Critiques pour l'événement En ce temps là, l'amour
20 déc. 2021
8/10
4
Z. vient tout juste d’être grand-père. Il se décide alors à enregistrer pour son fils, sur bandes magnétiques, un souvenir gravé à jamais dans sa mémoire : sa rencontre avec un père et son jeune garçon dans le train qui les conduisait aux camps de la mort. Le temps du trajet, ignorant le chaos qui s’installe de jour en jour dans le wagon, ce père va profiter de chaque instant pour transmettre à son fils l’essentiel de ce qui aurait pu faire de lui un homme.

Le comédien est seul, dans un décor fait de bric et de broc, une scénographie chargée comme autant de bagages et de souvenirs à porter. Les horloges sont arrêtées comme si le temps s’était figé.

Il raconte. C’est une confession, un récit initiatique, qu’il fait sur une bande audio à l’attention de son fils qui vient à son tour d’être papa.

On est captivé par David Bricourt particulièrement inspiré qui nous offre ce moment suspendu. Joué sans patho ni exagération on est transpercé par la puissance et la poésie du texte. C’est un conte intime, tout en sensibilité, une véritable ode à la vie.

Une pièce très émouvante et une superbe interprétation pleine de sincérité et de justesse.
24 oct. 2019
8,5/10
6
J'ai ressenti beaucoup d'émotions à assister à ce spectacle.
Le texte est fort et l'interprétation de D. Brécourt parfaite.
La mise en scène, les lumières et les décors (notamment ce temps figé) sont très réussis.
21 oct. 2019
8/10
17
J’appréciais jusqu’à maintenant David Brécourt dans des comédies et ma curiosité m’a poussé à venir le voir jouer dans un autre registre avec la pièce ‘En ce temps là, l’amour’ de Gilles Ségal.

Un homme que nous appellerons Z. vient d’être grand-père. Ce changement le décide à enregistrer sur un magnétophone des souvenirs marqués au fer rouge dans sa mémoire : une rencontre si particulière avec un père et son fils dans un wagon qui les emmenait vers un camp d’extermination durant la guerre. Les mots ont du mal à sortir de la bouche de Z., on sent qu’il revit ce qu’il a vécu : ce père créé une ‘bulle’ au milieu du chaos, pour transmettre à son fils de 12 ans, ses valeurs et tout ce qui aurait pu faire de lui un homme.

Ce récit initiatique est riche en émotions de tout poil : il y a des pointes d’humour et des fulgurances poétiques qui se dégagent de ce texte ciselé et qui donnent à la pièce une force profonde. On ne ressort pas indemne de la petite salle des Mathurins tellement nous sommes bouleversés. Cette histoire des transmission est intense et la preuve d’un amour paternel inconditionnel qu fait tout pour protéger son enfant et le laisser vivre normalement et non dans la peur alors qu’ils filent vers la mort. J’avais la gorge serrée d’émotion à la fin.

La mise en scène efficace de Christophe Gand sert à merveille ce texte et les lumières de Denis Koransky sont parfaites pour nous plonger dans l’histoire. J’ai découvert une nouvelle facette de David Brécourt : il est fantastique dans son interprétation.

Vous ne pouvez pas rester de marbre devant ce bijou.
17 oct. 2019
8/10
7
Une pièce, une cave apparemment, tout un bric à brac, caisses, valises, horloge, pendule. Un homme que nous nommerons Z, enregistre sur un magnétophone à bandes, il hésite plusieurs fois, il reprend sa phrase, on sent bien que ça lui coûte de parler, il s’adresse à son fils, qui vient d'être papa.

C’est une confession, un message que veut transmettre cet homme. Lors de l’enregistrement il parle aussi de sa femme et de sa fille. L’homme a vécu la déportation, mais le héros ce n’est pas lui, c’est un compagnon d’infortune avec son petit garçon. Ce père de famille, fera tout pour vivre “normalement” pendant le trajet qui les conduit à Auschwitz. Dans le train, il continuera à donner des leçons de français à son enfant, l’encourageant à dire des récits, à inventer des histoires. Ne pas se laisser aller, et pourquoi pas, devenir amoureux !

Bien sûr, les autres le prennent pour un fou, et Z ne supporte pas cette inconstance, le père n’écoute pas les autres gémir ou prier, il fera en sorte que son petit garçon ne souffre pas. Z est excédé et ne peut imaginer que l’on puisse passer outre ce qui les attendra au bout. Il s’en prend à tout, aux religions, à Dieu ou Jéhovah. Et puis, peu à peu, sa violence se transformera, il finira même par entrer dans le jeu de l’homme.

C’est une leçon d’humanité que nous propose Christophe Gand, le texte de Gilles Segal est poignant, parfois comique, mais pas de pathos, les sept jours du trajet sont ponctués par de la musique, dont Bach et Mozart. Comédien exceptionnel David Brécourt prend le récit à bras le corps et lui insuffle la vie et l’amour. Il est brillant, drôle.

Un spectacle qui ne laisse pas indifférent.