Critiques pour l'événement Evita, Le destin fou d'Eva Peron
20 déc. 2019
8,5/10
12
Qui était Eva Peron ? L’épouse d’un dictateur, l’Argentine a connu bien des renversements de régime par les militaires, la veuve de Péron, Isabel en a fait les frais en 1976.

Mais revenons à la petite Eva Duarte, née il y a 100 ans dans une famille pauvre. A quinze ans, elle part pour Buenos Aires, veut devenir comédienne, théâtre, cinéma, radio. Elle monte les échelons, suit les conseils d’une actrice qui la prend sous son aile.

Brune elle devient blonde, elle se fera remarquer plus facilement dans les films… bonne comédienne ? pas vraiment mais elle sait jouer de son charme et son passé de comédienne lui servira plus tard, mais pour l’instant elle ne le sait pas.

Elle rencontre Juan Peron, ils se marient, elle deviendra sa meilleure alliée, la femme du dictateur se souvient de son passé, elle créera des hôpitaux, des orphelinats, adulée du peuple, des “sans chemises”. Elle est détestée par les militaires et les bourgeois, qu’à cela ne tienne, elle s’en moque ! Pour relancer l’économie du pays, elle fera une grande tournée européenne, on rit lorsqu’elle parle de sa visite à l’Espagne franquiste ! au Vatican, elle sait que le pape a accueilli des nazis comme en Argentine, à Paris, elle apprécie surtout les défilés de mode chez Dior !

Dans la salle du Petit Poche, une grande poupée de dos, une robe vaporeuse, boite à musique ? non. Evita tourne, elle est gantée, bijoutée, et s’esclaffe en racontant sa vie, les anecdotes avec son coiffeur, il faut parfois se méfier de son coiffeur… Il peut aussi se perdre dans ses souvenirs, ses peurs, ses angoisses.

Personnage ambigu, doit-on la hair, la vénérer. Une icône, un destin brisé par la maladie, morte jeune. Son cercueil enlevé et caché pendant des années avant qu’on ne le retrouve, sa vie et sa mort ont inspirés le cinéma, le théâtre, le music-hall.

La mise en scène n’a rien de statique, Evita virevolte, chante, les vidéos des actualités sont projetées sur la superbe robe blanche. On passe un très bon moment, émouvant, drôle, instructif.

Je suis une fan inconditionnelle de Sebastian Galéota, découvert dans “Renata”, et bien sûr au Poche dans “Berlin Kabarett” et “Michel for ever”. Il ne joue pas Eva, il est Evita.
17 déc. 2019
8/10
14
C'est une Eva Perón sous un nouvel angle par l'intermédiaire de son coiffeur, devenu son plus grand confident. Le rôle d'Eva est tenu par un homme qui se fait passer pour elle. Cette pièce evoque le dédoublement de personnalité de cette icône d'Argentine. La pièce est rythmée par la musique, qui fait le lien entre les différentes scènes. Les vidéos d'époque tout comme des images sont projetées sur sa robe grâce à un état statique de l'acteur. C'est original, passionnant, divertissant et instructif.
9 déc. 2019
9/10
23
Très beau seul en scène sur une note de tango argentin.
Joué par un homme, on oublie complètement l'identité de ce comédien tellement il est habité par le personnage.
C'est, suspendus à ses lèvres, d'où sort le son mélodieux ou de révolte de l'accent argentin, que nous découvrons la vie et l'ambition d'Eva Peron, ange ou démon plus connue sous le nom d'Evita, et d'une partie de l'histoire de l'Argentine.
Grâce à différents jeux de lumières et effets spéciaux, la magnifique robe blanche d'Evita, sert d'unique décor pour cette pièce.
La très belle prestation scénique du comédien m'a donné envie d'acheter un livre sur la vie de cette femme à la personnalité ambigüe, qui était autant capable de faire le bien en donnant aux pauvres, et faisant voter le droit de vote pour les femmes, que le mal en s'alliant aux SS, et en dilapidant l'argent public.
Très beau spectacle qui nous permet, avec justesse, de mieux connaître l'identité de cette femme mystérieuse.
Nous sommes sortis ravis.
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17 févr. 2016
8,5/10
63
Eva Perón a longtemps divisé les Argentins. Aujourd’hui encore, elle demeure un personnage controversé : adulée par certains et haïe par d’autres, une chose est sûre c’est qu’elle ne laissa personne indifférent. Née bâtarde en 1919 dans un milieu modeste, la jeune provinciale débarque à Buenos Aires, devient comédienne à la radio puis au cinéma. Elle est de la rue et la rue lui appartient mais Eva est surtout une ambitieuse qui pensait, très jeune, théâtre, cinéma et se voyait déjà sur papier glacé avant même d’arriver dans la capitale. Sa rencontre avec Juán Perón, le président de la République argentine, lui fera gravir les dernières marches de la gloire et du succès en la propulsant sur le devant de la scène publique et politique jusqu’à sa mort prématurée à seulement trente-trois ans, emportée par le cancer.

Son coiffeur, et confident, nous retrace le parcours d’Evita, cette femme dont l’ascension sociale fut incroyable. Avec une schizophrénie plus qu’avancée – Julio se prend pour Eva depuis sa mort – il incarne la diva au port altier avec une profonde grâce. Sous son maquillage, c’est l’acteur Sebastián Galeota qui se dérobe à notre vue. Mais ici, le travestissement n’est à aucun moment grotesque : il est raffiné, sensible et maîtrisé.

Dans une mise en scène plus que statique, incarcéré dans une imposante mais magnifique robe blanche, à la fois majestueuse et flamboyante, créée par Franck Sorbier, le comédien devient inévitablement Evita. Il l’incarne, majestueux, dans une fabuleuse performance scénique, pour nous transmettre le déroulement d’un incroyable et fulgurant destin à travers un passionnant récit d’un portrait de femme publique engagée et opportuniste, féministe et paradoxale, sainte pour certains et salope pour d’autres, comme il vous plaira de choisir. L’acteur est magistral, autant que le captivant récit qu’il nous livre, sans pudeur et sans tabou, de celle qui milita pour que la femme argentine ait des droits.

Nous découvrons, étonnés, une icône, comédienne et femme politique, à travers différentes périodes de sa vie, évoquées avec vivacité et entrecoupées par des fondus cinématographiques de noirs brefs et ponctuels qui tombent comme des lames sur le temps qui passe et la rapproche inévitablement de la mort. L’ensemble est rythmé et s’articule habilement autour de moments de narration et des projections d’images d’archives qui défilent sur la robe d’Evita, seule contrainte scénique dans la proposition qu’en fait Stéphan Druet. La musique se présente comme un fil conducteur et termine de nous convaincre jusqu’à un émouvant final. Tout est évident, inévitable dans ce portrait d’Evita à ne pas éviter à la Comédie Bastille.