Critiques pour l'événement Fabrice Luchini et Moi
17 nov. 2022
8/10
3
"Je vais vous raconter une histoire vraie qui n'est jamais arrivée" !

C'est une déclaration d'amour au théâtre et à la littérature que nous offre Olivier Sauton, auteur et interprète de ce seul en scène.

Tout commence par une rencontre nocturne dans une rue parisienne, il y a plus de 20 ans.
Le comédien croise par hasard la route de son idole, Fabrice Lucchini, et cette rencontre enflamme son imagination.
"Et si cet homme de lettres à la culture immense me donnait des leçons de théâtre ?"
A moi, jeune ignorant, peu enclin à travailler, et plus attiré par la bagatelle que par les alexandrins .....

Avec beaucoup d'humour et de sincérité, le comédien raconte ses trois cours magistraux avec le maître, et les leçons de vie qu'elles lui ont apporté.
Il joue tour à tour les deux personnages, passant de l'un à l'autre avec une fluidité et une aisance bluffante.
Petit à petit, ces deux là s'apprivoisent .....

C'est vrai que Beaudelaire est difficile d'accès, que La Fontaine sera toujours plus grand que nous, et que nous ne serons jamais Alceste.

Mais qu'importe quand les mots sont les plus forts et ont le pouvoir de changer une vie.

C'est ça qui est beau dans le théâtre.
C'est ça qui est beau dans cette histoire !
1 avr. 2017
8,5/10
28
Hier, j’ai vu Fabrice Luchini sur scène. Enfin, j’ai vu Olivier Sauton être Fabrice Luchini, et c’était une superbe mise en abîme.

Fabrice Luchini et moi, c’est l’histoire d’une rencontre qui a eu lieu, de la suite qu’elle aurait pu avoir, de la conclusion qu’elle a eue. Au cœur d’une nuit d’il y a un temps, Olivier Sauton a croisé Fabrice Luchini, et lui a demandé une fable de La Fontaine. Le voyage initiatique qui s’en est suivi n’existe que sur scène, il se répète soir après soir.
Il y a la magie du jeu, Olivier Sauton est tour à tour Olivier et Fabrice, l’un est jeune et enthousiaste, l’autre surpris et curieux. On reconnaît l’un, on devine l’autre. Le texte est ciselé, je riais du ton sentencieux et des phrases pompeusement définitives que mon imaginaire met dans la bouche de l’un, de la spontanéité inculte et obsédée par les filles de l’autre, et puis au fil des trois leçons ils se découvrent, s’apprivoisent, se comprennent, convergent. L’un découvre la puissance des textes, l’autre le guide dans la découverte de la vie.
Jusqu’à la conclusion, quand Luchini est venu voir la pièce, le choc de sa découverte, est-on encore dans l’uchronie, est-on revenu dans une réalité, est-ce important, au fond, j’étais là pour savourer un grand numéro d’acteur, j’ai admiré, je me suis régalé.
Baroudeur était là, qui ne connait pas Luchini, je l’ai suivi dans son voyage, il souriait simplement de l’initiation d’Olivier par Fabrice, il connait Molière mais pas le Misanthrope, il connait déjà la Cigale et la Fourmi, on peut redécouvrir un texte avant d’avoir huit ans.
17 févr. 2017
6,5/10
51
Un seul en scène qui se veut "tranche de vie"... C'est assez agréable, d'autant plus que le texte et le comédien ne cherchent pas le rire et le comique à tous prix.
Partant d'une anecdote réelle, celle d'une rencontre brève et fortuite avec le vrai Fabrice Luchini, le comédien et auteur Olivier Sauton nous plonge dans un univers fantasmé où il dialogue avec son idole. Le concept m'a beaucoup séduit.

Je suis un peu restée sur ma faim concernant le texte : de petits éléments nous sortent de cette réalité fictive. Certains mots ou situations s'éloignent du personnage de Luchini, et rendent celui de l'apprenti comédien un peu trop déplacé, moins sympathique. Je parle ici uniquement du fond : la forme, elle, est totalement convaincante.
J'ai particulièrement apprécié les petites touches d'impro, le cassage du 4ème mur par M. Sauton (notamment lorsqu'il est dérangé par un téléphone, ou autre manifestation de son audience... Des moments dignes de son "mentor", que j'ai eu le plaisir de voir dans son seul en scène il y a quelques années).

Je retiens de ce spectacle une originalité, une démarche pleine d'authenticité, et surtout un épilogue parfait que je vous laisse aller découvrir par vous-même.
14 févr. 2017
9/10
32
Olivier Sauton nous raconte une bien curieuse histoire...

Tout jeune homme, se baladant en pleine nuit dans une rue à Paris, il croise le chemin de son idole Fabrice Luchini en personne. Olivier ose l’aborder, lui parler et surtout lui demander de devenir son professeur de théâtre !
Alors là ! Luchini n’en revient pas, ne le jette pas (était-il en bonne forme ce jour là...), et commence d’ailleurs par le réprimander sur sa façon de parler, l’instruction commence !
Olivier pour le prochain rendez-vous doit apprendre un poème de Baudelaire « Enivrez-vous », lui qui n’ouvre pas un livre (c’est pour les vieux), qui ne connait pas Baudelaire ou La Fontaine (c’est encore pour les vieux), lui ne connait que les gonzesses, le sexe et le sport.

