Critiques pour l'événement Michaël Hirsch, Je pionce donc je suis
1 nov. 2019
9/10
4
Si Michaël Hirsch invoque "l'homo ça pionce" plutôt que l'Homo sapiens, c'est bien à ce dernier qu'il s'adresse et qu'il embarque dans une course qui affolera votre horloge interne dont les aiguilles auront tendance à tressauter de rire, où le cadran pourra changer de forme et de dimension tant les minutes deviendront tantôt filantes, tantôt trébuchantes ou encore sonnantes, retentissantes ! 

Un seul en scène avec un personnage principal "Isidore Beaupieu" le bien nommé, autour duquel déambuleront une petite amie compréhensive mais un peu dépassée et des parents" génération sueur, labeur" et pléthore de personnages hauts en couleur dont les noms évocateurs ne manqueront pas de déclencher les rires "Docteur Housse", "lit cul nu", ou encore une journaliste "complément d'en couette", une  reine "queen Size"...

- 90 minutes où le public n'aura pas le temps de s'assoupir malgré l'heure tardive,

- 4500 secondes où vous prendrez plaisir à saisir la subtilité du calembour, du mot compte double, où vous vous serez pris au jeu de la plume des "O Rayés" où  des "oreillers" vous auront donné l'envie du pyjama partie endiablée, joyeuse et jubilatoire,

- Une heure et demi où la malice et l'énergie du comédien sera communicative d'autant qu'il nous, vous, laisse le temps de percuter quand nous (vous)  semblons dépassés... nous ne sommes pas loin du "one man show" assorti de la consistance théâtre "qui va bien"...

Au delà de l'humour, du rire et des sourires, il y a une vraie réflexion sur le temps : la valeur que l'on souhaite lui donner, ce temps dont il faut se saisir plutôt que subir, le Burn Out (je vous laisse le plaisir de découvrir la proposition du calembour des auteurs...), mais aussi les rêves dont nous ne souvenons plus ou que nous avons "oubliés", mis de côté ou pire ... abandonné.

"Je pionce donc je suis", sous le couvert d'un humour dont on se lasse pas et qui rebondit encore après la fin du spectacle est aussi un très beau message  pour réveiller les endormis que nous sommes. N'éteignons pas l'alarme douce ou bruyante qui nous invite au réveil de nos joies intérieures, de  nos rêves d'amour de la vie dans ce qu'elle offre de plus beau.

Offrons nous ce sommeil réparateur, ne l'amputons pas au nom d'une course contre la montre, laissons lui prendre la part qu'il mérite, que nous méritons... ne mettons plus nos envies "entre charentaises", ces charentaises chaudes et confortables mais avec lesquelles on ne sort pas...

En conclusion : je n'avais pas vu le premier spectacle mais je suis fan de ce "Je pionce donc je suis" , 

Une mise en scène "au carré", un décor "king-size" cocooning à souhait et une plume légère, fine et ciselée à souhait. 

Ne vous endormez pas, inscrivez ce spectacle dans nos tablettes !
11 oct. 2019
8/10
9
Michael Hirsch, évolue dans un beau décor propice aux rêves, pour nous faire partager les siens avec poésie, tendresse et jeux de mots, un peu faciles peut être mais tellement drôle !
6 oct. 2019
9,5/10
5
Quand le talent est là, que demander de plus ?

Dans ce nouveau spectacle « Je pionce donc je suis » Mickael Hirsch renouvelle l’humour tout en finesse de son précédent spectacle « Pourquoi ? » sur un thème qui nous concerne tous : le sommeil.
Dans un futur pas si lointain, Isodore Beaupieu est l’employé modèle. Oui mais voilà que le jour de la grande présentation télévisée du nouveau réveil, Isidore… S’endort. De là une avalanche d’événements qui lui feront redonner un sens au mot rêve.

Dans un seul en scène, la difficulté première est toujours de réussir à incarner de multiples personnages pour raconter une histoire à plusieurs voix. Mickaël excelle dans cet exercice de métamorphose par un simple geste, une attitude. Il y a même une scène où il singe à la perfection nos amis Fabrice Lucchini et Jean d’Ormesson dans une sorte de clin d’œil hommage hilarant.

En plus de cet art qu’il maîtrise, le texte de son nouveau spectacle est truffé de mille et une trouvailles. Je ne suis pas surprise de lire que le texte a été écrit par Mickaël Hirsch et Ivan Calbérac : on retrouve la veine de « Venise n’est pas en Italie » (autre seul en scène à succès d’Ivan Calbérac joué au théâtre Lepic ndlr). Les jeux de mots s’enchainent à tire-larigot avec beaucoup d’intelligence. Il est même de ces moments où les heureux spectateurs ayant compris le jeu de mot en premier s’esclaffent avec la joie des enfants contents d’avoir saisi au vol un bout de sens ; bientôt rejoins pas les autres spectateurs.

