Critiques pour l'événement Parle moi d'amour
2 avr. 2017
5/10
47
Une pièce sur l'ultime déchirure dans le couple. Une heure et demie d'invectives et de coups bas où tous les reproches y passent, en passant par les amis, la famille, les voisins, les performances sexuelles...

La mise en scène fonctionne plutôt correctement, les acteurs se donnent le change sans grande sincérité. L'humour semble reposer, au vu des rires des autres spectateurs, sur la proportion de grossièreté balancées par une actrice sexa ou septuagénaire. Il faut penser que l'humour doit se résumer à la grossièreté du dit troisième âge.

Je me pose une seule question, le public aurait il été aussi bienveillant avec des acteurs trentenaires ? J'en doute.
5 mars 2017
7,5/10
32
Beaucoup de haine, d'insultes dans ce couple qui ne se comprend plus. Une histoire, une dispute comme il peut en arriver dans un couple.

J'ai aimé cette histoire et le décor est bien pensé pour faire vivre cette histoire d'amour car cela en est une même si tout du long on se demande ce qu'ils font encore ensemble.

Un bon moment dans ce théâtre qui a toujours de belles affiches.
20 févr. 2017
10/10
34
Une pièce magnifique du grand théâtre.

Ces 2 acteurs ont une pêche d'enfer, un vrai régal pour une sortie en couple.
Ils se disent tout sur scène pendant 1h15, avec une telle sincérité et un humour j'ai adoré!! Bravo et merci!
16 févr. 2017
6,5/10
45
Divertissant, rythmé, quelques trouvailles qui declenchent le rire, l'ensemble reste cependant assez superficiel, facile, avec une sensation de déjà entendu.

Le jeu du rôle masculin ne m'a pas semblé approprié, pas assez percutant pour servir ce dialogue, pas assez de "superbe" pour un énarque !

Vous pouvez y aller quand même : détente et happy end assurées !
16 févr. 2017
8/10
17
Ambiance : retour d’une soirée chez le patron de monsieur, madame est fatiguée mais monsieur commence à faire une crise de jalousie et madame tente d’aller se coucher mais la fuite n’est pas possible alors l’affrontement a lieu à une heure tardive dans un bel appartement à la déco design.

Tout est passé en revue : les collègues, les loisirs, l’éducation des enfants, la politique, le rapport à l’argent,…

C’est une dispute bien construite à laquelle nous assistons, en se disant : ‘tiens je vais me garder cette vanne pour ma prochaine algarade perso’.

Une dispute peut être bénéfique et avoir les mêmes effets qu’une thérapie si on sait en extraire le principal, la preuve avec ces deux-là car quand ils se disputent, on voit à quel point ils s’aiment !

Les deux comédiens sont bien dans leur rôle respectif, Caroline Sihol, qui tenait déjà le rôle lors du lancement de la pièce il y a quelques années, est exquise quand elle profère des horreurs d’un ton serein et Philippe Magnan renverse parfaitement les accusations dont il est la cible.

J'ai aussi aimé les quelques adaptations du texte à notre contexte du moment via de douces allusions et pour moi aussi, mon prochain chat s'appellera Pénélope !!!
15 févr. 2017
9/10
14
Mais… Que se passe-t-il sur ce plateau ? Que nous arrive-t-il ? Nous venions voir tranquillement une pièce qui parle d’amour et que voyons-nous là ? Toute une vie de couple qui explose et se transforme en une immense scène de ménage où tout y passe, le temps d’une pièce de théâtre.

Du dernier dîner dont ils sortent jusqu’au jour de leur première rencontre. Toute une vie passée au crible du nettoyage à sec et à cœur, triturée, hachurée, coupée menu pour ne rien oublier.

Ah là, il faut le reconnaître, on est dans le grandiose, dans l’oubli des normes de la bienséance, on fait fi du voisinage !... La bataille d’Azincourt ou celle de Waterloo, même la Guerre Civile Espagnole, à côté, c’est de l’engueulade de bac à sable, un jour de pluie, quand les enfants règlent leurs comptes après une « bataille au priso » qui a mal tournée.

Il y a du sadisme dans l’air, comme un jeu pulsionnel entre la vie et la mort dans cette haine amoureuse de l’autre, de son rejet, du besoin de le savoir proche malgré tout. Une vie de non-dits qui s’accumulent, de mièvres rancœurs qui s’ajoutent, où l’appartenance à la bourgeoisie voile les contours d’une véritable prise de conscience.

Et puis il y a l’argent. Quand l’argent ne compte plus que pour se compter parmi les dominants, ceux qui comptent plus que d’autres aux yeux et aux nez des petites gens. Ne faut-il pas faire semblant alors ? Ne pas casser le couple pour ne pas casser l’image ?

Ils n’en sont sans doute pas à leur première bataille, nos amoureux ennemis, il semble bien qu’ils y prennent même un certain plaisir. Comme si cette histoire d’amour qui se déverse dans la détestation regorge de désirs frustrés, de médiations empêchées ou impossibles, de chemins parallèles vers un bonheur d’affichage. Une histoire d’amour tortueuse où le couple parait plus qu’il n’existe mais où chacun a besoin de l’autre finalement. En se parlant ainsi, peut-être se parlent-ils d’amour ?

