Critiques pour l'événement Le Horla
13 août 2017
8,5/10
35
Quelle belle adaptation de cette nouvelle de Maupassant.
Ce fut un régal, Florent Aumaitre est excellent ! Il interprète avec justesse et maîtrise!
J'ai été happée par son interprétation. On vit avec le comédien cette "folie" qui oscille tout au long du spectacle pour arriver à son point culminant.
Est ce vraiment "une folie"? Libre à chacun d'y donner un nom ou une signification.
A voir au Lucernaire !
4 avr. 2017
8,5/10
51
Après déjà plus de trois cents représentations, du festival de Bayeux à celui d'Avignon, en passant par les Feux de la Rampe, ou encore le Petit Hébertot, ce Horla, interprété par Florent Aumaître et mis en scène par Slimane Kacioui est repris au théâtre Michel, et ce, jusqu'au 27 mai prochain.
Et c'est tant mieux si ce spectacle continue ainsi son existence !

Les spectateurs finissent d'éteindre leur téléphone portable, que déjà, un son d'instruments à cordes se fait entendre, de plus en plus fort.
Un grand glissando angoissant remplit la salle au fur et à mesure que le noir tombe sur la salle.

Et le comédien apparaît.

Costume trois pièces à la fois sobre et élégant.

Su scène pour tout décor, trônent une chaise et un tréteau. C'est tout.

Florent Aumaître va commencer à dire la nouvelle de Maupassant, parue en 1887, dans la deuxième version, celle qui nous intéresse.

Tout commence sereinement et tranquillement. Le personnage raconte sa villégiature normande somme toute banale.
Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Et puis, insidieusement, sans que nous sentions de rupture, tout va basculer, tout va glisser.
La présence d'un hypothétique être invisible à ses côtés qu'il surnomme le Horla va le faire sombrer dans une forme de démence.

Il n'aura de cesse de se débarrasser de ce double à la fois fantastique et maléfique.

La folie, la paranoïa, la schizophrénie, l'existence supposée d'un double, voilà les thèmes que le comédien va traiter, pour nous faire douter.

Jusqu'au bout.
Car telle est la puissance de cette nouvelle fantastique : ce Horla existe-t-il, oui ou non ?

Progressivement, en suivant scrupuleusement l'auteur, Florent Aumaître nous donne à voir cette descente aux enfers que va connaître son personnage.

Au fur et à mesure que l'heure et demie se déroule, il l'accompagne et le dirige vers le gouffre, vers la solution à la fois la plus logique et la plus définitive.

L'acteur est véritablement sidérant dans sa façon de matérialiser le délire de cet homme.
Sa gestuelle, ses regards hallucinés, cette espèce de danse, de chorégraphie finale, tout ceci sera distillé de la plus belle des manières.

Le metteur en scène Slimane Kacioui et lui ont su doser les effets, l'intensité du jeu et de la voix.
Ces changements imperceptibles sont le témoignage d'une grande maîtrise artistique.

Il faut vraiment être au fait de son art pour arriver à exprimer ainsi la teneur du texte avec autant de subtilité et de force.

J'ai assisté à une vraie performance d'acteur, associant la forme au fond.

Je me suis pratiquement retrouvé en train de découvrir ce texte, au lycée Malraux, dans le cours de première de Melle Arnaudon.

Avec la même fascination, le même émerveillement.
Et le même trouble.
29 mars 2017
9/10
46
Qui est donc ce jeune dandy qui s’approche de nous, au bord du plateau, en début du spectacle ? Souriant et aimable, ce jeune homme nous raconte les plaisirs de la jouissance domestique que lui apportent sa maison, son jardin et le bien-être apparent d’y savourer un repos paisible. Nous en ferions volontiers un voisin, un cousin ou un ami. Pourquoi non ?

Et bien c’est-à-dire… comment dire… ah que c‘est délicat… Bon et bien voilà. Ce joli dandy, certes ébloui par les beautés de la nature, ne semble pas habiter tout seul dans sa tête, voyez-vous ? Oh je me fourvoie peut-être mais il y a des signes qui ne trompent pas. Il perd la caboche je vous dis et lentement mais surement, il va nous le montrer.

Progressivement et irrémédiablement, le narrateur de ce récit va nous faire partager sa descente au plus profond de la folie, celle dont on ne revient pas ou alors pas indemne.

Par petites touches précises et de plus en plus marquées, nous le voyons passer de la mélancolie au déclin lent de la conscience, confondant le vrai et le faux. Les peurs de la nuit et les hallucinations angoissantes prennent le pas sur le doute des souvenirs de rêves devenus cauchemars à force de se répéter. Une forte agitation trouble sa raison, une sourde et vivace démence s’installe.

La folie prend place jusqu’à avoir peur de lui–même ou plus précisément d’un être invisible qui semble fusionner avec lui. Un double transitionnel le livrant à la paranoïa, le Horla l'appelle-t-il. Un être invisible mais présent, hors-de-lui, hors-de-là, étrange étranger qu'il devra combattre et faire périr pour espérer se délivrer enfin. Mais tuer son double ne se peut pas. Il ne reste plus donc qu’une seule chose à faire…

Maupassant publie cette nouvelle en 1887 eu moment où il commence à souffrir des complications mentales liées à la syphilis. Fidèle auditeur des cours de Charcot, il s’intéresse aux troubles de la personnalité, au début des soins par l’hypnose. Autant de connaissances qu’il utilise dans ce texte, écrit à la manière d’un journal dans lequel il semble s’adresser au lecteur autant qu’à l’auteur, comme un jeu révélateur de miroir inversé.

La mise en scène de Slimane Kacioui est adroite. Elle insuffle de la légèreté aux premiers pas et sait noircir peu à peu le parcours vers les profondeurs de l’enfermement. Ses indications de jeu semblent efficaces.

Florent Aumaître captive et surprend, magnifiant le texte. Il joue avec une maitrise époustouflante la progression du personnage, avec précision et intensité les troubles émotionnels qui l’emprisonnent. Un travail d’interprétation remarquable.

Voici un spectacle fort, servant avec brio la nouvelle à l’univers fantastique de Maupassant. Un seul en scène rare et réussi. À voir sans hésiter.
23 avr. 2016
8,5/10
149
Une très belle adaptation !

La performance de Florent Aumaitre est impressionnante. La pièce repose presque exclusivement sur sa prestation. Seul sur scène, quasiment sans accessoires et sans décors, il interprète l'histoire de cet homme qui semble sombrer dans la folie avec une sincérité incroyable, rendant son personnage et sa descente aux enfers vraiment crédibles.

Une pièce qui, en plus, va bien avec l'intimité du petit théâtre du funambule. A découvrir, sans hésiter !
11 mars 2016
8/10
66
Quel bonheur de revoir ce classique tant le comédien qui l'interprète est habité par son rôle, Florent Aumaitre uniquement accompagné d'une chaise sur scène.

Comment devient on fou ? On se trouve face à un exemple particulièrement percutant avec cette pièce.

Étant en prime un ouvrage souvent choisi par les professeurs de français, vous pouvez y emmener vos ados pour leur faire découvrir la pièce.