumes est joliment conservé. Mais le propos est intéressant et je dirais même intemporel.

Un homme, bourgeois (ah le couple bourgeois ronronnant !) s'ennuie dans son couple et souhaite mettre du piment dans sa vie, sans s'embarrasser d'une maîtresse qui finirait par l'ennuyer (on sent le vécu de l'homme à ce sujet). Il propose donc à une femme rencontrée lors d'un séjour en thalasso d'être l'objet d'un amour platonique. Il l'aimera, pensera à elle, lui écrira, lui téléphonera parfois mais ne la touchera pas, ne la verra jamais. Quelle étrange demande ...! La dame refuse. Il insiste et puis, bon, après tout, ça ne l'engage à rien, se dit-elle.

Mais les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus. Si l'homme y trouve son compte, la femme est romantique. Les mots d'amour ne rebondissent pas contre un mur. Ils touchent malgré tout, à force de se faire entendre et lire. La situation se gâte, se complique.

Et c'est là qu'entre toute la psychologie des quatre personnages. Les deux protagonistes, la femme du mari bourgeois, le mari d'une la femme romantique. Tous très bons comédiens. Léa Drucker reste la plus marquante. Quelle superbe bourgeoise, maliiiigne et terriiiiible ! On prend un réel plaisir à chacune de ses tirades ! Elle transcende un texte dont les répliques sont déjà très fines. D'ailleurs je l'ai acheté !

La pièce montre l'évolution des sentiments des uns, la raideur des autres. C'est terriblement... humain.
9/10
55
Je n'avais pas eu l'occasion de déposer une critique pour cette pièce lorsque je l'avais vue au théâtre de l'Oeuvre car c'était pour sa dernière représentation.

Aussi je suis ravie de constater que cette pièce a été re-programmée au théâtre Antoine cette fois, car elle est vraiment excellente. En quoi ?
Tout d'abord par son casting. J'ai réellement découvert le potentiel comique de Lea Drucker ce soir là et elle m'a littéralement bluffée par son jeu. C'est elle qui m'a le plus marqué. Elle nous fait beaucoup rire et est particulièrement bien servie par son texte.

Les trois autres comédiens ne sont pas en reste, en particulier Michel Fau qui signe d'ailleurs la mise en scène mais Léa, dans le rôle de l'épouse du personnage joué par M. Fau, mérite vraiment qu'on se déplace pour elle dans cette pièce.

Ensuite, il y a le choix des décors et des costumes. On replonge dans les années 60 et cette inversion noir/blanc est très bien trouvée. J'ai donc été très sensible à cette esthétique.
Enfin, il y a le texte d'André Roussin, absolument jouissif. Il montre ici en quoi une relation platonique amoureuse a un je ne sais quoi de plus excitant qu'une relation amoureuse telle qu'on l'entend.

On joue avec les sentiments, tout en s'en gardant, ce qui crée de l'ambivalence. C'est d'ailleurs ce qui va conduire à sa perte le personnage interprété par Pascale Arbillot et au final désintéresser le personnage que joue M. Fau, qui en était à l'origine demandeur.

Je recommande vivement cette pièce qui m'a beaucoup marquée tant je l'ai trouvée singulière et fine.
29 juin 2015
7/10
156
Que de talent !

Tout est impeccable dans ce spectacle : la mise en scène, la scénographie, le jeu des comédiens...

Quant au propos, il est à la fois singulier, drôle et souvent très juste sur la relation amoureuse.

J'ai adoré.
16 juin 2015
9,5/10
240
Grand amateur de boulevard, l’exubérant Michel Fau exhume du placard un succès d’André Roussin au Théâtre Montansier (avant de débarquer à l’Œuvre). Dans Un amour qui ne finit pas, quatre acteurs impeccablement dirigés dissertent sur la magie et les affres de l'amour platonique avec un sens redoutable du comique dans une superbe scénographie faisant la part belle à la dissymétrie psychédélique. Vous n’enverrez jamais plus de lettres de la même façon !

Michel Fau s’empare de cet étrange boulevard avec tout le génie qu’on lui connaît. Respectant la bizarrerie de la pièce de Roussin, le metteur en scène enclenche la locomotive grinçante de l’humour avec brio. Axant essentiellement son travail sur la dramaturgie du double, Fau joue à fond la carte des miroirs inversés : dans un décor bicolore noir/blanc dissymétrique, le plateau se retrouve divisé en deux moitiés égales aux coloris complémentaires. Tel un damier grandeur nature, les deux couples deviennent les pions d’une machination infernale où le duo d’époux délaissés tente de prendre sa revanche sur le couple platonique.

Fau s’est entouré d’une distribution aux petits oignons et a orchestré sa direction d’acteurs selon quatre archétypes indubitablement irrésistibles, chacun dans leur genre : Léa Drucker emporte la palme en harpie Chanel choucroutée et diabolique ; Pascale Arbillot évoque Brigitte Bardot en Courrèges, ravissante en réceptacle étonné de l’amour dans sa robe trapèze et ses bottes cirées ; Pierre Cassignard se démarque en Vulcain solaire et colérique et Michel Fau nous régale encore en rêveur lunaire et hypothétique amant idéaliste.
26 mai 2015
9/10
141
Très bon jeu d'acteurs et excellents dialogues.

Michel Fau nous offre une très bonne pièce avec deux actrices parfaites.
24 mai 2015
9/10
164
Très bon temps de théâtre où le boulevard est encore à l'honneur.

Les comédiens semblent jouer le texte comme on déguste des friandises, ils s'amusent et nous ravissent.
A nouveau, Michel Fau nous offre une mise en espace et en jeux inventives.