De cet humour se dégage comme une atmosphère de camaraderie, imperceptiblement les sourires se forment et une énergie passe entre l’acteur et la salle. Et mine de rien, quelques idées critiques sur le rythme effréné et les aberrations de notre époque se frayent un chemin pendant le spectacle.
Rien à redire : la bande son imaginative et parfaitement synchro, le décor minimaliste (mise ne scène Clotilde Daniault) et à la fois évocateur… Tout est au cordeau pour une soirée d’humour qui plaira aux amoureux de la langue française.

Poésie et humour... La grande classe !
5 oct. 2019
9/10
23
Voici quel était le pied de ma critique concernant le premier spectacle de Michaël Hirsch :

« Ces quatre-vingts minutes de rire intelligent, spirituel et poétique passent beaucoup, mais alors beaucoup trop vite !

Les longs applaudissements nourris et rythmés sont là pour témoigner du plaisir reçu à écouter et déguster les propos de Michaël Hirsch.

Dis M. Hirsch, tu ne pourrais pas en mettre un peu plus ?

Un prochain spectacle de la même tenue, alors ! »

Il l'a fait ! Le voici ce deuxième spectacle tant attendu par votre serviteur !
Avec toujours cet amour de la langue française, sa manipulation si subtile, ses détournements à base de calembours à la fois subtils et hilarants, d'à-peu-près épatants et décalés.

Michaël Hirsch continue pour notre plus grand plaisir sa poétique et lexicographique exploration des mots, ces mots qu'il nous fait déguster en les détournant de leur signification première.
Il fait partie de ces rares artistes, avec Stéphane De Groodt et François Morel, à rendre au calembour ses lettres de noblesse.

Le comédien est toujours inspiré par son idole, un certain Raymond Devos. Vous admettrez qu'en matière d'inspiration, il y a pire !

Dans ce monde où « l'urgent ne fait pas le bonheur », il va nous présenter un type qui « a mis sa vie entre charentaises ». Je le cite.

Oui, cette fois-ci, à la différence du premier spectacle, nous allons être confrontés à une dramaturgie plus traditionnelle que dans le premier spectacle, centrée sur la personne d'un certain Isidore Beaupieu.
Un type à l'incroyable destin.

Un dormeur, un rêveur, un jeune homme qui prend son temps, en cette époque où la vitesse, la précipitation, l'agitation sont érigées en vertus cardinales...

Viré de la multinationale Sanchez pour s'être endormi à un moment crucial de sa carrière, il va rencontrer une foultitude de personnages, générant ainsi une incroyable série de péripéties et autres rebondissements hilarants, avec quantité de jeux de mots et autres trouvailles linguistiques drôlissimes.

Nous allons rencontrer avec ce Beaupieu le bien nommé pas moins d'une vingtaine de personnages.
Quand les vingt sont titrés, il faut les voir !

Michaël Hirsch va en effet interpréter, outre le personnage principal, sa chérie, sa mère et son père, son patron M. Sanchez, Bruno le vigile, des gens dans le métro, des journalistes, la patriarche des Sapionce (je vous laisse découvrir ce passage jubilatoire), le Dr Housse, la présentatrice du magazine « complément d'en-couette », j'en passe et non des moindres.

On reconnaît bien là la patte d'Ivan Calbérac, qui a participé à la création du texte.

Michaël Hirsch est toujours aussi drôle, à nous conter son histoire, qu'il truffe d'un ton pince-sans-rire épatant de ses bons mots.
Le public réagit au quart de tour, à part quelques fois, où le comédien s'en amuse et propose de « nous laisser un peu de temps... »

Mis en scène cette fois-ci par Clotilde Daniault, évoluant dans la très belle scénographie de Natacha Markoff, il ne ménage pas sa peine !
Il enchaîne sans difficulté aucune ses changements d'identité, reprenant les intonations, les gestuelle, les mimiques de chaque personnage.

Nous rions énormément.
Impossible de faire autrement devant ce que nous voyons et peut-être surtout ce qui nous est donné à écouter et comprendre.

Il me faut mentionner, sans révéler bien entendu trop d'éléments, une autre corde à l'arc de Michaël Hirsch.
En interprétant un présentateur TV, un avocat et un témoin, il nous permet de reconnaître …......................... et puis ….........................., sans oublier …........................ .

(Les amateurs de mystère se régalent, non ? )
Là encore, la séquence est hilarante.

Je ne voudrais pas passer néanmoins sous silence le fait que le message que nous fait passer le comédien est basé sur de sérieuses recherches scientifiques : tout ce qu'il nous dit sur le sommeil, les rêves, tout ceci est pure vérité.

Et puis, vient à point nommé un bien beau message sur les inégalités hommes-femmes. Comprenne qui veut, comprenne qui peut !

Au final, la salle croule une nouvelle fois sous les bravi et les applaudissements nourris.
Quoi de plus logique !

