Critiques pour l'événement L'Heureux Stratagème avec Eric Elmosnino
Très jolie pièce de Marivaux. Un décor sympa et de très jolis costumes.
Le jeu des acteurs était remarquable. Un petit bémol sur les accents (paysan et marseillais) qui à la longue devient casse-pieds.
J'ai adoré Sylvie Testud égale à elle-même. Le texte sans surprise de Marivaux, très beau. Et pour couronner le tout, dans ce fabuleux théâtre qu'est Edouard VII.
Le jeu des acteurs était remarquable. Un petit bémol sur les accents (paysan et marseillais) qui à la longue devient casse-pieds.
J'ai adoré Sylvie Testud égale à elle-même. Le texte sans surprise de Marivaux, très beau. Et pour couronner le tout, dans ce fabuleux théâtre qu'est Edouard VII.
Un très beau texte intelligent et raffiné, de superbes décors, une belle mise en scène... tout ceci malheureusement desservi par un jeu d'acteurs très inégal, pour ne pas dire mauvais pour certains...
Le pire, selon moi, revient au personnage du Marquis, joué de façon lourde et vulgaire avec cet accent marseillais complètement inadapté. ... cette sorte de Patrick Bosso au pays de Marivaux, c'est juste insupportable !...
Eric Elmosnino est quant à lui totalement absent et inexistant. ... et absolument pas crédible dans ce rôle d'amoureux transi.. .
Je suis même réservé sur la pertinence de Sylvie Testud dans ce rôle de la comtesse ; actrice que pour autant j'apprécie beaucoup par ailleurs....
En résumé ces comédiens ne sont pas en ligne, je trouve, avec l'élégance et ce raffinement du théâtre de Marivaux...
Bref, une déception.
Le pire, selon moi, revient au personnage du Marquis, joué de façon lourde et vulgaire avec cet accent marseillais complètement inadapté. ... cette sorte de Patrick Bosso au pays de Marivaux, c'est juste insupportable !...
Eric Elmosnino est quant à lui totalement absent et inexistant. ... et absolument pas crédible dans ce rôle d'amoureux transi.. .
Je suis même réservé sur la pertinence de Sylvie Testud dans ce rôle de la comtesse ; actrice que pour autant j'apprécie beaucoup par ailleurs....
En résumé ces comédiens ne sont pas en ligne, je trouve, avec l'élégance et ce raffinement du théâtre de Marivaux...
Bref, une déception.
J'ai bien aimé cette pièce de Marivaux. Beau décor, beaux costumes et acteurs épatants dans le très bel écrin du théâtre Edouard VII. On rit de la mauvaise foi de la comtesse et de la roublardise de la marquise. Ne connaissant pas l'original, je ne peux cependant pas comparer l'original avec la pièce.
Le rideau se lève sur un décor absolument somptueux et nous annonce ainsi une mise en scène contemporaine, choix des matériaux et des couleurs, effets miroir pour jouer sur les perspectives.
De 1733, nous passons aux années 30 avec Les costumes des acteurs ce qui offre un caractére intemporel à ce classique.
Bonne surprise, on évite l’écueil et le cliché d’une farce sur l’inconstance, on perçoit l’authenticité de ces personnages moins caricaturaux qu’ils n’y paraissent.
La rivalité entre la Marquise, femme expérimentée, et la jeune Comtesse s’apparente à un parcours d’initiation, de la profondeur du sentiment exprimé dans l’instant jusqu’à l’expérience de son âpreté. Si la cruauté pointe parfois , nous retenons l’allégresse de cette comédie, la sensibilité de chacun.
L’effet miroir, l’effet papillon ou les ricochets, les imbrications sont subtiles, la singularité de chaque personnage est juste sans être ostentatoire , pas de personnage qui évince l’autre, une réelle harmonie au sein de la troupe. Chacun prend sa place naturellement, exprimant des émotions qui ne manqueront pas de faire écho.
Nous serons émus, attendris, complice de la détresse de l’éconduit apathique Dorante, la flamboyance du chevalier Damis, la pseudo naïveté de Lisette, la féline marquise, le “rural” papa protecteur, le loyal Arlequin ou l’effronté Frontin et bien sur la facétieuse, malicieuse mais agile Comtesse.
