Critiques pour l'événement Au scalpel
30 déc. 2022
5,5/10
124
Bon alors certes les acteurs sont plutôt bons (malgré le petit chuintement de Bruno Salomone) et l'argument est chouette, mais je n'ai pas spécialement été convaincue par le texte. Si elle pourrait évoquer une catharsis pour certaines fratries, j'avoue que cela m'a laissé tout de même assez froide.

Quelques bons mots mais rien de transcendant.
22 déc. 2022
10/10
132
Excellente pièce !

Des comédiens très doués.

Pas du tout banal. Bravo. Un vrai plaisir et très surprenant.

Merci.
12 déc. 2022
8/10
126
Ce soir la revanche !

Ah ! Ces blessures d'enfance que l'on traîne toute sa vie.
Ces deux frères qui se déchirent sous nos yeux en ont beaucoup souffert.
Ils ont construit leur haine mutuelle dessus et se mentent pour mieux se dire leurs vérités ......

A partir d'un sujet universel, les rapports au sein d'une fratrie, Antoine Rault nous régale d'un texte fin, précis, et plein de surprises.
Beaucoup plus complexe qu'une banale infidélité, cette rivalité entre les deux frères, qui prend sa source très loin, nous embarque et nous prend au dépourvu.

La mise en scène de Thierry Harcourt, efficace et rythmée, joue intelligemment avec un très beau et grand meuble central, autour duquel les personnages tournent, et sur lequel sont exposés de nombreux objets dont certains ont leur importance.

Davy Sardou et Bruno Salomone sont très justes, parfaits dans leur personnage, et nous emmènent sans temps mort jusqu'au dénouement.
La température monte au fil de l'intrigue, le vernis craque, les gestes dérapent .....

Et nous on y croit jusqu'au bout !
27 nov. 2022
5,5/10
133
Je suis un peu déçue car je n'ai pas beaucoup ri.
La pièce raconte un règlement de compte entre frères.
Je pensais que l'histoire basculerait + dans l'horreur mais non.
Les acteurs sont bons, mais le scénario ne m'a pas convaincue.
4 nov. 2022
8/10
146
J'avoue y être allée pleine d'à priori et d'appréhension mais invitée j'ai accepté car le théâtre ça ne se refuse jamais ! :)
Et quelle bonne idée que d'y être allée car c'était très bien !

D'abord un très beau décor épuré mais intelligent et sans économie qui reflète parfaitement le personnage qui y habite.
Les comédiens s'en emparent, l'utilisent et jouent avec.

Une mise en scène travaillée qui fait monter la pression au fil des tensions du texte entre les deux frères.
De froid distant elle devient violente, chaude et physique.

Le texte est précis, net et percutant.
On s'attend bien sûr aux révélations mais on ne s'attend pas du tout à la manière de les annoncer, aux suites données, et aux conséquences en cascade.
Le suspens tient. D'une vulgaire histoire de cocu on vrille vers le drame total sans pousser dans la caricature.
Cà fonctionne.

Les 2 comédiens sont à l'image de leur personnage ; efficaces.
Ces 2 frères, tour à tour hautains, agaçants et attachants sont pourtant très humains.
Petit problème de coton dans la bouche parfois de Salomone.
Petit problème d'orthodontie ? ;)
23 oct. 2022
8/10
33
Deux frères, ils ne se sont pas vus depuis longtemps, de toutes façons ils se détestent ! Leurs vies privées est également très compliquée, l’un était amoureux de sa belle-sœur, l’autre n’a pas hésité à devenir l’amant de la femme de son frère.

Le chirurgien a un superbe appartement, lumineux, spacieux, sur un meuble, une collection d’instruments de chirurgie, et au-dessus trônent une balalaïka, et un beau vase…

L’autre, est photographe, imbu de lui-même, content de narguer le grand frère. Il se permet beaucoup de choses, trop. L’héritage des parents a été fait mais il aurait voulu l’instrument de musique et le vase en plus. Il joue avec les nerfs de son frère et ne se doute pas du piège dans lequel il va tomber.