Olivier Sauton, nous peint un portrait et une imitation saisissante de Fabrice Luchini, c’est drôle, instructif, « la cigale et la fourmi » version Ibiza, c’est quelque chose. Et puis sans en avoir l’air, il y a toute une réflexion sur notre présent, sur l’éducation et l’instruction, sur les relations humaines. Une initiation en rires et en douceur.

Cette histoire est vraiment arrivée à Olivier Sauton, il a bien rencontré le grand Fabrice qui lui a prodigué quelques leçons. Il est d’ailleurs allé voir le spectacle qui l’a tout chamboulé !
Une véritable performance d’acteur, un bel hommage aussi à la poésie, aux textes vrais, à la Profession, au spectacle vivant, un grand éclat de rire aussi !

Bravo l’artiste ! (euh enfin Olivier !)
15 oct. 2016
5,5/10
74
Certes une très belle imitation de l'original... l'apprenti comédien pour sa part n'attire pas la sympathie.

Je pensais apprendre des tas de choses sur Fabrice, malheureusement ça n'a pas été le cas...
Comme il est annoncé au final, c'est en effet un exploit d'arriver à construire un spectacle entier sur une brève rencontre nocturne.
15 sept. 2016
5/10
45
Pas vraiment emballé par ce seul en scène. Si l'imitation est plutôt réussite (on est quand même un peu sur une caricature du Luchini en promo chez Ruquier), je n'adhère pas vraiment à l'histoire.

Sous couvert de vouloir raconter un parcours initiatique vers l'amour du théâtre, on assiste surtout à un numéro nombriliste qui se conclue par une promo pour son cours et le récit satisfait d'une rencontre avec le vrai Fabrice Luchini.
25 juil. 2016
6,5/10
96
Oui bon, d'accord il imite très bien Fabrice Luchini c'est indéniable, dans le fond et la forme.

Mais si c'est pour voir du Luchini je vais voir Luchini. Sinon j'aurais aimé y trouver un petit quelque chose en plus, de la surprise.
On s'attend tellement au déroulé du petit élève qui dépasse le maître, de la rencontre qui ne doit pas se faire et qui devient positive.
C'est très attendu, très narcissique, très autosatisfait.

Même si c'est malgré tout de grande qualité.
9 mars 2016
9/10
152
Deux hommes, deux heures, mais Olivier est seul sur scène. Pourtant je jurerais avoir ri sans discontinuer devant Luchini pendant 2h...

Un moment théâtre à ne pas rater et même à retourner voir.
20 févr. 2016
9,5/10
144
Olivier Sauton a réellement rencontré l'immense comédien Fabrice Luchini, fortuitement il y a une dizaine d'années, mais tout de même.
Ce moment, et surtout l'admiration sans borne qu'il lui témoigne, lui a inspiré le texte d'un spectacle où il endosse les deux rôles : celui d'un élève très débutant et maladroit, et celui du professeur émérite.

Nous assistons à la rencontre suivie de ces trois leçons qui sont des exercices d'interprétation menés avec brio.

Le mythe de Luchini est égratigné, mais avec tendresse. D'autant que le comédien ne ménage pas non plus son propre ego en se présentant inculte devant le "maître".

On savoure et on rit beaucoup de la confrontation entre deux générations : celle du livre et celle de l'image, mais aussi deux visions de la vie : une dédiée corps et âme à l'art, l'autre qui pense plus à la gloire et aux femmes.

L'élève Sauton demande au maître Luchini de lui dire une fable de La Fontaine dont il est de notoriété publique qu'il les connait toutes. Ce sera la Tortue et les deux Canards. Elle est peu connue mais j'ai eu la chance de l'entendre, en plein air, dans le Parc de Sceaux l'année dernière, où la troupe Phénomène et Cie reprenait un spectacle créé en 2003 au Potager du Roi à Versailles dans le cadre du 8ème Mois Molière.
La conception et la mise en vie de Stéphanie Tesson était très réussie. Les mains du comédien représentaient les volatiles et il portait un casque symbolisant la testudine.

Vous devinerez combien j'ai savouré ce moment dans le spectacle d'Olivier Sauton.

Le revers de la médaille ne tarde pas à cliqueter pour son personnage : il devra arriver à sa première leçon en sachant par coeur la Cigale et la Fourmi.

Olivier Sauton a choisi aussi d'excellents extraits musicaux, comme The Hall Of The Mountain King où le groupe Madness reprend en l'accélérant le thème du même nom composé par Edvard Grieg.

Il a aussi des formules bien choisies pour définir le génie : un hyperactif qui a du talent comme tout le monde mais qui travaille comme personne. Nous ne le plaindrons point s'il le fait en appliquant la méthode d'Antoine Blondin, travaille comme tu t'amuses.