Des regrets tout de même : une sonorisation inconfortable, un début difficile avec des paroles parfois si peu audibles que l’on se surprend à lire les sous titres ( version anglaise); une concentration nécessaire pour suivre les dialogues dans la salle devient “bruyante”.
Pour conclure : une très belle illustration du “marivaudage” dans toutes ses nuances, une adaptation qui rend fluide et intemporel ce classique.
De 1733, nous passons aux années 30 avec Les costumes des acteurs ce qui offre un caractére intemporel à ce classique.
Bonne surprise, on évite l’écueil et le cliché d’une farce sur l’inconstance, on perçoit l’authenticité de ces personnages moins caricaturaux qu’ils n’y paraissent.
La rivalité entre la Marquise, femme expérimentée, et la jeune Comtesse s’apparente à un parcours d’initiation, de la profondeur du sentiment exprimé dans l’instant jusqu’à l’expérience de son âpreté. Si la cruauté pointe parfois , nous retenons l’allégresse de cette comédie, la sensibilité de chacun.
L’effet miroir, l’effet papillon ou les ricochets, les imbrications sont subtiles, la singularité de chaque personnage est juste sans être ostentatoire , pas de personnage qui évince l’autre, une réelle harmonie au sein de la troupe. Chacun prend sa place naturellement, exprimant des émotions qui ne manqueront pas de faire écho.
Nous serons émus, attendris, complice de la détresse de l’éconduit apathique Dorante, la flamboyance du chevalier Damis, la pseudo naïveté de Lisette, la féline marquise, le “rural” papa protecteur, le loyal Arlequin ou l’effronté Frontin et bien sur la facétieuse, malicieuse mais agile Comtesse.
Des regrets tout de même : une sonorisation inconfortable, un début difficile avec des paroles parfois si peu audibles que l’on se surprend à lire les sous titres ( version anglaise); une concentration nécessaire pour suivre les dialogues dans la salle devient “bruyante”.
Pour conclure : une très belle illustration du “marivaudage” dans toutes ses nuances, une adaptation qui rend fluide et intemporel ce classique.
Tout dans le texte est d'un classicisme absolu, aussi on ne va pas voir cette pièce pour être percuté.
Mais la qualité du jeu des acteurs, la somptuosité des décors et costumes et bien sûr la qualité du texte en font une pièce d'une très belle facture et une soirée des plus plaisantes.
Les comédiens y mettent une pointe de malice et le décalage de période transposée dans les années trente est une bonne idée pour la rendre quasi intemporelle : aime moi je te fuis, fuis-moi je te suis...
Ca marche à tous les coups et à toutes les époques.
Seul bémol le jeu d'Elmosnino que j'adore pourtant mais qui n'est pas fait pour jouer les amoureux transits.
Mais la qualité du jeu des acteurs, la somptuosité des décors et costumes et bien sûr la qualité du texte en font une pièce d'une très belle facture et une soirée des plus plaisantes.
Les comédiens y mettent une pointe de malice et le décalage de période transposée dans les années trente est une bonne idée pour la rendre quasi intemporelle : aime moi je te fuis, fuis-moi je te suis...
Ca marche à tous les coups et à toutes les époques.
Seul bémol le jeu d'Elmosnino que j'adore pourtant mais qui n'est pas fait pour jouer les amoureux transits.
Marivaux est un de mes auteurs préférés mais j'ai été un peu déçue par cette pièce, sans parvenir à définir précisément ce qui me gênait.
L'intrigue ne contient pas beaucoup de suspens, le jeu d'échange et de manipulation entre les personnages n'était assez accentué à mon goût. J'ai trouvé le jeu des comédiens assez inégal. Si Sylvie Testud est parfaite, on a du mal à croire au personnage d'amoureux transi d'Elmosnino.
Enfin, je me suis parfois retrouvée à lire les sous-titres car la comédienne qui jouait la servante allait trop dans les aigus. Les décors sont beaux ainsi que les costumes mais je n'ai pas compris l'intérêt du changement d'époque.
Bref, une pièce tout de même agréable mais qui manquait de piquant à mon goût !
L'intrigue ne contient pas beaucoup de suspens, le jeu d'échange et de manipulation entre les personnages n'était assez accentué à mon goût. J'ai trouvé le jeu des comédiens assez inégal. Si Sylvie Testud est parfaite, on a du mal à croire au personnage d'amoureux transi d'Elmosnino.