Le photographe a toujours été le chouchou de ses parents, même quand il faisait une bêtise ou travaillait mal en classe, son frère c’est l’inverse, brillant élève mais peu d’affection du côté des parents.

Au moment de partir le photographe se rend compte que son frère a fermé la porte et caché la clé… Que va-t-il se passer entre eux ?

Du suspense, de l’humour, un bon cocktail servi par Davy Sardou et Bruno Salomone, remarquables tous les deux et dirigés avec beaucoup de finesse par Thierry Harcourt.
16 oct. 2022
9/10
29
Super pièce !

Les deux acteurs interprètent chacun un frère mais sont ils vraiment des frères tant ils sont dissemblables ?
Quelle raison pousse le plus jeune à rendre visite à son ainé ?
Dans les fratries, la jalousie est souvent de mise et cela apparaît généralement lors d'un héritage comme ici. Mais dans cette pièce, cela va plus loin car d'un côté comme de l'autre, il s'agit de faire mal et de surprendre l'autre par sa perfidie. Quand une accalmie se produit, c'est pour mieux renverser la situation dans les minutes qui suivent.

Si Davy Sardou est irréprochable de bout en bout, Bruno Salomone est surprenant. Si taiseux au début, sur la défensive mais sans vouloir rentrer dans le jeu de son frère, il se révèle redoutable à mesure que la pièce avance. Qui aura l'ascendant sur l'autre, qui saura le déstabiliser avec ses insinuations, cette pièce fonctionne parfaitement.
Nous avons adoré même si la fin surprend un peu. Sans doute un des futurs succès de la rentrée; Spectacle qui semble avoir été rodé lors du dernier festival d'Avignon si j'ai bien lu.

Bravo aux deux acteurs et à la révélation Bruno Salomone !
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8 oct. 2022
8/10
39
Nous voilà spectateur d'un affrontement fratricide entre deux frères que tout oppose et pourtant leur histoire comporte de nombreux points commun. L'ainé est chirurgien et tout semble lui réussir, le cadet est photographe et semble aventureux. Quand le plus jeune débarque de façon inattendue un soir chez son ainé qui allait se coucher alors qu'ils ne sont pas vus depuis longtemps, on se doute qu'il se passe quelque chose. Des non dits et des jalousies vont ressurgir... Des mensonges et des rebondissements vont fuser dans tous les sens.

Ils sont seulement deux sur la scène du théâtre des Variétés et pourtant leur présence occupe tout l'espace. Le dialogue orageux entre les deux frères est ponctué de coups de théâtre : tous les coups, bas de préférence, sont permis.
La mise en scène exigeante de Thierry Harcourt laisse peu de place à l'improvisation ou l'approximation. Même les silences sont millimétrés. Les deux comédiens sont extrêmement concentrés pour rester dans leur personnage respectif et nous ressentons toute l'intensité de leur face à face.

Le texte d'Antoine Rault mérite en effet des comédiens de haut vol pour aborder les thèmes de l'hérédité, de la légitimité, de la préférence et de la jalousie pour que les répliques piquantes fassent mouche.
C'est vraiment très réussi !

Davy Sardou avait déjà prouvé qu'il excellait dans ce genre de texte où l'affrontement est la base de l'histoire. Bruno Solomone est carrément stupéfiant dans ce type de rôle, nous sommes sous le charme !

Nous sommes happés par l'histoire et ne voyons absolument pas le temps passer.
13 sept. 2022
10/10
31
« Au scalpel » d’Antoine Rault dans une mise en scène de Thierry Harcourt au théâtre des Gémeaux est un affrontement de deux taureaux survitaminés dans l’arène du fratricide.

De mensonges en vérités, de vérités en mensonges on s’y perd dans ce capharnaüm de la pensée.

