Critiques pour l'événement Anaïs Nin, Une de ses vies
22 mars 2019
9/10
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« Vous m'avez l'air bien ravagé ! »
Paris, années 1930.
C'est par ces sept mots que commence la relation tumultueuse qui va lier Anaïs Nin et Henry Miller.
Tout débute par une conférence, avec une adresse au public et une oratrice interrompue par Miller, lui demandant de parler plus fort.
L'oratrice qui prendra néanmoins le temps de rappeler que « le rôle de la femme est de reconstruire le monde » !

Ces deux-là tombent amoureux l'un de l'autre.
Mais ce que Melle Nin ne va pas tarder à remarquer avant tout chez le futur auteur de Sexus, c'est sa femme, June Miller.

La passion amoureuse et charnelle va s'emparer de ces trois-là. Anaïs Nin sera l'élément commun aux deux relations qui vont se former.

Nous ferons également la connaissance du père de l'auteure, ainsi que du Dr Otto Rank, son psychanalyste.

Ecrite et créée à Ne-York en 2006 par Wendy Beckett, produite dans le monde entier, (dont notamment à Tokyo en 2015), cette pièce exige de solides comédiens.
Ici, c'est pleinement le cas.
Quatre remarquables acteurs vont nous raconter cette histoire-là.

Dans une première partie, il s'agira de montrer les relations qui s'installent entre Anaïs Nin et le couple Miller.
Nous allons assister à la pontée de la passion, du désir entre les trois sommets du triangle amoureux.
Célia Catalifo, Mathilde Libbrecht et Laurent Maurel vont être respectivement les impressionnants Anaïs, June et Henry.

L'enjeu ici est de jouer dans un premier temps les différences, les oppositions, les contrastes existant entre chaque personnage, chaque membre des deux couples qui se constituent.

Avec beaucoup d'engagement, de charisme, les trois incarnent ces très fortes personnalités.
Ils m'ont subjugué par cette présence de jeu qui les caractérise tous les trois, chacun à leur manière.

Wendy Beckett nous montrera subtilement les progressions sensuelles et amoureuses pour arriver à deux scènes d'amour et de sexe très intenses, très réussies.

Un autre comédien incarnera à la fois le père d'Anaïs Nin et son psychanalyste.
Bien entendu, ce parti-pris n'est pas innocent.
Laurent d'Olce est lui aussi épatant, notamment dans la dernière scène où les rôles s'inversent entre le thérapeute et sa patiente. Un magnifique transfert. Et non, je n'en dis pas plus.

Nous comprendrons alors le poids écrasant du père de l'auteure.

Et puis, il y aura un sixième personnage. Et non des moindres.
La littérature. Le besoin d'écrire.
La nécessité vitale de coucher les phrases sur le papier. Plus forte que tout. Et qui aura le dernier mot.

Je n'aurai garde d'oublier de mentionner après le fond de cette pièce, sa forme.
Voici un bon bout de temps que je n'avais vu un aussi beau décor et d'aussi réussis et somptueux costumes. Visuellement aussi, c'est un régal.

Cette évocation dramaturgique de « l'une des vies » d'Anaïs Nin est donc une vraie et incontestable réussite.
Quatre comédiens remarquablement investis nous content cette histoire d'amours. Au pluriel, amours.

Je vous recommande vivement cette pièce qui en plus, cerise sur le gâteau, donne très rapidement envie de relire ces deux importants écrivains.

J'aime beaucoup le travail de Wendy Beckett.

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Vendredi 22 mars 2019
16 mars 2019
8/10
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Anaïs Nin écrite et mise en scène par Wendy Beckett.

En mars 2018 Wendy Beckett nous enchantait avec son magnifique « Claudel »… Camille Claudel / Rodin
Aujourd’hui Wendy Beckett revient au Théâtre de l’athénée avec « Anaïs Nin »… Anaïs Nin et Henry Miller.
Deux femmes exceptionnelles, artistes au plus profond de leur âme, deux femmes libres, deux couples mythiques, deux passions amoureuses hors du commun.

Nous sommes à Paris dans les années 30. Anaïs rencontre Henry Miller et son épouse June fantasque. Une relation triangulaire va s’instaurer entre eux.
Anaïs écrit et imprime ses carnets secrets dans lesquels elle relate depuis sa tendre enfance ses expériences et ses émotions. Carnets qui lui donnèrent sa notoriété.

Wendy Beckett nous conte
*L’emprise de la passion d’Anaïs pour Henry,
*Son aventure charnelle avec June.
*La relation un peu incestueuse avec son père durant son enfance.
*Ses entretiens avec son psychanalyste Dr Rank.
*Sa passion littéraire.
Wendy Beckett nous dresse un portrait d’une femme émancipée et libre de ses choix.
« Ma folie c’est la jalousie. Il faut que j’y prenne garde. Que je vive, que j’élargisse mon univers, que je multiplie les amours, afin d’échapper à cette obsession ».

Laurent Maurel nous réjouit par son talent et sa gestuelle. C’est un Henry Miller dynamique, à l’accent légèrement américain.
Laurent D’Olce magnifique et authentique dans le rôle du Docteur Rank ainsi que de celui du père.
Mathilde Libbrecht, June et Célia Catalifo, Anais sont toutes deux performantes mais parfois trop en retenue. Un peu plus de sensualité aurait été bienvenue dans certaines scènes.

Wendy Beckett nous fait découvrir ou redécouvrir Anaïs Nin artiste contestataire féministe qui n’eut pas peur d’écrire et de proclamer ses idées et ses convictions.
Agréable moment de théâtre.