Enfin, je me suis parfois retrouvée à lire les sous-titres car la comédienne qui jouait la servante allait trop dans les aigus. Les décors sont beaux ainsi que les costumes mais je n'ai pas compris l'intérêt du changement d'époque.
Bref, une pièce tout de même agréable mais qui manquait de piquant à mon goût !
Une distribution si présente au grand écran peut-elle faire un bon Marivaux sur scène ?
Marivaux, le grand Marivaux mis au goût des années folles dans une ambiance art déco. Dans la mise en scène Ladislas Chollat, smoking et robes de soirée sont de mises. On ne sait pas bien mais l’on devine que l’action se passe dans une soirée mondaine, dans quelque château ou propriété de province.
Réunis là, deux « couples », leurs valets et le jardinier. La Comtesse s’éprend du Chevalier Damis et délaisse son amant Dorante qui lui-même laisse de côté la Marquise. Face à ce soudain revirement, les deux amants déchus s’unissent pour faire revenir leur moitié de ce picotement d’amour et de vanité qui les égare. Ils mettent alors en place un stratagème qui, ils l’espèrent, amènera une fin heureuse à leurs amours.
Dans cette mise en scène se ressent un véritable esprit de troupe. Suzanne Clément et Sylvie Testud forme un beau duo. Sylvie Testud, un peu peste de temps à autre, est une Comtesse féline et fière qui se prendra dans ses filets de coquette tandis que Suzanne Clément dégage une détresse de mal-aimé qui va bien à ce rôle.
Chez les messieurs, Éric Elmosnino a pour sa part ce quelque chose de flegmatique et de lent qui fait encore plus ressortir le jeu de ses partenaires tout en le rendant lui-même désespéramment à plaindre- et comique. Enfin, dans le rôle du Gascon, Jérôme Robart est bien meilleur que Laurent Lafitte il y a peu au Français (m.e.s Emanuelle Daumas, 2018). Un peu « mr.muscle » mais un peu touchant à la fois d'être si dépendant de son humeur « phallocentrée » il nous fait rire avec son accent et ses accès de désespoir.
Mais en vérité, la surprise de jeu ne vient pas tant de ce quatuor connu que des seconds rôles : Frontin et Lisette, un autre duo, se détache, de plein pied dans la veine comique du marivaudage juvénile et innocent. Dans le rôle de Frontin, Florent Hill montre une palette de jeu déjà complète et semble se régaler sur scène- un comédien à suivre ! Roxane Duran (à mon avis égale au talent d’une Pauline Clément à son arrivée au Français) dégage une fraîcheur teintée de niaiserie qui emporte mon suffrage dans ce rôle de Lisette, si important pour souligner les travers de ces amoureux volages dont elle tente de prendre exemple. Mal lui en prend et Lisette le comprend bien plus vite son erreur que sa maîtresse !
Enfin Simon Thomas est un arlequin froussard et pleurnichard qui nous fait rire à ses dépens et Jean-Yves Roan décrocherait un sourire au plus bourru avec son accent de campagnard plein de simplicité.
La scénographie est impeccable et la composition d’acteurs réussie laisse de la place à une interprétation de la pièce dans laquelle les beaux rôles vont sans l’ombre d’un doute aux femmes.
Un spectacle pétillant et plein de beauté. La mise en scène n’est pas révolutionnaire et ne va certes pas fouiller jusqu'aux tréfonds du sens. On reste donc dans un élan burlesque et avouons que c’est parfois très agréable...
Une respiration comique dans le quotidien. J’ai passé un excellent moment !
Marivaux, le grand Marivaux mis au goût des années folles dans une ambiance art déco. Dans la mise en scène Ladislas Chollat, smoking et robes de soirée sont de mises. On ne sait pas bien mais l’on devine que l’action se passe dans une soirée mondaine, dans quelque château ou propriété de province.
Réunis là, deux « couples », leurs valets et le jardinier. La Comtesse s’éprend du Chevalier Damis et délaisse son amant Dorante qui lui-même laisse de côté la Marquise. Face à ce soudain revirement, les deux amants déchus s’unissent pour faire revenir leur moitié de ce picotement d’amour et de vanité qui les égare. Ils mettent alors en place un stratagème qui, ils l’espèrent, amènera une fin heureuse à leurs amours.