Dans une ambiance de salle d’opération, à la blancheur virginale et aux néons aveuglants, le décor, d’Emmanuelle Favre, de facture high tech s’ouvre sur quelques notes de pianos, sur une musique de Tazio Caputo, qui annoncent l’orage. Nous sommes dans l’appartement d’un brillant chirurgien sur le point d’aller se coucher. Opération oblige, il doit se lever à 5h00 pour être opérationnel à 7h30, les côlons n’attendent pas.
Un visiteur sonne et c’est à son frère, photographe de son état, qu’il va ouvrir. Un frère qu’il n’a pas vu depuis des années, qui s’introduit comme s’ils s’étaient vus la veille. Le sourire aux lèvres, il réclame un verre de vin, blanc de préférence, avant d’expliquer le motif de sa venue.

Ce premier contact aussi froid que le décor, réchauffé néanmoins par un magnifique aquarium haut en couleurs laisse de marbre le chirurgien qui souhaite se débarrasser au plus vite de l’intrus. L’exposition de quelques instruments chirurgicaux sur une étagère devrait nous mettre la puce à l’oreille.

S’ensuit alors une joute verbale des plus explosives entre ces deux frères tels Abel et Caïn, sans pouvoir les départager tellement les mensonges succèdent aux vérités qu’ils profèrent, qu’on y perd son latin, même si la construction très habile du texte nous laisse parfois, nous spectateurs, devancer les réponses de l’un des deux frères, même des deux. Un délicieux moment qui nous rend très complices de l’intrigue en nous plongeant davantage dans leurs secrets. Un plaisir non dissimulé envahit la salle décuplant ainsi la force des rires.

Tout y passe depuis l’enfance qui les a différenciés auprès de leurs parents. Chacun pouvant reprocher à l’autre par jalousie, par envie et même dans un sentiment d’infériorité, ce qui lui a pourri son adolescence.
Laver son linge sale en famille prend tout son sens avec ces répliques acerbes qu’ils se jettent à la figure dans un rythme effréné : de courtes répliques qui fusent tels des geysers libérant une pression insupportable.
Difficile de respirer quand on a gardé sur son cœur tant de rancœur qui se déverse comme un fiel nauséabond.

Naturellement le décès des parents ravive des querelles qu’il aurait mieux valu laisser derrière soi. On ne refait pas le passé, mais aller de l’avant leur est impossible s’ils ne font pas table rase du passé. Reprocher à l’un sa maniaquerie, sa suffisance et à l’autre de s’épancher sur le divan d’un psy ne fait pas avancer le schmilblick, tout comme les noms d’oiseaux qui s’égarent lors de piques bien envoyées.
Sans oublier le sujet crucial des épouses qui donnera beaucoup de grain à moudre aux deux frères. Chacun ayant connu plus ou moins intimement la femme de l’autre.

La flatterie ne sauvera pas la situation mais peut-être que les verres de Sancerre servis sans modération aideront à transformer les langues de vipères en langues d’amour fraternel…

La mise en scène au cordeau de Thierry Harcourt est un régal pour nos yeux, dirigeant ainsi adroitement nos deux comédiens sur des chemins qu’ils auraient certainement voulu éviter.
Le rythme qu’il leur impose nécessite de la part de Bruno Salomone et Davy Sardou, habillés par Emilie Sornique, une maîtrise parfaite de leurs textes respectifs. La fausse note n’est pas autorisée, tout juste un silence bien placé, au risque de faire dérailler le train.
Nos deux comédiens sont d’une précision admirable dans leurs propos, dans leurs jeux, chacun à leur manière apportant sa touche personnelle : dans le détail pour Davy Sardou avec ses expressions toujours fort à propos et une vision troublante d’un rapace où rien ne lui échappe pour Bruno Salomone.

Laissez-vous guider par le plaisir d’assister à un jeu du chat et de la souris sans savoir au fond qui est qui.

Vue à Avignon
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