Écrit en 2008 par Philippe Claudel, ce texte est une gageure théâtrale. Il ose le pari de rire et de faire rire d’une fantastique et impressionnante scène de ménage tout le long de la pièce. Sans temps mort ni excès d’écriture. Du Molière actualisé, du Courteline revisité, du Labiche remonté, du Feydeau débridé, les 26000 couverts de sortie, les Chiens de Navarre lâchés !...

La mise en scène de Morgan Pérez donne le temps aux répliques de faire leurs outrages tout en gardant le rythme soutenu nécessaire à cet affrontement explosif et hilarant aux allures de joute verbale cinglante et caustique.

Caroline Silhol et Philippe Magnan sont excellents. Ils dégainent, ils encaissent et ils rebondissent sur les situations avec une adresse fulgurante offrant tous les deux des jeux truculents, un rien touchants, toujours justes et efficaces.

Un fichu bon spectacle drôle et détonnant. À voir sans hésiter.
14 févr. 2017
9/10
9
L'atmosphère est immédiatement électrique entre l'Homme et la Femme. Parle moi d'amour a beau avoir été écrite en 2008, il y a eu quelques ajustements puisque dans sa rage l'Homme fait allusion au tout récent Brexit et que plus tard elle évoquera le jeu de Pokemon Go puis la campagne électorale de François Fillon.

Nous étions prévenus. On nous annonçait que leur trente ans de vie commune se déverseraient avec une cruauté hilarante et une brillante provocation au rythme soutenu des emportements et des bons mots qui fusent. Et pour fuser, ça fuse :
- Humain, toi ? Tu te moques ?
- Mon manège ? Quel manège ?

Ils dégainent à tour de rôle. Pourtant on devine que le jeu n'amuse pas (ou plus) la Femme qui annonce qu'elle va se coucher. Mais il la rattrape : c'est trop facile de fuir, c'est presque un aveu. Alors elle monte en puissance et avoue ... que ça fait 30 ans qu'il l'enmerde !

Pour sa première pièce Philippe Claudel a su alterner les invectives et les jeux de mots avec une parfaite maitrise de la rhétorique. Catherine Silhol interprète les dialogues avec virtuosité. Il faut dire qu'elle avait créé le personnage à la Comédie des Champs-Élysées, en 2008, quand son partenaire était alors Michel Leeb.

Le rôle est repris aujourd'hui par Philippe Magnan qui a sans doute le même art de la mauvaise foi.
Ces deux là se disputent d'une telle manière que l'on se demande si ce n'est pas parfois une forme d'amour ... Le doute est permis : les grossièretés ne seraient-elles pas leurs mots d'amour ? Le ton monte néanmoins et après les insultes, ce sont les gestes qui parlent. La vaisselle volera en éclats tandis que le décor deviendra oppressant en réduisant l'espace.

A ce titre la scénographie conçue par Marie Hervé est plutôt bien sentie. Nous sommes dans un appartement bourgeois où la présence d'objets d'art prime sur le confort comme en témoigne le fauteuil (à jardin) en forme de cristal, strictement décoratif, ou le canapé modulable (et inconfortable) qui monopolise le centre du salon. On devine, au lointain, une verrière qui pourrait être un atelier d'artistes où deux silhouettes se tournent le dos.

Chacun de nous peut se reconnaitre sur une ou deux salves. Qui n'a jamais accusé l'autre de passer d'accusé à accusateur en niant systématiquement sa responsabilité ? Pour finalement conclure sur la question fondamentale : je me demande ce que nous faisons encore ensemble ?
La réponse nous sera donnée à la fin et la leçon de vie mérite qu'on l'entende, qu'on ait ou pas l'habitude des scènes de ménage.
Parle moi d'amour est drôle et profond à la fois. Du très beau théâtre.
11 févr. 2017
8/10
7
Le couple rentre d’une soirée, elle, très chic mais visiblement au bord de la crise de nerfs, et son mari la suit en bougonnant.

Que s’est-il donc passé ? Elle lui reproche la soirée pourrie, avec les collègues de Monsieur et sa possible mutation à Washington. Mais voilà son attitude obséquieuse la fait sortir de ses gonds...

Pendant plus d’une heure, ils ne vont pas se redire des choses tendres, les beaux discours vont virer au vinaigre, trente ans de vie commune passés au scalpel, au vitriol, leur première rencontre, leur mariage, la famille, les amis, les enfants, tout à la moulinette !
On rit de voir Caroline Silhol, si élégante, balançant des mots crus, vulgaires et s’en prendre sans ménagement à ce pauvre Philippe Magnan, gros nounours qui ne manque pas d’humour non plus, lorsqu’il évoque la belle-famille, ou les convictions écolo-bobo de sa chère et tendre !

Le texte est drôle et les deux comédiens le servent avec esprit et dynamisme.
Rien de tel pour la St Valentin...
8 févr. 2017
9/10
25
Grande soirée au théâtre.

Avec le rire, la férocité et la vérité sans filtre. Le texte, le rythme et le jeu des acteurs sont parfaits.

Quand le théâtre nous parle de nous, de la vie politique, de la société avec plus d'authenticité et de lucidité qu'elle ne l'ait, le public ne s'y trompe pas, il rit à l'unisson.

Merveilleux acteurs que sont Caroline Silhol et Philippe Magnan, un couple parfait, crédible, qui nous emmène dans un rythme effréné, aucun temps mort on ne voit pas la soirée passer, au coeur de leur vie, de notre vie.