Dans cette mise en scène se ressent un véritable esprit de troupe. Suzanne Clément et Sylvie Testud forme un beau duo. Sylvie Testud, un peu peste de temps à autre, est une Comtesse féline et fière qui se prendra dans ses filets de coquette tandis que Suzanne Clément dégage une détresse de mal-aimé qui va bien à ce rôle.
Chez les messieurs, Éric Elmosnino a pour sa part ce quelque chose de flegmatique et de lent qui fait encore plus ressortir le jeu de ses partenaires tout en le rendant lui-même désespéramment à plaindre- et comique. Enfin, dans le rôle du Gascon, Jérôme Robart est bien meilleur que Laurent Lafitte il y a peu au Français (m.e.s Emanuelle Daumas, 2018). Un peu « mr.muscle » mais un peu touchant à la fois d'être si dépendant de son humeur « phallocentrée » il nous fait rire avec son accent et ses accès de désespoir.
Mais en vérité, la surprise de jeu ne vient pas tant de ce quatuor connu que des seconds rôles : Frontin et Lisette, un autre duo, se détache, de plein pied dans la veine comique du marivaudage juvénile et innocent. Dans le rôle de Frontin, Florent Hill montre une palette de jeu déjà complète et semble se régaler sur scène- un comédien à suivre ! Roxane Duran (à mon avis égale au talent d’une Pauline Clément à son arrivée au Français) dégage une fraîcheur teintée de niaiserie qui emporte mon suffrage dans ce rôle de Lisette, si important pour souligner les travers de ces amoureux volages dont elle tente de prendre exemple. Mal lui en prend et Lisette le comprend bien plus vite son erreur que sa maîtresse !
Enfin Simon Thomas est un arlequin froussard et pleurnichard qui nous fait rire à ses dépens et Jean-Yves Roan décrocherait un sourire au plus bourru avec son accent de campagnard plein de simplicité.
La scénographie est impeccable et la composition d’acteurs réussie laisse de la place à une interprétation de la pièce dans laquelle les beaux rôles vont sans l’ombre d’un doute aux femmes.
Un spectacle pétillant et plein de beauté. La mise en scène n’est pas révolutionnaire et ne va certes pas fouiller jusqu'aux tréfonds du sens. On reste donc dans un élan burlesque et avouons que c’est parfois très agréable...
Une respiration comique dans le quotidien. J’ai passé un excellent moment !
« L’Heureux stratagème » de Marivaux mis en scène par Ladislas Chollat au théâtre Edouard VII est une comédie sur l’Amour, l’hypocrisie et ses cruautés.
Une comédie pas souvent jouée, pour preuve ce fut une première pour la Comédie Française l’année dernière au Vieux-Colombier dans une mise en scène d’Emmanuelle Daumas qui m’avait laissé sur le banc.
Dans cette comédie en prose, en trois actes, de Marivaux, magnifiquement écrite comme une musique dont on ne se lasse pas, c’est la femme qui en fait voir de belles aux hommes : un Don Juan en jupon.
Pourquoi la femme n’aurait-elle pas le droit de s’amuser comme le font les hommes impunément ? Pourquoi ce titre de Don Juan serait-il réservé exclusivement aux hommes.
Une intrigue simple décrit cette comédie qui tourne essentiellement autour de la Comtesse, une Comtesse qui change d’humeur comme elle dit bonjour et qui ne voit pas pourquoi elle devrait aimer un homme au prétexte qu’il l’aime. Elle revendique sa quête de liberté.
Les yeux de la Comtesse ont croisé ceux du Chevalier Damis et bing l’étincelle a fait chavirer leurs cœurs : un coup de foudre.
Seulement voilà Dorante est amoureux fou de la Comtesse et le Chevalier Damis est normalement destiné à la Marquise.
Le regard toujours aiguisé de Marivaux, sur cette société, apporte son lot de surprises, de joutes verbales, avec la manifestation de l’attachement des domestiques pour leurs maîtres, tout en se liant eux-mêmes et en y trouvant leurs intérêts. Ils ne perdront pas une miette des tromperies, mensonges proférés par leurs gourous.