Le théâtre est le lieu où l'on peut se recueillir et se divertir. Encore une phrase qui sonne juste. Le public passe une soirée où la drôlerie et l'intelligence vont de paire.

Il s'est inspiré des interviews que Fabrice Luchini a données pour écrire la pièce. Tout semble exact. Le moindre détail a été pensé, jusqu'au livre qu'il lui met entre les mains et qui est le Voyage au bout de la nuit de Céline. Le comédien en a longtemps fait la lecture. Il jouait Une heure de tranquillité, une pièce de Florian Zeller au Théâtre Antoine ces dernières semaines ... juste de l'autre coté de ce boulevard de Strasbourg où Olivier interprète son double.

On peut espérer que puisqu'il est désormais libre le soir il osera venir pour assister à ce spectacle, même si on peut imaginer que ce ne soit pas très facile pour lui de se trouver sous le regard du public parmi les spectateurs.

Olivier Sauton n'est ni dans la caricature, ni dans l'imitation mais dans le mimétisme. Il revient sur scène après les applaudissements (très mérités et enthousiastes) pour s'inquiéter d'une éventuelle méprise avec "son" public. Il y a toujours au mois une personne pour le rassurer : oui, on a cru que Luchini était à l'affiche mais c'est pas pour lui qu'on venait. On ne peut pas rêver plus belle déclaration.

D'ailleurs Fabrice Luchini devrait comprendre la situation, lui qui a interprété des rôles de fan au cinéma. Je pense notamment à Jean-Philippe, un film de Laurent Tuel, où il se réveillait dans un monde qui niait l'existence de son idole, Johnny Hallyday.
10 sept. 2015
8,5/10
212
Pas forcément le genre de spectacle que j'irais voir spontanément et en plus, Fabrice Luchini ne joue pas dedans.

Mais bonne nouvelle, l'imitation d'Olivier Sauton est crédible pour ne pas dire excellente, on se laisse prendre au jeu, on rit, on a même un peu les larmes aux yeux parfois... et on s'en souvient un an après en créant enfin son compte sur aubalcon.fr!

Mention spéciale à la Tortue et ses deux Canards, il n'est jamais trop tard pour (ré)apprendre La Fontaine.
28 avr. 2015
8/10
275
Autant le dire tout de suite, Olivier Sauton a un immense talent pour imiter Luchini.

Du coup, ce face à face entre lui et lui, entre Luchini et lui, avec lui qui est Luchini, est totalement convaincant.

Olivier Sauton passe, alterne et virevolte avec aisance et brio, du rôle de l'apprenti comédien ignorant et dilatent à celui de Luchini, cultivé et exigeant.

C'est une belle réflexion sur le théâtre et la langue. C'est aussi drôle. On surtout finit par croire que Luchini était réellement présent sur scène.

Une belle réussite.
27 déc. 2014
8/10
174
C’est l’histoire vraie d’une rencontre chanceuse entre un jeune homme qui rêve de devenir comédien et son idole. Grisé par ce heureux hasard, l’apprenti propose carrément à Fabrice Luchini de devenir son maître de théâtre.

L’ancien coiffeur épris de transmission accepte et on suit les échanges truculents du duo à travers quelques leçons qui vont des fables de La Fontaine à la première scène injouable du Misanthrope.

Je dis bien duo car Olivier Sauton incarne si bien Luchini que ses changements physionomiques nous confondent. Après quelques minutes, on oublie qu’il est seul sur scène. Les répliques du professeur sont criantes de vérité. Il vulgarise La Tortue et les Deux Canards, mettant le doigt sur l’ironie et les sous-entendus graveleux du fabuliste. Il tempère les ardeurs libidineuses de son élève en lui apprenant que « les femmes jouissent d’abord par l’oreille »… Et, leçon de Jean-Laurent Cochet, il révèle le secret de la valeur-travail !

"Il n’y a pas de génies. Il n’y a que des hyperactifs."

Seul bémol, on croit moins à ce personnage lourdingue passionné de « sport et de gonzesses » qui se transforme en « obsédé textuel » au contact de son Pygmalion. Cette efficacité est un peu superflue.

Néanmoins, Olivier Sauton réussit à rendre accessible le miracle du théâtre selon Lope de Vega : « quatre planches, deux tréteaux, deux acteurs et une passion ». C’est Luchini sur un plateau qui communique son amour du verbe haut. Il paraît que Fabrice lui-même a été troublé par cette performance…
11 nov. 2014
8,5/10
102
Oh la bonne soirée que voilà en compagnie d'Olivier Sauton.

Olivier sauton a si bien cerné son idole qu'il le rend si réel sur scène, c'est vraiment efficace et pourtant, il joue aussi son rôle de fan et le dialogue entre les deux est une belle leçon de vie.
Pour notre bonheur, il en extrait, non pas la "substantifique moelle" si chère à nos classiques de la littérature mais une incarnation très réaliste avec cette utilisation si savoureuse de notre belle langue : il nous donne envie de réviser les Fables de la Fontaine en sa truculente compagnie tout en riant beaucoup.