Il faut vraiment venir au Lucernaire assister à ce spectacle intelligent, malin, spirituel. Un spectacle au rire à la fois sain et vrai !

Michaël Hirsch, un nouveau Louis de Finesse ?
28 sept. 2019
9,5/10
6
« Je pionce donc je suis » un symposium humoristique sur le sommeil et les rêves de Michaël Hirsch et Ivan Calbérac au théâtre Le Lucernaire : « To bed or not to bed », telle est la question !

Vous l’aurez compris Michaël Hirsch une nouvelle fois frappe fort et nous entraîne dans son monde délirant de tendresse, de poésie. Une écriture subtile, élégante qui se laisse adorer par nos oreilles, il virevolte sur les mots, sur leur sonorité : un jeu d’équilibriste de haute voltige et certainement pas celui d’un narcoleptique.

Souvent comparé à Raymond Devos ou à Pierre Desproges, il est tout simplement Michaël Hirsch, un Charlie Chaplin des temps modernes, où sa parole est reine, réconfortante, qui nous distille les bienfaits du sommeil, sous toutes ses formes.
Il est le prince du bon mot, de la bonne citation, l’empereur de l’expression littéraire joyeuse et bienvenue.

Dans ce monde de plus en plus individualiste, il partage avec nous son enthousiasme, sa foi dans l’être humain.
Au détour d’une expression courante de la langue française, il détourne son sens en déclinant à l’infini sa version liée à l’univers de son nouveau spectacle sur les bénéfices du sommeil dans notre vie.
La musique de Frédéric Schumann berce les draps, les lits, les oreillers, les couettes qui sont son terrain de jeu favori dans un superbe décor aux multiples fonctions de Natacha Markoff, à en faire pâlir un certain fabricant suédois. Accompagné des douces lumières de Laurent Réal qui mettent en valeur la belle collection de robes de chambre de Caroline Gichuki.

21h30, le monde commence à s’endormir, à chercher les bras de Morphée, mais il est perturbé par les réseaux sociaux, la toile avec son fil interminable, qui avec leurs appareils viennent entraver cette recherche du sommeil : ils en prendront pour leur grade.
Dans ce brouhaha, il y en a un qui s’éveille ou sort de son rêve…. Michaël Hirsch campe un jeune cadre dynamique, Isidore Beaupieu à la recherche du bonheur, un Isidore qui voudrait mettre sa vie entre charentaises. A l’aide d’une multitude de personnages nous allons suivre, de rebondissement en rebondissement, son périple de jeune chef de produit qui doit présenter devant son patron de la société Sanchez, un entrepreneur dans l’électroménager de premier plan, son nouveau réveil qui devrait révolutionner notre mode de vie.
Seulement voilà, notre héros d’un jour, devrais-je dire d’une nuit, s’est endormi et rate sa présentation, ayant pour conséquence son renvoi en direct sur toutes les chaînes de la télévision.
Réfléchissons une seconde : l’homme ne serait-il pas le seul animal de la planète qui a besoin d’un réveil pour se réveiller ?
Sa femme Sandra (à vous de trouver le jeu de mots…), sa mère, son père, son collègue Bruno, les membres de l’association Sapionces, et tant d’autres personnages que vous découvrirez, jalonnent son parcours du combattant pour mettre en exergue sa nécessité absolue de dormir.

Le moment qui m’a fait le plus rire est la scène du tribunal où l’on retrouve notre pauvre Isidore malmené par son patron Sanchez. Il sera défendu par Maître Luchini et comme témoin de la défense Jean d’Ormesson. Là encore je ne vous dévoile pas les jeux de mots dont ils font l’objet : ils sont jubilatoires.
Je ne serai pas comme Bruno, un gardien de nuit, mais plutôt un Bruno enthousiaste d’avoir assisté à un spectacle 100% réussi où la mise en scène de Clotilde Daniault d’une propreté incroyable est millimétrée (pour l’anecdote je l’avais vue la veille dans « Jo » au théâtre du Gymnase où elle fait partie de la brillante distribution qui entraîne le public dans une cascade de rires), elle met en avant finement et délicatement tout le potentiel de ce fabuleux humoriste nommé Michaël Hirsch, telle une plume qui s’envole de l’oreiller.
Tout est merveilleusement réglé, rien ne vient perturber cette prestation parfaitement maîtrisée et je comprends pourquoi à chaque spectacle Michaël Hirsch fait salle comble.

Une heure vingt de pur bonheur où le grain de folie d’Ivan Calbérac (à qui l’on doit récemment « La dégustation » avec Isabelle Carré et Bernard Campan) est venu s’ajouter à celui de Michaël Hirsch : ils ont réussi le pari d’écrire un spectacle sur la nuit, le sommeil sans nous provoquer des bâillements. Au contraire un spectacle qui roule à la vitesse d’un TGV, et pas d’un train couchette, qui donne la pêche, la banane, le sourire et le Rire !