Blessée par cette trahison, commence alors à germer dans la tête bien faite de la Marquise un plan diabolique dont Dorante sera partie prenante, afin que les infidèles rentrent dans le droit chemin : une feinte, un stratagème qui finira par être heureux, enfin en partie.
Dans une mise scène fluide, brisant le quatrième mur, Ladislas Chollat donne un rythme souple, léger, léger comme l’amour, à cette comédie. Les années folles dans laquelle il la situe permettent avec les effluves de l’alcool, la fête, l’ivresse de la tentation, un rapprochement des corps où les baisers abondent. Une musique toute nuancée de Frédéric Norel provenant de la demeure accentue le charme de ces soirées d’été éclairées délicatement par Alban Sauvé, où la brise du jardin, dans un décor d’Emmanuelle Roy, vient chatouiller les cœurs brisés tout en nous faisant rire.
Un quatuor mène le bal :
Je découvre avec admiration pour la première fois sur scène Sylvie Testud, elle déploie beaucoup de charme, de malice, d’ingéniosité pour endosser le costume de cette femme éprise de liberté. Un jeu tout en fraîcheur dans cette nuit qui promet d’être chaude.
Face à elle, Jérôme Robart, avec un accent gascon qui n’en a que le nom, ou plutôt devrais-je dire le parrain à l’accent mafieux, emporte les spectateurs dans des rires désacralisant la situation. Depuis que je l’ai connu dans les six saisons de la série, je dois dire que j'ai un faible pour le jeu tout en subtilité de « Nicolas Le Floch », au langage aussi riche et joyeux que celui de Marivaux : c’est un bonheur de le retrouver. Mais dans le cas présent ce sont ses facéties qui retiennent mon attention, il aurait très bien pu nous chanter « paroles, paroles ». Il est le soleil dans cette comédie aux allures tragiques.
Pour la première fois sur scène Suzanne Clément est impressionnante de vérité, elle incarne tout en finesse et avec conviction cette femme bafouée. A la fois élégante dans sa belle robe, au port altier, et déterminée dans son expression, elle canalise les regards.
Dorante joué par Eric Elmosnino est tout simplement attachant dans son rôle d’amant délaissé qui combat l’adversité. Il brille dans ses larmes et donne envie d’être consolé, il joue les caliméros à merveille.
Il n’y a pas de maîtres sans valets, et nous ne sommes pas en reste avec eux, ils œuvrent depuis la coulisse : Lisette, au service de la Comtesse, jouée tout en émotion par Roxane Duran, déploiera toute son énergie pour « sauver » les couples en y perdant même son latin. Elle est aidée par son amoureux Arlequin, valet de Dorante, joué loyalement par Simon Thomas. Un Arlequin aux prises des tourments de l’Amour. Un couple de serviteurs qui sera écartelé par Florent Hill, au service du Chevalier Damis, dans le rôle de Frontin, épris de la belle Lisette.
Pour compléter cette distribution homogène, il y aura le paysan, père de Lisette, qui par tous les moyens à sa portée veillera aux intérêts de sa fille. Un paysan, dont on comprendra juste ce qu’il faut pour l’intrigue, joué tout en belle franchise par Jean-Yves Roan.
Un Marivaux qu’il est plaisant d’écouter, de regarder, joué par des comédiens pleinement investis dans leurs rôles.
Les applaudissements chaleureux du public conquis viennent en témoigner.
Une comédie pas souvent jouée, pour preuve ce fut une première pour la Comédie Française l’année dernière au Vieux-Colombier dans une mise en scène d’Emmanuelle Daumas qui m’avait laissé sur le banc.
Dans cette comédie en prose, en trois actes, de Marivaux, magnifiquement écrite comme une musique dont on ne se lasse pas, c’est la femme qui en fait voir de belles aux hommes : un Don Juan en jupon.
Pourquoi la femme n’aurait-elle pas le droit de s’amuser comme le font les hommes impunément ? Pourquoi ce titre de Don Juan serait-il réservé exclusivement aux hommes.
Une intrigue simple décrit cette comédie qui tourne essentiellement autour de la Comtesse, une Comtesse qui change d’humeur comme elle dit bonjour et qui ne voit pas pourquoi elle devrait aimer un homme au prétexte qu’il l’aime. Elle revendique sa quête de liberté.
Les yeux de la Comtesse ont croisé ceux du Chevalier Damis et bing l’étincelle a fait chavirer leurs cœurs : un coup de foudre.
Seulement voilà Dorante est amoureux fou de la Comtesse et le Chevalier Damis est normalement destiné à la Marquise.
Le regard toujours aiguisé de Marivaux, sur cette société, apporte son lot de surprises, de joutes verbales, avec la manifestation de l’attachement des domestiques pour leurs maîtres, tout en se liant eux-mêmes et en y trouvant leurs intérêts. Ils ne perdront pas une miette des tromperies, mensonges proférés par leurs gourous.
Blessée par cette trahison, commence alors à germer dans la tête bien faite de la Marquise un plan diabolique dont Dorante sera partie prenante, afin que les infidèles rentrent dans le droit chemin : une feinte, un stratagème qui finira par être heureux, enfin en partie.
Dans une mise scène fluide, brisant le quatrième mur, Ladislas Chollat donne un rythme souple, léger, léger comme l’amour, à cette comédie. Les années folles dans laquelle il la situe permettent avec les effluves de l’alcool, la fête, l’ivresse de la tentation, un rapprochement des corps où les baisers abondent. Une musique toute nuancée de Frédéric Norel provenant de la demeure accentue le charme de ces soirées d’été éclairées délicatement par Alban Sauvé, où la brise du jardin, dans un décor d’Emmanuelle Roy, vient chatouiller les cœurs brisés tout en nous faisant rire.
Un quatuor mène le bal :
Je découvre avec admiration pour la première fois sur scène Sylvie Testud, elle déploie beaucoup de charme, de malice, d’ingéniosité pour endosser le costume de cette femme éprise de liberté. Un jeu tout en fraîcheur dans cette nuit qui promet d’être chaude.
Face à elle, Jérôme Robart, avec un accent gascon qui n’en a que le nom, ou plutôt devrais-je dire le parrain à l’accent mafieux, emporte les spectateurs dans des rires désacralisant la situation. Depuis que je l’ai connu dans les six saisons de la série, je dois dire que j'ai un faible pour le jeu tout en subtilité de « Nicolas Le Floch », au langage aussi riche et joyeux que celui de Marivaux : c’est un bonheur de le retrouver. Mais dans le cas présent ce sont ses facéties qui retiennent mon attention, il aurait très bien pu nous chanter « paroles, paroles ». Il est le soleil dans cette comédie aux allures tragiques.
Pour la première fois sur scène Suzanne Clément est impressionnante de vérité, elle incarne tout en finesse et avec conviction cette femme bafouée. A la fois élégante dans sa belle robe, au port altier, et déterminée dans son expression, elle canalise les regards.
Dorante joué par Eric Elmosnino est tout simplement attachant dans son rôle d’amant délaissé qui combat l’adversité. Il brille dans ses larmes et donne envie d’être consolé, il joue les caliméros à merveille.
Il n’y a pas de maîtres sans valets, et nous ne sommes pas en reste avec eux, ils œuvrent depuis la coulisse : Lisette, au service de la Comtesse, jouée tout en émotion par Roxane Duran, déploiera toute son énergie pour « sauver » les couples en y perdant même son latin. Elle est aidée par son amoureux Arlequin, valet de Dorante, joué loyalement par Simon Thomas. Un Arlequin aux prises des tourments de l’Amour. Un couple de serviteurs qui sera écartelé par Florent Hill, au service du Chevalier Damis, dans le rôle de Frontin, épris de la belle Lisette.
Pour compléter cette distribution homogène, il y aura le paysan, père de Lisette, qui par tous les moyens à sa portée veillera aux intérêts de sa fille. Un paysan, dont on comprendra juste ce qu’il faut pour l’intrigue, joué tout en belle franchise par Jean-Yves Roan.
Un Marivaux qu’il est plaisant d’écouter, de regarder, joué par des comédiens pleinement investis dans leurs rôles.
Les applaudissements chaleureux du public conquis viennent en témoigner.
Quelque part dans une province française, à l’époque des Années Folles, un quatuor bourgeois va se trouver dans une tempête amoureuse. La Comtesse, amante de Dorante, s’éprend le temps d’un regard du Chevalier Damis qui lui-même est le tendre ami de la Marquise. Le coup de foudre est réciproque, mais l’aventure n’est pas du goût de Dorante ni de la Marquise. Blessés dans leur intimité, les deux amoureux délaissés vont alors élaborer un stratagème pour récupérer leurs chers infidèles. Les valets ne sont pas en restent : eux aussi en copiant leurs maitres se laissent emporter dans ce tourbillon d’amours contrariés.
Je ne connaissais pas ce texte de Marivaux et ce fut un vrai plaisir de le découvrir. Marivaux, en grand maître de la Manipulation avec un grand M : mensonges, faux semblants, tromperies, ruses et même fake news (oui c’était un visionnaire !) sont au rendez-vous.
Un vrai plaisir aussi cette pièce pour son décor magnifique, la scénographie d’Emmanuelle Roy et la mise en scène de Ladislas Chollat basées sur des entrées et sorties multiples très fluides et les belles lumières d’Alban Sauvé (dont un superbe feu d’artifice). En transposant cette intrigue dans les Années Folles, Ladislas Chollat montre que le texte a un petit coté intemporel pas désagréable.
Et pourtant des détails m’ont gênée : le jeu de certains comédiens n’est pas à la hauteur des autres ainsi la diction du père de Lisette est absolument incompréhensible (au point de regarder les sous titres en anglais pour le comprendre), à moins que cela soit fait exprès mais je ne saisis pas l’intention du metteur en scène. Jérôme Robart qui est le chevalier gascon Damis a bien plus l’accent corse que gascon, ça lui fait perdre un peu de crédibilité même si cela nous porte à sourire. Simon Thomas, le serviteur de Dorante, passe son temps à geindre et à pleurnicher mais c’est l’histoire qui veut ça et c’est le seul aspect de la pièce qui me dérange un peu.
Hormis ces quelques points que l’on peut oublier facilement, on se laisse emporter dans cette valse des sentiments orchestrée par Marivaux et même si on se doute de la fin, on y prend beaucoup de plaisir.
Je ne connaissais pas ce texte de Marivaux et ce fut un vrai plaisir de le découvrir. Marivaux, en grand maître de la Manipulation avec un grand M : mensonges, faux semblants, tromperies, ruses et même fake news (oui c’était un visionnaire !) sont au rendez-vous.
Un vrai plaisir aussi cette pièce pour son décor magnifique, la scénographie d’Emmanuelle Roy et la mise en scène de Ladislas Chollat basées sur des entrées et sorties multiples très fluides et les belles lumières d’Alban Sauvé (dont un superbe feu d’artifice). En transposant cette intrigue dans les Années Folles, Ladislas Chollat montre que le texte a un petit coté intemporel pas désagréable.
Et pourtant des détails m’ont gênée : le jeu de certains comédiens n’est pas à la hauteur des autres ainsi la diction du père de Lisette est absolument incompréhensible (au point de regarder les sous titres en anglais pour le comprendre), à moins que cela soit fait exprès mais je ne saisis pas l’intention du metteur en scène. Jérôme Robart qui est le chevalier gascon Damis a bien plus l’accent corse que gascon, ça lui fait perdre un peu de crédibilité même si cela nous porte à sourire. Simon Thomas, le serviteur de Dorante, passe son temps à geindre et à pleurnicher mais c’est l’histoire qui veut ça et c’est le seul aspect de la pièce qui me dérange un peu.
Hormis ces quelques points que l’on peut oublier facilement, on se laisse emporter dans cette valse des sentiments orchestrée par Marivaux et même si on se doute de la fin, on y prend beaucoup de plaisir.
Il y a longtemps que je n’avais pas vu une pièce de Marivaux et je suis ressortie enchantée.
On se doute comment toute cette histoire va finir mais ce n’est pas grave.
Les acteurs sont tous parfaits, j’aime beaucoup Sylvie Testud et Eric Elmosnino.
Une bonne soirée.
On se doute comment toute cette histoire va finir mais ce n’est pas grave.
Les acteurs sont tous parfaits, j’aime beaucoup Sylvie Testud et Eric Elmosnino.
Une bonne soirée.
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Les avis de la rédaction